Les clips de la semaine #125 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de la sélection numéro 125 des clips de la semaine.

Dombrance – De Gaulle

Le 27 mai prochain, Dombrance délivrera sa République électronique, un album dans lequel il s’oriente comme depuis quelques temps maintenant à conjuguer musique électronique et politique, mettant en musique les différents présidents de la cinquième république.

À tout seigneur, tout honneur, l’aventure commence avec De Gaulle, et comme toujours le musicien s’attelle à donner une version musicale, pas seulement de l’homme politique, mais aussi de l’époque et du ressenti qui en découle.

Ici, De Gaulle devient alors une sorte de morceau crépusculaire et émouvant, où l’on sent une sorte de positivisme allié à la sensation que les choses et le moment se termine. Le morceau joue alors une sorte de tristesse heureuse, une mitani qui met les poils et nous entraine dans un monde presque en suspend.

Cette idée est renforcée grâce aux images sélectionnées par l’INA pour former le clip de De Gaulle. On y voit la liberté, mais aussi la violence, les grands bouleversements de l’époque, comme la bombe nucléaire ou les événements de mai 68. Le tout au milieu de liesse et d’un sentiment de liberté et de bonheur qui ne semble pas pouvoir durer. La vidéo se termine sur une image de l’annonce de la mort de De Gaulle par Pompidou, transition évidente vers la suite de l’album qu’on découvrira rapidement.

Of Course – Sucré Salé

Signature dans un label, album à l’horizon, 2022 nous fait bien plaisir à nous et à Of Course. Désormais à quatre, le groupe continue la Montréal Bagarre et nous entraine une nouvelle fois sur le dancefllod avec Sucré Salé.

Des mélanges comme on les aime, un flow rappé, une basse indécente, des gimmicks de guitares qui nous contaminent et un titre qui a une nouvelle fois tout bon. Of Course a le groove au bout des doigts, la chaleur dans la voix et nous permet d’oublier nos soucis en 3 minutes 20 avec ce titre qui annonce vraiment du très très bon pour la suite.

Et puisque la ville c’est le dancefloor, on part en voyage avec eux dans cette lyrics vidéo du plus belle effet qui joue avec les paroles pour nous offrir des images animées de ce titre qui nous colle fort à l’esprit.

Alors on profite du soleil et on se laisse embarquer dans les ambiances sucrées salées de Of Course, en espérant les voir débarquer rapidement sur les scènes françaises.

The Kills – No Wow (Tchad Blake Mix 2022)

On aurait aimé annoncer un nouvel album ou un single inédit des Kills, mais voilà 5 ans que le groupe n’a pas sorti de nouveau morceau, se contentant de rééditer d’anciens disques pour le malheur du compte en banque de tous les fans nostalgiques du meilleur duo anglo-américain de l’indie rock.

Après la compilation Little Bastards, regroupant leurs brillants b-sides, The Kills annoncent ainsi la réédition de leur second album, le fondamental No Wow (2005).

Sans renoncer au son abrasif qui fit l’essence de son esthétique et le rendit indispensable à la scène rock des années 2000, le duo se dépare dans cet enregistrement de quelques éraflures sonores pour mettre en avant la voix mordante d’Alison Mosshart avec l’aide de Tchad Blake, producteur récompensé aux Grammy.

Accompagnant ce mix actualisé, le nouveau clip mêle la vidéo originale de Kenneth Capello (fidèle collaborateur du groupe depuis ses débuts) et récentes images lives captées à la caméra Super 8 par Sally Walker-Hudecki. The Kills ont toujours su impeccablement lier esthétiques visuelle et sonore. Granuleux, brut, vif : les images Super 8 et le mix de Tchad Blake se confondent parfaitement.

Certain.e.s regretteront l’époque très lointaine où le groupe pouvait figurer sur une compilation de no-wave et de punk expérimental cultivant l’ethos DIY. Nous choisissons de notre côté de croire que ces rééditions successives n’étouffent pas un secret moribond mais préfigurent un nouveau souffle, en attendant la suite.

eugene – t’aime bien quand c toxic ?

A Bruxelles, un collectif commence à se démarquer, le XXL Mob, un rassemblement d’artistes touchant à tout se regroupant autour d’un univers commun qu’il tente d’insuffler au sein de la capitale belge. Cela passe par leur musique, mélange détonnant entre un rap aux influences émo et des influences aussi bien rock qu’électro mais aussi par leur identité visuel. Un nouvel échantillon de cette esthétique prend vie dans le dernier clip d’eugene, accompagnant le titre t’aime bien quand c toxic ? Au travers d’une expérience scientifique mystérieuse, l’artiste plonge dans ses souvenirs au rythme de l’instrumentale d’ego8 (autre membre du collectif, ndlr). Le lâcher prise s’opère et l’emmène dans une fête battant son plein. Un clip réalisé par KAXB qui s’amuse des codes offerts par la numérique pour constamment brouiller la frontière entre réalité et fiction. L’univers se cherche encore mais dévoile à nouveau tout son potentiel, aussi bien musicalement que visuellement. 

