Les clips de la semaine #12

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Notre douzième rendez-vous, c’est aujourd’hui.

Perez – Animaux

Après ses deux LP Saltos et Cavernes, Perez opère avec son dernier single Animaux une nouvelle pirouette vers le passé. Régression et instincts bestiaux sont au menu de ce nouveau titre qui se place dans la lignée des tubes d’artistes envisageant la déliquescence ou les vices de notre société, à l’instar d’Iñigo Montoya et autres Bagarre. Ici, pas question de fin du monde, Perez ayant déjà étudié le sujet avec Apocalypse dans son premier album Saltos. L’artiste se penche plutôt sur l’évolution de notre rapport aux autres à travers un clip dans lequel il se met en scène dans un dîner à l’atmosphère sombre, futuriste et désarçonnante. Les invités s’y dévisagent dans la pénombre, s’amusent avec de la jelly, des bonbons ou boissons aux couleurs criardes, survolés par un drône : Perez convoque autant l’enfance que le futur, la rivalité que la fête. Retour en enfance, à l’état de bêtes ou même de squelettes si l’avenir est funeste, Perez succombe ici au pessimisme, tandis que son propre retour se révèle des plus réjouissants.

Tomasi – Round 2

Vous avez déjà senti en vous l’isolement ? Est-ce que vous avez déjà senti les murs se rapprocher jusqu’à vous sentir piégé dans le monde ? D’être de plus en plus à l’étroit jusqu’à ne plus pouvoir respirer ? Si c’est le cas, si vous êtes un peu comme nous, alors le nouveau clip de Tomasi pour Round 2 est fait pour vous. Une nouvelle fois réalisée par Nicolas Garrier, la vidéo voit l’homme au peignoir vivre dans sa chambre et le monde qui court et bouge autour de lui se rapprochant inexorablement jusqu’à l’oppresser totalement. Round 2, c’est un peu une ode aux gens cassés, à ceux qui se voient comme des génies dans leur tête mais qui face au monde se retrouvent perdus, n’ayant pas les armes pour comprendre la dureté de tout ce qui nous entoure. Une nouvelle fois, derrière le masque du rappeur, c’est la tendresse qui transpire de Tomasi. Un paradoxe qui nous ressemble et nous fait nous identifier à cet enfant perdu pour qui Peter Pan n’est jamais bien loin. Ce qu’on se dit, c’est qu’avec lui, on a trouvé un allié pour casser les murs et se libérer de tout ça. Et pour ça, on vous donne rendez vous le 28 novembre au Pop-Up du Label pour la troisième édition de Kimono.

Soleil Vert – Amour Orange

Soleil Vert, joli trio français, nous embarque avec sa pop électro dans une comptine pleine de mignonnerie. Le ciel est bleu, l’herbe est verte et l’amour orange. Et si la vie était aussi simple que ce qui est résumé dans le clip d’Amour Orange ? Et si le bonheur, ce n’était finalement qu’une balade à travers les sens, schématisée ici par cette traversée du marché, où milles saveurs entrent en collision avec nos sens. C’est en tout cas bien ce sentiment que nous apporte cette petite note de basse. Soleil Vert nous propose une pop sans artifice mais qui se veut optimiste et joyeuse, chose prouvée par les notes de cuivres en fin de morceau. Le premier EP du groupe sortira chez Roy Music et sera disponible ce 22 novembre.

Baptiste W. Hamon – Coming Home

Cette fois-ci, le soleil est bleu dans le nouvel album de Baptiste W. Hamon : Soleil, Soleil Bleu. Avec Coming Home, Baptiste s’offre les talents de Norma pour la réalisation de son clip. A travers une touchante rencontre au Texas, les deux amis ont voulu reconstruire l’Amérique si chère à leur cœur. Il en résulte un road movie made in Paris mais qui en tromperait plus d’un et nous ferait bien croire que l’on se trouve aux Etats-Unis. On entre donc en plein roadtrip mettant en scène une histoire d’amour un peu compliquée avec comme bande son une bonne vieille chanson country-folk chantée par Baptiste et Alma. On se perd ainsi dans les méandres de la solitude et de la nostalgie des deux protagonistes, cernés par des décors plus désertiques les uns que les autres.

