Les clips de la semaine #11

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Onzième session maintenant.

Modern Men – Tirer sur l’ambulance

Le bruit et la fureur, l’amour et la violence. On voit mal comment définir autrement Tirer sur l’ambulance de Modern Men. L’amour fait vivre autant qu’il tue, en tout cas c’est certain et avec ce titre, déjà dévoilé dans une session live en septembre, les rouennais prouvent une nouvelle fois tout le bien que l’on pense d’eux. Dans un français hurlé jusqu’à la mort et qui se fracasse sur une musique industrielle, ces garçons modernes nous démontent la tête et on en redemande. Ça tombe bien, leur nouvel EP, Anéantir le monde moderne, est prévu pour le mois de décembre. Tout un programme qu’ils iront défendre aux Bars en trans le 6 décembre. En attendant, on se délecte du son, mais aussi des images qui fileraient plus d’un arrêt cardiaque aux homophobes en tout genre. Marrant, on tient peut être une idée pour enfin leur faire fermer leur g…

DHARMA BUM – AFTERPARTY

On reste à Rouen mais on change complètement de style, tout du moins dans le son, car la vidéo garde avec elle ce goût pour la provocation qui laisse avec délice le malaise s’installer. Avec Afterparty, Dharma Bum nous offre un apéritif savoureux de son nouvel EP Deux à paraître le 15 novembre. Longue pièce pop et psychédélique, le titre s’étire sur 4 minutes et mouve tranquillement à l’aide de rythmiques qui se répètent jusqu’à l’obsession, portées notamment par une basse et une batterie entêtantes. La vidéo, elle aussi réalisée par le groupe, nous amène dans un monde hors du temps, navigant entre présent et passé et proposant une ambiance lourde, hallucinée, proche du cauchemar éveillé et qui dans son esthétique et son style narratif n’est pas sans nous rappeler l’excellent Daim de Quentin Dupieux. On a clairement vu pire comme comparaison. Pour le live, Dharma Bum vient de partir en tournée et sera notamment de passage au Supersonic le 17 décembre.

PommeAnxiété

Il y a des titres qui créent un trouble en nous. On ne sait pas pourquoi, mais d’un coup ils résonnent, ils vibrent d’une pulsation presque secrète qui les fait entrer en résonance avec nous. Anxiété de Pomme fait partie de ces petits miracles. On a fini par le comprendre à force d’écoutes, la jeune femme personnalise ici l’anxiété, celle qui habite si facilement certains d’entre nous. Le trouble lui vient de l’apparente douceur de la chose, à la première écoute on pourrait y entendre une chanson d’amour et au final c’est un peu ça, sauf que c’est le genre de relation qu’on ne souhaite à personne. Vivre avec l’angoisse est une relation à long terme, une relation dont on se retrouve prisonnier et dont on échappe rarement. Parfaitement mise en musique par Pomme, l’idée trouve une puissance visuelle assez incroyable dans la vidéo d’Hugo Pillard, co-écrite avec Pomme, dans laquelle la jeune femme se retrouve enfermée dans un tube qui se remplit, se retrouvant au fur et à mesure face à tout ce que la société nous impose : la normalité, la perfection du corps, les réseaux sociaux, la foule qui oppresse … Une vidéo et un titre à la brutale simplicité, mais parfois en faut-il plus ? Pomme vient de dévoiler Les failles, un album brillant, humain, touchant et tendre dont on ne peut que vous conseiller l’écoute.

Suzane – IL EST OÙ LE SAV ?

Suzane nous avait déjà ouvert la porte avec son premier EP, elle persiste et signe avec IL EST OÙ LE SAV ? . Pour nous faire danser sur des sujets sociétaux lourds et sérieux, c’est une nouvelle fois une jolie réussite tant le titre parvient à ne pas traverser cette ligne où la musique vire au ridicule et le messager en enfonceur de portes ouvertes gênant. Peut-être parce que la jeune femme ne juge pas mais raconte, s’implique parmi les coupables de ce qu’elle dénonce (l’utilisation du on est ici d’une importance assez capitale) et développe un propos aussi cohérent que finalement divertissant avec un refrain accrocheur et puissant. Et une nouvelle fois l’apparition de Témé Tan nous emballe pour nous rappeler que le SAV n’existe pas, si ce n’est en nous. La vidéo a été tournée au Sénégal dans une des plus grandes décharges du monde, un théâtre qui semble irréel mais qui pourtant existe bel et bien. L’apocalypse n’est donc pas très loin et il serait vraiment temps de réagir car bientôt plus personne ne répondra au téléphone.

