La Face B de l’Artiste #4 : Lenparrot & Norma

Pour les amoureux des vinyles, la face B est souvent synonyme de trésor. C’est là que les artistes mettent souvent une chanson qui accompagnent le single, un remix ou … une reprise. C’est de là aussi que vient notre nom. On a donc demandé aux artistes de nous offrir leur Face B, à travers une reprise d’un artiste qu’ils aiment. Aujourd’hui, ce sont Lenparrot et Norma (accompagnés de Voyou à la production) qui reprennent I’ll Run Your Hurt Away de Ruby Johnson.

La Face B : Hello Lenparrot ! Es-tu un habitué des covers ?

Lenparrot : Oui, plutôt. C’est quelque chose qui m’a toujours séduit chez les autres et que j’ai toujours adoré faire. Reprendre une chanson, ça dit bien plus qu’on ne le croit sur soi – sur l’identité de sa musique. Ça permet de mieux saisir sa propre géographie, où l’on se situe vis-à-vis de la musique des autres et où s’inscrit la nôtre. Je sais que c’est le fait de reprendre des chansons en français (notamment avec Tonus, en studio et sur scène) qui m’a donné l’assurance nécessaire pour écrire les miennes par la suite, par exemple. Décortiquer, analyser l’écriture d’un(e) autre permet de s’enrichir, d’élargir sa palette. Et de créer des ponts inattendus, comme Kindness reprenant Louis Chedid.(rires). 

LFB Comment te vient l’idée d’une reprise ?
L: Souvent, ce sont des chansons qui m’obsèdent, je les écoute en boucle, je les retourne dans tous les sens pour comprendre comment elles fonctionnent, comme on démonte un jouet pour en saisir la logique. Apprendre à les jouer aide à cela. Parfois, ça implique de puiser dans ses souvenirs, ça touche à l’enfance – comme avec Souchon ou Sheller. Mais à chaque fois, l’attrait principal tient à la part de ré-appropriation. Elle peut être subtile ou hyper assumée, l’important est d’emmener autre part le titre original. Faire dans la pâle copie ou le mimétisme, je ne vois pas l’intérêt.

LFB : As tu une histoire particulière ou une anecdote sur la chanson que vous avez décidé de reprendre ?

L : Ce n’est pas par Ruby Johnson que je l’ai découverte, mais la version d’Anonymous Choir – formation emmenée par Nona Marie Invie (la chanteuse de Dark Dark Dark). Je suis retombé il y a peu sur Wild Go, un disque que j’écoutais beaucoup au tout début de Rhum for Pauline. En cherchant un peu j’ai découvert cet album où elle reprend pas mal de titres soul sortis chez Stax & Volt. Si le disque est (selon moi) décevant car trop lisse et bien en-dessous des versions originales, cette chanson sauve l’ensemble tant l’interprétation de Nona, tout en retenue, file la chair de poule, avec le chœur très discret derrière elle – comme un écrin. Très rapidement m’est venue l’idée de la reprendre en duo avec Clémentine, j’adore sa voix et sur un répertoire comme celui-ci ça me semblait idéal. 

LFB : Quand tu fais une reprise, est ce que tu te sens libre de retravailler totalement la chanson ou gardes tu une ligne directrice ?

L : Quelle que soit la direction prise, et même si la chanson se trouve totalement remodelée, je trouve pertinent de retrouver – même pervertie – l’intention initiale. Ici, j’ai enregistré très peu de choses en l’envoyant à Thibaud et Clémentine afin de les laisser ajouter ce qu’ils souhaitaient. Qu’ils laissent libre cours à leurs envies et leurs arrangements. Au final, c’est Thibaud qui a supervisé la production de notre reprise, et Nathan Herveux qui s’est chargé du mastering (cela mérite un bisou magique).

LFB : Qui serait pour toi l’artiste idéal pour faire une reprise de ta musique ?

L : J’ai vu l’habile pirouette avec laquelle Kim a contourné la question (rires). Il est certain que c’est la dernière question à se poser en composant, à moins d’être en total accord avec sa mégalomanie ! Mais bon, s’il faut donner une réponse, je crois que je me liquéfierais si j’entendais Kadhja Bonet reprendre une de mes chansons.