Les clips de la semaine #119 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de la sélection numéro 119 des clips de la semaine.

P’tit Belliveau – J’feel comme un alien

On ne va pas se mentir, chaque morceau que présente P’tit Belliveau en attendant l’arrivée d’un homme et son piano est pour nous un petit événement.

Faut dire qu’on est bien tombé en amour du gaillard et de sa musique depuis quelque temps déjà et ce n’est pas J’feel comme un alien qui stoppera la romance en cours. Musicalement, c’est explosif, un mélange soigné de country, de pop et de variété, toujours surprenant qui en clin d’œil nous entraine d’un monde à l’autre.

Thématiquement, c’est toujours tendre, doux et drôle. Un retour en enfance, un besoin d’affirmer sa personnalité, ses spécificités et de rappeler que parfois se sentir hors du monde n’est pas forcément une mauvaise chose. Jonah à cette façon tendre et unique de nous raconter son monde et sa vie.

Pour le clip Vincent Bilodeau nous entraine dans un monde animé étrange et psychédélique. On y suit un alien violet qui se promène dans un monde uniquement composé de variations de p’tit belliveau, des grandes, des petites et des doigts de pieds. Un voyage bizarre et drôle à la fois qui représente bien l’idée de ce morceau.

DEAD MYTH – LIVING HELL

Il n’y a rien qui inspire le plus qu’un cœur brisé. Et ce n’est pas Dead Myth qui vous dira le contraire. Parti d’une rupture, le groupe s’apprête à dévoiler son album en avril et lance les hostilités avec l’excellente Living Hell.

Un titre qui porte en lui colère et noirceur, porté par une ambiance pesante qui se transforme parfois en explosion sonore. Des déflagration qui permettent une sorte d’expiation, un besoin de cracher ce qui est sur le coeur pour avancer ensuite.

C’est aussice que montre le clip de Jules Barbé. D’abord oppresseurs, les deux étrangers masqués deviennent ensuite compagnons de libération, permettant au chanteur de se défouler, de briser ses chaines et de faire le deuil d’une relation définitivement terminée, le tout entrecoupé de scènes de live bien senties qui nous font saliver en attendant de retrouver le groupe sur scène.

OrelSan – La Quête

L’histoire d’une vie. On le sait, cachée derrière sa meuf et la société, l’histoire du Civilisation de OrelSan est avant tout celle du temps qui passe, d’un garçon jamais trop vieux pour ces conneries. Des larmes pas si fatales parfaitement mises en avant dans La Quête, l’un des titres les plus doux et sincère de l’album.

Ici, on est plus face à Aurélien que face à Orel, le caennais nous raconte son histoire, sur une production lumineuse. Sa jeunesse, ses premiers kiffs, sa première meuf, le basket et le temps qui avance et ne détruit pas forcément tout. Des histoires de tensions et de réconciliations aussi. Bref la vie portée par la nostalgie de la pâte à modeler.

Et forcément, comme toujours, une idée du morceau guide le clip, ici réalisé par Victor Haegelin et animé par Hugo Cierzniak. Alternant prises de vue réelles et animatiques en 2D, la vidéo défile l’histoire de ce garçon plein de rêve et sa confrontation à la réalité. Les années défilent, les clins d’œil à l’univers d’OrelSan se multiplient et dans nos yeux les larmes viennent, forcément.

Wet Leg – Angelica

Un mois avant la sortie de leur très attendu premier album, Wet Leg dévoile un nouveau tube Angelica qui fait référence à une amie d’enfance de Rhian Teasdale. Enregistré dans le salon d’Hester Chambers par Joshua Mobaraki, un autre membre du groupe, ce nouveau titre est une virée décadente et lumineuse, emportée par un trio classique rudement efficace batterie-basse-guitare avec une pointe de synthé.

