Les clips de la semaine #120 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la sélection numéro 120 des clips de la semaine.

Silly Boy Blue – The Crush

On s’en doutait, quelque chose se tramait. Lorsqu’on a écouté The Crush, on voyait bien que cette histoire d’amour, un peu trop lumineuse, cachait quelque chose.

Même si le morceau est sublime, qu’il prouve toute l’évolution de Silly boy Blue, que ce soit dans une production plus organique et forcément influencée par sa tournée ou dans l’écriture plus douce et où son personnage se transforme, The Crush semblait portait en lui un terrible secret.

Et cette révélation, la triste vérité, c’est la vidéo de Jeanne Lula CHAUVEAU qui nous l’apporte : Silly Boy Blue est donc une affreuse psychopathe, qui séquestre et assassine l’homme qu’elle aime.

Un choc véritable, que l’on regarde avec des yeux ébahit, tant tout ceci ne semble pas la perturber plus que cela, à la manière de Ryan Reynolds dans l’excellent The Voices de Marjane Satrapi, Ana semble vivre dans un monde où la réalité n’a plus court et où ses gestes sont justifiés par son amour.

Une chose est sûre, on fera désormais très attention lorsqu’on croisera Silly Boy Blue dans une ruelle sombre ou lors de son concert à La Cigale en février 2023.

mxmtoon – mona lisa

On avait découvert mxmtoon en 2019 avec son premier effort, the masquerade, il semblerait que la jeune femme soit prête à ouvrir un nouveau chapitre musical avec mona lisa, extrait de son prochain album.

De nouveau chapitre il est bien sûr question dans ce nouveau titre à la légèreté de surface. De manière très tendre, la jeune femme d’à peine 21 ans nous raconte le besoin d’être enfin la star de sa propre vie, l’envie de briller pour elle et non plus pour les autres, de rencontrer l’amour, celui qui la fera changer de couleur et de vision.

Une pop song sucrée et addictive, qui trouve un pendant visuel parfait dans la vidéo de Ambar Navarro qui nous transporte dans un univers coloré et drôle où l’artiste se transforme et navigue à travers des tableaux, des miroirs et des mots. Une transformation en douceur qui se termine par un trait d’humour bien senti qui achève de nous charmer.

CLAIR – tout est dans la tête

Philippe Katerine ne fait pas qu’hanter de sa Mignonisme les rayons capiteux aux fragrances nuisettes et cosmétiques du Bon Marché, notre victime de la mode vient aussi de créer son propre label Maison Magique. Et si CLAIR en est la première signature ce n’est pas pour rien, tant on les sent synchrones. Deux ans après avoir sorti un Danser ou Crever décalé comme peut l’être un titre de Philippe Katerine, elle nous revient avec Tout est dans la tête. Avec ses petites touches qui auraient pu sortir des tempos sautillants d’un morceau de Tom Tom Club, la nouvelle chanson de CLAIR nous extirpe de notre torpeur pour nous amener vers son univers guilleret et espiègle. La vidéo est présenté comme un hommage à l’artiste-écrivain Edouard Levé, réinterprétant son travail photographique issu de la série Reconstitutions – Pornographie. On retrouve dans ces mises en scène frivoles composées à quatre corps, le côté burlesque qui sied tant à CLAIR. Ne soyez pas étonné si l’on vous dit que l’on est pressé et curieux de la retrouver en première partie de l’Olympia des 30 ans de Philippe Katerine car alors « Tout sera dans la… Tout sera dans la tête ».

Bleu Toucan – L.A.

Cela fait bien cinq ans qu’Hanoi Café résonne dans nos têtes. Cette année Bleu Toucan nous revient avec un premier album, Eden, à paraître le 8 avril. En attendant de nous transporter vers leur paradis terrestre, pour nous faire patienter le duo azuré créé par Emmanuel et Léonard partage un nouveau single. L.A. prend les traits d’une ritournelle électro-pop entrainante où un « Biarritz en été » deviendrait « Sous les étoiles de L.A., au soleil ». Un tempo épuré dont le groove délicat évolue imperceptiblement tout au long du morceau. La vidéo, minimaliste elle aussi, présente en dessin un paysage fantasmé de Los Angeles que l’animation fait cheminer de l’aube au fin fond de la nuit.  Pas de doute, le printemps sera chaud sous les latitudes de Bleu Toucan.

