La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de la sélection numéro 120 des clips de la semaine.
Bertrand Belin – Que Dalle Tout
Mesdames et Messieurs, cette semaine nous célébrons le retour du prince des mots, poète mystérieux, crooner désabusé qui sonde son histoire intime; on parle bien sûr de Bertrand Belin.
Trois ans après l’excellent Persona, le bonhomme qui aura entre temps posé sa plume sur des livres et sa dégaine sur la pellicule des frères Larrieu est de retour avec Que Dalle Tout, un nouveau titre qui annonce Tambour Vision, attendu pour le mois de mai.
On y retrouve tout ce qu’on aime chez l’artiste, cette fausse simplicité associée à une vraie exigeance des mots, une élégance racée et une production discrète ponctuée ici et là de petits éclairs qui rendent le tout merveilleux. Ici c’est le riff de guitare sur le refrain qui nous surprend et sublime le tout.
Visuellement, David Couliau & Yann Garin nous entraine au coeur d’un esprit orange, dans les dédales d’une pensée, à la recherche de tout et de rien. Bertrand Belin se promène dans ce labyrinthe des souvenirs où il croise des fantômes et des zombies, des êtres étranges et familiers. Une plongée onirique qui se termine face au vide et qui annonce un nouvel album que l’on imagine une nouvelle fois majeur.
Fontanarosa – Way In Out
Coincé chez vous ce week-end ? Pas de soucis à vous faire, Fontanarosa vous emmène en road trip.
La bande de Paul Verwaerde, signé sur l’excellent label-ami, Howlin Banana Records, est de retour cette semaine avec un nouvel extrait de son Are you there ?
Et présent nous le somme définitivement avec Way In Out, tant la musique du quatuor a tout du petit plaisir qu’on n’a pas envie de lâcher. Et ce nouveau titre ne fait pas exception à la règle avec son rythme enlevé, sa basse entêtante et cette voix digne des plus grands groupes de rock indé. On retrouve une certaine fougue 90’s, brute et libre qui nous entraine dans un monde à 100 à l’heure où les riffs de guitares nous assiègent pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
Visuellement, c’est aussi un voyage que Pacôme Henry nous propose, nous entrainant sur les routes enneigées , à travers les arbres, les montagnes et les couleurs. Le tout dans un montage psychédélique et presque surréaliste qui nous donne ce grand bol d’air frais dont on a besoin pour vivre ce week-end gris.
Superorganism – Teenager
Retour tant attendu du groupe international Superorganism qui nous avait fait danser en 2018 avec leur album éponyme. Leur bonne humeur et leur esthétique colorée reviennent en force avec le single Teenager accompagné de son clip. Le groupe a fait appel à deux chanteuses pour les rejoindre, CHAI et notre Pi Ja Ma nationale, toujours dans leur dynamique de rassembler dans leur projet les quatres coins du monde.Teenager est une ode à la vie qui passe mais avec l’idée de toujours avoir un cœur et un esprit d’adolescent. Hymne d’une génération qui grandit trop vite et qui sens le besoin de revenir à des temps plus simples et colorés sans oublier le monde dans lequel on vit.Le clip en est une parfaite démonstration du titre et les membres de Superorganism ne dérogent pas à la règle de “plus il y en a, mieux c’est”. On suit une personne se défouler et donner son maximum pendant quelques minutes rentrant dans un multiverse multicolore et psychédélique à base d’arc en ciel et rempli de références de la culture internet.Le prochain album, qui sera sans aucun doute l’album de l’été, sortira le 15 juillet sur le label Domino.
Gunwood – Share A Little Freedom
Share a Little Freedom est le deuxième single extrait de l’album Dream Boat Jane du trio folk-rock parisien mené par Gunnar Elwanger, tout juste sorti ce vendredi 11 mars. Dans ce clip – où l’on retrouve à la réalisation les frères Matthieu et Samuel Berner – nous embarquons avec un liftier et une jeune femme dans un ascenseur montant les étages d’un grand hôtel, puis se dirigeant peu à peu vers le ciel. Arrivés à une cabine en bois, la jeune femme descend, hésite, puis finit par retourner dans l’ascenseur en compagnie de celui qui lui a ouvert les portes d’un monde qui lui était jusqu’alors inconnu. Les deux protagonistes continuent alors leur voyage vers l’espace, pour finalement terminer leur course sur le soleil. Ce titre enjoué sonnant comme une ode à la liberté nous rappelle, en ces temps on ne peut plus troublés, que la liberté est encore plus belle quand elle est partagée.
Milky Chance – Synchronize
Le duo allemand Milky Chance a sorti ce mercredi un nouveau single, accompagné d’un clip feel good bienvenu en cette période ensoleillée.