Vald – Péon feat. Orelsan

L’association des deux poids lourds du rap français ne pouvait pas rester sans clip. Annoncé depuis février, le clip de Péon a enfin été dévoilé cette semaine et est forcément à la hauteur des attentes folles que l’on peut placer en Vald et Orelsan.

Habitués à nous offrir des univers léchés qui entraine leurs morceaux encore plus loin, la vidéo de Romain Chassaing ne fait pas exception à la règle. Tout ici est fait pour mettre le mieux possible en images les propos de Vald et Orelsan tout en développant et amplifiant les propos.

On se retrouve forcément au cœur d’un monde entre le cinéma et les jeux vidéos, que ce soit Lord Of War, Matrix, Warcraft ou les films de zombies. On plonge dans un univers sombre, dans des fantasmes, des violences et un point de vue assez fort sur le monde actuel.

C’est tout ce qu’on attendait et même plus, alors on s’offre une dose de rêve et on retourne à la mine.

Supernova – Vol de nuit

https://www.youtube.com/watch?v=QlZSCEu6z2Yhttps://www.youtube.com/watch?v=uS4ZRbzIiFA

L’hiver est désormais derrière nous, les jours se rallongent et les soirées deviennent plus douces. L’occasion se fait trop belle de se perdre, en compagnie de Supernova, dans les rues d’une ville capitale au moment où le crépuscule tisse sa toile monochrome. Les couleurs se confondent dans un camaïeux de teintes bleutées dont se parent ce léger vague à l’âme que l’on ressent quand on avance sans savoir où l’on va.

Sans fioritures, La ligne musicale de Vol de Nuit escorte sobrement cette déambulation. La voix de Paul Hazan, comme suspendue, presque discrète, résonne tel le clip clap du bruit des pas dans les rues désertes. Elle libère des mots qui se juxtaposent et s’enchaînent comme par associations d’idées, un peu comme lorsque l’on laisse son esprit divaguer. Une poésie fortuite se construit faite de pensées fugitives. Elle fait grand sens à l’instant où elle se constitue mais s’oublie le moment d’après.

« Cocktail dans le cockpit », Vol de Nuit est l’allégorie aéropostale de ces moments d’errements noctambules faits de décollages, d’atterrissages et parfois de décrochages.

Mise en images par Jemery Gdalia avec l’aide de Linh Tham et de Paul Hazan, le clip nous transporte en dessins et en animations dans un monde de la nuit riche des détails qui illustrent les paroles. On évolue, en suivant la parabole, entre terre et air. Un égarement nocturne et urbain encadré par l’apparition de Marco Pagot, alias Porco Rosso, qui nous accueille aux commandes de son hydravion et pour conclure une bataille aérienne qui nous sauve d’un terrible Bird Boss échappé d’une simili session du jeu vidéo, si rageant, Cup Head.

Just Mustard – Mirrors

Just Mustard, qui assure actuellement la première partie européenne de Fontaines D.C est un groupe qui n’a pas fini de faire parler de lui. Venus tout droit d’Irlande, les musiciens nous fascinent depuis leur passage à Orléans pour le festival Hop Pop Hop en septembre 2021. Le jeune quintet sortira son deuxième album Heart Under le 27 mai 2022 sur Partisan Records dont le clip Mirrors est extrait.

Katie Ball et sa voix claire mène la danse, et celle-ci se mène sous l’eau. Des scènes de vie, des rires, des bières, tout se trame depuis le fond de l’océan. Des figures se détachent. Des figures qui nous regardent, nimbées d’une lumière bleuâtre. Des corps dansent tandis que certains restent statiques. Et toujours ce soubresaut, cette eau qui s’agite et ricoche. A la fin du morceau, les figures s’effacent et ils ne restent que les bulles, qui remontent à la surface.

Réalisée par Dylan Friese-Greene, cette vidéo poétique nous plonge au sein de l’univers nébuleux et planant de Just Mustard, quand les guitares prennent le large pour rencontrer la douceur et la force de Katie Ball. Entre shoegaze, psyché et post-punk, Just Mustard n’a pas fini de nous étonner.

Shelly Archer – Been a Long Time

Seulement deux singles auront servi à la douceur de la voix de Shelly Archer de ravir les oreilles tombés sur le chemin de sa musique intime. Ce qu’elle met à nouveau en avant dans le clip de son nouveau morceau, Been a Long Time réalisé par Noam O Vardi. Seule dans sa chambre, elle lance un enregistreur au look rétro, saisi son micro et laisse le charme de sa voix opéré, prenant ses auditeurs par la main.

Bien aidé par un film de micro ne semblant jamais finir, elle se balade dans un hôtel, chantant de sa voix câline et ne lâchant pas la caméra des yeux. Son visage froid va de pair avec sa solitude dans ce grand hôtel pourtant hospitalier. Une image qui se met en parallèle du texte racontant les débuts d’une relation où la prudence s’invite avant que le cœur ne cède.

