La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la sélection numéro 116 des clips de la semaine.
CONTREFAÇON – JUST FAKE IT
Alors que les clubs s’apprêtent à rouvrir leurs portes, voilà un retour qui fait du bruit, qui fait du bien : Après avoir conclue l’aventure Mydriaze avec un EP de remixes, le collectif CONTREFAÇON revient fracasser nos oreilles avec nouveau bonbon acid très finement intitulé JUST FAKE IT.
Au delà de la petite blague pointée vers la célèbre marque à la virgule, les quatre parisiens nous ramènent dans ce qu’ils font le mieux : une fête brutale, vibrante et suintante. Un titre direct, sauvage et libre qui nous éclate la tête et nous donne une grosse envie de se retrouver tous ensemble pour vibrer ensemble et, comme ils le disent si bien, réveiller le lion qui Dior.
Et parce que CONTREFAÇON joue autant sur le tableau du son que celui de l’image, il nous gratifie d’une nouvelle superbe vidéo monochrome au centre d’un Paris loin des paillettes et des fantasmes contrefaits : un Paris qui grandit de la débrouille, de la rave, du breakdance, des marques en tocs et des cœurs en or contreplaqués. Une plongée saisissante et intense, drôle et tendre aussi où l’on trouve tous les moyens pour faire la fête et la faire bien.
D’ailleurs en parlant de fête, on les retrouvera le vendredi 18 décembre au REX CLUB avec leurs potes de Bagarre. Soyez prêts, ça va secouer.
BANDIT BANDIT – TACHYCARDIE
Souvent fantasmées, beaucoup trop décalées, Bandit Bandit a enfin pu s’offrir à la fin de l’année passée deux évènements importants pour leur jeune carrière : une date au Paloma de Nîmes et une première headline dans une salle parisienne, cette fois-ci à La Maroquinerie.
Pour célébrer cela, ils ont embarqué dans leur valise leur camarade Théo Sauvage, réalisateur esthète qui a imprimé son talent à la couleur visuelle du groupe depuis leur premier clip Maux. C’est donc tout naturellement que cette aventure continue et qu’ils nous offrent aujourd’hui une vidéo en forme de mini-reportage sur fond de Tachycardie.
On suit à travers cette image brute tout ce qui vibre au sein du projet de Maëva et Hugo : l’amour, la violence, le collectif et la folie du live. On observe et nos cœurs s’emballent dans cette aventure au rythme de la route et de la musique et de cette rencontre si forte avec leur public.
Une manière parfaite de clôturer l’aventure de leurs deux premiers EPs et de nous rappeler tout ce qu’on aime et admire chez Bandit Bandit, en attendant de les retrouver très prochainement sur les routes.
RoseNCok3 – Visage
L’esthétique et l’univers emo se développe depuis quelques années dans le rap, d’abord aux Etats-Unis, le francophonie a ensuite pris le temps d’interpréter à sa sauce cette proposition. C’est dans cette branche musicale que s’inscrit RoseNCok3 avec son projet de quatre titres comportant Visage, dont le visuel réalisé par Ely Piasecki a été dévoilé cette semaine. Tourné une fois l’obscurité tombée, le clip prend place dans une forêt où seul deux protagonistes apparaissent, l’ambiance est donc au glauque voir à l’horrifique. Les plans s’enchaînent, voire reviennent de manière cyclique, comme ce cauchemar qui ne cesserait jamais et reviendrait chaque nuit. Le tout est bien mis en musique par une instrumentale aux élans tout aussi sombre signée Ozaki Beatz.RoseNCok3 semble maîtriser son univers, qu’il présentera également sous forme d’exposition au bar’expo de Rennes et cela jusqu’au 4 mars.
Rema – Calm Down
On est en février, le premier mois de l’année vient de s’écouler, les températures tournent autour du 0, et pour certains la dépression hivernale continue. Heureusement, pour ces derniers, la musique est une bonne manière de mettre tout ça de côté pour voyager durant un instant. Cette semaine, le vol le plus direct vers le soleil et l’apaisement était en direction du Nigéria et le commandant de bord se nomme Rema. Une fois arrivé sur place, les premières notes de Calm Down se lancent et plus rien autour ne semble exister alors qu’un sourire incontrôlé et rempli de sincérité viendra se hisser sur votre visage, la voix hypnotique de l’artiste bercera le séjour.
Pour le logement, aucun souci à se faire, là aussi le nigérian vous ouvrira ses portes. Celles d’une grande et spacieuse maison à la décoration aléatoire où les humains vivent en communauté dans la bonne humeur et au rythme de la production lancinante d’Andre Vibez. Une fois la valise posée, laissez vous guider par le maître des lieux pour une balade à scooters sous le soleil des chemins nigérians. La journée se clôtura avec une partie de billard en terrasse avant de clôturer ce merveilleux voyage d’exactement 3 minutes 39.
L’atterrissage et par conséquent le retour à la réalité risque d’être brutal, mais heureusement, le bouton replay existe pour prolonger ce moment hors du temps. Intensité, émotions et immersion, ce nouveau titre (hit?) ne laisse pas indifférent et confirme la place importante que Rema va prendre dans l’industrie dans les années à venir.
