LENPARROT – La Conversation – pour que la joie soit gardée

En dix ans et trois albums, Romain Lallement avec son alter ego Lenparrot, nous invite sur les chemins de son univers musical en perpétuelle mutation. Les inflexions de sa voix androgyne des débuts a laissé la place à des notes plus posées. Les textes (aujourd’hui écrits en français), devenus plus explicites, nous touchent sans ambages. Les lignes mélodiques, toujours fortes chez Lenparrot, vibrent désormais d’harmonies solaires. Il émane de son album, La Conversation, un sentiment d’apaisement. Car, comme le chante Julien Gasc : « Le salut vient de nous-mêmes. Garde la joie ».

Romain Lallement aka Lenparrot
Crédits photos : Cédric Oberlin pour La Face B

Nous sommes allés à la rencontre de Romain Lallement aka Lenparrot. Rendez-vous avait été pris à la terrasse de La Gaité Lyrique. Moment suspendu entre le souffle retenu d’une fin d’après-midi et l’effervescence naissante des soirées qui s’organisent

La Face B : Parce qu’on ne saurait commencer l’interview sans te poser cette question : comment vas-tu ?

Lenparrot : Comment je vais ? Je vais bien. Je suis très heureux et très impatient que ce disque sorte. Ça a été deux années, fastidieuses -par moments, pour que ce disque voie le jour. Le Covid a un peu décimé mon entourage professionnel. J’ai beau faire de la musique sous ce nom depuis 10 ans, je reste quand même sur une économie très indépendante. Me recréer un entourage professionnel a été long, mais les efforts ont payé parce qu’aujourd’hui j’en ai un super. Morgane [de Capèle] comme attachée de presse. Une éditrice géniale, Caroline [Bourgeois – de Caro.B Music publishing]. C’est en grande partie grâce à elle que ce disque va sortir. J’ai également retrouvé un tourneur [Les Tontons Tourneurs], la personne avec laquelle je travaillais depuis le début a fermé sa boîte en 2021.

J’ai passé deux années vraiment solo, à être multicasquettes. C’était assez réjouissant sur plein d’aspects. Comme je fais ce métier depuis un certain moment, j’ai un carnet d’adresses qui m’a permis de ne pas perdre mon statut, de continuer à présenter mes chansons, même en étant seul au piano. Mais avec la sortie de l’album, il est nécessaire de pouvoir déléguer, d’être accompagné.

Je suis donc heureux, impatient, un peu inquiet, comme à chaque fois. Mais je vais avoir la chance de pouvoir monter sur scène à quatre. Ce qui correspond aux arrangements de ce disque bien plus organique que les précédents. Il a été enregistré pour la première fois en groupe, chose que je ne faisais pas auparavant. Je suis content de reprendre la promo. Content de voir l’échéance qui se rapproche. Ensuite je serai là pour faire en sorte qu’il puisse vivre sa vie de la meilleure des manières.

La Face B : La conversation est ton troisième album. En quoi diffère-t-il des précédents ? 

Lenparrot : Il répond, pour moi, à un continuum, parce que je ne vois pas de césure nette. Je ne me suis pas dit que j’allais faire un virage à 180° en changeant complètement ma manière de faire. Simplement une incursion dans le français, quelque chose que j’avais amorcé il y a quatre ans avec mon deuxième album (Another Short Album About Love) sur deux chansons. Je vivais avec plein d’artistes chers à mon cœur qui m’avaient déjà permis de ressentir la curiosité, dans un premier temps, puis l’envie et la nécessité de chanter dans ma langue. Mon deuxième album est sorti en plein Covid. Cela a eu un gros impact dans sa réception dans les médias ou de par la tournée. Les retours qui m’avaient été faits sur ce disque mentionnaient beaucoup Quoi et Paladines, les deux chansons écrites en français, comme étant marquantes.

