Parce que les concerts commencent sérieusement à nous manquer, on a décidé de lancer un nouveau projet : La Face Live. Avec La Face Live, La Face B vous propose de découvrir, de manière plus ou moins régulière, les meilleurs sessions live du moment, que ce soit à la télé, sur le net ou pour des formats particulier. L’épisode 5, c’est maintenant !
Nerlov – Dégénéré
Dégénérescence, n.f. : fait de dégénérer.
Dégénérer, verbe intransitif : perdre les qualités naturelles, essentielles.
Jamais un live, un titre et une période sanitaire n’a eu autant de synchronicité qu’en ce jour, en cette période de concert arrêté.
Extrait de son premier EP dont ne se lasse pas de vanter les mérites, Nerlov nous offre un livre inédit de Dégénéré, tourné lors du festival Tempo Rives au Joker’s Pub à Angers.
On commence a cappella, dans une plainte entre le spoken word et la lecture de poésie. Douloureux, les mots, les paroles, le sens le sont et se ressentent dans l’interprétation.
Et puis le synthé arrive, puissant, hypnotique, à l’image de ce titre qui nous a rendu fébrile à l’écoute. De ce majestueux symbolique qui chamboule. La batterie presque militaire, comme une injonction.
Ce qu’on retient, c’est la puissance de ce titre cataclysmique, autant en live qu’en studio. Une interprétation qui ébranle tout un tas de symbolique, mais qui consolide une vérité : celle que Nerlov est un grand artiste, en live comme en studio.
MARTIN LUMINET – CŒUR
2021 année lumineuse, 2021 année Luminet ? Oui la blague est foireuse, mais on a envie d’y croire. Martin Luminet a profité du froid de l’hiver d’une année chaotique pour se présenter au monde et venir casser l’ambiance avec son Cœur dans la main offert à nos oreilles et venir se poser, peut être pas en sauveur mais en belle promesse de l’année qui s’ouvrait sous nos yeux.
Quelques jours après nous avoir offert sa version studio, c’est un cœur palpitant que le lyonnais nous offre avec cette version live. On retrouve cette rythmique des mots, cette course à bout de souffle, combat permanent d’une personne qui a du mal à connecter ce qu’il était et ce qu’il est. Une beauté des mots et des émotions qui fait augmenter nos BPMs, nos cœurs répondant au sien.
Accompagné de son comparse Benjamin Geffen qui offre un contrepoids vocal intéressant en forme d’écho, Martin Luminet, ombre dans les lumières bleues dans un Hangar, habite son texte, yeux fermés comme un lion en cage. Ici, la voix tremble, vit, évolue avec les sentiments qu’elle transporte. On est happé par cette douce violence, ces coups qu’ils nous portent et qui vont droit … au cœur.
Animal Collective – Rain In Cups
Le collectif de Baltimore a sorti un clip « fait maison » en guise de promo pour la sortie de leur dernier EP Bridge to Quiet en vinyle le 29 janvier 2021.
Il s’agit de l’ouverture de ce court disque qui nous plonge dans une atmosphère calme, sauvage et intrigante avec une tension palpable.
On y voit les quatre membres du groupe joués sur des écrans partagés avec leurs instruments respectifs Les couleurs y sont nombreuses et finissent par disparaitre pour ne former qu’une image, celle d’une pluie sous un temps plutôt bleuâtre. Animal Collective ne déroge pas encore une fois à ses cultes mystérieux pour la nature.
Viagra Boys – Girls & Boys
Vendredi est sorti le dernier album des Viagra Boys et ils ont pu balancer un avant-goût de marée avec la Shrimp Sessions 2. Un live dans des conditions sans esbroufes (voir sommaires) afin de ne laisser place qu’à la musique et aux tatouages de Sebastian Murphy.
