L’ascension de La Houle Avec son dernier album La Chute

La Chute est sorti il y a quelques mois et a envoûté nos oreilles. Comme un coquillage avec lequel on entendrait la mer, La Houle nous emmène dans un monde nautique dans un nouvel opus libérateur et expérimental. Troisième long opus après la Première vague et Dehors au Dedans, il s’inscrit dans une esthétique tout à fait originale.

Les vagues s’écrasent sur la falaise, l’écume se dépose délicatement sur la roche sombre tandis que la mer se retire et recommence cet incessant mécanisme à l’infini. Écouteurs dans les oreilles et contemplant ce drôle de rituel marin, la mélodie de La Houle se marie à merveille avec le cadre. Un nom qui est également en parfaite concordance avec le monde maritime, et son dernier album La Chute, sorti le 3 décembre dernier suit cette ligne directrice. Très vaporeux, noisy par moment, parfois plus pop, l’album de La Houle est un recueil de dix titres cathartiques, intimistes et poétiques.

Question pochette, La Houle s’est totalement écarté de la direction artistique des deux derniers albums très illustratifs. Ici, c’est une photo au grain très cinématographique. Une certaine morosité s’en dégage mais également une douceur se fait ressentir dans les regards. Sur une fin de dîner, une cigarette fume et donne ce climat opaque. Cette dame et ce jeune homme qui se font face, ce ne sont d’autres que l’artiste et sa grand-mère. Cette image projette bien l’atmosphère intime des titres.

La Houle est un créateur d’atmosphères mais également de chansons plus pop. La Chute est un album à double facette, tout comme l’artiste. Les paroles en français chantées d’une voix tantôt suave comme sur Ode à l’errance, tantôt puissante et rythmée. Les questionnements se font ressentir tout au long de l’album, les sujets sont introspectifs, les phrases sont poétiques et les mots touchants. 

Pas besoin de le dire, dès les premières notes de Quelque part ? et ses samples de cloches d’église, on ressent une atmosphère pesante d’un album qui se veut libérateur pour l’artiste. En effet, écrit dans un moment difficile, il a été le moyen pour lui de s’évader, de respirer, de lâcher prise.

Une grande place est laissée à l’expérimentation, à la musique ambiante que l’on pourrait comparer à des danses électroniques. Par exemple, le titre La Chute est un ensemble jazzy avec des envolées de saxophone. Des interludes instrumentales se glissent entre les morceaux plus garage et donnent un aspect énigmatique, sous forme de questions avec Où suis-je ?. D’autres fois, la tension devient telle, que puissance mélodique se fait entendre sur Toi (ce moi) qui pourrait faire penser à des sonorités d’M83.

L’ensemble de l’album est une invitation à se poser, à prendre le temps de s’écouter et de se donner la possibilité de tout lâcher.