« J’ai dû me résoudre à admettre que c’était la dernière strate d’une mise à nu »

Et dans les rares lives que l’on a pu faire alors, cela changeait complètement le rapport au public. Pas du fait du masque de protection, mais plutôt de la rareté des moments qui convoquait une immédiateté que la langue française parachevait dans la trajectoire qui se tissait entre nous, sur scène, et le public. J’ai beau eu dire, longtemps, qu’il n’y avait pas de filtre qui opérait par la langue, le covid m’a un peu donné tort. J’ai dû me résoudre à admettre que c’était la dernière strate d’une mise à nu qui avait, dès le départ, été opérée par la décision de partir en solitaire, en cessant l’expérience de groupe, après dix années de bons et loyaux services au sein de différentes formations. Je me suis dit que j’avais quelque chose à aller chercher dans cette direction. Beaucoup d’éléments extérieurs m’ont convaincu de poursuivre cette voie.

Cela s’est fait petit à petit. J’étais alors dans plein de projets. Sans même y avoir trop réfléchi, on a monté un spectacle en 2021 qui s’appelle Jamais au Paradis, en compagnie de Sarah Maison, de la mère de ma fille Marion Le Nevet et Cyril Pedrosa qui est dessinateur. On a pris part, tous les quatre, à cette aventure qui mine de rien m’a pris beaucoup de temps, presque toute l’année 2021. Parce que l’on s’attaquait au répertoire de Burt Bacharach qui est complexe. Il y avait, vraiment, l’envie de ne pas se foirer sur un réarrangement, une réinterprétation.  

Affiche du spectacle Jamais au Paradis !

Parallèlement à ce projet, j’ai rejoint Sarah Maison en l’accompagnant au clavier sur la DA de son live. Et puis j’ai eu en 2019 une petite fille. Tout cela mis bout à bout, m’a un peu éloigné durant un moment de Lenparrot. Ce qui était plutôt bien venu parce que c’était plutôt récréatif. Dans Lenparrot, il y a quelque chose de l’ordre de la solitude. Et trouver de nouveaux terrains de jeu a donné un nouveau souffle à ma façon de concevoir Lenparrot. Quand j’ai eu des fenêtres de tir pour me remettre à écrire, j’ai retrouvé la même urgence qu’à mes débuts. C’est quelque chose qui parfois peut se perdre au fil du temps, par un certain confort, ou simplement par le fait d’une pièce devenant de plus en plus exiguë.

Là, je me remettais à vivre des moments où : « Ah… putain, je n’ai qu’une journée ou deux pour écrire ». Cela permet d’aller à l’essentiel. Et aussi d’être moins sur des atermoiements intérieurs sur la langue et pourquoi… J’arrivais assez rapidement à trouver des angles d’attaque sur ce que je voulais aborder, sur des bribes de mélodie. Et, surtout, ce qui a été le point déclencheur a été la découverte du travail de producteur d’Emmanuel Mario « Astrobal » qui a été à mes côtés sur toute la réalisation de ce disque avec Nina Savary et Vincent « Pieuvre ». J’avais déjà eu un aperçu de son travail à l’occasion de la sortie de l’album de Ricky Hollywood, Le Sens du Sens, chez Futur Records qui est vraiment ma famille, ma maison depuis toujours.

Pochette d'album Le Sens du Sens de Ricky Hollywood
Le Sens du Sens – Ricky Hollywood

Ça m’avait vraiment bluffé. Je ne lui ai pas dit à ce moment-là, mais j’avais gardé dans un coin de ma tête à quel point j’avais trouvé ça d’une érudition, d’une finesse remarquable. Et puis en 2021, est sorti l’album de sa compagne, Nina Savary. Et là, ça m’a juste scié. Je n’avais pas les mots tellement ce disque était ovniesque. Il venait convoquer tout ce que j’aime dans la pop, avec cette aisance à naviguer entre l’anglais et le français, à appeler des références qui pouvaient aussi bien aller d’Eddie Crampes (qui signe d’ailleurs une des chansons de l’album) à April March ou à Julien Gasc. C’est la famille. C’était vraiment un album qui correspondait à ce qu’un idéal pop pourrait receler. Après l’avoir écouté une fois, deux fois, trois fois… avoir commandé le vinyle… je leur ai écrit.

