La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la sélection numéro 118 des clips de la semaine.
BAASTA! – Faites ce que je dis…
Faire du post-punk et des pubs pour Dior, se prendre pour un rebelle et trainer dans toutes les soirées chics parisiennes … Faites ce que je dis, pas ce que je fais. Voilà ce que l’on pourrait ressentir devant une certaine partie de la scène rock française actuelle.
Heureusement, BAASTA! n’est pas de ce gang là. Le duo arrageois porte ses valeurs dans ses paroles, sa musique et son sang. Un bon groupe prolétaire qui connait bien les briques rouges, les stades de foot et les bières tièdes. Et ce n’est pas en allant chercher Pascal Gabriel pour la production du titre que cela changera. Au contraire, on est plus ici face à un clin d’oeil, une main tendu à une musique et un héritage qu’ils prennent à bras le corps.
En français dans le texte, BAASTA! revient et balance comme toujours les petites contradictions et les grosses conneries de notre monde moderne. Un monde où les autres semblent plus s’intéresser à l’existence de leur voisin plutôt qu’à ce qu’ils sont eux même. On juge et on voit ensuite. Mais ça, BAASTA! ne l’accepte pas, et la rage au ventre et la gueule grande ouverte, ce morceau froid et virulent nous envoie la bonne dose de colère que l’on ressent en ce moment.
Un nouveau titre, qui trace encore un peu plus la route d’un second album qu’on attend de pied ferme, en attendant de les retrouver dans des caves sombres du nord ou sur la scène du Main Square Festival.
Cabadzi – Singe
Si les mots ont un sens et une histoire, il semble qu’une novlangue étrangement similaire à la notre aie investie notre contrée. Celle qui perverti, qui transforme le positif en négatif, qui pervertit tout et qui nous offre un monde moderne assez désespérant.
Cabadzi n’a pas vraiment l’intention de laisser tout ça se dérouler sans combattre. Ils l’ont déjà montré avec BÜRRHUS et enfonce le clou avec la seconde saison qui vient de débarquer dans nos oreilles. Parmi celle salve de nouveau titre, on retrouve donc Singe. Un beat direct et entêtant et des paroles fortes, sans détour et qui nous ramènent droit vers l’essentiel, celui d’une humanité qui n’envierait pas en permanence son voisin et ne verra pas tout comme une course au profit et au succès.
Un discours dans lequel on se retrouve fortement et qui nous fait réchauffe un peu l’esprit. Pour illustrer cela, et vu que le morceau semble être l’un des préférés du duo, Cabadzi nous a concocté une Lyrics Vidéo, histoire d’être bien chaud pour les retrouver prochainement en live. Alors on écoute et on regarde en boucle, et sans doute, par un mouvement hypnotique inattendu, ce discours s’incrustera dans nos esprits et nous offrira un peu de paix et de répits face à tout ça. Une bulle réparatrice dans laquelle se lover en attendant de reprendre les armes.
Fishbach – Presque beau
Fishbach en chevalier, des châteaux et le moyen-âge … Étrangement, nous ne sommes pas surpris, tant c’est comme ça que l’on imagine l’artiste française. Il y a toujours eu quelque chose du poème lyrique dans la musique de l’ardennaise et ce n’est pas son sublime second album, Avec les yeux, qui nous fera dire le contraire.
À l’heure des modes, de la disco-pop à foison et des artistes qui se ressemblent tous, Fishbach persiste et signe dans son chemin singulier et nous fait une nouvelle fois le coup du coup de foutre évident, cinq ans après.
Et ce n’est pas Presque beau qui nous fera dire le contraire. Un texte vaporeux, des synthétiseurs envoutants et puissant et cette voix toujours sur la ligne qui nous bouleverse l’âme et nous transperce le cœur.
On la suit alors dans ces aventures, mi-chevzaleresque, mi-onirique, dans un monde où elle se transforme, dévoilant une nouvelle fois un personnage complexe et mouvant, entre les rêves et la lumière qui l’éblouie autant qu’elle la transforme.
Le monde de Fishbach est comme ça : unique, brillant et sincère. Elle nous avait manqué, on a désormais hâte de la retrouver sur scène.
Lucill – Détours
Notre escapade québécoise de la semaine nous emmène à la rencontre de Lucill. L’artiste dévoilait cette semaine semaine son album Snake Eyes et en profite pour s’offrir un clip pour son titre Détours.
