ADN #723 : Labelle

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Pour célébrer la sortie de Noir Anima, et son concert le 30 novembre au 104, Labelle nous confie ses influences musicales.

crédit : Romain Philippon

if (we) – Jeff Mills

Le premier disque de techno de Detroit que j’ai eu grâce à mon grand frère..
Ce chant en vocalise sur cette pièce de techno de Jeff Mills est extrêmement
original. À l’époque je ne me rendais pas compte de cette particularité et j’ai
naturellement pensé qu’il était possible que la techno se marie avec des
instruments solos comme la voix ou un instrument acoustique.
L’harmonie est très minimaliste, mais extrêmement profonde. Ce titre a
touché et sublimé quelque chose de très intime au fond de moi. Il fait partie
des titres qui m’ont donné envie de faire de la musique un chemin de vie.

Mbira – Kevin Volans

Un claque. Cette pièce de Kevin Volans, assimilé au courant des postminimalistes, mais originaire d’Afrique du Sud, mélange ici un thème de
musique du Mozambique joué habituellement par le « Mbira » et ici
recomposé et interprété par deux clavecins !

Volans crée une rencontre
inédite qui nous amène pour moi à rencontre sa créolité, très personnel. Un
mélange parfait entre un amour des mélodies ancestrales des musiques du
Mozambique et la musique contemporaine occidentale.

Invisible invasion – Scan 7

Trackmasta Lou a pour moi dans ce titre « plié le voile de la réalité » (expression de mon ami et artiste Hasawa)

Il crée une trans particulière à partir d’un mode de construction par couche
rythmique typique de la techno minimale, mais ici en jouant sur ce qu’on
pourrait appeler une profondeur polyrythtmique. Lou va un pas plus loin que
ce que Robert Hood avait crée avec Minimal Nation.

C’est la magie de Scan
7, ce phénomène d’être envahie par une trans qu’on ne décrypte pas au
premier abord (d’où le nom du morceau, j’imagine) et qu’on ne réalise
qu’après coup une fois pris. Ce fait m’a et m’inspire toujours énormément.

Coq, un poule – Benoîte Boulard

Un morceau d’une grande profondeur. Une expression d’une réalité créole
d’une époque (année 60-70) d’un quotidien encore très fortement ancré dans
la spiritualité. C’est direct, brut. Et en même temps mélodieux et doux avec
l’orchestre de Loulou Poitou qui va chercher un son unique, entre quadrille et
maloya, la rencontre de cette voix puissante et de cet orchestre est un bijou
de la musique réunionnaise. Une évolution contemporaine à son époque du
séga-maloya. Un de mes classiques de la musique créole.

Om Rama – Alice Coltrane

Un syncrétisme à l’état pur. Ce titre issu de la période dite « extatique »
d’Alice Coltrane est un mélange incroyable entre jazz, spiritual et mantra
hindouiste avec au centre du titre une apparition d’un solo chanté dans un
style vocal quasiment gospel. La rencontre entre les univers se fait. La
musique afro-américaine et les mantras indiens. Alicie Coltrane a créé un
interstice musical, une « entre-allée » vers une contrée musicale inédite.

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