Affiche de la tournée de Laetitia Sadier avec le Source Ensemble

« Je suis allé enregistrer un disque et j’ai trouvé une famille »

On se connaissait un petit peu. (On s’était croisé à l’occasion d’un concert de Laetitia Sadier qu’ils accompagnaient au Lieu Unique à Nantes en 2017). Je leur ai dit : « Bravo, les chéris, c’est juste magistral ». Et puis Emmanuel m’a répondu et m’a dit : « Ça nous touche beaucoup. Et figure-toi que l’on a pas mal écouté ton dernier album lors du confinement. À l’occasion, ce serait chouette que tu passes à la Bergerie ». La Bergerie, c’est le lieu dans les Corbières où ils vivent et enregistrent depuis des années. Je les ai pris au mot. On s’est appelés et on a convenu d’un moment pour venir enregistrer. Cela devait être fin 2021. En février 2022, j’étais là-bas et on a débuté l’enregistrement. Comme je l’ai déjà dit : « Je suis allé enregistrer un disque et j’ai trouvé une famille ». 

Pochette de l'album Next Level Soap Opera de Nina Savary
Next Level Soap Opera – Nina Savary

Pour revenir au sujet principal de ta question, ce qui diffère c’est que j’ai beaucoup travaillé en solitaire par le passé en partant de sessions Logic de mes démos. Là, on est aussi partis de mes démos, mais en montant un groupe de toutes pièces avec Emma [Emmanuel Mario « Astrolab »] – à la réalisation, mais également à la batterie, aux chœurs, par moments aux arrangements de synthé – Vincent « Pieuvre » Guyot – à la guitare, à la basse et derrière plein de synthés – Nina aux chœurs et puis Julien [Gasc] qui est venu faire la basse de la chanson Sable.

C’était vraiment en équipe réduite, dans un endroit perdu au milieu de nulle part. Et c’est ce que j’ai cherché à faire. L’écriture et le choix du français conviaient à ce quelque chose de plus organique. C’est ce qui diffère le plus. Même si, en soi, l’écriture n’a pas beaucoup bougé, hormis ces « détails notoires » [Rires].

La Face B : Ta voix chantée semble ne plus suivre les mêmes intonations, moins androgyne, plus posée. Cela vient du fait d’avoir écrit en français ? 

Lenparrot : C’est une mue qui était déjà opérante sur l’album précédent, où il n’y avait plus vraiment de chansons en voix de tête. Celle qui était assez symptomatique de mes premières sorties chez Atelier Ciseaux et de mon premier album. J’avais déjà envie d’endosser quelque chose bien plus à contre-emploi. J’avais déjà envie de m’en détacher sur Another Short Album About Love. Et oui, en effet le français parachève cette idée d’aller vers quelque chose de plus « calme », plus « serein ». Un peu crooner.

Après comme c’est un peu neuf, ce n’est pas si réfléchi, intellectualisé que ça. Mais de tout temps, quel que soit l’ambitus vocal choisi, il y a le souci de raconter une histoire de façon assez distincte. Je pense que la langue maternelle impose, inconsciemment, cela. Tu vas moins faire d’acrobaties quand tu as une histoire à raconter. Et comme j’avais le souci de transmettre de la meilleure des manières les paroles de mes chansons, je crois que rester dans un registre plus grave était plus pertinent.

« Garde la joie »

La Face B : Sachant que ton album, même s’il apparaît lumineux avec ses mélodies fortes, aborde des sujets graves. 

