A l’occasion de la sortie de son album Out, Kimberose nous a accordé une interview. On revient donc sur son parcours dans la musique, et sur la conception de ce premier album solo !
LA FACE B : On va d’abord revenir sur ton parcours un peu atypique dans le domaine de la musique, est-ce que tu pourrais nous raconter d’où te vient ce goût pour la musique et le chant ?
Kimberose : Mon goût pour la musique… Je pense qu’il remonte à aussi loin que je puisse me souvenir. Ça remonte à ma petite enfance, j’ai toujours eu cet attrait pour la musique, qui m’a toujours rendue heureuse et de bonne humeur.
A la maison, j’écoutais beaucoup de musiques, aux styles très variés. Ma maman écoutait de la musique africaine, du reggae, du gospel… Et mon papa lui écoutait de la pop et du rock notamment !
Après le bac j’ai eu très envie de me lancer dans la musique mais je ne savais pas trop par où et comment commencer. J’ai fait quelques rencontres, écrit quelques morceaux… Et c’est en études de psychologie que j’ai rencontré deux gars avec qui on a formé un groupe. La vie a fait que l’on ne se produisait pas forcément mais on a enregistré quelques morceaux ensemble. Puis j’ai eu mon fils, je suis entrée en école d’infirmière. De fil en aiguille, on a enregistré un EP avec le groupe, qui a été envoyé à Taratata ! Nagui a adoré et nous a invités sur le plateau, alors qu’au final, on n’avait dû faire environs 5 concerts !
S’en est suivi un premier album avec le groupe et je reviens avec un album solo.
LFB : Comment as-tu vécu ton ascension, puis le succès, en tant que femme dans le monde de la musique ?
Kimberose : Honnêtement, je n’ai jamais ressenti de difficultés liées au fait que je sois une femme. C’est plutôt le fait d’être mère qui a pu être plus difficile à combiner avec ce métier. Une mère a des impératifs, un enfant qui l’attend à la maison. Et c’est plus compliqué dans un métier qui fait que l’on peut être sur la route plusieurs jours ou plusieurs semaines d’affilé.
Je suis assez bien entourée, j’ai une équipe saine et je n’ai jamais ressenti de difficultés liées au fait d’être une femme.
LFB : Quel est ton ressenti en tant que maman quant à l’évolution de ta carrière ?
Kimberose : Pour contrebalancer l’aspect « difficultés », je pense qu’être mère c’est aussi un garde-fou. Ça te ramène à la réalité, celle de devoir rentrer et préparer le repas, de faire les devoirs… Je pense que c’est une réalité que l’on peut facilement perdre de vue quand on évolue dans le milieu artistique.
LFB : Ce nouvel album est-il un moyen pour toi de t’affirmer et d’affirmer ton indépendance ?
Kimberose : Complétement ! C’est un album de libération, d’émancipation. Les textes ne sont pas que de jolis mots, ils parlent de la réalité. Faire cet album m’a donné beaucoup de force et j’attends impatiemment d’en parler !
Out, c’est une émancipation autant artistique que personnelle. J’ai la sensation de m’être trouvée en tant que femme, artiste, compositrice et chanteuse. J’ai aussi travaillé avec de nouvelles personnes, de nouveaux musiciens et ça m’a donné une ouverture sur de nouveaux univers.
LFB : Sur cet album, tu expérimentes différents genres musicaux, avec un côté pop et même parfois rap, comme dans Escape. Est-ce un choix de ta part de proposer des sonorités différentes ?
Kimberose : Je pense que c’est plus qu’un choix, c’était inévitable. Le hip hop fait partie de ma culture musicale, tout comme le gospel que l’on retrouve dans les voix et les chœurs sur cet album.
Je ressentais le besoin de me rapprocher de mes racines musicales, et pas seulement de la soul. L’album est un mixte de toutes ces influences et de ces musiques qui me font vibrer. C’était une vraie liberté de ne pas réfléchir pour rentrer dans une case, c’est une réelle émancipation et je pense que c’est une façon de s’autoriser plus de choses.
C’est totalement libérateur pour un artiste de pouvoir montrer l’étendue de ses influences et de son inspiration.
On n’est pas singuliers, on est tous un peu pluriels et il faut pouvoir exprimer cela.
LFB : Les titres parlent d’eux-mêmes (insérer titres). Est-ce que ces thèmes ont été définis par tes propres expériences ?
Kimberose : Toujours ! Je ne sais pas faire de la musique autrement. Ma musique parle de ma vie ou de celles de mon entourage très proche, de choses que l’on me raconte, que l’on me confie. Mes textes parlent de mes émotions, c’est une manière de se connecter aux autres. Ecrire sur soi, c’est écrire sur les autres. On est tous différents mais on ressent tous les mêmes émotions. N’importe qui peut se retrouver en mes chansons.
LFB : Cherches-tu à faire passer un message particulier ou une émotion particulière à travers tes textes ? (Weak and Ok, Keep on Loving…)
Kimberose : Je pense que le message ce serait de rester positif en toutes circonstances. Ça fait un peu « cheesy » dit comme ça mais j’aime me dire que même si une journée est grise, elles ne le sont pas toutes.
La musique c’est quelque chose de magique. Quelque chose qui a toujours existé et qui existera toujours. C’est d’autant plus important dans une période où l’on a tendance à s’éloigner, ce n’est pas quelque chose de naturel. Heureusement que la musique, la littérature… L’art en général sont encore là.
Je dirais aussi qu’il faut montrer qu’assumer ses failles est une force. Dans Weak And Ok, je parle à demi-mot de la santé mentale, qui est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. La parole se libère mais ce n’est toujours pas assez. J’ai vécu l’anxiété généralisée, les crises d’angoisse et en parler ouvertement, ça m’a aidé à avancer dans ma guérison. Il ne faut plus avoir honte, pouvoir en parler autour de soi est important et on se sent bien moins seul.
LFB : Est-ce un hasard si une seule chanson de ce nouvel album est en français ? Pourquoi chantes-tu le plus souvent en anglais ?
Kimberose : C’est une langue qui fait partie de moi, surtout par rapport à ma culture musicale, mon père écoutait beaucoup de musique en anglais. Mes parents sont anglophones, et l’anglais est la première langue que ma maman m’a parlé car à ma naissance, elle ne parlait pas encore français.
Je pense que ça vient aussi d’une question de son. C’est plus évident de faire sonner un texte en anglais dans des mélodies groove.
Et c’est sans doute une question de pudeur aussi. C’est plus facile de parler en anglais car ce que j’exprime ne sera pas toujours compris à 100% en France par exemple.
L’Envie de Valser s’est écrite naturellement en français. C’était un soulagement pour moi de voir que j’étais capable d’écrire en français. Le fait qu’elle soit placée en tant que dernier titre sur l’album a un petit côté symbolique. C’est le symbole d’une ouverture sur autre chose. C’est un peu comme quand tu es au lycée, que tu dois rédiger une conclusion avec une ouverture ! C’est un clin d’œil que je me lance quant au futur.
Donc L’Envie de Valser n’est écrite en français ni par hasard, ni par réflexion. Encore une fois, c’était tout à fait naturel.