Avant d’entamer une tournée à guichets fermés aux États-Unis ainsi qu’un passage dans les meilleurs festivals européens, un an après leur album de reprises Trip Trap, le groupe Pop offre à ses fans un single dans la plus pure tradition de ce que nous sommes en droit d’attendre de Milky Chance. Refrains entraînants, rythme enivrant, mélodies capiteuses. Le tout est mis en images avec un clip solaire à l’esthétique très travaillée. Ce clip est une ode au lâcher-prise où Clemens Rehbein et Philipp Dausch se retrouvent pris dans une transe presque surréaliste. Une quinzaine de danseur.euse.s avec qui ils se synchronisent. L’action se déroule dans un monde post-apocalyptique aux milles couleurs, des phénomènes étranges interviennent dans un ciel immense et lumineux.
Ce clip est aussi, comme l’ont expliqué les membres, une ode à l’amour : « Lorsque vous êtes amoureux et que vous ressentez cette synchronisation parfaite avec quelqu’un, c’est presque comme si rien d’autre ne comptait. Vos soucis, vos angoisses, ils disparaissent, et il ne reste que l’amour »
Un message qui fait du bien, vu la situation actuelle.
The Kooks – Jesse James
The Kooks continue de présenter leur nouvel album, « 10 Tracks To Echo In The Dark » dont la sortie est prévue pour le 22 juillet prochain, en illustrant l’addictif « Jesse James »! Un morceau qui parle de ne pas toujours essayer de faire des preuves et de perdre son ego. Pour ce clip, le groupe a invité Lottie Moss, la demi-sœur Kate Moss, qui danse et joue de la guitare dans une décor des plus futuristes; elle a relevé le défis en élevant l’euphorie de la chanson avec sa performance. En définitive, The Kooks continue est un groupe qui continue à nous surprendre par son excellence et on a vraiment hâte de découvrir leur nouvel album et de les retrouver en concert à Paris !
Pavement – Harness Your Hopes
Pavement va retrouver les salles de concert avec les 20 ans de leur premier album iconique et légendaire Slanted and Echanted. Une réédition de l’EP Spit On a Stranger, paru en 1999, arrive aussi par surprise aux fans le 8 avril 2022. Ce mini-disque contient leur plus célèbre titre Harness Your Hopes qui comportent des dizaines de millions d’écoute sur Spotify. Voué à être une Face B (et qu’est-ce qu’on respecte les Face B chez nous héhé !), le titre connait un succès inattendu mais mérité sur le tard et bénéfice treize ans plus tard de son clip.
Réalisée par Alex Ross Perry, la vidéo met en scène Sophie Thatcher, actrice de la série Yellowjacket, qui se replonge par magie dans différentes scènes des premiers clips de Pavement. Il s’agit d’un bel hommage d’un groupe devenu légendaire. Le retour à la période adolescente nous fait tant de bien.
Rammstein – Zeit
Quelques touches de piano, chœurs célestes, voix mélodique, non on n’annonce pas le prochain album de Beach House. Le groupe le plus iconique du métal Allemand Rammstein nous fait l’énorme surprise d’un nouveau titre ainsi qu’un clip léché au couteau.Le groupe avait d’ailleurs fait une superbe surprise à leur public français, leur donnant rendez-vous Place Beaubourg à Paris.
Pour rien. En effet, absolument rien ne se produit. Une expérience immersive puisque Zeit est un morceau sur la relativité du temps et l’aspect éphémère de la vie. La boucle est bouclée, et la promo est pas chère. Comme à leur habitude, le clip est une merveille absolue, aussi violente que cynique, et à la photographie saturée. Exit les synthés industriels et les crash de cymbales, Zeit est une ballade profondément sombre mais sans la grandiloquence du groupe. Détonnant.
On suit de nombreux protagonistes lors de leurs derniers instants, dans une vidéo tournée en sens inverse jusque leur rencontre avec la mort. Figure illustrée par un drap noir et un masque sans visage, celle ci guide l’humanité vers la poussière, les renvoyant à leur première essence. Le temps semble quant à lui s’illustrer des Parques, divinités romaines donnant naissance aux protagonistes. La naissance, la vie, la guerre, la mort, l’humanité est confrontée à son destin. Une performance visuelle absolument magistrale à la hauteur du retour du groupe.
Nixon – Alpha
Il y a peu, le bruxellois Nixon revenait sur le devant de la scène avec le premier chapitre d’une nouvelle série de freestyle. Cette semaine, il a dévoilé le second chapitre, Alpha. Une suite au premier chapitre placé sous le signe de l’inspiration, qui ouvre un second chapitre, celui de la création. Pour se faire, il rentre triomphant sur une instrumentale frénétique signée par GA The Plug et le duo de La Miellerie. Pour mettre à l’honneur son énergie et l’aspect créatif de sa musique, il a fait appel à Minimalist à la réalisation de ce clip.Le choix n’a pas été compliqué, pour mettre en avant la création, ils ont choisi de tourner ce visuel, là où tout artiste met en place son processus créatif : dans un studio. Nixon se joue de la caméra, laissant éclater son charisme que cela soit pour les plans en cabine où ceux derrière la console, affirmant l’égo trip se dégageant des lyrics.