Lenparrot : Il y a deux points qui ont été pivots sur ce choix et, je pense, réussis. Par le passé il y a eu une architecture mélodique plus sombre, là où les paroles étaient parfois davantage ironiques ou sarcastiques. C’était de l’ordre de saynètes fictionnelles. Le contre-point à cette esthétique sombre, mélancolique, minimale, fragile… (Je ne sais pas quelles sont les étiquettes les plus à propos) … était plus sur les paroles.

Pour La Conversation, de m’entourer de toute cette équipe très seventies, très organique dans les arrangements – parce que l’écriture reste la même – permettait d’opérer une bascule. Ce sont des mélodies peut-être plus lumineuses, moins sombres. J’avais envie de ne pas rester sur ce truc avec des synthés froids, des boîtes à rythmes à l’os. L’idée de m’entourer d’une guitare, d’une batterie, de plein de synthés avec une Fender Rhodes comme instrument central, cela permettait d’avoir quelque chose de plus lumineux pour, justement, laisser une écriture – par l’utilisation du français et par les sujets abordés – peut-être plus sombre.

Il y a cette phrase issue de la chanson Maracabela de Julien Gasc dans L’Appel de la Forêt qui pour moi a agi comme une sorte de mantra : « Garde la joie ».

« Ces chansons sont un chemin pour aller vers »

Cette phrase, je pourrais me la faire tatouer tellement elle me suit, m’accompagne et m’aide dans les moments de détresse émotionnelle, aussi bien en tant que garçon de 35 ans qu’en tant qu’artiste. À des moments de grande fragilité, il faut garder la joie en soi. Il y a peut-être par le passé une certaine complaisance à me dire : « Tiens, je vais écrire des chansons, ça me permettra d’aller mieux ». Je ne pense pas que ce soit l’unique réponse à apporter aux moments de douleur, de souffrance, de deuil dans la vie.

Certes, depuis tout temps, la musique est un exutoire et peut être considérée comme une thérapie, mais cela ne peut pas simplement se résoudre par elle. J’ai aussi débuté une thérapie durant l’écriture de La Conversation et je crois qu’elle a permis à ces chansons non seulement de permettre d’aller mieux, mais d’être également le chemin pour y accéder. Ce n’est pas juste « J’ai des moments de déprime, voir des séquences de dépression et je vais y répondre simplement en écrivant ». Je vais faire en sorte d’aller mieux.

D’être entouré de personnes que j’aime et dont je prends soin autant que faire se peut et qu’elles prennent soin de moi autant que faire se peut, mais aussi de pouvoir voir quelqu’un pour aborder des sujets graves et des expériences de vie parfois pas évidentes. Quand je regarde ce disque, contrairement aux autres qui sont venus à des moments d’angles morts – sombres – et qui témoignent de cela, ces chansons sont un chemin pour aller vers. C’est pour cela que j’ai une tendresse immense pour cet album. Je crois que c’est vraiment une traversée.

La Face B : Un peu comme dans ton clip En Plein Air où tu quittes la forêt de pins maritimes des Sables d’Olonne pour te diriger vers le phare qui pourra te guider

Lenparrot : C’est exactement comme cela que Zoé Chadeau qui a réalisé le clip En Plein Air a vu cette chanson. C’est d’ailleurs comme cela qu’elle a été écrite. En Plein Air témoigne du deuil de ma grande tante qui était un peu la marraine de la famille. Au moment où la chanson pourrait s’achever s’ouvre cette outro instrumentale, une course vers un endroit plus ensoleillé, plus lumineux, plus joyeux. Pouvoir ainsi traverser ce deuil dans la joie ou en tout cas de ne pas rester statique face à une épreuve qui est évidemment douloureuse. C’est aussi lui rendre hommage parce que c’était quelqu’un de très solaire, d’impertinent à plein d’endroits. D’être dans une sorte de « lament » aurait été incomplet dans ma manière de lui rendre hommage. C’était nécessaire de pouvoir rassembler tout cela autour d’une chanson.