Le titre choisi, Girls and Boys, est sans doute celui qui déboussolera le moins les fans des punks puisqu’il est dans la lignée de leur titre phare : Sports. Pur produit d’auto dérision, le live est animé tous le longs d’encarts façon chaine d’informations. Petits pics, blagues absurdes et ironie bien placée ils imaginent notamment que « les fans seraient déçus de la nouvelle orientation musicale du groupe » et que « des hommes d’âges mûrs se disputent dans les commentaires pour savoir à quel groupe le morceau ressemble ». Rien que ça, c’est un délice.
Mais ce n’est sans compté le génie de Sebastian qui n’hésite pas à se lancer dans des pas de danses dignes d’une maison de retraite, sa bière à la main. On tremble un peu quand il la pose de façon branlante sur le clavier avant de se lancer dans un solo la tête à l’envers. Et puis la musique ! Pour le coup, les musiciens du groupe font preuve d’une technique assez impressionnante, et font appel à des instruments qu’on aurait pas forcément soupçonnés dans un groupe de punk.
On retiendra un solo de saxophone de l’enfer qui laisse son propriétaire à moitié en larmes, et une maitrise des bongos absolument terrible. Ils n’hésitent d’ailleurs pas à s’éloigner du morceau original pour lui donner un côté « jam » totalement maitrisé. Une pépite.
Ichon – La Vie | A COLORS SHOW
Colors est devenue le lieu privilégié des sorties musicales – on se souvient encore de People I’ve been sad de Christine & The Queens dont la première avait été effectuée sur la plateforme – l’expérience se réitère avec le single La Vie d’Ichon.
Bleu pastel, pas de danse esquissés et flow déroutant : tous les ingrédients y sont. Avec La Vie, Ichon s’approprie des codes beaucoup plus funk et pop qu’à l’accoutumée . Après son album Pour de Vrai sorti l’année dernière qui se voulait profondément mélancolique, ce morceau vient nuancer cette approche et nous accorde un espoir électrisant.
Une énergie appuyée par les rythmiques simples et efficaces de la prod de ce morceau, et le charisme toujours aussi impeccable de l’artiste.
Goat Girl – The Crack
Un mois après la sortie de The Crack, Goat Girl nous offre une version live de ce titre aux paroles post-apocalyptiques décrivant la fuite des humains vers l’espace : “The crack appeared a long time ago / The people make their way to space, (…)” et “The crack was singing protest songs / The people wouldn’t listen, they didn’t care (…)” (« La fissure est apparue il y a longtemps / Les gens se dirigent dans l’espace, (…) ») “La fissure chantait des chansons protestataires / Les gens n’écoutaient pas, ils s’en fichaient (…) »).
Derrière les airs de post punk dreamy et une imagerie qu’on dirait tirée d’un roman de science-fiction, le morceau met en mots les préoccupations, ici écologiques, du groupe. Les quatre londoniennes dont le premier album auto-nommé abordait des thèmes globaux et sociaux, sortiront leur second opus intitulé On All Fours (« À quatre pattes ») le 29 janvier prochain et nous avons grandement hâte de le découvrir !
MARTIN LUMINET & CLOU – PREMIER AMOUR
A notre sélection hebdo, on ajoute aujourd’hui ce format live spécial cœurs abîmés. Dans cette interprétation libre de I’ll Try Anything Once de l’inégalable et adoré Julian Casablancas, Martin Luminet et Clou nous conseillent d’oublier que le premier amour est toujours le dernier, sage recommandation quand celui-ci hante nos pensées sans relâche. A ce sujet sensible, les voix des deux artistes se mêlent à merveille, donnant ainsi lieu à une reprise où chaleur et délicatesse atténuent les tumultes d’un amour qu’on ne peut effacer. Une reprise judicieusement intitulée Premier Amour et qui en l’espace d’un peu moins de trois minutes tentera de taire les sentiments houleux d’une romance arrivée à terme et d’une passion d’un hier que l’on croit perdue, pour toujours. Ainsi, le duo nous plonge dans le dédale de nos souvenirs les plus tendres et chéris qu’il est temps d’oublier si l’on veut s’offrir un présent et un futur tout aussi beaux.