Thx4Crying – Fête Triste

On vous parlait de tendresse plus haut, de la tendresse on en a beaucoup pour Thx4Crying et sa Fête Triste. Garçon mélancolique à la douceur absolue, il nous dévoile donc sa première vidéo faite maison dans un esprit DIY total, qui nous emporte malgré tout. Pourquoi ? Sans doute parce que le personnage nous touche au centre de notre âme, sans doute aussi parce que sa musique est un cri du cœur d’une sincérité qui nous bouleverse, et qui résonne en nous d’une manière forte et dense. C’est toute la force de cette chanson, qui comme le clip, ne se refuse pas une petite dose d’humour. Alors rejoignez la fête triste, les larmes dans la bière mais le sourire aux lèvres et dansez avec lui, dansez avec nous. Thx4Crying, désormais en pleine lumière, n’est plus un fantôme, ni le héros de personne. Il est un artiste singulier, attachant et qu’on va suivre avec bonheur dans ses aventures. Et ça commence le 23 novembre à La Boule Noire en première partie de Pi Ja Ma.

Sons of Raphael – He Who Makes The Morning Darkness

Il faut reconnaître que Because tient entre ses mains quelques uns des plus grands (Metronomy, SebastiAn, Chris). Et bien qu’on puisse leur envier chacun d’entre eux, il y a un projet qu’on leur jalouse terriblement : Sons of Raphael. Si ce nom ne vous dit rien, patientez car il est possible qu’il ne reste qu’un très court laps de temps avant qu’ils ne deviennent omniprésents. Après un EP intitulé A Nation Of Bloodsuckers sorti en septembre 2018, l’iconique fratrie nous revient enfin avec un nouveau single, He Who Makes The Morning Darkness, première mise en bouche d’un album à paraître dans un futur certain. Du talent il y a en a et en abondance chez les frères Raphael, la preuve avec ce morceau questionnant nos croyances religieuses. Sont-elles factices ? Superficielles ? Réelles ? Une question qui demeure souvent sans réponse. Véritables couteaux suisses et ne jugeant que par leur polyvalence, c’est Loral Raphael que l’on retrouve aux commandes de ces curieux et dramatiques visuels. En plein désert, torche enflammée à la main, artillerie adéquate pour illuminer un panel peu ordinaire – God Is Nowhere – ou – God Is Now Here -, libre arbitre à chacun d’entre nous. Un titre musicalement copieux, où se mêlent synthés, cordes, saxophone ou encore une batterie mécanique, calibrée et captivante. Mixé par le défunt et très regretté Philippe Zdar, Sons of Raphael lui dédit ce clip, en sa mémoire. Et en attendant qu’un premier album voit le jour, on promet de rester aux aguets et de suivre de très près ce duo pour le moins prometteur.

Miel de Montagne – Pour rien au monde

Votre dose de douceur et de mignonnerie dominicale vous est généreusement offerte par Miel de Montagne. Avec Pour rien au monde, nouveau single de la signature glucosée de chez Pain Surprises, l’artiste a opté pour un clip DIY, avec des costumes en carton handmade pour une mise en scène minimaliste mais efficace. Une mise en scène qui nous fait par ailleurs vaguement penser à un épisode de Kidding (hello Michel Gondry), où l’univers y est enfantin et décomplexé. Ici, une abeille donne vie à des fleurs sur fond d’envolées synthétiques vintage, l’ensemble subtilement électro et accompagné de la douce voix de l’artiste chantant un amour naïf. Avec Miel de Montagne, c’est l’assurance d’être emporté dans un monde meilleur où la vie douce est vantée et la romance sublimée. Un univers utopique qu’on aimerait adopter afin de bousculer notre quotidien un peu fade. Merci Miel de Montagne pour ce clip qui met du baume au cœur et du soleil dans notre vie. Rendez-vous à la cigale le 25 février prochain !

Andy Shauf – Try Again

3 ans et demi après son magnifique The Party, Andy Shauf revient avec un cinquième album à paraître le 24 Janvier prochain: The Neon Skyline. L’attente est donc presque terminée pour ses fans qui avaient quand même pu le suivre lors de ses pérégrinations avec Foxwarren. Aujourd’hui, il sort Try Again, deuxième single issu de l’album après Things I Do mais premier morceau accompagné d’un clip. On retrouve un thème allant, pop, joyeux et entraînant illustré par un monde coloré réalisé en stop-motion et dont la vivacité reflète bien celle de la chanson. Pour autant, n’allez pas croire qu’Andy soit devenu tout à coup un chantre du bonheur, vous allez pleurer. On retrouve la patte de sa poésie dans les textes, histoires de relations douloureuses et de personnages que l’on découvre en quelques phrases mais que l’on a l’impression de connaître depuis toujours. Il nous tarde d’en découvrir plus et de replonger dans l’univers doux-amer du compositeur Canadien.

