La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre , la seconde partie de la sélection numéro 108 des clips de la semaine.
KYAN KHOJANDI – LE DERNIER LA DERNIÈRE
Deux semaines après avoir dévoilé « son dernier premier album » Kyan Khojandi continue de faire la promotion de L’horizon des évènements et dévoile le clip de son titre, Le Dernier La Dernière.
Et c’est une nouvelle facette de sa musique qu’il met ici en avant. Toujours dans la sincérité, c’est ici une face d’ombre très émouvante qu’il nous présente puisque ce morceau parle de son père disparu. Sur des nappes synthétiques et de cordes, très cinématographiques, Kyan développe ici une histoire tendre et bouleversante, détaillant lentement « les derniers » du plus anecdotique au plus important. Un morceau universel qui transpire l’amour et la tristesse et qui frappera tout un chacun tant ce que l’artiste nous raconte marquera évidemment tout ceux qui l’écouteront.
Toujours réalisé par Jérémie Levypon, le clip qui l’accompagne joue cette fois-ci la carte de la sobriété tout en prolongeant l’esthétique aperçue dans les deux premières vidéos. Ici c’est à travers une cassette vidéo qu’on se prend un tsunami d’émotion dans la tronche.
En prenant la place de Kyan, de manière presque impudique, on se replonge dans des souvenirs de famille. Des instants volés et puissants qui collent parfaitement aux ambiances de la chanson et qui finissent par faire couler les larmes sur nos joues.
November Ultra – le manège
Soyons honnête, depuis maintenant un an, notre petite existence musicale est marquée par la présence de November Ultra. On guette ses sorties, on va rire et pleurer à ses concerts et on se laisse bercer par ses morceaux qui sont des réconforts certains autant que des évasions vers un monde rempli de rêves parfois doux amer.
Le manège ne fait pas exception à la règle et nous serre une fois de plus le cœur de la plus belle des manières. Une ritournelle simple mais directe dans laquelle elle nous chante une nouvelle fois l’amour, celui qu’on rêve de ne jamais voir s’arrêter, celui qui séduit, qui bouleverse, qui chamboule l’existence … Un tour de manège sans fin dans lequel on rêve tous de monter.
Ce manège, on le retrouve forcément dans la vidéo de Stef & Wyt qui nous entraine dans un univers visuel forcément onirique ou le blanc se succède au rouge alors que le morceau se teinte de vibes plus électroniques vers la fin du morceau. Une sorte de plongée dans l’esprit de Nova, à la quête de souvenirs et de moments, entre ambiances fantomatiques et présences plus inquiétantes.
Laura Cahen – Désarmée
Laura Cahen c’est la fille dont la musique parle à nos oreilles, s’ancre profondément et s’installe durablement en nous. Avec un deuxième album Une fille sorti en mai 2021 la chanteuse excelle dans le difficile exercice du deuxième album.
Tout en contretemps, Desarmée s’impose comme un titre fort qui avance avec conviction, comme la chanteuse. Il fait l’éloge du temps qui s’abat, du vent qui revient et s’attaque aux corps comme une insidieuse érosion de la vie.
Rien d’étonnant alors que des portraits de femmes solaires viennent illustrer le morceau. Dans le clip réalisé par Shanti Masud, elles incarnent des émotions différentes : l’une semble submergée, l’autre résignée, mais chacune renaît dans un soleil.
Parmi ces filles, l’actrice Sarah-Megan Allouch (Plaisir fantôme) était déjà l’héroïne du titre la Jetée, Luàna Bajrami (Portrait de la jeune fille en feu) apparaissait elle dans Dans mon lit quand Camille Rutherford (Felicità) brillait dans Cavale. Des clips au fort accent cinématographique, des tableaux figuratifs qui subliment les mots de Laura Cahen.
Une évidence que la chanteuse cite le travail de Céline Sciamma parmi ses références cinématographiques. Les trois actrices sont ici rejointes par la talentueuse Vicky Krieps (Phantom Thread, Bergman Island…) pour compléter un trio déjà lumineux.