Rema – FYN feat. AJ Tracey

Rema continue de prouver son talent en créateur de hits. Un mois après la sortie du clip Calm Down, le chanteur nigérian est de retour avec le visuel de son tout nouveau single FYN. Un morceau potentiellement dans le futur premier album du jeune rappeur, prévu pour le 25 mars 2022.

Réalisé par le célèbre Meji Alabi (Beyoncé, Burna Boy), le clip respire la richesse et montre les avantages du nouveau statut de star du petit prince de la scène musicale nigériane. Accompagné par le rappeur britannique Aj Tracey, on retrouve les deux artistes dans un univers luxueux, à base de grosse villa qui claque, tantôt dans un dressing immense, tantôt sirotant un cocktail au bord de la piscine… Le style un peu plus brut de Tracey connecte parfaitement avec le rythme afrobeat de Rema, et permet de produire un titre d’un équilibre presque parfait.

Validé par le manager de Drake, Lil Nas X ou même par Barack Obama, Rema continue son ascension de la scène musicale mondiale, et pourrait très vite arriver au sommet en compagnie des autres rois de l’afrobeat, Burna Boy et Wizkid.

Aldous Harding – Fever

C’est un clip que l’artiste réalise elle-même en compagnie de Martin Sadagin pour son deuxième single Fever. Son album Warm Chris arrive fin mars et fait suite à l’excellent Designer sorti il y a maintenant 3 ans.Fever est une balade joyeuse et le clip met à l’honneur l’imagination débordante et la bonne humeur d’Aldous Harding. Dans la peau de plusieurs personnages, l’artiste est tantôt prise face cam en train de chanter tantôt filmée en noir et blanc à danser tel une Charlie Chaplin. Fever est un clip théâtral mais aussi généreux et lumineux par la cohésion d’un groupe de danseurs qui se retrouve sous un chapiteau.Sous un temps pluvieux d’un dimanche après midi, Aldous Harding redonne cette chaleur dont nous manquons tant.

Kae Tempest ft. Lianne La Havas – No Prizes

Les jours passent et nous rapprochent du nouvel album de Kae Tempest. L’anglais.e est devenue en peu de temps un.e artiste majeur.e, que ce soit en matière de musique, de théâtre ou de littérature. Dans chaque art, iel met sa science du mot au service du quotidien, auscultant comme aucun.e autre le monde qui l’entoure.

C’est une nouvelle fois le cas avec la sublime no Prizes, en collaboration avec Lianne La Have. Sur une production classique et minimaliste, c’est les histoires de vie qu’iel raconte, laissant exploser la voix soul et chaleureuse de Lianne sur les refrains.

Pour accompagner le calme de ce morceau, Thomas Alexander nous livre une video à contre-jour, jouant en alternance sur les flous, les plans non-cadrés et les plans larges, comme pour nous rapprocher un peu plus des mots et de leur importance.

The Line Is A Curve est attendu pour le mois d’avril.

Oliver Sim – Romance With A Memory

Il était le dernier du trio a ne pas s’être lancé en solo, c’est désormais chose faite. Plus connu pour son rôle au sein de The XX, Oliver Sim débarque aujourd’hui avec son premier titre sous son nom propre : Romance with A Memory.

Navigant avec beauté entre la soul et la musique électronique, le morceau nous entraine dans un univers étrange, entrainant et dansant. Il nous raconte l’amour forcément, celui qu’on vit à travers les souvenirs et les instants manqués. Jamais très loin de ses camarades, le morceau est produit par Jamie XX et le résultat détonne clairement.

Pour l’accompagner, il nous livre une lyrics video dans laquelle il combine ses héros de films d’horreurs préférés et de nombreux artistes drag dans divers costumes pour une danse effrénée au bout de la nuit, au bout de l’amour.

La suite, vite.

Pearl & The Oysters- Candy (Ft. Dent May)

Il y a des groupes qui ont l’immense avantage de nous transporter, de nous emmener ailleurs dans un endroit plus beau, plus doux, où le soleil brille tout le temps et où les oranges sont pleines de vitamines psychédéliques.

Pearl & The Oysters font partie de cette classe de musiciens. Le duo français le plus américain de la pop indé nous charme depuis toujours à coup de solo de flutes, de nappes de synthés et de chant chaleureux et qui groove sévère. Une dialectique du cool qui se trouve renforcer sur l’excellente Candy qu’il partage avec Dent May.

