La lettre #5 : Parcels

Parfois, il est plus facile de s’adresser directement à un artiste pour parler de sa musique. On a donc choisi d’adresser notre cinquième lettre à Parcels.

Parcels Day/Night album cover art

Lille,
le 8 Novembre 2021

Bonjour Jules, Noah, Louie, Patrick, Anatole. On s’est vus (enfin je vous ai vus) il y a quelques jours au détour de votre release party de la Cigale et j’ai du mal à en redescendre. J’ai passé avec vous un moment exceptionnel, un moment rare à l’occasion de la sortie de votre deuxième album, Day / Night. Plus d’une heure et demi de classe musicale et de groove incandescent, à transpirer et à dancer avec vous. Et, comme depuis que j’ai eu la chance de vous découvrir, le sentiment d’assister à l’écriture du page d’Histoire de la musique.

J’aurais pu vous découvrir à l’occasion d’une première visite dans ma ville, sur conseil d’un très bon ami, mais je ne l’ai pas écouté et je m’en veux encore aujourd’hui. Ce n’est que quelques mois plus tard que j’ai pris le temps de vous écouter et de réaliser ce à côté de quoi j’étais passé. Bien entendu, j’ai eu l’occasion de me rattraper depuis. En tout cas, je prends soin désormais de vous suivre et d’observer votre évolution à laquelle je trouve quelque chose d’irrésistible. Ça me donne l’impression d’assister à l’émergence d’un de ces groupes de légende que j’ai tant admiré, de la trempe des Led Zeppelin et autres Who. Comme si tout était écrit d’avance, que ce monde était le votre et que nous n’étions que des témoins invités à assister à votre histoire. De votre émergence au sein de Kitsuné à la sortie de ce deuxième album, on a l’impression que vous réussissez tout ce que vous entreprenez. Et cette façon de ne jamais rester en place, de modifier aussi bien votre esthétique que votre façon de jouer vos morceaux en live d’une tournée à l’autre, preuve d’une recherche et d’une remise en question constantes, vous va à ravir et permet de ne jamais s’ennuyer quand on vous écoute.

J’ai adoré Day/Night, dès les premières secondes. Oeuvre ambitieuse et complète, elle explore tout ce que vous savez faire, de la pop la plus pure aux envolées les plus progressives. On devrait même classer cet album dans une case « pop progressive » créée spécialement pour l’occasion tant sa singularité est inédite. L’ajout de phases plus contemplatives vous va à ravir comme une forme d’ouverture personnelle plus importante. On sent beaucoup plus d’émotions, d’insécurités transpirer dans les textes et les sonorités de ces deux opus. Cette façon de faire vous humanise d’autant plus et moi qui appréciait déjà beaucoup votre travail, j’ai pu y trouver une façon supplémentaire de me sentir proche de vous, dans les thématiques que vous abordez et décomposez au fil des morceaux.

Mais dans la construction même de cette oeuvre, tout s’apprécie à chaque minute. La minutie de la production, la classe des cordes frottées, l’introversion des textes, la façon dont les deux parties commencent et terminent de la même façon, dont les morceaux se répondent d’un côté à l’autre. Tous ces éléments pris séparément illustrent le travail de titan qui a sans doute permis la naissance de ce double album et pourtant il s’écoute avec facilité, comme si tout était sans aucun effort. On sent un vrai changement d’approche avec des morceaux beaucoup plus personnels, on sort des tubes pop pour aller vers des réflexions sur la construction de chacun, ses origines et ses insécurités.

Au fond, c’est peut-être ça pour moi Parcels. Un groupe qui m’aide à être la personne que je veux être en abordant avec moi mes peurs et mes craintes avec plus de légèreté et de confiance, la confiance que je mets quand je chante vos morceaux pendant vos concerts ou celle que transmet votre musique. J’aime tellement cet album que je n’ai pas hâte d’entendre vos prochaines productions. Laissez-moi le temps d’user celles-là, de les infuser, de me les approprier, ce serait le plus beau cadeau que vous puissiez me faire.