La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la sélection numéro 106 des clips de la semaine.
P’tit Belliveau – J’aimerais d’avoir un John Deere
Commençons par une petite précision : pour ceux d’entre vous qui ne le seraient pas, John Deere est une marque de matériel agricole. Vous savez, celle avec le cerf que vous avez sans doute du voir sur les casquettes des pires hipsters parisiens.
Ce petit point technique étant désormais évoqué, on peut donc dire tout le bien que l’on pense du nouveau titre de P’tit Belliveau. Cette ballade au piano qui se transforme en pop song épique nous raconte donc le rêve secret de l’artiste : avoir son propre tracteur John Deere.
Derrière l’idée loufoque de J’aimerais d’avoir un John Deere, se cache une réalité sociale : Dans la Baie Sainte-Marie, d’où est originaire P’tit Belliveau, possédé ce genre de tracteur est un signe de réussite sociale. L’artiste acadien nous raconte donc l’histoire d’une victoire, d’une quête de respect et une certaine idée du matérialisme. C’est naif, drôle et tendre et surtout superbement interprété.
Pour compléter la douceur DIY de son morceau, P’tit Belliveau passe aussi derrière l’écran et réalise un superbe clip fait de couleurs et de collages dans lequel il met en images ses rêves et son histoire de manière hyper touchante.
Encore un sans faute pour un artiste qu’on aura grand plaisir à retrouver sur la scène du Point Éphémère le 30 novembre ainsi que lors des Bars en Trans.
DEGAGE – L’INSTANT
Si vous nous suivez, vous savez déjà qu’on apprécie énormément DEGAGE. D’ailleurs on peut déjà vous donner rendez vous la semaine prochaine pour notre rencontre avec les rémois.
En attendant, le quatuor le plus australien de Champagne-Ardenne nous offre un petit bonbon de presque 7 minutes avec le clip de L’instant. Morceau d’ouverture de leur premier EP paru en octobre, le titre est une porte ouverte vers les rêves.
Langoureux et tendre, il nous entraine dans une promenade pop aérienne qui nous réchauffe le cœur et le corps alors que les températures extérieures commencent dangereusement à descendre. On se laisse entrainer par l’instant, ses chœurs géniaux et ses solos de guitares bienvenus pour accompagner une basse qui groove salement.
La poésie qu’on ressent à l’écoute se retrouve parfaitement retranscrite dans l’image qui l’accompagne, avec ce parfait petit court métrage en noir et blanc. On adore le côté DIY assumé, cette manière de nous faire changer d’univers et de nous emmener dans un monde où tout est possible et où les ombres prennent vie pour nous entrainer dans un slow amoureux. 7 minutes d’évasion, on n’en demandait pas tant.
Horsegirl – Billy
Avec les trois singles sortis depuis le début de leur formation en 2019, Horsegirl a retenu l’attention des plus grandes institutions comme Pitchfork, Stereogum et NPR mais également les fans d’indie. Originaires de Chicago, Penelope Lowenstein, Nora Cheng et Gigi Reece créent une musique au carrefour entre la musique noise et l’indie rock. Pour leur toute dernière sortie Billy, les trois artistes s’entourent du fameux producteur des groupes comme Dinosaur JR et Sonic Youth, John Agnello mais gardent la main mise sur la production de leur propre musique.
Les influences 90’s se ressentent dans le son, avec des guitares très shoegaze et une voix céleste.Le 16 novembre le clip qui accompagne le titre est sorti. C’est une vidéo tournée à la VHS, réalisée par le groupe de manière DIY. C’est une déclaration d’amour à leurs ami.es, sensible, intime qui nous donne le sourire aux lèvres. Le goût est à la fête, entre superposition d’images, incrustation de petites vidéos et petites mises en scènes burlesques, nous suivons la préparation d’un dîner festif entre ami.es.
