2019 est encore dans le rétroviseur, la rédaction de La Face B a donc décidé de partager avec vous les albums qui ont fait battre nos coeurs au cour de l’année 2019. Chaque rédacteur a donc choisi un album qui aura marqué son année. Voici la première partie des coups de coeur de La Face B avec The Lumineers, Pépite, Purple Mountains et Roméo Elvis.
The Lumineers – III ( Léa)
2019 a été porteuse de très grands albums, c’est donc avec beaucoup de difficultés (et d’angoisse) qu’il a fallu trancher parmi toutes ces pépites. And the oscar goes to… III de The Lumineers. Derrière ce titre simple et pragmatique se cache pourtant un album concept complexe, tant par la thématique de l’addiction qu’il aborde avec justesse que par la qualité de sa réalisation. Wesley Schultz et Jeremiah Fraites, têtes pensantes du groupe, s’y sont surpassés en y mettant toutes leurs tripes. On retrouve toute cette émotion à travers l’instrumentation de l’album, du piano délicat à la guitare sèche déchirante, chaque titre est un crève-cœur et résonne en nous comme si l’histoire des Sparks concernait notre propre famille. Rien n’a été laissé au hasard pour III, de la production musicale aux clips qui sont une merveille d’esthétisme, tout est orchestré et produit à la perfection. Si le choix de l’album de l’année fut un casse-tête sans nom, c’est finalement celui de The Lumineers qui apparaît comme une évidence.
Pépite – Virages (Charles)
Choisir un album qui résume 2019 ? Pourquoi faire ? Quand j’ai lancé l’idée, cela me semblait plaisant et puis en y réfléchissant c’est devenu un casse tête. Parce que je marche à l’émotion immédiate (mais rarement éphémère), parce que j’ai écouté beaucoup trop de choses j’ai décidé de m’arrêter sur deux albums qui ont deux vecteurs essentiels pour moi en 2019 : la délicatesse et le chant en français. Parce que j’aime qu’on me raconte des histoires, que j’aime m’identifier à ce qu’on peut me raconter, il était évident pour moi de parler de Pépite. Outre le fait que les gaillards m’ont fait vivre des moments superbes en concerts cette année (je vous assure, chanter Les Bateaux en étant ivre est la chose la plus douce qu’il me soit arrivé de faire cette année.), Thomas et Edouard ont surtout réussi avec Virages à m’offrir un voyage composé de 12 Flèches qui m’ont toutes transpercé le cœur. Si on retrouve parmi elles les classiques que sont Les Bateaux et Hiéroglyphes, c’est donc en ballade que le duo nous emmène, baignant sa pop dans le rock, la dub et la chanson française, brassant des influences aussi diverses que compléntaires, le tout porté par une écriture aussi directe que poétique. Ici la route est sans Feu Rouge, les solos de guitare éclatent comme des bulles de Champagne et la mélancolie nous transporte en Bateaux jusque Monte Carlo. Un album qui ne créé jamais la Zizanie et qui nous offre Tant de Peine quand le Silence Radio se fait sentir, si bien qu’on a envie de leur dire « Allo? c’est pour quand la suite ? ». Vous l’aurez compris avec Virages, Pépite a créé une ode aux amours éphémères, aux sentiments qui blessent et qui mettent parfois à genoux, baignant ces sentiments tristes dans une musique aussi solaire que dansante. Et forcément, on en redemande. Un classique aussi beau qu’un coucher de soleil, quand le jour et la nuit se rejoignent pour ne faire qu’un.
Purple Mountains – Purple Mountains (Chloé)
Il serait impossible de vous présenter notre bilan musical de 2019 sans évoquer août et la douloureuse perte du déjà très regretté David Berman. C’est aux côtés des futurs membres de Pavement que le grand monsieur du rock indépendant avait formé Silver Jews. En guise d’adieu, David Berman a livré en juillet son unique album solo, Purple Mountains. Et quel testament. Le musicien y dresse le bilan personnel de ses années d’errance après la dissolution de Silver Jews. Des temps qui portent malheureusement les traces indélébiles de la dépression et de la toxicomanie. Ultime preuves des talents de songwriting de Berman, les textes sont toujours emplis d’humour piquant; puis délicatement apposés sur des mélodies folk nonchalantes mais lumineuses. Une telle signature aurait pu être le symbole du retour de l’artiste parmi les vivants. Du moins, on l’aurait tous voulu. Pourtant, cette fois, il était déjà trop tard : le passé règne en maître. All my happiness is gone, qu’il disait. Bien qu’il eût maintes fois affirmé le contraire, David Berman n’a jamais été un loser. Il a changé la vie et il la changera encore.
Roméo Elvis – Chocolat (Sarah)
Roméo Elvis sans Le Motel, c’est un peu comme quand on te présente un pote par l’intermédiaire d’un autre, que tu commences à le fréquenter sans ce dernier, et que tu découvres un mec génial. Tu délires à la première rencontre sans pour autant effleurer la totalité du potentiel.
Chocolat a mis un terme à la production aseptisée du Motel pour une musicalité plus rugueuse, plus organique et une orientation textuelle plus personnelle, conservant toutefois un sens de l’humour parfois désuet mais toujours attachant.
Avec Chocolat, on a la sensation de rencontrer Roméo pour la première fois, plus authentique, plus fidèle à lui même.
Les featurings étaient surprenants : je retiens particulièrement Parano dont l’envolée lyrique des violons me retire à chaque fois quelques larmes ainsi que la précieuse présence de Damon Albarn.
Si certains titres touchent un peu plus à la variét’, cela n’a pas altéré ma sympathie et mon appréciation générale de l’album qui me donne le sentiment d’avoir passé un moment intime et personnel avec Roméo Elvis. Il te parle de l’amour de sa vie dans Soleil, de ses blessures tragiques dans En Silence ou encore de sa haine et incompréhension pour un régime extrémiste dans son pays avec La Belgique Afrique.
Bref, un album authentique dont la sincérité et la douce maladresse m’ont plu du début à la fin.