Domitie – So That
La chanteuse Domitie est de retour. Après une pause de quelques mois, elle nous propose une session vidéo d’un morceau qu’on ne connaissait pas jusque là : So That. L’occasion de la découvrir avec un Setup déroutant pour celle qu’on avait l’habitude d’entendre au piano. Pas de ça ici, mais un contrôleur et un stylophone pour apporter un côté quelque peu oriental à son trip-hop habituel.
On retrouve l’univers mystérieux de la Lilloise, fait de voix éthérées, plongées dans des reverbs ou des effets numériques. Il s’agit là de la première pièce d’un nouveau projet abordant le thème des animaux intérieurs. Ici, on s’adresse aux souris, leur envie de rester cachées et leurs peurs. Nul doute que cette thématique envoûtante siéra à la perfection à Domitie et ses incantations, parfois plus proches du chamanisme que du chant pop.
Sevdaliza – Tiny Desk (Home) Concert
En ce début d’année, les Tiny Desk Concert reprennent du service, offrant toujours plus de sessions live à savourer de chez soi. Cette fois, c’est la chanteuse Sevdaliza qui se prête au jeu, accompagnée de ses quatre musiciens.
Un salon aux allures de bar lounge, des couleurs douces et chaleureuses et des prouesses vocales et musicales, voilà le résumé de cette live session de Sevdaliza. La chanteuse interprète, en 18 minutes de live, quatre de ses titres. Loin de la scène et du public, le groupe nous offre une réelle performance intime et inclusive, ce Tiny Desk est une porte d’entrée sur l’univers de Sevdaliza.
Le live commence avec l’interprétation de Human, titre d’autant plus hypnotisant dans cette performance live. Une interprétation parfaitement équilibrée entre musique classique et arrangements électroniques, entre rap et chanson.
Sevdaliza offre à la suite de Human, un interlude aux allures d’hôtesse de l’air, invitant les auditeurs à embarquer à destination de Shabrang, titre de l’album de la chanteuse. U n voyage dans le cœur et l’intimité de sa création, toujours dans une ambiance discrète et tamisée. S’en suivent trois autres titres, Dormant, All Rivers at Once et Gole Bi Goldoon. Titres dans lesquels Sevdaliza révèle subtilement les inspirations que lui ont apporté ses origines iraniennes en jouant avec les sonorités offertes tant par le synthé que par les instruments acoustiques : violoncelle, violon et batterie.
All Rivers at Once est un titre plus jazzy, tandis que Dormant révèle les pensées partagées par nombre d’entre nous, « I need a different type of carinf, a different type of sharing. »
En attendant de pouvoir se retrouver, partager et échanger de nouveaux dans cette vie réelle, les Tiny Desk (Home) Concerts sont là pour nous offrir des moments d’évasion et de découverte.
Jeanne Added Flèche Love F. Gastard Camelia Jordana Raphaële Lannadère Sandra N’kaké Von Pourquery – Isaac & Abraham | SOS Méditerrannée
Si au début du live les sons froids d’un S.O.S signalent un danger, une urgence à agir, il est vite estompé par la chaleur des saxophones et la voix de Von Pourquery venant ouvrir la reprise. Le titre choisi est Isaac & Abraham de Joan Baez. Une chanson spirituelle dont l’âme est renforcée par le choix d’un chœur vibrant en conclusion – nous filant nécessairement quelques frissons – ou par la soul des sonorités. Telle une métaphore de la Méditerranée, les saxophones s’enchaînent, s’étendent, roulent et s’écrasent. Comme des vagues. Sur cette houle, flotte des voix en solo puis en chœur. Flèche Love suit Von Pourquery, apportant résonance et élévation au morceau. Sandra N’kaké poursuit apportant chaleur et gravité. Jusqu’à ce que Raphaële Lannadère prenne la parole avec force. Juste avant, un duo entre Camelia Jordana et Jeanne Added, harmonieux et porté par un bourdon, une note en continue.