Irene Dresel – Chambre 2

Morceau phare de son album Hyper Cristal sorti en Mars 2019, Chambre 2 a enfin droit à son illustration vidéo avec un clip haut en couleur.
L’univers complètement psychédélique de l’artiste nous submerge au détour d’une balade enivrante aux couleurs et saturations exacerbées. 
A l’image de l’album c’est toute la vidéo qui scintille, du haut de sa balançoire, Irene Dresel  survole avec légèreté un monde hypnotique rempli de luxure et de sensualité.
Ce trip bercé par une mélodie ensorcelante nous emmène aux confins de l’univers mystique de l’artiste, les images oscillants entre réalité et illustration nous font perdre nos repères et nous plongent un peu plus dans une transe mélodique envoûtante.
Chambre 2 c’est donc le lieu de tous les fantasmes auxquels on laisse volontiers prendre le dessus au risque de s’y perdre complètement.

Metronomy – Insecurity

C’est dans une soirée disco, on pourrait même parler d’une boum que la scène a lieu, le groupe joue devant un public conquis et c’est là que l’intrigue démarre avec un mouvement entre deux hommes qui provoque une chute de verre. 
Un événement minime me direz vous, sauf qu’il ne faut pas oublier que “I’ve got an insecurity” comme le dit si bien Joseph Mount et de ce fait, toute la scène va être analysée par des scientifique qui viennent prendre place au coeur du décor, le malmener, le démonter.
Alors c’est peut être ça l’insécurité, de se retrouver à analyser une simple action en décortiquant le moindre aspect du moment et de la vie tout autour, en oubliant peut être tout simplement de vivre et en prenant le risque de pourrir la vie des autres. 
L’insécurité de Metronomy, on la connaît tous, à vrai dire c’est une bonne amie, elle est là, toujours présente et n’oublie pas de se faire remarquer lorsque l’envie de profiter pleinement de la vie se fait trop ressentir. 
On notera les inspirations du clip avec une ambiance à la David Lynch ou au Climax de Gaspar Noé.

Francis Lung – To make angels in snow

C’est désormais une tradition, chaque année le tendre Francis Lung nous livre son morceau de Noël, c’est donc aujourd’hui To make angels in snow que nous présente l’ancien de Wu Lyf
On connaît la facilité du Mancunien à nous toucher avec ses morceaux plein de nostalgie, il n’est donc pas étonnant de le voir exceller dans le registre du chant de Noël.
Le clip présente l’enregistrement du morceau en studio avec les différents musiciens, des moments de joie, de partage et d’amour, c’est au final tout l’esprit de Noël qui en ressort.
Voir Tom McLung (Francis Lung) tout sourire en pleine production pour un morceau, c’est déjà un beau cadeau de noël en avance, et en parlant de cadeau, on se replonge avec un plaisir sans nom dans son dernier album A Dream Is U, une petite perle de tendresse.
Comme le précise un commentaire en dessous de la vidéo, après avoir entendu ça, on ne boycottera peut être pas Noël cette année.

Cola Boyy – All Power to the people

“Le pouvoir au peuple, les oppressé, les exploités, les travailleurs, le prolétariat”. Alors non, ce n’est pas un moyen de fêter l’anniversaire du mouvement des gilets jaunes, c’est bien le nouveau clip de Cola Boyy
Nous sommes dans une classe pleine d’enfants qui profitent des leçons d’un professeur anticonformiste qui n’est autre que Cola boyy et qui distille des paroles anti fascistes. 
Au programme de la journée, un confrontation entre éducation révolutionnaire et éducation bourgeoise, agrémentée de quelques dabs d’enfants.
On nous conseille notamment de lire Marx, Lenine et Mao, rien que ça. 
Au delà de la forme, c’est un vrai manifeste que nous livre l’artiste et il est important de comprendre le message qu’il véhicule par sa musique, celui de ne plus être spectateur mais acteur du changement.
On irait volontiers suivre son cours pour le suivre dans sa démarche et s’engager à ses côtés.

Ico– Siri 3

Le petit con du rap francophone revient avec la troisième partie de sa série « SIRI » dont le deuxième opus était en featuring avec Caballero et Jeanjass. Rappeur blindé d’humour, il est bien dans son époque et est le premier a titillé et surprendre son public. Comme les précédnts « SIRI », le morceau commence avec une discussion entre Ico et la messagerie vocale d’Apple, retranscrite dans le clip. SIRI quittera l’Iphone afin de partager un fond noir avec le rappeur. On retrouve ce dernier cette fois dans un fond blanc, comme à son habitude il a décidé de soigner son style. On le voit porter un ensemble Daily Paper ainsi qu’une paire de Nike Air Max Tailwind 4.Ico accorde beaucoup d’importance a ses visuels et ça se ressent dans ses clips.