Mais Laura Cahen n’en est pas à son coup d’essai dans l’exercice du portrait. Les filles, ses filles, elle les croque de sa plume et de son objectif dans un projet au long court qui prend vie sur sa page Instagram. Des portraits de femmes des coulisses (cheffe de projet, éditrice, musicienne…), autant de présences qui lui sont indispensables.
Toutes ces « filles » au sens libre et enfantin mais pas infantilisant du terme, sont des filles désarmées et pourtant plus fortes que jamais.
Lucill – Baisser les yeux
Une sélection des clips de la semaine ne serait pas une bonne sélection des clips de la semaine sans un petit passage au Québec.
Cette semaine on célèbre le retour de Lucill qui revient avec Baisser les yeux, extrait de son deuxième album prévu pour le 25 février 2022.
Une chanson aux accents pop et organique dans laquelle l’artiste nous raconte un quotidien trop bien rodé duquel il cherche à s’échapper. Briser les codes pour enfin décidé de la direction de son existence, prendre les rênes et enfin vivre comme on l’entend. Assumer son propre chemin en dehors des attentes et des espérances des autres.
La vidéo de Ariel Poupart, alterne entre les images du band dans un décors de nuage et des images énigmatiques de Lucill qui semble se chercher et se libérer des choses … Tout en assumant une vraie passion pour le golf.
Chilly Gonzales – White Christmas
Alors qu’il y a un an sortait son album A Very Chilly Christmas, Chilly Gonzales continue de le faire vivre au travers de sa tournée hivernale et d’un nouveau clip qui vient de nous parvenir. C’est donc White Christmas qui est mise à l’image et qui nous parvient sous la forme d’un stop-motion aux contours abstraits.
Déjà il y a un an, on s’était empressés de s’outrer contre cette hérésie qui nous a fait aimer la musique de Noël, la frustration est donc toujours la même en découvrant cette mise en scène sublime qui peut aborder plusieurs éléments en fonction de votre interprétation.
On a choisi d’imaginer que la vidéo se concentre sur la solitude et l’isolement que peuvent représenter les fêtes de fin d’années pour celleux qui n’ont pas la chance de retrouver leurs proches pour toutes les raisons qui existent. À vous désormais de vous faire votre propre idée !
L’Or du Commun – C’est dingue
Le trio le plus emblématique de la scène rap belge est revenu cette année avec son album Avant La Nuit. Autant dire que les années sont passées depuis leur début et que leur aura dépasse les frontières du plat pays. Également de grands adeptes de la scène, ils ont voulu rendre hommage à ces années passées en tournée avec leur public dans le titre C’est dingue.
Pour encore mieux retranscrire cette ambiance, ils ont profiter de leur tournée pour filmer des images qui ont été montées par Tikal, donnant le clip du morceau sorti cette semaine.
Souvent trop oublié avec la crise sanitaire, le rapport au public est important pour les artistes. En regardant ce visuel, on se rend compte qu’il l’est également pour le public. Véritable bouffée d’air frais et de liberté, ce clip permet de rentrer aussi un peu dans l’intimité des tournées quand on est en groupe et l’envie de (re)partir en festival se fait vite sentir…
Neko Flash – Yurei ft. Kumisolo
Frissonnez, voici venue l’heure où vont vous être contées des histoires de fantômes japonais. Pour accompagner la sortie de son premier EP, Neko Flash partage la vidéo du titre qui a donné le nom à son mini album, Yurei. Enveloppés dans les lignes mélodiques d’une synth-pop envoûtante et efficace, Neko Flash nous emporte dans l’univers inquiétant des croyances ancestrales japonaises.
Masques traditionnels et décors dépouillés, Camille Penalver filme dans un huis clos oppressant les personnages évoluant au tempo de la musique. Les mouvements de la caméra et les images tournées au ralenti exhalent un bouquet de fragrances surnaturelles où Kumisolo réincarnée en une Yurei ondoie dans une danse inquiétante. Une semaine après l’avoir entendue sur le délicieux EP Ohana Bataké de KCIDY, la voix de Kumisolo nous envoute de nouveau mais dans un registre plus angoissant. Entourée de Yōkai, Hannya, Bake-kujira ou encore Yurei, toute cette histoire n’est peut-être qu’un rêve, ou pas. Brrr.