C’est aussi – évidemment – une reprise engagée, d’une artiste protestataire veillant comme une déesse sur ce live. Une urgence d’agir qui émerge à la fin de la vidéo, par un retour à la réalité, du S.O.S, des cris et sifflements venant rompre le chant. Alors relayer et #RépondezACeSOS.
REINE CLAUDE – De Travers // Visio session
La séparation physique est-elle une barrière insurmontable à la réalisation d’une session live ? Au vue d’une des dernières vidéos de We Kick For Friends, on a envie de répondre non.
Alors qu’on a parfois l’impression qu’une session live est régie par des contraites et des clichés qui se répètent, le collectif parisien nous prouve le contraire et embarque avec eux Reine Claude dans une session qui a tout pour plaire : poétique, innovante, chaleureuse, réjouissante … On manque de qualificatifs pour décrire cette putain d’idée.
Pensée comme une conversation téléphonique entre amis, la vidéo évolue au fur et à mesure pour utiliser tous les appareils possibles et imaginables à une conversation par visio. C’est drôle et frais, superbement réalisé et ça donne un vrai sourire et bonheur au visionnage.
Cela tient sans doute aussi à la qualité de la chanson de Reine Claude qui en plus de nous teaser la sortie prochaine de son album, nous offre un live De Travers, un titre apesanteur qui nous transporte avec lui et les problèmes de notre époque, entre solitude et monde qui déraille mais avec une vraie envie de combattre et de croire au futur.
Et si tout va de travers, We Kick For Friends et Reine Claude nous auront offert un vrai moment d’apaisement. Et en ce moment, ça n’a pas de prix.
Neanticønes – The Game feat. Æther
On retrouve le génial Neanticones qu’on avait laissé lors d’une de nos sélection de lives précédente avec le morceau Female.
Nous sommes toujours dans cette cabane/studio si chaleureuse dans laquelle l’artiste nous livre aujourd’hui The Game, encore bien entouré de sa soeur, la chanteuse Aether et du guitariste Mathias Cavani. On ressent une parfaite connexion entre les trois protagonistes, la voix d’Aether vient épouser les cordes et les notes de piano aériennes avec volupté.
L’ambiance tamisée et la couleur rosée des lumières viennent ajouter à cette prestation une touche intime, on a l’impression d’être au plus près des artistes et se laisser absorber par le rythme lancinant du morceau, c’est encore une fois une vidéo qui fait mouche et nous donne l’envie de se plonger dans l’univers de Neanticones. Une chance donc que son EP The Game soit sorti en décembre et puisse nous accompagner dans cette nouvelle année, qui on l’espère nous permettra peut être de voir cette prestation pour de vrai !
MARTIN LUMINET – NOT DEAD – BASIQUE Session
Il parait que quand on aime, on ne compte pas. Il parait aussi que jamais deux sans trois. Alors comme on apprécie plus que tout les contradictions, voilà ce qu’on dira le plus simplement du monde : On ne compte pas notre amour pour Martin Luminet, tant et si bien qu’on partage une troisième session live en un seul et même article.
Il faut dire que le bonhomme a de quoi appâter le chaland : après avoir transformer Julian Casablancas, le voilà qui s’attaque aux géniaux Girls In Hawaï pour Basique. Et autant dire qu’on est pas déçu.
En vrai bon poète, Martin Luminet s’autorise encore une fois l’impossible : retransformer complètement une chanson et la ramener dans son territoire. Alors que d’autres s’amusent à créer des copier-coller littéraire, Martin lui joue, transforme, invente, gardant les lignes mélodiques pour réinventer complètement un morceau.
Si on était un peu taquin, on irait même jusqu’à dire que ce garçon est un peu le Hughes Aufray des temps modernes.
En tout cas, avec Not Dead, il nous offre un grand moment de mélancolie et de sincérité, joue avec nos nerfs en refusant tout sens de l’épique et de la facilité pour se concentrer sur une chose toute simple : les émotions. Et ça marche, puisqu’une nouvelle fois, on finit avec les larmes sur les joues. Et pour tout ça, on n’a pas envie de cesser d’aimer Martin Luminet.