D.A.V ft Roméo Elvis- Paranoïa/ Hood

Pour la sortie de son premier projet, le bruxellois D.A.V a dévidé de ne pas balancer un mais deux clips en un. Les deux morceaux sont en collaboration avec Roméo Elvis. Celui-ci montrera d’ailleurs qu’il prend toujours autant de plaisir à rappeur et montre son aisance sur des instrumentales plus sombres. Sombre, voilà un terme qui qualifie bien D.A.V et bien évidemment cela se ressent dans ses clips. Dans la première partie du clip on le retrouve seul dans plusieurs lieux tous dominés par une couleur (blanc, rouge et bleu). La solitude du rappeur concorde avec l’univers planant du titre. Il rejoint Romeo Elvis en mode gangster dans une cuisine, ce qui fera monté la sauce pour la seconde partie du clip. Hood, se déroule en pleine capitale belge, cette fois les rappeurs sont accompagnés durant tout le clip. Leur gestuelle bien exécutée est renforcé par un montage dynamique, aussi dynamique que la seconde partie de cette intéressante collaboration.

Vald – Ce monde est cruel

Peu de temps après la sortie de des albums les plus marquants de l’année, le rappeur d’Aulnay sous bois a livré deux clips en autant de jours. Après avoir flexer à Shanghai on le retrouve entrain de mener une vie de milliardaire à Barcelone, mais n’oubliez pas que ce monde est cruel, et Vald compte bien le rappeler dans son dernier clip. D’apparence festif, colorés et bling bling, le clip n’a pas pour but d’idéaliser le métier de rappeur ou même une vie de luxure, mais plus tôt de se rapprocher du message délivrer par le texte. Ce dernier fait un peu le point sur notre société et ses travers (surtout ses travers). L’argent est prédominant dans notre société, dans le clip Vald déborde d’argents, de filles ou encore de voitures mais pourtant il ne décroche pas un sourire du clip, montrant bien que tous cette argent ne rends pas heureux, on peut lier cette philosophie a sa phrase dans Journal Perso II « Le sexe et l’argent ça fait tout, j’ai les deux et pourtant ça fait rien ». Il finira par dégringoler en glissant sur un billet, comme quoi l’argent peut être dangereux. 

KillASon – FUN ft. She Real

Le temps avance mais les choses changent t’elles vraiment ? Avec FUN KillASon interroge ses origines, mais aussi le temps qui passe, l’évolution des choses pour le meilleur ou pour le pire. Dans son titre il présente le destin de trois femmes, trois générations de femmes noires à travers le temps, avec les destins de sa grand mère, sa mère et de la rappeuse new yorkaise She Real à qui il offre le troisième couplet de son titre, issu de son premier album SUPAHEROZ. Les super-héroines, ce sont donc ces femmes, superbement mise en image par à travers un noir et blanc superbe mais aussi à travers la danse. Tout en mouvement, entre grâce et sensibilité, la vidéo renforce la puissance de se titre fort qui mérite une écoute attentive.

Les Vilars – Nulle Part (pour Leah)

Partons en voyage avec Les Vilars. Alors qu’ils viennent d’annoncer une date au Bar en Trans le 7 décembre, les Rennais dévoilaient cette semaine leur nouveau titre : Nulle Part (pour Leah). Chant du voyage, pour les exilés, titre pop à la poésie exacerbée et épique, ce nouveau titre est une ode à ceux qui doivent fuir, que ce soit un passé, une personne, un travail ou un pays. Le titre est volontairement nébuleux, il parlera à tous ceux qui s’échappent, pas forcément volontairement, mais souvent par nécessité, pour pouvoir vivre, pour exister mais plus vraiment, ne trouvant jamais de vraiment de chez soi malgré tout. La vidéo de Anne Scherrer en mouvement permanent montre cette avancée permanente, sans arrêt, à la recherche d’un point fixe, d’un endroit qui sera finalement un « chez soi » mais que parfois on ne trouve jamais vraiment. Nulle Part annonce un nouvel album pour Les Vilars, prévu pour 2020.

Laura Cahen – La complainte du soleil

Nous n’avons pas encore vu, j’ai perdu mon corps, mais on commence sérieusement à tomber amoureux de sa bande son. La complainte du soleil de Laura Cahen, nous est tombée dessus comme une chaleur sur le cœur, parfois lourde, souvent réconfortante, baignée d’une mélancolie de tous les instants. Avec ce titre la jeune femme nous emporte, nous brise et nous fait chavirer. On se laisse faire avec délice, emportés par sa voix et sa guitare qui nous bercent et nous bouleversent. La vidéo de Yannick Demaison & Alexis Magand, joue sur ce terrain, entre lumière et obscurité, entre le jour et la nuit, la beauté toujours au bord des yeux. Le genre de titre dont on tombe amoureux à la première écoute et qui ne nous quitte plus. On appelle ça la beauté et on en redemande forcément.