Girl in Red – I’ll call you mine
Vous avez sans doute eu les chansons de Girl in Red une fois en tête. Elle revient avec une vidéo de son titre I’ll call you mine tiré de son premier album If I could make it go quiet sorti le 30 avril. Le morceau est une chanson d’amour caractéristique du style de l’artiste norvégienne aux sonorités bedroom pop. Dans ses paroles, l’artiste parle de sa crainte de commencer une nouvelle relation à cause de ses traumatismes passés.Ligne directrice de son projet, le rouge reste au centre du graphisme et en particulier la couleur de la typographie.
La vidéo produite par Jared Hogan met en scène un couple à la Bonnie and Clyde avec les actrices Zoe Foulks et Lindsey Normington. Marie Ulven Ringheim est intégrée en sorte de Hitchcock à l’histoire en personnage omniscient, spectatrice des scènes. On assiste à la relation passionnée des amoureuses enrôlées dans l’adrénaline des braquages qui se termine brusquement, devenus insupportables pour l’une d’entre elles.
OrelSan – L’odeur de l’essence
Avec l’annonce d’un nouvel album pour le 19 novembre, OrelSan a créé beaucoup d’attente. En dévoilant L’odeur de l’essence deux jours avant la date de l’album, l’artiste a récompensé ses fans (dont on fait évidemment partie) avec une petite pépite. Proche des cinq minutes, le morceau présente une critique assez réaliste de l’état de notre société. Montée du populisme, culture du buzz, racisme, rien n’est laissé sur le côté.
Avec une production évolutive, OrelSan confirme son génie dans l’élaboration de tels morceaux. Plusieurs écoutes sont d’ailleurs nécessaires pour décortiquer chacune des couches superposées. On est réellement fan de ce titre !Côté clip, son entourage n’est pas oublié puisqu’il est présent, comme dans la vraie vie, dès le départ. Accompagné d’un écran incurvé, l’artiste est d’abord bousculé par les figurants avant que ceux-ci ne viennent appuyer ses propos. Simple et sans artifices, on sent que la conception de ce clip a été pensée pour que soit souligné le message véhiculé dans ce morceau.
Kavinsky – Renegade ft Cautious Clay
Huit ans après sa dernière sortie, Kavinsky est de retour avec Renegade. L’artiste, derrière les classiques de la musique électronique que sont Nightcall ou encore Odd Look, a dévoilé vendredi le premier morceau de son deuxième album à venir.
Production électronique aux sonorités retro, l’artiste donne le ton de son super album et montre qu’il n’a rien perdu de sa superbe. La voix de Cautious Clay paraît ici comme une évidence et ce titre devrait être en boucle dans nos écouteurs pendant un certain temps.
Un clip, plus court, vient mettre en scène Kavinsky, mué en super-héros qui fait sauter la tête de ses ennemis. Efficace, cette vidéo donne un aperçu du morceau qu’il faut aller écouter en intégralité !
Owlle – La flemme
Après s’être fait remarquer par le titre Ticky Ticky, l’artiste Owlle revient avec de nouveaux morceaux. Parmi ces derniers, le titreLa Flemmequi s’accompagne d’un clip réalisé par ELI et I COULD NEVER BE A DANCER. La flemme de quoi nous dirons-nous ? Des cœurs brisés et des corps torturés par les relations toxiques. C’est ce que l’on peut observer symboliquement au travers du clip.
Alors, la chanteuse danse, bien qu’une attelle l’empêche d’être pleinement libre. Elle reprend sa liberté, comme on pourrait le faire au sein d’un couple. C’est en se déhanchant sur une musique tant électronique que puissante, que Owlle reprend le contrôle sur son corps, sur sa personne. Les paroles évoquent cet envol : “Oh j’ai trop la flemme; sentir en moi; le poids, les distances; ta présence.” La musicienne et l’oiseau de nuit sera en concert à la Gaîté lyrique le 20 avril.
