Les Clips de la semaine #124 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la sélection numéro 124 des clips de la semaine.

YMNK – Water

On vous en parlait ce matin dans notre sélection des chouchous des iNOUÏs du Printemps de Bourges, le nordiste YMNK débarque cette semaine avec un nouveau titre intitulé Water.

Un morceau qui comme l’eau est en éternel mouvement, apaisant, porté par une boucle de marimba entêtante qui laisse ensuite place à des vagues de nappes électroniques dansantes et oniriques. Un morceau qui nous donne autant envie de danser que de lever les yeux vers le soleil, comme ces instants de vacances trop fugaces où le temps semble jouer avec et contre nous, s’étirant et se réduisant selon les instants.

Pour accompagner ce titre, YMNK nous entraine dans ses propres souvenirs avec une vidéo réalisée à partir de souvenirs d’un voyage au Japon retrouvés par hasard. Ne sachant pas lesquelles choisir, le bonhomme a créé un programme (et oui ça ne s’invente pas) qui a choisi au hasard les instants qui figurent dans ces cinq minutes. Le tout passé sous des filtres donne un rendu à la fois psychédélique et hors du temps, collant parfaitement aux sensations offertes par la musique.

Peter Peter – Rome

Deux ans après l’excellent Super Comédie, le québécois Peter Peter ouvre la porte à la suite de l’aventure et revient cette semaine avec un nouveau titre intitulé Rome.

Tous les chemins semblent y mener, mais finalement c’est plus l’expérience du voyage qui semble compter. En prenant comme point de départ cette expression, Peter nous offre un voyage poétique, celui de la vie, du temps qui passe et du monde qui continue de tourner autour de nous.

Sur une composition organique, il nous parle d’amour, de l’humain, avec un regard à la fois plein de recul et de mélancolie. Il continue de percer la carapace de son écriture, nous offrant ici un morceau aux lignes thématiques assez claires, surélevées par des synthétiseurs obsédant et une guitare éthérée, le garçon n’a jamais été aussi au fait de son univers, et c’est tant mieux.

Pour accompagner ce morceau, Toby Andris place Peter Peter au coeur d’un purgatoire onirique, pour un voyage entre la vie et la mort, laissant derrière lui ses apparats de chevalier pour retrouver progressivement son humanité au travers de rencontres aussi étranges que nécessaires

Sean – Piano Black

En 2020, Sean avait offert à son public deux projets avec A moitié loup et MP3+WAV. Sur la lignée de Mercutio il continuait d’y dévoiler sa sensibilité et son sens de la musique, s’adaptant sans encombre à différents types de sonorités. L’année suivante, il se fait plus discret, dévoilant de temps en temps des singles. Surement pour mieux préparer son année 2022, qui commence avec une signature, chez Suite21 annonçant dans la foulée, un projet pour le 15 avril.

Un nouvel extrait a été dévoilé cette semaine, Piano Black qui est accompagné d’un clip léché signé Rosemary. Un visuel qui semble reprendre l’ambiance dégagée par la cover de ce futur projet, réalisée par Léa Simon. Jouant avec les codes du cinéma horrifique, l’ambiance y est sombre et ce manoir dégage rapidement un sentiment de malaise.

Un visuel qui annonce la couleur de Restez Prince, un nouveau projet qui risque d’affirmer la patte du jeune artiste.

bbno$ – mathematics

Pur fruit de son époque, bbno$ se joue des codes actuels pour les digérer dans une musique inventive et colorée. La science du hit est toute proche, à l’image de Lalala véritable carton, permettant de révéler l’univers du canadien au plus grand public, y compris outre-atlantique.

C’est dans un style plus cloud qu’il livre mathematics et son clip haut en couleur réalisé par Shiraz. Une production entrainante et ensoleillée viennent rehausser un flow linéaire dans un mélange étonnant par son efficacité.

Du côté du clip, il alterne différentes scènes avec un ton toujours léger frôlant presque le burlesque. En somme, les éléments qui peuvent caractériser l’esthétique de bbno$.

Interpol – Toni

Il y a des albums qui sont marqués dans nos esprits au fer rouge, comme une évidence dont on a du mal à se débarrasser. Marauder d’Interpol fait parti de cette catégorie de disque et voir l’annonce de son succésseur arriver nous excite autant que cela nous terrifie.

Heureusement, les new-yorkais nous rassurent de suite avec l’excellente Toni, une première chanson pour The Other Side of Make-Believe qui nous rappelle une nouvelle fois tout ce qu’on aime chez les New-Yorkais. Le chant, les ambiances, la violence sourde et l’intensité, tout est là, bien vivant, presque palpable.

Pour que ce retour soit une réussite totale, Van Alpert apporte sa science de la vidéo au morceau et nous entraine dans un monde de gangs et de danse où le soleil tape fort et où Paul Banks observe la scène de loin, laissant s’exprimer les corps et les coups.

Un nouveau clip extrêmement cinématographique et brillamment réalisé qui semble être la première partie d’un dyptique vidéo.