Des guitares qui sentent bon l’Amérique, un rythme de batterie qui ne faiblit pas et une voix entre force et murmure, Lucill ne fait pas de détours pour nous charmer et nous raconte une histoire d’amour qui se termine, un monde qui se termine, des questions qui affluent et des efforts vains qui amènent fatalement vers la solitude.
De solitude, il en est aussi question dans le clip de Ariel Poupart puisqu’on retrouve Lucill en pleine « grande bouffe ». Enchainant les plats dans un repas gargantuesque seul dans un dine.
Alors que la pluie tombe dehors et que le monde continue de vivre sa vie, l’artiste lui semble chercher un moyen de s’évader et à trouver une sorte de compensation peu importe laquelle tant qu’lele lui permet d’échapper au réel.
Canine – Sun
Voilà un retour qu’on attendait énormément. Canine s’offre une renaissance puissante et équipe et ramène le soleil dans le ciel et dans nos cœurs avec Sun, premier extrait de son second album.
Sun, comme celui qu’on regarde dans le ciel. Celui de l’hiver, qui nous rappelle que tout n’a pas à être gris, que l’on peut s’élancer, revivre et être heureux. Canine, comme toujours, nous conte la résilience, l’amour et ce besoin de se relever malgré les chutes. Des valeurs qu’elle porte en elle et qu’elle injecte dans une musique ambitieuse, pleine, personnelle et humaine.
Un refrain ravageur que l’on reprend déjà en cœur, des calmes et des tempêtes internes qui sont parfaitement transposées dans une musique où l’ampleur ne trahi jamais l’émotion.
Pour le clip, elle fait confiance à Ojoz et s’envole vers Dakar pour briller au soleil. Il est comme souvent question avec elle, de jeu de miroir entre la musique et l’image. Ici on retrouve l’eau qui lave et qui fait revivre, ainsi que la sororité, élément central de l’univers de Canine. Un retour fort en émotions, qui nous laisse impatient de découvrir la suite.
NTO (ft. Tricky) – Loving You Like Always
NTO et l’image, c’est souvent une histoire qui ne fait qu’un. Le musicien électronique porte toujours un soin particulier à l’image qui accompagne les singles qu’ils dévoilent. C’est ainsi assez facilement qu’il trouve bonne place dans nos sélections des meilleurs clips de la semaine.
Le voilà donc cette semaine de retour avec la vidéo de Loving You Like always. Issu de son album Apnea, le titre s’offre la prestigieuse apparition de Tricky qui joue de sa voix grave sur un titre atmosphérique et enveloppant. Une voix qui trouve un contrepoids particulièrement beau et sensible dans celle de la chanteuse Marta.
Visuellement Pierre + Mathias nous offre une sorte de compte initiatique. Un récit de jeunesse et d’amitié superbement réalisé. On suit ces 4 potes dans une jeunesse brillante et brûlante. On se retrouve dans un instant de vie, on les suit au plus près, la caméra alternant mouvements brusques et ralentis bien sentis. Un moment figé sur pellicule entre cohésion, évasion et besoin de se retrouver les uns avec les autres.
En parlant de se retrouver, NTO sera en concert au Zénith de Paris le 2 avril et présentera son premier live visuel. De l’image toujours pour un moment qui s’annonce forcément impressionnant.
Annie Burnell – Impatient
Avec le titre Impatient, Annie Burnell démontre, comme elle sait si bien le faire, que la musique et l’image sont étroitement liés. Pour ce nouveau single, la chanteuse australienne, installée à paris depuis plusieurs années, s’est entourée de sa fidèle équipe Arnaud Gavini et Louis Guego également musiciens quand ils ne sont pas devant la caméra. La musique est planante. On reste suspendu aux notes le temps de quelques secondes puis tout redémarre comme une cavale.
Le clip se saisit parfaitement de cette atmosphère et nous plonge directement dans l’histoire qu’on suit attentivement, happée par la voix folk d’Annie Burnell. Les images sont soignées et le scénario travaillé. Après plusieurs titres partagés sur les plateformes, Impatient annonce un premier EP à venir en 2022 qu’on a très hâte d’écouter.