MURGIDA – JE PEUX PAS ME PERMETTRE

Après avoir, depuis un roftop, survolé et survolté Paname avec son premier titre Bodeguita paru cet hiver, Murgida nous mène dans une ballade entre la Tour Eiffel et l’Opéra Garnier. « Je peux pas me permettre de pas me permettre ». Un flow enjôleur, une guitare aux riffs funky, Murgida ose et s’impose dans un groove nonchalant mélangeant pop et hip hop. Ça balance pas mal à Paris.

La vidéo réalisée par Nicolas Garrier (il a déjà œuvré pour le sensible Volcan Qui Dort d’Ojos ou l’Askip sans concession d’Emmanuel Emo)met en imageavec complicité le nouveau titre publié, Je Peux Pas Me Permettre. Les trames texturées à la façon d’une vhs légèrement glitchée, nous renvoient dans les années 80 avec ses tonalités en totale adéquation avec le débardeur porté par Adrian Murgida. Un parti pris iconique et textile qui laisse nos pensées vagabonder et s’égarer dans de (très) lointaines réminiscences. Souvenirs ou nostalgie débardeuresques, d’un Tom Shelleck à la décontraction sans faille jaillissant d’un épisode de Magnum ou d’un Kevin Kline complètement décalé et azimuté dans Un Poisson Nommé Wanda.

Eux aussi auraient pu chanter : « Je peux pas me permettre de pas me permettre ». Et nous le devrions tout autant car c’est en osant que l’on prend confiance en soi. Et si l’on ajoute à cette confiance naissante, comme Adrian Murgida, une touche d’humour, un brin d’autodérision, un large sourire et quelques pas de danse, alors on peut, avec assurance, aller loin de l’avant et faire en sorte que ça balance aussi !

Collectif Medz Bazar – On en a marre

Face à la situation actuelle et à toutes ses frustrations, le Collectif Medz Bazar chante nos états d’âme avec le titre On en a marre. Un nouveau morceau qui est également un des premiers extraits d’un album à venir intitulé Insanistan. Comme un territoire où régnerait la folie (insane en anglais) qu’elle soit douce ou épuisante. C’est un peu ce que dépeint le groupe au travers d’un clip, co-réalisé avec Kayane Gavrilof.

Toujours en gardant une certaine légèreté, on aperçoit chaque membre du Collectif crier, hurler, se défouler, donner des coups…voire se prendre des coups de pied. Le tout entre deux séquences en stop motion, dont l’esthétique a des airs naïfs. Sur le plan musical, c’est un peu un grand bazar dans lequel se croiserait des airs de musiques traditionnelles, de jazz, de valse ou encore de blues. Un bazar qui se transmute jusqu’au capharnaüm sonore et musical !

A la fin d’On en a marre, on entend se fondre et se confondre des bruits de sirènes, des sifflements, des chants et des râlements : “Vous en avez pas marre vous ? Beh moi, j’en ai marre, vraiment, je vais me barrer d’ici.” Si ces émois résonnent ou vibrent en vous… Halte là ! Vous resterez bien encore un peu à Paris, pour la release party du Collectif Medz Bazar au Café de la Danse le 9 juin. Avant que le groupe ne barre en tournée en Irak, au Kurdistan et en Turquie.

Ucyll – Eau Salée

Moitié du duo Ucyll & Ryo, Ucyll s’est dévoilé cette semaine en solitaire avec un premier extrait, Eau Salée, issu d’un projet à venir. Pour se faire il a décidé de l’accompagner d’un clip, réalisé par Simon Stewart qui s’est déjà occupé de la majorité des visuels du duo.

Ce dernier met en scène Beuni, sorte de représentation des côtés sombres du jeune artiste. Accompagné de Cronksss, il garde une mainmise sur la production, alternant une ambiance cloud à des instruments bien plus sombres. Composé autour de la dualité composant le jeune artiste, ce titre exprime l’anxiété sociale qui le ronge mais qui est pourtant contrebalancée par son envie de faire résonner sa musique à une plus grande échelle. 

« J’ai soif mais j’bois que d’l’eau saléeGros, c’est pour moi cette année
Gauge de flemme anxiété dépassée, j’vais bientôt déraper mais j’sais qu’ça va aller, ouais j’sens qu’ça va aller »

L’aventure de Beuni est lancée et avec elle, Ucyll se dévoile tout en confirmant son goût affirmé pour les visuels léchés. Une nouvelle aventure qui s’annonce envoutante. 

Aloïse Sauvage – Focus

Plus badass que jamais, après avoir sorti Dévorantes, son premier album en 2020, Aloïse Sauvage revient en force avec le clip de Focus

Ridant entre des containers, cheveux chromés, la chanteuse, déjà affiliée au hip-hop en tant que danseuse, s’essaye avec brio au rap ! 

Incisive, elle pose un texte fort avec un goût de bagarre, un flow maîtrisé qui lui permet d’affirmer les objectifs qu’elle compte bien atteindre; sur son vélo comme dans l’industrie musicale, elle est inarrêtable !

Si elle change de style, comme à son habitude, Aloïse Sauvage a collaboré avec Zenzel pour la réalisation de son nouveau clip, qui annonce certainement un tournant tant dans le style que dans la forme de la suite de ses projets.