Uèle Lamore – Warm Blood ft. Silly Boy Blue
Et si vous plongiez dans le cercle de feu concocté par Uèle Lamore et Silly Boy Blue ? Le duo, qui avait déjà collaboré sur la version orchestrale de The Fight se retrouve ici pour Warm Blood, le titre final de Loom, premier album de Uèle prévu pour le 18 février.
Un mélange explosif dans lequel on retrouve les éléments propres aux deux artistes : d’un côté les ambiances à la fois aériennes et hyper orchestrales de Uèle, qui se s’amuse des attentes et joue avec la musique comme avec une matière vivante et malléable à souhait.
De l’autre, il y a l’écriture de Ana, qui nous parle d’amour et d’attraction, de moments de tension qui précèdent l’explosion, le tout avec une liberté folle et une interprétation comme toujours habitée et puissante.
Une rencontre à l’alchimie palpable qui prend vie dans une vidéo toute aussi intense dans un lieu qui prend progressivement feu alors que la caméra tourne autour des différents protagonistes. Tout un univers se déroule sous nos yeux, semblant représenter un bon nombre des caractéristiques de l’univers de Uèle Lamore : la musique, la force, la liberté, la tendresse, la folie … Toutes réunies au coeur du cercle de feu, là ou le sang se réchauffe.
PALATINE – Jane Jane
Envie de grands espaces, de guitares lancinantes et d’ode aux femmes fortes et fières ? Suivez donc PALATINE et Vincent Ehrhart Devay à la poursuite de Jane Jane.
Les premiers nous offrent un titre de rock français enlevé et entêtant qui nous raconte l’histoire de toutes ces Jane, ces héroïnes aux cœurs puissants qui ont au cour des siècles changer le monde et notre vision des choses pour le plus grand bien. Porté par un chant habité et des paroles pleines de sous entendus, le groupe nous offre un récit épique et brulant qui nous habite longtemps après l’écoute.
Le second lui, s’occupe de la mise en image avec cette superbe vidéo animée dans la laquelle on suit Calamity Jane à travers la folie des hommes et qui rencontre au cours de son périple d’autres femmes comme elles qui ont porté la force de leurs idées, le regard fier et droit sans jamais plier l’échine malgré les embuches et la violence.
Une association parfaite qui nous rappelle que notre monde n’est pas parfait et qu’il faut soutenir toutes les Jane qui se présentent à nous.
Gaspard Royant – The Real Thing
Royan, ses immenses vagues et sa douceur de vivre… Voilà ce qu’évoque irrémédiablement le patronyme du chanteur rêveur Gaspard Royant qui fait vivre la scènepop depuis 13 ans de ses refrains ultra-mélodiques. Extrait de son nouvel opus luxuriant The Real Thing à paraître le 18 mars 2022 et se jouant d’influences aussi diverses que la soul à l’avant-gardisme d’une musique du XXIIème siècle fantasmée, son titre éponyme s’illustre par un clip onirique façon anime. Illustré et réalisé par Andy Maistre et produit par Alice Caron – Au Pays des Merveilles, il nous embarque dans un paysage rappelant le désert de Mojave où surgissent des appareils analogiques géants, de la K7 au polaroïd. Façon de convoquer la nostalgie des années douces où l’hyperconnexion n’était pas encore de mise, dans un monde où le lien à l’autre est rendu difficile par les écrans et dont les deux protagonistes dessinés du clip font les frais, chacun pris dans une solitude insoluble…
ANNE PACEO – RESTE UN OISEAU
Anne Paceo, l’artiste prodige et prolifique aux multiples jazz-bands, unanimement consacrée de très nombreux prix depuis ses débuts, revient avec ses harmonies luxuriantes nous enchanter d’une balade jazz aux envolées aériennes. Dirigé par Juliette Bonvallet et animé par Gabrielle Jimenez, Léo Suchel, Hugo Blanc et Juliette Bonvallet avec la participation du Centre National de la Cinématographie et de l’Image Animée & ADAMI, le clip nous emporte dans un univers onirique rythmé de sons percussifs traditionnels et d’harmonies enchanteresses. Au son du jazz vocal unique d’Anne Paceo, on suit renards, sangliers, biches et un étrange oiseau blanc dans une grotte éclairée de feux follets, guidant une jeune protagoniste prête à déployer ses ailes dans un monde extérieur résolument libre et solaire… Un conte à voir et écouter sans modération.
Bolides – Toute entière
Dans l’univers cynique d’une émission télévision néo-vintage, Samson de BOLIDES déploie un flow puissant et habité. Le duo mêle chanson française, pop, et sonorités électro / trap et nous propose ici une instru riche et groovy venant habiller un refrain un brin désespéré… Dessinant un romantisme nouveau, bien que manifestement toujours voué à l’échec, le chanteur, qui emprunte autant à Travis Scott qu’à Laylow, nous livre une vision embrasée et fataliste de l’amour.