« J’aime bien l’idée d’un alter ego que je regarde vieillir et qui me regarde vieillir »

La Face B : J’ai l’impression que si dans tes précédentes compositions tu incarnais des personnages issus de ton imaginaire. Celles de La Conversation me semblent plus personnelles.

Lenparrot : C’est rigolo parce qu’il s’est posé la question à un moment de changer de nom. Pas de mon fait parce que je trouvais ça important que quelle que soit la mue, la métamorphose, l’avancée que pouvait embrasser cette aventure en solitaire, elle puisse continuer sous le nom de Lenparrot. J’ai eu une discussion avec Cyril Pédrosa qui me disait : « Qu’est-ce qui t’empêche de signer tes chansons Romain Lallement ? ». J’aime bien l’idée d’un alter ego que je regarde vieillir et qui me regarde vieillir. Qui permet juste d’être moi en tant qu’artiste.

C’est-à-dire un miroir de plus en plus fidèle, je crois, au fil du temps. Mais que je peux aussi laisser quand je le souhaite. Là, où pour Romain Lallement, il y a tellement d’autres pans qui ne concernent pas seulement la musique. Donc, je suis heureux de garder cet alias. Pour autant, c’était déjà un peu en amorce sur l’album précédent, La Conversation vient couvrir deux années d’une traversée particulière. Comme je l’ai déjà évoqué, j’ai eu plusieurs deuils dans ma famille, douloureux et difficiles à surmonter. Également, une séparation amoureuse assez conséquente et vertigineuse. Forcément, comme j’écris souvent sur des émotions ressenties, plus que pour les autres,

La Conversation m’a souvent servi de journal de bord. Donc oui, il y a une dimension autrement plus intime qu’auparavant. Cela couvre les quatre années que j’ai vécues depuis la sortie de mon précédent album, avec aussi moins l’envie ou la nécessité d’endosser un personnage. C’est très près de moi. Après forcément, la tournure, l’habillage fait que ça reste un disque de pop et non un confessionnal. C’est en tout cas toujours comme cela que je l’ai conçu et j’espère que je ne me suis pas trompé là-dessus.

La Face B : Dans tes chansons, les lieux semblent revêtir une importance particulière : Nantes, la Bergerie sous oublier Piriac-sur-Mer…

Lenparrot : C’est un album qui fait écho à plein d’endroits où il a été façonné. Il y a beaucoup de chansons qui ont été écrites dans ma maison familiale à Piriac-sur-Mer où j’ai eu la chance de pouvoir me rendre juste après le Covid à des moments où donner des concerts n’était pas envisageable et où la ville était devenue un endroit anxiogène. Avoir le privilège absolu de pouvoir disposer de ce petit îlot face à la mer, c’était juste un refuge précieux aussi bien pour Marion, la mère de ma fille, que pour moi. Pour tous les trois, ça a été une grande chance de pouvoir amener notre fille qui avait juste un an au bord de la mer et de pouvoir évoluer dans un environnement serein.

C’est très précieux. Beaucoup de chansons font écho à ces moments où tout semblait fragile et se casser la gueule. Se dire : « OK, on peut encore être à trois au bord de la mer » valait alors tout l’or du monde. Nantes oui bien sûr c’est mon terrain de jeu depuis plus de vingt ans. J’ai grandi à quelques rues d’ici pendant dix ans [nous avions rendez-vous à la Gaité Lyrique à Paris – entre les quartiers du Sentier et d’Arts et Métiers].

