De Strasbourg-Saint-Denis à l’Andalousie, en passant par New-Orleans, La Femme nous aura fait voyager ! Voyons si leur machine à rocker est bel(le) et bien huilée…
Retour vers le Tur-fu
Depuis 2021 et la sortie de Paradigmes, La Femme est entré·e en vitesse de croisière, nous offrant un album chaque année !
Au gré de grands écarts de style, on se retrouve à danser un cha-cha-cha effervescent, un jour, et un hula langoureux, le lendemain…
Il est vrai que, même si leurs premiers opus avaient déjà consacré La Femme comme un grand groupe français, c’est avec le temps (et au fil des productions) que le groupe a solidement taillé son identité dans la pierre… ou dans le rock ?
L’album du jour se présente sous une jaquette aux nuances cathodiques, qui annonce la technicouleur. On comprend très vite que, cette fois, les Parisien·nes nous plongent dans une parodie rétro-futuriste de l’esthétique des 80’s.
D’ailleurs, le clip de Clover Paradise, qui a servi de teaser à l’album, est venu conforter cet agréable soupçon…
Les Paradis Perdus
Dès l’intro de ce nouvel album, La Femme fulmine avec son style unique de synth/cold/darkwave et nous embarque, avec elleux, pour un voyage sonore hypnotique.
Ce titre introduit un thème que l’on retrouvera, sous d’autres formes, dans l’ensemble du disque. Soit l’illusion d’un ailleurs, d’un paradis qui n’est jamais vraiment à portée. Le texte de Clover Paradise joue habilement entre l’évasion et la désillusion. Entre la quête d’un refuge et l’amère prise de conscience de son intangibilité.
Ainsi, Maud, chroniqueuse à La Face B, a su traduire ce sentiment d’être « … étrangement rassuré et protégé par cette abondance de lumières au cœur de la nuit. » (cf. les CDLS #229.2).
Le morceau est porté par un pont mélodique devenu la signature du groupe (cf. Sur la Planche), qui capte l’énergie brute du titre. La montée en puissance se poursuit avec un solo typique de hard rock, tranchant et intense, avant de laisser place aux soufflets de saxophone ! Après tout, cet instrument s’est inscrit, petit à petit, dans l’identité sonore du groupe.
Ces couches musicales créent un univers riche et contrasté, où l’ombre et la lumière se croisent pour donner naissance à un véritable paradis sombre.
L’Inferno di La Femme
Si les guitares acérées et les échos de synthé ne vous ont pas encore achevé, Love is Over, parfaite vitrine pour l’album, finira le travail.
Car, dans ce morceau endiablé, La Femme convoque tous les démons des années 80 ! Mêlant riffs tranchants et rythme obsédant pour un hommage au rock pur et dur (je déteste cette expression mais là, ça sonnait bien…). On y retrouve, en effet, un solo électrique qui claque, des lignes de basse vibrantes, j’en passe, et des meilleures (celle-là je l’adore, prem’ deg’).
Au cœur du titre, un refrain irrésistible, héritage de leurs classiques, ancre Love is Forever dans la tradition Femmienne.
D’autre part, le maxi explore des thèmes variés, mêlant à la fois des pistes énergétiques et des ballades plus introspectives. Les morceaux se succèdent en oscillant entre des ambiances sombres et dansantes tout en intégrant une touche contemporaine qui caractérise le style de La Femme. En outre, cet album joue habilement sur des contrastes où les morceaux les plus introspectifs côtoient des titres exubérants et empreints de cynisme.
Avec cet opus, La Femme réussit à livrer un projet complet. Un voyage entre le passé et le présent qui laisse une forte impression. À leur façon, La Femme capture cette nostalgie d’une époque qu’ils n’ont jamais connue, pour en faire quelque chose d’aussi intemporel que les vinyles ou les coupes mulet.
L’Échappée Belle
Rock Ma (pour les intimes ?) est un rouleau-compresseur qu’on pourrait aisément confondre avec la prochaine B.O. french pop de la série Stranger Things.
Pourtant, les fans de La Femme retrouveront des textes familiers qui allient poésie de comptoir et existentialisme pop.
En effet, cet album est un classique dans l’univers des Biarrot·es (oui, le groupe s’est formé à Biarritz, et oui, j’ai tapé « biarritz gentilé » sur Ecosia, et non, je n’utilise pas Google et oui, je suis un babos et non, je ne suis pas capable de placer Biarritz sur une carte et …)
Ce n’est pas pour rien que le groupe s’amuse avec le cliché hardrock. On ne sait jamais s’iels rendent hommage à leurs influences ou si, à coups de distorsion, iels sont en train de les parodier.
Et si parfois l’album semble partir dans tous les sens, c’est précisément là que réside le charme de La Femme. Iels jouent avec la confusion et l’absurde comme un groupe qui s’assumerait 100% rock’n’roll*, tout en narguant le genre.
Dans la lignée de Teatro Lucido et Paris-Hawaï, Rock Machine n’est ni un manifeste ni un hommage. Mais c’est une œuvre où la liberté musicale est reine, où chaque morceau peut être une porte ouverte sur l’imprévisible.
C’est une bombe atomique qui explose dans nos oreilles en milliards de petits pixels RVB.
*terme le plus ringard du XXIe siècle