So La Lune – Tsukithèse
Marathonien de l’année 2021, So La Lune en est à son sixième format court avec 2ème Faille (Silfra). Une productivité qui n’aura pas trahi ces objectifs en faisant un des espoirs de la nouvelle scéne rap francophone. Ses points forts : une plume noire et sincère qui au détour de mélodies caverneuse en dit long sur les fissures de vie du jeune rappeur.
Ces derniers sont à nouveau mis en avant dans l’introduction de son dernier EP qui accompagne cette sortie d’un visuel réalisé par Killian Kali. Tourné sur la côte Atlantique, le visuel de Tsukithèse s’éloigne des habitudes urbaines du jeune rappeur pour le retrouver en séminaire dans une belle et grande maison témoignant d’un stade de passer grâce à sa musique. Pourtant, les lyrics restent sombres et sont toujours bercés par autant de mélancolies.
« Les feux sont verts c’est dar mais moi ça va pas trop ces temps-ci J’crois qu’j’vais trop loin dans mes pensées »
Gunwood – Dream Boat Jane
e trio folk-rock parisien mené par Gunnar Elwanger vient de sortir son nouveau single Dream Boat Jane, accompagné d’un clip réalisé par Auréliane Camps (AAAPRODS). Nous faisant embarquer sur le « bateau des rêves », Gunwood nous propose avec ce clip une escapade poétique aux accents boogie blues, loin du chaos du monde réel. Par une porte à l’abandon sur une plage, nous pénétrons avec une jeune femme dans un univers onirique, un monde imaginaire à la Alice au Pays des Merveilles où l’on danse sur les tables dans la forêt entre deux tasses de thé, pour ensuite s’endormir dans un lit les pieds dans l’eau sur la plage.
« Dream Boat Jane est pour moi un bateau de sauvetage qui vient nous rassurer après qu’on se soit échoué, qui nous fait garder le sourire au milieu d’une tempête en pleine mer. J’avais envie d’écrire sur le monde qu’on se crée pour faire face aux absurdités avec légèreté. L’ivresse que l’on utilise pour s’échapper le temps d’un sourire ou d’une soirée, mais également la pièce de vie qu’on décore et qu’on fortifie à travers les années. Dream Boat Jane c’est aussi les chansons qu’on a pu préparer durant les confinements, qui nous ont permis de nous plonger dans une bulle imaginaire loin du monde chaotique, et qui pourront servir de radeau à leur tour. »
L’album Dream Boat Jane de Gunwoodsortira le 11 février prochain.
Evie – Des vents contraires
Sous ses airs mélancoliques et électroniques, on reconnaît le souffle de Robi, ou encore Emilie Marsh ou Katel voire Françoise Hardy, dans le titre Des vents contraires. Le titre est tiré du quatrième album de la chanteuse, intitulé Le Hic. Le texte est en français permettant de jouer avec la langue et ses métaphores : « À quoi ça tient, à quoi ça sert; et même si on a tout pour se plaire; ainsi s’en vont les âmes solitaires; au gré des vents des vents contraires; à contrepieds à contrecoeur; te laissent à quai et m’emmènent ailleurs.” Des paroles portées par des sonorités électroniques et minimalistes. Dans la même atmosphère que le clip réalisé par Lilian Alleaume. On y aperçoit des décors de forêts, des couleurs pastels et des bribes de poésie par la danse.
Mai Lan – Le Loup
Animal d’instinct et de prédation, Le Loup devient le totem des violences sexuelles, au travers de l’œuvre de Mai Lan. Si nous ne vous présentons seulement le clip, Le loup est un projet multiple regroupant une affiche, une vidéo de prévention ainsi qu’un album pour enfant réalisé par le chanteuse. Le but étant d’informer les plus jeunes sur les violences sexuelles. Ainsi, au travers du clip réalisé par Thibaut Vieville et Aurélien Farobbia, on aperçoit une petite fille se brisant peu à peu, dans un décor vide, semblable à un trou noir. Comme pour mettre en avant les déchirures et le ressenti de vide, de mort intérieure. Il s’agit de Miette, le personnage principal de ce projet. La musique en fond est électronique, aérienne, nous prenant par les émotions. Mai Lan a une façon de chanter particulière, entre la mélodie et la tragédie. On ressent quelque de grave, en dehors de paroles dramatiques : “Terrée dans cette pièce où je me cache ; Je suis prise au piège surtout quand je me lave ; Je ne suis pas libre sous ce regard (…) fallait pas venir trop près de moi, Maintenant je sais plus qui très bien qui tu es.” Mai Lan sera en dédicace ce lundi au Salon du Livre Jeunesse.