Hoorsees – Jansport
Deuxième clip et deuxième single pour introduire leur album A Superior Athlete qui paraîtra fin avril. Cette fois c’est le titre Jansport que Hoorsees fait le choix de dévoiler. Un partition entêtante, efficace, et surtout dansante, avec des « wouhou » biens comme il faut au refrain : une certaine idée du banger façon indie rock.
Pour rendre hommage à la fameuse marque de sac américaine, c’est dans les décors d’un gymnase symbolique des années collège/lycée que l’on retrouve le groupe. Après le golf pour Week-end at Bernie’s, la musique s’accorde avec une partie de badminton effrénée digne des plus grands matchs internationaux – soulignée par de beaux mouvements de caméra. Un nouveau clip cohérent et fédérateur qui vient un peu plus appuyer le champ esthétique de cet album que l’on attend avec impatience.
Tirzah – Recipe
Pour poursuivre la promotion de son album, c’est le clip du morceau Recipe, réalisé par l’artiste Fleur Melbourn, que sort cette fois Tirzah. Ici, la musique et l’image se fondent l’un dans l’autre. Les sonorités très organiques et expérimentales mixées à la voix apaisée de Tirzah côtoient le mouvement de l’eau. Un mouvement à la fois hypnotique et oppressant, on se trouve immergés, dans repère concrets, il ne reste que les bulles et les rayons de soleil qui bercent notre vision. Le fond sonore de ce titre s’amplifie de manière presque étouffante, faisant oublier la notion de corps pour laisser uniquement place aux horizons aquatiques environnants. Un moment expérimental singulier sincèrement digne d’intérêt.
TESSÆ – sans rancune
TESSÆ nous dévoile un extrait de son premier album avec le titre sans rancune. D’une voix mélodieuse, porté par des sonorités urbaines et électroniques, la chanteuse évoque le pardon. Le fait de n’avoir aucune haine, aucune rancune face à une situation, l’accepter et lâcher prise. Allant dans des harmonies autant grave et de velours que légères et aériennes, l’artiste chante dans sans rancune : “Je suis partie j’ai pris le large, Qu’il pleuve ou qu’il vente, Plus rien ne me dérange.” Maky Margaridis & Tristan Ferres qui réalisent le clip on pourtant décidé de créer une atmosphère sombre où l’ombre semble l’emporter. Les tableaux sont de couleurs sombres ou chaudes. Ils semblent se répondre et se refléter. Comme l’eau et le feu que l’on aperçoit respectivement au début et à la fin du clip.
Ëda Diaz – Tutandé
C’est sur une musique comme une course folle allant de l’electro aux sonorités d’Amérique latine, que Ëda Diaz marque son retour. Après Déjà-vu, l’artiste revient avec le titre Tutandé. Si ce morceau semble virevolter, tournoyer, c’est qu’il colle à la réalité instable qu’il décrit. Il y a tout ce qui fait de la vie ce qu’elle est dans Tutandé : ces paradoxes, ses contradictions. Et en guise de preuve, “la démence” se dit sur les terres colombiennes “tutandé.” Il y a une énergie débordante aux bords du grand big bang : “paillettes semées dans l’air, (…) ce que je sais est un fragment de la Lune, du vent, d’un tel Soleil qu’il soulève la beauté dans le chaos. » Le clip réalisé par Benjamin Halbert retranscrit cela. On se retrouve plongé en plein champ de blé que l’on pourrait imaginer comme prenant la forme d’un agroglyphe. Car, on y fait la rencontre d’étranges personnages, semblant venir d’ailleurs, d’autres systèmes planétaires ou bien d’autres étoiles…
Chahu – Gros Blouson
La méga chiale ok ? Ouais c’est une constante avec Chahu mais encore une fois il nous a pris à la gorge a retourné nos boyaux avec son nouveau morceau Gros Blouson. Pour l’occasion il nous livre un clip réalisé par josic jégu dans lequel on le voit dans sa solitude, face à son miroir, seul face au manque et à l’absence de l’autre.
Ce qui est toujours magnifique chez cet artiste c’est sa capacité à nous submerger dans la simplicité, un texte, une guitare, quelques arrangements et cette grosse voix qui nous achève tant elle est chargée d’émotion.
A la fin de ce clip, Chahu quitte cet appartement dans lequel on l’accompagne depuis le début, nous laissant à notre tour seul avec nos songes.
C’est peut-être le moment pour nous aussi, de nous parer de ce Gros Blouson.