Le Jazz a toujours fait part d’un grand cosmopolitisme, n’ayant pas peur d’opérer un mélange des cultures. La scène française en essor ne fait pas exception à la règle. Les parisiens d’Àbájade nous en ont offert en ce début d’année une nouvelle preuve avec leur premier album : Latopa.
Le postulat d’Àbájade et de sa musique est clair : mélanger les sonorités afrocubaines avec le Jazz et la Soul. Cette volonté offre une couleur originale, avec notamment des instruments que l’on ne retrouve pas habituellement, sauf dans les niches locales concernées. On peut prendre l’exemple de la présence de tambours batá joué par Waly Loume dans le line-up. Cette identité se devait d’être retranscrite de manière la plus organique et fidèle possible. Ce besoin amène une autre grande qualité du disque : sa méthode de conception.
Latopa a été entièrement enregistré dans des conditions live. Pendant trois jours lors du mois de juin 2022, le groupe s’est réuni au studio Audioscope à Paris. C’est pendant ce laps de temps que la formation a donné naissance à son premier album. Cette manière de fonctionner confère au projet une énergie prenante et surtout très naturelle et entrainante. Les illustrations évidentes sont les morceaux La comida et Peze Café, vrais bain d’énergie et de soleil.
Les percussions traditionnelles se marient bien aux instruments plus standards. C’est notamment par ces mêmes percussions mais aussi aux cuivres que les cultures afrocubaines ressortent et éclaboussent le disque. Les rythmiques sont chaloupées, entrainantes et ne donnent qu’une envie : danser. La lumière transmise par l’octuor est communicative. Preuve d’une grande maturité et d’un brio qui transpire de ces sept titres.
Cette identité musicale se marrie avec la facette visuelle, spécialement conçue pour l’album. La pochette est en réalité la partie d’une fresque de huit mètres de long réalisée par le street-artiste Gilbert Mazout. Elle est exposée à Bagnolet et accessible au public. Cette dernière donne un autre point d’accroche à l’univers d’Àbájade qui se marrie très bien aux morceaux de Latopa. Quelque chose de très lumineux, complexe mais qui devient clairvoyant lorsqu’on l’observe attentivement.
Toute la force de ce premier album dans sa globalité réside dans son énergie. On retrouve une harmonie naturelle entre tous les éléments. Musicalement, le tout s’imbrique sans forcer. L’enchaînement des sept morceaux est d’une grande fluidité, nous poussant a rembobiner la cassette encore et encore. Sa longueur modérée et son caractère entêtant donnent à Latopa une vraie force d’attraction. C’est ça, en plus de l’évidente qualité des titres du projet, qui nous pousse à revenir dessus.
Avec un premier album réussi et sans accroc; Àbájade se montre, et sous un très beau jour. Avec une identité tant bien visuelle que musicale originale et accrocheuse, le groupe nous tend la main et gagne son pari. Latopa est une démonstration de la force et de tout le potentiel que l’on peut trouver à la formation avec un disque indispensable pour nos journées estivales ensoleillées.