The Rodeo – Vallée de Siddim
La Vallée de Siddim est un extrait de la compilation en partenariat avec la Souterraine et Finaliste. Avec ses airs de rodéo, de western, ce titre est une tentative de recherche d’un disparu. On devine un ancien amour, sous les traits d’un mercenaire. Alors, The Rodeo met tout en place : chaman, pendule et sciences occultes. Cette quête nous est contée par un clip animé réalisé par Laurent Blot. Dans un décor de rouge, de blanc et de rouge, voire de couleurs fluorescentes; on fait la connaissance de multiples personnages. Des créatures hybrides, des dragons ou des loups viennent à notre rencontre. Peut-être que sous ces masques se cache le mystérieux mercenaire ? Affaire à suivre ….
Jeshi – Generation
On avait découvert Jeshi au cours d’un featuring avec le producteur britannique Vegyn, sur I See You Sometimes, et depuis cet artiste ne nous a plus quitté. Le clip de son dernier morceau Generation offre un point de vue unique sur la jeunesse des banlieues britannique.
Un plan vu d’en haut, la caméra se promène de portrait en portrait, de scènes de groupes, en focus sur l’artiste, de moments fraternelles, en instants d’angoisses évidents. Une vidéo à l’image et au propos impeccable, on ne pouvait attendre que cela d’un artiste aussi talentueux et prometteur.
Brace! Brace! – Places
Le groupe de chez Howlin’ Banana Records nous revient avec un single et un clip envoûtant Places. Des bandages, des bandages, et encore des bandages, sur les visages, les mains et même les guitares. Le ton léger et envolé de cette musique pop vient contraster avec ce dispositif étonnant. Jouant en live sous ces montagnes de bandelettes blanches et bleues, le groupe se révèle, et vient panser nos maux. Une première parenthèse plus qu’agréable, avant l’album Care, prévu pour le 18 février 2022.
CHESTER REMINGTON – My Very First Time
My Very First Time n’est pas le premier mais bien le deuxième single pour annoncer la sortie du second EP de CHESTER REMINGTON.
Après l’excellent Out There, on retrouve l’univers barré d’Odilon et de ces compères qui nous filent un bon gros coup de nostalgie à base de lecteur cassette, skate et jeux vidéos. On les trouve dans cette vidéo où ils se mettent en scène avec brio.
Le personnage au ciré à la tête de goéland qu’on retrouve dans le clip (oui oui) ne vous veut pas de mal, il veut simplement vous faire gouter pour le première fois à cette musique si addictive qui vous retourne le cerveau et ne vous quitte plus.
Alors prêts à tenter l’expérience ? Il suffit d’appuyer sur play !
Basile3 – Ciel Rouge Feat Simili Gum
Bon ben on a chialé un max, voilà, qu’est ce que vous voulez qu’on vous dise de plus ?
On ne s’attendait pas à ce que Basile3 et Simili Gum nous sortent une vidéo pour ce titre déjà sorti en 2020 et réédité et modifié pour la sortie de Sans Retour, l’EP de Basile3 sorti fin Novembre.
Voilà donc une surprise incroyable pour un des morceaux les plus puissants des ces derniers mois.
Réalisé par Vincent Burger, ce clip nous délivre des images et paysages aux couleurs exacerbées devant lesquels les ombres de nos deux artistes se baladent. On accompagne ainsi le texte profond de Simili dans ce ciel rouge, matérialisé pour de vrai, tout le décor brûle.
Honnêtement, si c’est ça l’enfer, on pourrait s’y enfermer.