Geeeko – Lean

Faisant suite à son (ses) dernier(s) clips Fendi/Fckd Up, le belge d’origine africaine (Côte d’Ivoire/ Rwanda) a sorti le clip de Lean. On en apprend un peu plus sur le rappeur qui d’apparence paraît excentrique mais est en réalité timide. Ses clips résument assez bien cette dualité et la complexité du personnage. Lean ne déroge pas à la règle. Entre obscurité et pleine lumière, le visuel est un régal pour les yeux. On y retrouve le rappeur blessé, sûrement par les trahisons, les peines de cœur, le désespoir ou le manque d’argent, sujets récurrents de ses textes. Il est blessé et se retrouve dans une forêt aux couleurs automnales mais aussi en plein orage, venant renforcer le côté sombre du clip. Un visuel bien travaillé à l’image du personnage de Geeeko.

Spider ZedSous la douche

Spider Zed, c’est un des 5 membres du High Five Crew composé notamment du rappeur Eden Dillinger. Il a déjà sorti 3 EP en solo, dont le dernier en date Bien ou quoi qu’il défendra sur la scène de la Machine du Moulin Rouge le 7 décembre. Promo visible dès le début de son dernier clip Sous la douche où l’affiche est présente sur un abribus. Rappeur à l’univers décalé, il est aussi beatmaker. Son univers ressort clairement dans son dernier visuel, on le voit prendre une douche sur sa terrasse, tout habillé, mais aussi se démultiplier pour effectuer une gestuelle plus qu’impeccable au milieu des champs. Seul protagoniste du clip, il se fait plaisir et enchaîne les situations sans queue ni tête. Si cet univers vous charme, réservez dès maintenant vos places pour le 7 décembre.

Jelly and Ice Cream- Dust On The Ground

Jeune groupe de rock belge, Jelly and Ice Cream, c’est un peu le pot de glace qui va venir réchauffer votre estomac en plein hiver. C’est du rock qui peut à la fois vous refroidir par sa dureté mais aussi vous réchauffer par sa chaleur humaine. Pour leur dernier morceau, les belges ont décidé de se la jouer vintage : clip à petit budget, filtre grain, couleurs chaudes mais aussi vinyles font ressortir un morceau très apaisant. Plongeons-nous un peu plus dans le visuel : un vinyle va venir lancer le morceau, et va ensuite s’en suivre un voyage collant à la perfection avec le rythme du titre. Un voyage aux côtés d’une jeune fille que l’on va accompagner chez elle, mais aussi en ville, dans son quotidien au final. Le vinyle arrête de tourner, le morceau se finit et avec lui ce chouette voyage de 2 minutes 26. 

Lucie Antunes – Blue Child

Lucie Antunes est une touche à tout. Tour à tour percussionniste, directrice artistique et bien d’autres, elle a présenté son projet solo avec son album Sergeï sorti le 4 octobre dernier. Dans ce cadre, elle nous présente le clip de Blue Child réalisé par SMITH et qui met en scène deux êtres, que l’on imagine des amants, évoluer dans une suite de tableaux qui habillent savamment la pop colorée du morceau et dont les ambiances se retrouvent projetées sur la vie du couple que l’on suit jusqu’à ses moments d’intimité (oui, une restriction d’âge s’applique à l’œuvre). Le paradoxe entre mouvements fluides et parfois ralentis donne une impression de contemplation dans laquelle on se perd volontairement, et la musique nous entraîne dans des rêveries brumeuses…

BE4T SLICER – 02h70

Sorti cette semaine, le premier album du quatuor Lillois Be4t Slicer s’accompagne d’un nouveau clip pour le morceau 2h70. Échappée contemplative, celui-ci nous entraîne dans une irrésistible montée retranscrite à l’image par l’animation que l’on doit à Fabien Caboche, dans laquelle on voit des animaux bioniques prendre vie peu à peu. La production oscille entre tableaux concrets et métaphores abstraites, et la trajectoire implacable du morceau se retrouve dans le parcours de la force vitale qui prend possession peu à peu des animaux mécaniques. Le parallèle peut être fait entre un morceau électronique mais rempli de vie, et cette galerie embrumée qui s’anime et prend son envol comme une émancipation salvatrice.

Son Little – Suffer 

Suffer, chanson au titre introspectif si l’on en croit la façon dont s’est déroulée la réalisation de l’album Aloha. Pour ce troisième album, attendu en janvier, Son Little a en effet dû vivre un énorme coup dur puisqu’il a perdu toutes les maquettes de ses morceaux suite à la mort prématurée de son disque dur. Il a donc dû enregistrer Aloha en quelques jours, le forçant ainsi à être naturel et à laisser de côté les artifices pour se concentrer sur la musique et les instruments : un lâcher-prise auquel l’artiste n’a pas souvent été confronté. Porté par un clip délicat, Suffer aborde l’auto-destruction qu’implique parfois la dépression. Il sera en concert à La Maroquinerie le 30 mars prochain.