Il s’agit d’un moment de défoulement qui nous pousse à danser, à l’image du duo dans le clip associé. Les deux compères continuent d’afficher leur forte complicité tout en offrant encore un joli panorama sur cette île de Wight. Les paroles persistent à mêler fantaisie, sarcasme et anxiété sociale, ce qui refête au final l’humeur de note société : « Sometimes life gets hard to deal »  C’est assez dingue comme elles inspirent un vent de fraîcheur électrique qui fait un bien fou au rock moderne.

Lesram – Wesh Enfoiré

Les bâtiments du Pré-Saint-Gervais n’auront jamais été aussi visibles que depuis que Lesram a commencé à y clipper ses morceaux. Un choix évident puisque c’est également là qu’il y réside, ce qu’il ne manque pas de rappeler fièrement à chaque morceau. Cette fois-ci, c’est pour le titre éponyme de sa future mixtape, Wesh Enfoiré que l’on retrouve l’un des plus fins et discrets techniciens de ce rap jeu sous la caméra de Jawad Adjoudj.

La formule est toujours aussi efficace, un rap brut qui ne fait que digérer ce que le jeune parisien voit au quotidien. Un rap étonnamment visuel, puisque chaque une de ces lignes est reproduite par la caméra dans des plans aussi millimétrés que ses rimes. Porte étendard de sa cité, Lesram continue de briller en relatant son mode de vie, parfois obscur mais toujours teinté d’amour et d’espoir. 

Porridge Radio – Back to the Radio

Pour commencer, mea culpa ! Porridge Radio n’a surtout pas été ignoré par La Face B. D’autant plus que ce come-back vient avec l’un des titres les plus touchants de 2022. Le titre représente à la perfection le style et le savoir-faire de la bande, c’est-à-dire, un ascenseur émotionnel qui nous pousse à répulser nos pensées négatives. Dana Margolin, chanteuse et guitariste, parvient toujours à sublimer ses chansons par sa voix douloureuse et enraillée.

Le clip nous plonge dans un décor enfantin et théâtrale, en mouvance qui marque une solitude nocturne et le besoin de lâcher prise : « So lock all the windows and shut all the doors and get into the house and lie down on the cold, hard floor ». Notez bien : le groupe sera à La Boule Boire à Paris le 3 avril prochain. Ne faîtes pas l’erreur de manquer ça.

HAIM – Lost Track

Cette semaine, les trois sœurs Californienne reviennent avec Lost Track, un titre doux et pop qui sent bon l’arrivée du printemps.

Réalisé par Paul Thomas Anderson, le clip est leadé par la plus jeune des sœurs.
Ici Daniele chante un amour perdu. On la retrouve dans une réunion aux allures qui sent bon l’Amérique, bloquée à devoir assumer des responsabilités qu’on imagine être très loin de ses priorités.
D’ailleurs personne ne fait vraiment attention à elle et on ressent l’isolement de la chanteuse avec ses pensées. Un nouveau single qui annonce on l’espère la sortie d’un nouvel album sur 2022.

AMK – Benef

Le rap parisien est un vivier incessant de talents, de chaque arrondissement semble germer une multitude de rappeurs aux styles divers et cela chaque mois voir chaque semaine. Aujourd’hui, c’est dans le 15ème que l’on se retrouve pour découvrir Benef, le dernier clip d’AMK réalisé par Hustler Game. C’est dans une capitale passé au noir et blanc, que le rappeur invite à se plonger dans un univers tout aussi obscur avec en ligne de mire un seul et unique but : le Benef.

Quoi qu’il en coute, il faut que l’argent rentre. Pour mettre cela en lumière, il a décidé de jouer sur une dualité présente chez beaucoup de rappeurs : La luxure ou l’authenticité ? Dans ce clip, AMK fait les deux en ramenant une Rolls-Royce dans son lieu de vie. Un décalage qu’il pousse jusqu’a installer une table digne de restaurants chics dans la cour de l’immeuble.Avant que la luxure vienne taper à sa porte, AMK devra se servir de sa hargne pour installer son nom sur une carte déjà bien fournie. 

