Le génial premier album de King Hannah

Le premier album du duo anglais King Hannah sorti en fin février est relativement passé inaperçu. Petit retour en arrière sur un opus absolument magnifique, sur lequel il faut attentivement s’attarder.

L’album s’ouvre sur quatre notes, une guitare sèche qui, durant toute la première chanson, répétera cet air qu’on ressent un brin angoissant. Puis s’ajoute une batterie digne des meilleures heures de Portishead (Dummy, quel album magique), et Hannah Merick rentre dans la danse. Cette voix grave, suave, hypnotisante, habite l’album, lui donne ses plus belles dorures dans un univers noir et dur. A Well-Made Woman est un opener magnifique, qui donne le ton.

S’ensuit une courte transition qui nous fait glisser doucement vers le single de cet opus, All Being Fine. Un brin plus groovy, toujours aussi planant, on comprend aisément pourquoi ce track gagne la popularité de l’écoute. D’une poésie lancinante, répétant cet entêtant « all being fine » ad nauseam, comme pour s’en convaincre, la noirceur nous gagne. Big Big Baby, chanson rageuse, et ses impressionnantes guitares, finiront le travail.

Craig Whittle, partie masculine du duo, se chargera de prendre le relais sur Ants Crawling on an Apple Stork, pour une petite pause au paroxysme mélancolique. Cet album ne fait aucune économie sur les répétitions, tant des paroles que des riffs, donnant une profondeur méditative aux différents morceaux qui construisent l’opus.

La pause est malgré tout de courte durée, les guitares saturées font leur retour sur The Moods I Get In, qui, comme le reste de l’album, pourrait faire tiquer les fans de Portishead. Même si les voix et univers diffèrent, il est difficile d’ignorer l’influence du groupe de trip hop sur notre duo liverpooldien. La chanson, longue de plus de sept minutes qui n’en paraissent que deux, se termine sur une partie instrumentale magistrale avec changement de tempo en plein milieu. Impressionnant. On tombe rapidement à cours de superlatifs pour qualifier Foolius Cesar, chanson d’amour magique, qui, dès l’intro, nous emporte dans un univers extatiquement noir.

Une petite transition nous amène à la troisième partie de l’album. Notre chanteuse du jour se la joue Dry Cleaning sur Go-Kart Kid (Hell No!), parlant plus qu’elle ne chante, sur un enchevêtrement de guitares sèches et boostées, jusqu’à l’outro, gonflée aux stéroïdes. Une fâcheuse tendance qui se répète tout au long de l’album, pour notre plus grand plaisir, soyons honnête. Le duo se partage ensuite le chant sur le titre éponyme de l’opus, une balade sur l’amour de soi, où se cherchent guitares et basses dans des phrases instrumentales orchestrées à merveille.

Berenson poursuit le calme un tout petit peu trop calme. Chanson sans paroles aux multiples guitares, on se laisse tout doucement porter jusqu’au final de l’album. Et quel final. It’s Me and You, Kid comporte tout le reste de guitares les plus saturées en magasin. Dans une chanson en deux parties distinctes, le duo fait parler l’énergie, le souffle, pour une dernière haletante, immense, avec toujours ses traits lancinants et entêtants, où les mêmes phrases sont répétées à l’usure.

La paire mixte de Liverpool King Hannah nous transporte dans un univers profond, noir, méditatif. Les grosses guitares, les effets sonores, la batterie, cet album est produit à la perfection. Contemplatif, calme, un brin trip hop, tout ceci est une pure merveille. Peu importe si les guitares se parent de leurs habits les plus rageux, il en ressort une impression de calme profond, méditatif. En effet, durant quarante-cinq minutes, King Hannah nous plonge dans un monde mêlant mélancolie, poésie et profondeur. I’m Not Sorry, I Was Just Being Me n’est que le premier album du duo, mais sans conteste un des chefs d’œuvre de l’année, en attendant la suite.

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