Flèche Love – See Me Through
Après nous avoir ensorcelés avec son dernier album Naga, l’artiste Flèche Love nous offre le clip de See Me Through, issu du même album. Le clip est réalisé par Zenzel ayant précédemment travaillé avec L (Raphaële Lannadère), Barbara Pravi ou encore Aloïse Sauvage. C’est au contact de la nature que la musique de Flèche Love éclos. On l’aperçoit plonger entre les arbres, sur une barque parcourant un lac ou encore dans un champ.
Flèche love semble caresser les cieux des mains. Un minimalisme qui se retrouve dans la musique. Il n’y a pas de superflu, ni d’artificiel, la musique est à la fois organique et spirituelle. La voix de l’artiste est soutenue et portée par un chœur aérien. Pourtant, des percussions ancrent la mélodie dans la terre. See Me through se situe dans le ciel et la terre. C’est un cadeau précieux que nous fait la chanteuse. Une musique que l’on garde aux creux des mains.
Louve – Ultra Louve
Extrait de son dernier album Ultra Chaos, l’artiste Louve reste dans l’hyperbole avec le titre Ultra Louve. Au travers du clip réalisé par Maud Ferron, la chanteuse dévoile ses multiples alter ego. Sur une musique autant planante que dansante, la chanteuse se fait sensible, platine et divine. Mais c’est surtout sensuelle que la chanteuse se dévoile. On aperçoit dans le clip, des mains caressant des corps d’argile ou de chair, des regards sauvages et félins, comme des bribes de soirées endiablées. Louve sera en concert le 27 novembre aux Bains, de quoi réchauffer la nuit jusqu’à la faire brûler.
Courcheval – Labeur
On retrouve dans Courcheval, tout une synthèse modernisée de ce que la chanson française pouvait avoir d’inventif et de raffiné. Une ouverture du paysage sonore d’un Voyage en Solitaire de Gérard Manset, une façon de poser sa voix comme dans Fort Alamo de Jean Louis Murat ou encore, dans son schéma de construction, la trame narrative des Merveilles de Juliet d’Yves Simon. Si les références semblent bien présentes et donnent des points de repère, Courcheval arrive néanmoins à s’en affranchir et à teinter sa composition d’un style qui lui est propre. Un nouvel univers semble alors se dessiner.
Entre dystopie et uchronie, le clip, magistralement réalisé par Pauline Bricout, est orchestré par de multiples juxtapositions de trames animées entre les notes steampunk que l’on pourrait croire issues de la série Léviathan de Scott Westerfeld ou celles imbriquées des jeux du studio Aminata Design. Une odyssée de l’espace, de l’espèce humaine filmée par Fritz Lang. Les images et la musique se répondent dans une mise en abyme d’un monde sociétal mécanisé et déshumanisé.
Labeur est un premier extrait, entouré de mystère, de son album à venir. C’est avec une certaine curiosité que l’on attend de découvrir d’autres facettes de Courcheval. Assurément, il risque encore de nous embarquer vers d’autres ailleurs.
Renard Tortue – Pakomifo
On s’est tous senti un jour ou l’autre Pakomifo. Un peu gauche, pas à notre place et avoir l’impression d’être un.e extra-terreste dans un océan de normalité.
Mais la normalité existe-elle vraiment ? Cette question, Renard Tortue semble avoir une réponse assez claire et simple : non. Le duo, qui vient de sortir un premier EP du même nom, clippe cette semaine son titre Pakomifo. Un appel à l’anormalité ou plutôt à la sincérité.
Un titre très pop dans lequel les deux potes rappelle tendrement qu’on n’est jamais aussi bien que quand l’on est nous même. C’est sans doute très consensuel pour certain.es, mais vu l’époque dans laquelle on vit, il est toujours important de le rappeler. C’est drôle, tendre et ça groove pas mal.