Nazca – Back in the Game

Quand on s’apprête à faire son grand retour, quoi de plus logique que de sortir un morceau s’intitulant Back in The Game ? C’est ce qu’a fait Nazca, quatuor lyonnais de retour cette semaine. Le groupe trace ici des lignes, entre les langues, entre les genres, entre la douceur de ses couplets et le côté frondeur de ses refrains pour un résultat explosif qui ne se refuse pas un petit côté épique par moments. Un titre résolument positif qui s’offre une vidéo colorée et particulièrement combative sous la houlette de Joris Fleurot . Quelles images prendront les lignes de Nazca ? On trouvera sans doute la réponse le 29 novembre avec la sortie de leur nouvel EP Away.

O – Olivier Marguerit – Avale-moi

En 2019, A terre ! nous a suivi un peu partout, n’importe quand. Et cette semaine, Olivier Marguerit est de retour. Pas pour nous jouer un mauvais tour, non, mais bien pour nous aider à affronter le très rude climat automnal. C’est donc joues rouges et poils hérissés qu’on a jeté les deux yeux sur le clip d’Avale-moi. Si c’est le vertige et le doute qui mènent A terre ! du début à la fin, c’est plutôt un étonnant sentiment de quiétude qui s’échappe d’Avale-moi. Un plongeon rassurant, et nécessaire : la chaleur humaine. Et tout ça a été simplement mais merveilleusement retranscrit en images par Pablo Valero. A l’écran, on découvre une suite de photos et de collage, et bientôt, c’est le débordement de corps nus. Le regard est piégé et se perd dans le tourbillon : plus le choix, il faut sauter. On a eu chaud, très chaud. 

James Delleck – Delleck et Morty

Le nom de James Dellek ne te dit peut-être rien mais il n’empêche que tu as sûrement dû entendre parler. Il a fait partie de ce courant qui a changé une face du rap français avec des groupes dont il a fait partie comme Gravity Zéro et le Klub des 7 (avec Gérard Baste, le Jouage, Fuzati, Detect, Cyanure et Freddy K). Si tu veux en savoir plus, on te conseille de regarder le fabuleux documentaire Un jour peut être, une autre histoire du rap français. Cela fait 3 mois qu’il a commencé un projet pour lequel il a créé une chaîne YouTube, un nouveau titre avec clip par mois. En ce mois de novembre, il kidnappe Morty et le fait voyager dans l’âge d’or des 90’s et surtout le hip hop de cette époque. Delleck surfe sur la vague Rick et Morty avec la nouvelle saison qui arrive et est en fait le parfait prétexte pour s’amuser et faire un clip avec ses copains. Pari réussi, on prend joie à retourner dans le passé, que ça soit visuellement (télé à tube cathodique, bombers, minitel, etc.) ou musicalement (beat des années 90, Jump around).

Isha feat. Dinos – Idole

Encore une collaboration franco-belge réussi dans le rap (Lomepal/Roméo Elvis, Lomepal/Caballero & JeanJass, okay, une autre collaboration que Lomepal avec un belge). Ces deux paroliers, sous-côtés à notre goût, surfent sur la prod de Raydaprince avec une fluidité impressionnante. Sur un beat hypnotisant, les deux rappeurs échangent des couplets techniques, dont on se rappellera quelques punchlines telles que « Une chatte après 50 ans c’est un octogone sans règle », « on fera couler le sang comme sur une salade de viande ». Isha et Dinos nous préviennent de ne pas les prendre pour idoles car pour les citer « fais pas comme nous, … nous on va mourir jeune« . Le clip illustre parfaitement la chanson : esthétisme sombre, rappeurs flingue à la main sur une ambiance de règlement entre gangs. On pourrait avoir peur de tomber dans le cliché mais le tout est parfaitement réalisé, se reprochant plus d’un beau court-métrage que d’un clip bling-bling. D’un côté, on n’en attendait pas moins de ces deux excellents rappeurs, et on attend avec impatience la sortie du nouvel opus d’Isha, La Vie augmente, vol. 3.

Frustration – WHEN DOES A BANKNOTE START TO BUR

C’est un fantastique groupe de post punk français qui vient de sortir son quatrième album So cold streams. Et ce clip est une petite pépite qui colle parfaitement à l’identité du groupe punk, « do it yourself ». Fabrice Gilbert, chanteur du groupe devenu petit officier de bureau, pète un câble et commence à se photocopier la tête. On rentre dans un total délire avec ce clip effet montage de photocopies qui défilent (pas moins de 4400 pour réaliser le clip) d’objets du quotidien au bureau aux faces écrasées des membres du groupe en passant par l’argent, ce clip est juste génial. 