Alors on se laisse emporter dans ce monde parallèle, là où les soucis n’existent plus et où chaque journée est une fête à la plage avec rollercoaster et barbe à papa dont on grave les souvenirs sur des vidéos 8mm sur lesquelles nos souvenirs collent une emprunte kaléidoscopique et rêveuse.

On ne se lassera jamais de Pearl & The Oysters et ce nouveau clip en est une nouvelle preuve.

GABRIEL TUR ? TOI

Chez La Face B, on aime beaucoup Gabriel Tur. On l’avait découvert là où tout commence et tout vit : la scène. Cette histoire d’amour à vue la flemme grandir avec son premier EP Papillon Blanc.

Et vu que le feu brûle toujours, c’est désormais un second EP qui s’annonce au titre bien trouvé : Ville En Feu.

Plus de temps à perdre donc, puisque tout s’apprête à disparaitre, les choses doivent être dites, vite plus vite, alors que les mots deviennent incandescents. Ainsi loin d’une certaine langueur à laquelle il avait pu nous habituer, Gabriel Tur nous offre un Toi qui fonce à toute alure.

Une déclaration d’amour et d’émoi flamboyante où le rythme s’emballe et nous entraine dans une course folle à travers une vidéo qu’il réalise lui même et où deux êtres s’attirent sans jamais pourtant se trouver. Les décors se répètent comme un jeu de miroir et une quête sans fin qui finit au fond de l’eau.

On pourra retrouver Gabriel Tur sur la scène du Hasard Ludique au mois de mai.

Confidence Man – Woman

En ce 8 mars, journée internationale de la lutte pour le droit des femmes, Confidence Man a dévoilé le titre qui ouvrir son nouvel album TILT.

Un titre très justement intitulé Woman et interprété uniquement par Janet Planet. Et ce titre a tout de l’hymne féministe parfait, un morceau fort, aux paroles à la fois puissantes et revendicatives mais qui n’empêche pas de faire la fête puisqu’il est porté par une production très 90’s aux influences clairement affichées et au rythme si dingue qu’il emportera toutes les personnes qui l’écouteront sur le dancefloor.

De fête, il en sera fatalement question dans la vidéo de Joe Agius qui accompagne le titre. Un plan séquence qui nous entraine dans une soirée 100% féminine, filmée à la manière de certaines émissions MTV, le tout pour mieux détourner les clichés et renforcer un peu plus le message diffusé par le morceau.

Al’Tarba – Hush Little Bay feat. Bianca Casady (from CocoRosie)

Préparez-vous à replonger entre les bras de vos amours de jeunesse… Sur son dernier titre, Hush Little Bay, Al’Tarba invite Bianca Casady de CocoRosie et son timbre au charme fou nous chanter les promesses d’étreintes à venir.

Sur fond de cris de mouettes, dans un univers tout aquatique orchestré par Pia Vidal à l’illustration et Félix Pommier à l’animation, l’harmonie nous entraîne, traînante, vers des lendemains solaires : “Take my hand, we’ll leave the ground”. On ne se fait pas prier.

TDJ – Addictive/Predictive

Une virée sous les néons, de la Tour Eiffel à Pigalle, du Louvre aux escaliers de Montmartre dévalés à vive allure, du périph aux quais de Seine…

Éblouis par les lumières griffant la nuit et l’alternance de plans flous et de visions hallucinées, c’est le Paris fou par les yeux d’une créature nocturne égarée dans l’ivresse et la fête qui nous hante le temps de 4’03 de rêveries nyctalopes. Le beat est entêtant, on se perd au son du timbre envoûtant de TDJ. Sa perception caléidoscopique du monde de la nuit nous accompagnera un moment, le temps d’une danse dans une boîte au sol collant, ou d’une balade nostalgique dans les rues de la capitale.

Basile Palace – Elle s’en fout que tu sois triste (feat. Yasmine)

Basile Palace est adepte d’autodérision, au cas où on doutait encore.

Campant un looser magnifique au parti-pris pileux hasardeux pris entre le déchirement amoureux et la résignation, Elle s’en fout qu’tu sois triste est une balade douce (amère) mise en images par Luca Lellouche.

Regorgeant de punchlines et de bons conseils aux âmes blessées (« Tu peux pas rester amoureux de mirages »), le chanteur nous livre en 3’33 minutes et un featuring avec Yasmine les secrets les mieux gardés pour surmonter les chagrins d’amour – the show must go on, en d’autres termes, et nul doute que question spectacle, Basile assure.