Pour l’accompagner, Nathan Ambrosioni dévoile un clip qui inverse subtilement les rôles entre les clichés masculins et féminins, appuyant ainsi de manière forte les propos de Renard Tortue. On observe donc avec humour cette vidéo maligne qui aborde des sujets importants de manière très pop. Sans doute le meilleur moyen pour faire passer un message.
KALIKA – Touche-Moi feat Joanna
Vous pensez avoir déjà vécu une attraction irrépressible envers quelqu’un ?
On n’en doute pas, seulement aujourd’hui vous allez découvrir ce que deux âmes qui se cherchent et se trouvent peuvent nous proposer,.
Kalika et Joanna nous livrent une vraie déclaration faite l’une à l’autre.
Une tension permanente entoure le regard et les corps de nos deux artistes.
Dans des décors fulgurants, elles se livrent à une bataille dans laquelle l’attirance l’une pour l’autre en devient palpable.
À l’image de leur rencontre, ce coup de foudre a quelque chose de physique « touche moi sans même me toucher », ça brûle, ça fout les frissons et on ne demande qu’une chose c’est voir jusqu’ou cette collaboration artistique et spirituelle emmènera nos deux incroyables protagonistes.
Ibeyi – Made of Gold feat. Pa Salieu
Il est là, le retour qu’on attendait tous, celui de soeurs prodigues qui ont fait chavirer nos coeurs avec leurs deux premiers albums, on ne les avait plus vues depuis 2017.
C’est désormais terminé puisqu’elles nous présentent aujourd’hui Made Of Gold en featuring avec le rappeur anglais PA Salieu.
Pour l’occasion Ibeyi a sorti les gros moyens, un clip magistral et si spirituel réalisé par Daniel Sannwald (Travis Scott, Beyoncé, Rihanna) qui s’inspire d’un tableau de Frida Kahlo.
A l’image on suit les deux soeurs dans une chorégraphie mystique accompagnée par les talentueux danseurs nigérians Ebinum.
C’est un morceau et un clip qui reconnecte les deux artistes à la nature et à leurs ancêtres, cette nature qui fait le lien entre les générations et qui marque l’étreinte du temps. Ce retour est une petite pépite qu’on savoure et on a hate de voir ce que nous réservent les deux soeurs pour la suite…
Cate Le Bon – Moderation
Près d’un mois après la sortie de son sublime et enchanteur single Running Away, Cate Le Bon est de retour avec Moderation issu de son prochain album Pompeii prévu pour le 4 février prochain.
Véritable œuvre-d’art en mouvement, ce clip réalisé par Juliana et Nicola Giraff montre l’artiste britannique à travers une fenêtre conçue par l’architecte italienne Lina Bo Bardi. De la brume, du tonnerre, du tulle violet, vert et une pseudo Vénus de Milo habillent les propos du morceau faisant référence à un essai de Bo Bardi.
Avec Moderation, Cate Le Bon chante « ce dilemme quotidien qui consiste à à essayer de limiter des habitudes héritées et nouvelles« .
Une nouvelle réussite pour l’artiste qui ne cesse de nous surprendre. Cate Le Bon sera par ailleurs de passage à Paris le 29 mars 2022 (prenez vos places !)
PANDAPENDU – Ruskov
Lisez attentivement les lignes qui suivent car PANDAPENDU va se révéler être votre nouveau groupe préféré. Pourquoi ? Parce que tout d’abord ce premier single intitulé Ruskov dévoile une dream-pop des plus exquises accentuée par une électro hypnotique. Quoi de plus ? Ces notes de synthés qui nous rappellent les meilleurs de la French Touch, à savoir Phoenix ou encore Sébastien Tellier.
Derrière ces mélodies mélancoliques, se cache le désir absolu de se recentrer sur l’essentiel et surtout, de s’en contenter ! Dans ce clip réalisé par GRINDERZ HOUSE, on y voit des jeunes excédés par le système, le besoin de profiter de la vie sans tous ces artifices malsains.
Un premier single pour le moins prometteur et un projet qu’on se jure de suivre très attentivement.