Dans Toute Entière, il sculpte un son toujours plus vivant et rompu à la saturation, comme un chaos organisé prêt à déborder de son inscription digitale. De natures mortes en chorégraphie absurde esquissée sans un sourire par des protagonistes pris dans une tourmente infernale, l’univers rétro imaginé par le groupe se fait l’écrin d’un ballet futuriste qui nous restera longtemps en tête.
Gatha – Minutes de Calme Intérieur – MDCI
La chanteuse et violoncelliste Gatha, l’une des lauréates du FAIR 2022, revient avec un titre pop très mélodique illustré d’un clip et bicolore réalisé par Atelier Outrage. Dans un monde chromatique à la palette pastel toute d’orange et de violet, elle dénonce sans complexe les frictions intérieures avec un monde impitoyable, des applications de rencontres au « temps de cerveau disponible ».
Porté par une voix suave haut perchée et une production électronique aussi tranchante que planante, le titre pose les bases d’univers marquant, incisif et sensuel. Ponctué de touches de son premier amour son violoncelle Gustave, ce premier titre d’une longue série est produit en collaboration avec le réalisateur Valentin Marceau (Suzane, Video Club, Janie) et le rappeur Michel Gambatesa (Le vrai Michel).
De sa voix gracieuse, aspirant désespérément à des Minutes de calme intérieur, elle illustre un propos acerbe qui semble conjuré par la douceur mélodique d’un titre qui attise nos sens comme un bonbon légèrement trop acidulé…
Annael – Nous ft. Adèle Castillon
Après deux titres prometteurs et une victoire aux INOUïS du Printemps de Bourges, Annael est de retour et s’apprête à passer le cap du premier EP.
Pour cela, il lance l’aventure avec Nous, un premier titre plus pop et lancinant que ses précédentes sorties. Comme le titre l’indique, l’artiste nous parle ici de relation amoureuse, d’unicité et de temps qui s’arrête le tout avec sa voix soul et profonde. Pour s’offrir un contrepoids féminin forcément attendu dans ce type de morceau, il fait appel à Adèle Castillon. Comme toujours, l’histoire est volontairement solaire, douce et portée par une production organique et pertinente.
Le clip lui, nous entraine une nouvelle fois dans une bulle hors du temps un brin retro ou l’on suit les aventures de nos deux amoureux que rien ne semble pouvoir perturber. Un univers touchant et humain dans lequel on adorerait nous aussi habiter.
We Hate You Please Die – Vanishing Patience
Des petits objets, des fluides, du feu et des mains, We Hate You Please Die donne une illustration plus qu’originale au clip du morceau Vanishing Patience. L’action y va crescendo, tout comme la musique, enthousiaste, pleine d’un entrain croissant. Ces mains gantées aux doigts vernies donnent le tempo de cette vidéo à la fois kitsch et sophistiquée, faisant de cette dernière un exercice visuel fascinant et singulier. La superposition des images, la multitude frénétique des actions et les éclats de couleurs en tout genre accordent une richesse certaine à cet extrait de leur album Can’t Wait to Be Fine.
MNNQNS – Full Circle Back
Premier single et premier clip pour l’album à venir du groupe MNNQNS. Le quatuor originaire de Rouen se met en scène dans une boucle perpétuelle et rythmée, rappelant la forme sobre et pourtant esthétisée d’un disque, puis d’un zootrope lorsque le mouvement nous guide plus proche de l’image. En gagnant en teneur et en intensité, le feu s’invite sur ce mouvement, prenant part à l’intrigue qui se joue ici. Une vidéo très travaillée visuellement, qui renouvelle avec brio les codes de ce format habituel de clip où l’on voit les groupes jouer. Ici on se focalise sur des parties précises, sur des portraits, ainsi que sur la vitesse inhérente à la musique. Un avant-goût visuel heureux de leur album The Second Principle, prévu pour le 22 avril prochain.
Faux Real – The United Snakes of America
Non, vous ne rêvez pas. Plus d’un an après la sortie de leur single Spooky Bois, Faux Real aka notre duo favori aka celui qu’on ne présente plus, a dévoilé l’addictif The United Snakes of America, tube en devenir issu d’un (sait-on jamais) possible premier album. C’était d’ailleurs à l’occasion du Pitchfork Avant-Garde en novembre dernier, que l’on avait eu l’immense privilège d’assister à la performance exclusive de ce morceau qui déjà nous obsédait, alors quel joie de pouvoir aujourd’hui l’écouter on repeat.
Ce titre réunit tous les ingrédients qui font de nos franco-américains adorés l’un des projets les plus pertinents de ces dernières années. On y retrouve ici des lyrics toujours aussi percutantes qu’à l’accoutumée, un zeste d’autotune savamment maîtrisé, le tout agrémenté d’un brin de folie propre à eux.
Politiques mais modérés, Virgil et Elliott Arndt célèbrent ici le pouvoir de la communauté et en font ce que l’on aimerait voir devenir le nouvel hymne américain.
Côté clip, Faux Real a de nouveau fait appel au talent de leur fidèle compère alias Leo Schrepel, lequel a su une nouvelle fois parfaire cette esthétique propre à la fratrie. Un régal.