J’ai une accroche très puissante et très sentimentale à Paris. Mais aujourd’hui, je suis plus Nantais que Parisien. Il y a forcément plein d’endroits où je me sens ancré dans cette ville de Nantes. Je ne me sens pas vivre ailleurs. Mais le Covid a exacerbé la nécessité – en tant qu’artiste, mais également en tant que personne qui vit dans une ville de « Province » – de revoir d’autres lieux. C’est un luxe que l’on a, en tant que musicien, de pouvoir parcourir l’hexagone voire même d’aller à l’étranger. Une nouvelle fois, c’est ce que le Covid a percuté de plein fouet. Découvrir un lieu comme la Bergerie où j’y suis allé quatre fois pour toutes les sessions du disque, a été une chance.

« Je ressens vraiment à chaque écoute de l’album à quel point la Bergerie transpire sur chacune des chansons »

La Face B : C’est un lieu de création qui doit avoir son âme propre.

Lenparrot : Complètement, c’est isolé, perdu dans les Corbières, pas très loin de Leucate. C’est perdu dans les montagnes dans une bergerie qui doit faire pas loin de 300 m². Je ne connaissais pas du tout ce coin de la France avant de m’y rendre. C’est beau. C’est méditerranéen. Un golf. Un spot très prisé du kite surf, car cela fait une espèce de petite cuvette, il y a plein de vagues. Et puis il fait beau presque tout le temps, il fait chaud, on se baigne dès le mois de mars. Que ce soit pour le disque ou pour jouer ensemble.

On avait répété pendant une semaine à la Bergerie pour préparer le premier concert de La Conversation qui s’est déroulé l’an dernier au Château des Ducs de Bretagne de Nantes. Et, j’y suis retourné pour commencer à travailler sur le nouvel album de Nina. Tout prétexte est bon, pour moi, d’aller les voir et de passer du temps en leur compagnie là-bas. J’ai digressé, mais je ressens vraiment à chaque écoute de l’album à quel point la Bergerie transpire sur chacune des chansons. Le fait d’avoir travaillé au côté de cette merveilleuse famille et dans ce lieu si propice à la création et à l’enregistrement… S’il n’y avait pas eu la Bergerie, il n’y aurait pas eu La Conversation. C’est clairement comme cela que je le conçois. Elle imprègne complètement toute l’esthétique et l’atmosphère de l’album.

Romain Lallement aka Lenparrot
Crédits photos : Cédric Oberlin pour La Face B

La Face B : Et tu as des concerts de prévus pour accompagner la sortie de ton album ? Je crois que tu as déjà des date programmées en 2024 à Poitiers le 16 novembre et à Nantes le 30 novembre.

Lenparrot : Il y aura une release parisienne le 15 janvier 2025 au Point Ephémère et un showcase en piano solo aux Ballades Sonores le jeudi 7 novembre prochain. Je reviens à Paris présenter cet album d’ici la fin de l’année et l’année prochaine.

La Face B : Et pour finir, que peut-on te souhaiter ?      

Lenparrot : Parce que je suis d’un naturel assez impatient, des temporalités en forme de yoyo. La plupart des chansons qui figurent sur La Conversation ont été écrites entre 2019 et 2022. Ça fait deux ans. J’ai un peu écrit entre-temps. Entre les moments où sortent les albums et où on les a conçus, il y a toujours une distance incompressible et qui est nécessaire. On est – tant que compositeur ou compositrice – déjà à se projeter vers autre chose alors que l’album sort. Parfois, on est moins en adéquation avec ce qui est à défendre au moment où cela sort. La force de ce disque est qu’il a été conçu sur un temps long. J’ai beaucoup de joie à me dire que l’on va partir sur la route pendant a minima un an, un an et demi. Mais je me figure déjà ce que sera le squelette du quatrième album.

Ce que l’on peut me souhaiter, d’avoir le plus de dates possibles pour défendre le disque de La Conversation mais d’avoir aussi un peu de temps pour commencer à écrire le prochain chapitre. 

Retrouver Lenparrot sur la Face B

Chronique et interview pour son deuxième album :
La nuit, l’amour et Lenparrot
Une conversation avec Lenparrot

Crédits photos : Cédric Oberlin pour La Face B