Pour le reste, on se donne rendez vous le 18 juin à la Salle Pleyel et le le 15 juillet pour la sortie de l’album.

Charlie Pâle – Dans tes yeux

Parler aux autres pour mieux se parler à soi, partager son expérience pour s’épanouir, grandir et enfin être soi même, voilà ce que fait Charlie Pâle avec sa musique.

Dans tes yeux, c’est une chanson dans un miroir autant qu’un cri à la face du monde. Un titre en forme de catharsis, porté par l’espoir, le combat et une certitude assez simple : il y a de la lumière au bout du chemin.

Avec ce titre, et son premier EP, le nantais met un grand coup dans la fourmilière des préjugés, du monde qui va mal et nous incite à nous retrouver nous même et à réaliser qu’on est jamais vraiment seul et surtout que c’est ensemble qu’on pourra faire bouger les choses.

Une quête qui se poursuit dans la vidéo de Megui Views. Seul face au monde, Charlie écrit, expie, laisse transpirer ses colères et ses envies pour mieux affronter ce qui se joue devant lui avant de traverser les écrans et d’enfin toucher du doigt son but et ses rêves.

On a désormais hâte de le retrouver sur scène pour le voir défendre ce joli premier EP.

Oliver Sim – Fruit

On reste dans l’idée d’acceptation de soi et d’identité avec le second single de Oliver Sim, toujours produit par son comparse Jamie XX.

Et c’est avec bonheur que l’on croque dans ce Fruit chargé d’émotion, concocté comme une lettre ouverte de l’artiste à son soi enfantin, lui rappelant de rester loin des mensonges et des images que l’on se construit pour se protéger. La chanson se transforme comme une percée lumineuse, un besoin d’être enfin fier de soi, d’accépter son identité.

Cette célébration de l’identité Queer se poursuit à travers le clip de Yann Gonzalez qui nous plonge dans un talk show des années 80, les tuneues et le grain de la vidéo explorant cette idée de libération, de paillettes et de grande fête, comme si tout était fait pour que l’on puisse enfin vivre en étant soi même.

Oliver Sim donnera une série de concerts en solo au printemps, dont une date à la Gaîté Lyrique de Paris le 11 mai prochain. On a déjà hâte.

Florent Marchet – Freddie Mercury 

L’artiste Florent Marchet poursuit sa quête de souvenir entamée avec De Justesse, en sortant un nouveau morceau intitulé Freddie Mercury. Le musicien conserve son empreinte, un piano sur lequel s’enchaîne avec douceur des mots vibrants. Cette fois-ci, l’auteur se souvient d’un ami de lycée, qu’on surnommait “John” ou encore “Beatnik”. Sans que Florent Marchet nous dévoile véritablement son nom. Comme si cet ami d’enfance était une figure effacé, rangé au second plan. A en croire le titre , on pourrait penser que le personnage central de l’histoire est Freddie Mercury, pas tout à fait. Au cœur de ce poignant récit : l’histoire de la mère de cet adolescent, qui portait à ses bras et poignets le visage de Freddie Mercury comme d’autres porteraient des bijoux précieux. Un mère que la folie aurait consumée jusqu’à la violence, la perte de repères. Le clip montre Florent Marchet raconté cette histoire, illustré par le dessinateur Elliot Royer.

Emily Loizeau – We Can’t Breathe

Au nom We Can’t Breathe, on devine le potentiel politique du nouveau titre d’Emily Loizeau. Il y a des énergies de feu dans ce morceau avec un ouverture sur cette phrase : “Moi, quand je serai grand, je voudrais juste être vivant.” We Can’t Breathe se veut être un hymne solidaire, tournée vers le futur et s’adressant à la jeunesse. D’où un aspect de soufre dans la musique électronique, rock, qui grésille. Il y a parfois même des sons semblables à des sirènes. C’est un appel au changement, voire au soulèvement. A en croire le clip réalisé par Aude Léa Rapin, sur lequel on aperçoit  des images de révoltes et de feu.

Clipperton – Abyss

La formation bordelaise Clipperton revient avec un clip plein de douceur pour son single Abyss. Un morceau mélancolique magnifié par une vidéo soignée toute en animation signée Tolo The Grandpa. Les nuances de roses et de violets viennent porter le récit de ce plongeur esseulé dans son scaphandrier, pour laisser place progressivement à une jolie mise en abîme. Une ode poétique à l’amour qui donne un souffle certain aux éclats pop de cette belle partition. 

MacThenardier – Il ne se passe rien

Le label et collectif indépendant Entre Soi nous invite à une balade dans les rues de Lyon. Une balade à vélo rythmée par les paroles monotones et planantes du morceau – il ne se passe rien, quand tu n’es pas là. Juste le quotidien du trafic, les rues, les quais, la caméra bancale qui capture ce trajet d’une banalité sans nom. C’est simple mais ça marche, on aurait difficilement pu faire plus cohérent pour accompagner les notes de synthés d’« Il ne se passe rien ». Rendez-vous le 20 avril pour la sortie de l’EP de MacThenardier, Ronan Ronan Ronan.