Ryder the Eagle – The Divorce

L’artiste toulousain Ryder the Eagle nous offre cette semaine un clip tout droit sorti des années 90. Son dernier album, Follymoon, fraîchement sorti, il illustre justement une chanson qui en est tirée : The Divorce. Le titre de la chanson est suffisamment explicite, c’est bel et bien une chanson sur le divorce. Ryder the Eagle aime parler d’amour (au sens large donc) mais ne tombe jamais dans la guimauve. The Divorce est même plutôt enjouée, sonne presque comme une chanson d’amour.

Sauf qu’ici, le côté mielleux est un réel pied-de-nez à ces chansons d’amours remplies de clichés. Il rit de l’absurdité d’une rupture, presque malicieux, complètement cynique avec son marcel « just divorced ». Vous aurez compris le ton de la chanson. Côté clip, c’est tout en simplicité. Kitsch juste ce qu’il faut, Ryder nous régale de son superbe déhanché tout en interprétant le morceau dans un studio, fond blanc. Tout le clip se trouve réellement dans la chorégraphie, mi-aérobique, mi-rockstar clichée des années 80. Encore un coup de maître pour Ryder the Eagle qui nous livre une performance jubilatoire et tout en honnêteté.

CAESARIA – Arcade

Nouveau titre et nouveau clip pour CAESARIA, avec Arcade !Avant la sortie de son premier album fin mars, le groupe nous offre un morceau bourré d’énergie qui donne envie de danser.On retrouve cet univers où sont combinées des sonorités électroniques et d’autres plus rock. Le rendu est assez plaisant et nous donne vraiment envie de découvrir les prochains titres qui seront sur l’album.

Côté clip, on retrouve le groupe dansant au milieu d’une foule qui se laisse porter par l’ambiance excitante du morceau. Encore une fois, la vitalité qui ressort des productions de CAESARIA est contagieuse et il nous tarde d’assister à un concert pour partager cela avec le groupe !

Kevin Morby – This Is a Photograph

L’indie folk revient en puissance avec le nouveau single ambiance sépia et effets vintages de Kevin Morby. This Is a Photograph est sorti le 3 mars et annonce un tout nouvel opus pour le musicien ex membre du groupe The Babies. C’est un titre nostalgique mais pas moins entraînant, ramenant Kevin Morby à son passé et à son Missouri natal.

A travers les quelques clichés de famille, que nous partage le musicien, on l’écoute nous raconter une histoire (son histoire ?). Un brin hippie et traditionnel, le clip alterne entre vieilles images et plans du folkeux dans des ambiances typiques d’une Amérique profonde. Tantôt devant un plat de pancakes tantôt entouré d’herbes hautes, Kevin Morby n’est plus très loin de crier haut et fort “The War Is Over”.

ŸUMA – DENIA DOUR

ŸUMA, duo porté par SabrineJenhani et Ramy Zoghlemi nous entraîne dans un univers folk mâtiné de chants traditionnels. En effet, ils s’expriment dans un tunisien dialectal, dans une langue qui nous échappe. A l’instar d’Altin Gün qui mêle rock occidental et musique moderne turque, ŸUMA révèle à la jeune génération les richesses de ce langage. Bien qu’ils aient déjà joué dans des festivals tels que les Trans Musicales de Rennes ou les Vieilles Charrues, ils officient habituellement dans des théâtres ou cinémas afin de faire vivre ces lieux culturels.  
Deux voix qui se répondent, entre envolées lyriques et sons gutturaux, deux timbres qui s’expriment. Deux peaux qui se frôlent et s’effleurent. Dans un minimalisme ambiant où seule la guitare se fait ressentir.
DENIA DOUR retrace le récit d’un couple qui se sépare, quand les mots manquent et que les émotions sont exacerbées. Quitter l’appartement, quitter la ville. Mettre les voiles et regarder depuis la berge l’eau agitée et les remous d’une relation passée.
Ce morceau, irradie de poésie et de douleur, sublimé par un clip où l’errance est de mise. Leur prochain album, Hannet Lekloub est attendu le 25 mars 2022. On a hâte.