Kdg – Toc Toc
A 15 ans, Kdg vient faire Toc Toc à la grande porte du rap game avec un single accompagné d’un premier clip déjà bien abouti, signé par 16.3 Prod. Son jeune âge lui laisse tout le temps de poser son univers et de le peaufiner, mais en attendant, le potentiel semble indéniable. Sans attendre, c’est avec fracas et efficacité que le jeune rappeur déboule dans le clip. Le refrain est entêtant, les couplets plus kickés le tout est guidé par une énergie constante qui ne laissera pas vos cervicales intactes. Le montage lui s’occupera de ne laisser aucun répit aux yeux, enchaînant les images et les effets visuels pour coller à la frénésie qu’offre ce titre. Un premier clip qui montre une facette d’ambianceur très intéressante pour le jeune rappeur.
Jelly Bean – Canada
Vous reprendrez bien un peu de sirop d’érable ? Ce dimanche, les gourmands Lillois de Jelly Bean nous emmènent vers l’autre côté de l’Atlantique, vers un havre de paix fantasmé. Avec une imagerie tout droit sortie des années 90, il nous offrent un moment d’excursion bien loin de la réalité, une porte vers une évasion tout à fait bienvenue. Pas de grandiloquence, pas d’intention autre que de nous permettre de passer un moment sucré en leur compagnie, de constater que le Français leur va toujours aussi bien et que ce morceau printanier tombe à pic. Il s’agit là de leur troisième single depuis leur premier album, et on continue d’en redemander.
Stuffed Foxes – First Affront
Tours est une ville qui abrite de nombreux talents. Aujourd’hui on vous parle de Stuffed Foxes, six vingtenaires, six amis d’enfance, tombés dans la marmite du shoegaze et du psyché. Leur nouveau clip, First Affront est en ligne depuis quelques jours et c’est un hommage aux films de genre « slasher » des années 80. Si vous aimez Christine, The Hills Have Eyes ou encore The Texas Chainsaw Massacre, vous allez adorer cette vidéo.
Offerte pour un anniversaire, une voiture meurtrière s’acharne sur des jeunes hommes, qui tentent – sans succès – de lui échapper. A travers une esthétique DIY où le faux sang assumé règne en maître, Stuffed Foxes nous offre une musique déchirante, où les accords noisy se déploient, sans demi-mesure, dans une urgence soutenue. First Affront est un morceau audacieux, nourri d’un suspens nerveux et puissant, entre guitares grinçantes et batterie frappante.
Stuffed Foxes a sorti son premier album Songs / Revolving le 28 janvier dernier chez Yotanka et Reverse Tapes (distribution PIAS). A écouter de toute urgence.
Tess Parks – Brexit at Tiffany’s
Il y a des voix que l’on reconnaît d’entre toutes et celle de Tess Parks en fait partie. Sur Brexit at Tiffany’s, son nouveau single, la musicienne canadienne basée à Londres déclame un poème de sa voix rauque et envoûtante rappelant Patti Smith ou encore Lydia Lunch, le tout sur une guitare à la Doors et des beats psychédéliques qui finissent de nous charmer. La vidéo improvisée qui accompagne le morceau, signée Robert Ashcroft, voit les membres du groupe et leurs amis affublés de masques qui valent le détour, imprimés de beans, de tomates, et autres ingrédients composant un “full English breakfast”… Après deux albums en collaboration avec Anton Newcombe (Brian Jonestown Massacre), Tess Parks s’apprête à sortir son très attendu deuxième album solo qui s’intitulera And Those Who Were Seen Dancing et sortira le 20 mai prochain. On a hâte !
Claire days – Fall Asleep
On rentre dans Fall Asleep comme dans un rêve. Une instrumentation analogue majestueuse et une voix douce et assurée, nous guide vers les profondeurs… Le morceau évoque pourtant l’insomnie, une lutte pour ne pas sombrer dans le sommeil… : “L’éveil comme un “pouvoir”, “I’ll keep that power” et le sommeil comme un lieu d’abandon : “I don’t want to give in now” écrit Claire days… Un morceau introspectif et envoûtant, le premier single du premier album de Claire days, qui vera le jour cet automne et s’intitulera Emotional Territory.
Nous avons hâte d’en découvrir d’avantage de cette artiste à suivre !
Sacha Rudy – Uniforms ft. Camille Jansen
Fin février Sacha Rudy nous a confié un somptueux premier EP, Somewhere, qui distille en cinq morceaux un élixir aux charmes intemporels. Celui qui a aussi produit pour Eddy de Pretto, Crystal Murray ou plus récemment Anna Majidson, évoque dans Uniforms un jeu de séduction amoureuse contrarié par tous les subterfuges que l’on met en place pour éviter de trop se découvrir et se présenter tel que l’on est. Les voix – aérienne et claire pour Camille Jansen, tellurique et profonde pour Sacha Rudy – se rapprochent, s’éloignent, s’entremêlent dans un ballet aux gammes modales rythmé par une basse que l’on croirait accordée sur le tempo de nos battements de cœur. Les images qui accompagnent la vidéo figurent langoureusement ce sentiment de chassé-croisé sensuel entrelaçant flous, reflets ou surimpressions avec une palette chamarrée dont les rouges – pour lui – et verts – pour elle – se mêlent en donnant aux teintes les halos dorés de la passion.