Abandonnez tout espoir, embrassez la noirceur. S’il y a une chose que les quatre Alsaciens de Last Train savent faire, c’est donner une dimension magistrale à leur rock. Alors après leur deuxième album déjà sublime, ils se sont demandés : comment aller plus loin ? La réponse est désormais là, avec How Did We Get There ?, ses 19 minutes ininterrompues et son court-métrage qui fait plus que l’accompagner. Allez, c’est parti.
Le Rock, c’est bien. Et quand ça va toucher autant de fibres émotionnelles, c’est encore mieux. C’est ce qu’on apprécie chez un groupe comme Last Train, et ils nous remercient en allant toujours plus loin, avec toujours plus de finesse, toujours plus de maturité, toujours plus de recul. Cette fois, leur proposition permet une lecture à plusieurs niveaux. Comment en est-on arrivés là ? C’est la question que pose le titre, le morceau, ses paroles et la mise à l’image. Interpréter l’oeuvre d’un·e artiste est toujours périlleux mais on peut ici en donner plusieurs, donc ça limite forcément les risques. Parle-t-on de la déchéance d’une relation amoureuse ou d’une amitié où les sentiments d’attachement ont laissé la place à la colère et le ressentiment ? Parle-t-on de phénomènes de société, de violences policières et de générations vivant dans la peur de la différence ? Parle-t-on de la guerre et de ses horreurs ? Chacun·e se fera son idée, pour nous c’est un peu de tout ça. Et c’est là, la force de cette oeuvre. Combien d’autres peuvent se targuer d’évoquer autant de sujets à la fois ? Écouter un morceau de cette longueur en ressentant toutes ces émotions vous transporte, vous brise, vous soigne, vous aime, vous déteste. Last Train signe un coup de génie en proposant une oeuvre globale plutôt qu’un EP qui ne se serait peut-être pas autant distingué. La continuité, ça a donc parfois du bon, pourtant les ambiances sont nombreuses, du piano solo au métal en passant par de la balade rock… Il y a de quoi voir du pays.
Côté image, c’est un véritable court-métrage plutôt qu’un clip qui nous est proposé. La réalisation est magnifique et nous dépeint une descente aux enfers dont on dessine peu à peu les contours. Les différents mouvements du morceau se posent avec brio sur les passages du film (à moins que ce ne soit l’inverse ?) et on ressent le malaise et la torture que s’auto inflige le personnage principal alors qu’on l’accompagne dans les ténèbres.
NB : le court-métrage n’étant pas disponible sur Youtube, vous pouvez suivre le lien ci-dessous pour le regarder.