SebastiAn feat. Bakar – Sober

Huit ans qu’on attendait ça, fébrile, un peu comme dans le seigneur des anneaux : le retour du Roi. C’est désormais chose faite, SebastiAn a sorti son deuxième album Thirst ce vendredi. Et parmi la montagne de featurings présents dans l’imposant objet, il y a Sober avec Bakar, un titre à l’efficacité tout simplement imparable et une véritable machine à danser. Le titre s’offre une vidéo particulièrement esthétique, produite par Saint Laurent et réalisée par Nathalie Canguilhem dans laquelle on suit un personnage dans un monde parallèle où le noir et blanc prévaut, un monde inquiétant où les portes s’enchaînent et où les tableaux visuels inquiètent autant qu’ils oppressent. Une façon assez claire de parler des addictions et de la lutte qu’elles provoquent pour en sortir et rester sobre. En attendant, on plonge avec un bonheur non dissimulé dans l’univers de SebastiAn qui manie toujours à la perfection les ombres et les lumières et le prouvera une nouvelle fois en live à La Cigale en mars 2020.

Mura MasaDeal Wiv It with slowthai

Après l’énorme succès de Nothing Great About Britain premier album de Slowthai sorti plus tôt cette année et avec déjà un featuring (Doorman) entre les deux pépites anglaises, c’est au tour de Mura Masa de teaser la sortie de son futur album R.Y.C avec ce nouveau morceau. 
Les deux lascars nous présentent aujourd’hui Deal Wiv It, avec ce clip qui vient habiller l’énergique morceau dans lequel on suit l’excentrique rappeur dans son quartier faire des bonds et des bons gros doigts à ses détracteurs.
On notera l’incroyable esthétique du quartier mise en lumière par un superbe travelling permettant de dévoiler un décor extrêmement riche et animé.
Au terme de sa course, Slowthai rejoint le bon Mura Masa dans une décapotable avec un grand sourire, comme un pied de nez à ceux qui ne se remettent pas de leur succès prématuré.
Du coup, comme le dit si bien le morceau, que tu aimes ou pas, ce clip, tu fais avec !

Iñigo MontoyaGymnasium

Halloween c’est bel et bien fini mais Inigo Montoya veut rester dans un style spooky. 
C’est donc dans une vidéo animée, avec un décor montagneux et glacial aux teintes bleues que prend vie un squelette aux proportions et aux membres bien marqués.
Happés par l’absurdité de la scène, on assiste à la chorégraphie du squelette qui se tord en quatre, tape des mains, se démultiplie, et fait bouger ses nombreux membres au son de la musique et des mélodies angoissantes d’Inigo Montoya. 
A l’image de la musique du groupe, la chorégraphie se veut étrange, limite dérangeante et possède néanmoins le pouvoir de fasciner et de captiver à tel point qu’on en redemande.Après l’excellent morceau MDTG, c’est donc Gymnasium mis en image par ZEUGL qui sera  le dernier extrait avant la sortie d’INIGEP03 prévue pour le 15 Novembre prochain.

The RaconteursSomedays (I Don’t Feel Like Trying)

Somedays (I Don’t Feel Like Trying), c’est le dernier morceau de The Raconteurs issu de Help Us Stranger. Comme un retour aux sources, on retrouve avec joie la guitare qui tâche, caractéristique de Jack White et de ses acolytes.
Dans le clip réalisé par Ben Chappell on accompagne dans un premier temps les quatre protagonistes se balader dans un freak show, ou des marionnettes viennent leur tenir compagnie, comme une audience mystique.
La vidéo a été tournée à The house in the rocks dans le “good old Wisconsin” comme le précise un commentaire en dessous de la vidéo.On y retrouve ainsi le groupe uni dans un tunnel en bois, bien heureux de rejouer tous ensemble, c’est un clip qui ravira les plus grand fans du groupe car il montre une complicité et un plaisir retrouvé entre les membres et c’est bien évidemment pour notre plus grand plaisir aussi…

The Fat BadgersMagic Oyster

Parfois il suffit de quelques notes pour fuir la grisaille d’un temps proche hivernal. Magic Oyster fait parti de ces petites perles qui réchauffent le cœur. Par son clip en dessin animé décalé, le groupe nous ramène à nos souvenirs d’été à flâner sur la plage. Un voyage psychédélique à base de concombre hallucinogène, d’huître en guide de portail vers un autre monde, et de guitare groovy. Les sonorités y sont sucrées, pop et rafraîchissantes. Parfait lorsque le froid pointe son nez !