La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la sélection numéro 125 des clips de la semaine.
Adam Green – Blackout
Dans un mois jour pour jour, Adam Green viendra nous délivrer une dose de bonheur sur la scène du Trabendo. Une tournée repoussée depuis 2 ans qui va enfin se concrétiser et met nos coeurs en joie.
En attendant, le new-yorkais a fait contre mauvaise fortune bon cœur et nous a délivré cette semaine That Fucking Feeling, un nouvel album bien court qui ressemble à un best-of un peu foutraque de tout ce que Adam Green sait faire de mieux.
La preuve avec ce Blackout, qui mêle la poésie de Green à des orchestrations un brin grandiloquentes par moment et des chœurs gospel du plus bel effet. Thématiquement, il poursuit le travail orchestré sur son précédent album et nous propose une échappée pixelisée, plein de rêves et de secrets.
Visuellement, c’est son côté DIY qui s’exprime puisque la vidéo de Pete Voelker joue le rôle de journal de bord dans la vie de Adam. On le retrouve ainsi successivement dans son atelier de peinture, entrain de jouer de la musique ou tout simplement entouré de sa famille. Une petite plongée new-yorkaise en attendant de le retrouver en chaire et en os pour trois dates françaises.
Lesneu – Entre toi et moi
Joie et Bonheur, Lesneu a décidé de clipper entre toi et moi, sans doute notre morceau favori de son second album. Pop song épique et désespérée, aux guitares enlevées et au chant habité, le morceau nous raconte l’amour qui s’autodétruit, le cœur qui explose et le temps du changement qui arrive.
Une ride de cinq minutes qui ne laisse à aucun moment le temps de reprendre notre souffle et qui nous balance une charge émotionnelle assez forte qui nous fait finir en larmes à la fin de chaque écoute.
Sous la caméra de Théo Sanchez, le morceau se transforme complètement. Réinterprétation du mythe du saint martyr Sébastien transformé pour le coup en amour lesbien, la vidéo nous raconte le supplice et le sauvetage de Sébastien par Irène, apportant les paroles du morceau dans la bouche et sur le corps de ce héros déchu . La vidéo alterne entre l’amour et la tentative de de sauvetage de Sébastien. Un clip inspiré et très cinématographique qui nous fait patienter en attendant de retrouver Lesneu en mai à L’international.
Suzane – Clit Is Good
Parfois, tout est dans le titre. On peut dire qu’avec ce nouveau morceau, Suzane nous prévient tout de suite sur le programme à venir. Hymne au plaisir féminin, Clit Is Good évite les pièges de ce genre de morceau. Loin de la vulgarité des mots ou de la surinterprétation musicale, Suzane choisit le chemin inverse.
Elle nous plonge dans un comte onirique, doux, tendre, porté par sa poésie et l’acuité de sa parole à laquelle elle appose des nappes synthétiques qui s’envolent sur les refrains, s’autorisant aussi à jouer avec sa voix et ses émotions qui se retrouvent donc bien chamboulées.
Pour mettre en image ce morceau, il fallait une réalisatrice à la hauteur des ambitions, c’est donc tout naturellement que l’avignonnaise s’est tournée vers Charlotte Abramow, habituée elle aussi à faire bouger les lignes et à porté haut et fort ses propos. On se retrouve donc dans une ambiance lumineuse, sensuelle et très cinématographique pour aller au cœur du sujet. Forcément la vidéo n’aura pas échapper à la censure de ce cher Youtube, une manière sans doute de prouver encore plus la pertinence et l’importance de ce nouveau clip de Suzane, avant de la retrouver en septembre à l’Olympia.
Novaé Lita – Double Je
Si la dualité est un concept souvent mis en avant dans la littérature ou le cinéma, il est rarement utilisé dans la pop musique. Après Sirop, son excellent premier single, Novaé Lita revient et enfonce le clou avec l’excellente Double Je.
Puissante et superbement produite, la track permet à Novaé Lita de s’amuser aussi au double jeu de la compréhension. Ici il peut autant être question d’un combat entre deux personnes qui sont toxiques l’une avec l’autre, jouant sur les apparences et l’image qu’ells donnent en public alors que dan le privé, elles deviennent deux énergies qui ne mènent qu’à la destruction une fois liées.
On peut aussi envisager le titre comme un combat intime, Docteur Jeckyll et Mister Hyde, l’ombre et la lumière qui vibrent en chacun d’entre nous.
C’est d’ailleurs vers cette idée que la réalisatrice Emma D’hoeraene s’oriente, mettant en images une bataille entre le blanc et le noir. Deux parties d’un esprit qui sous les néons fluos cherchent à prendre le pouvoir, à combattre l’un contre l’autre pour diriger une existence qui ne peut pencher que vers l’un ou l’autre.
Une nouvelle fois, Novaé Lita marque les esprits, que ce soit dans le fond ou dans la forme, prenant une place de plus en plus importante dans la pop française moderne.
Tess Parks – Do You pray?
Après Happy Birthday Forever et Brexit at Tiffany’s, Tess Parks sort cette semaine Do You Pray? un troisième single qui apparaîtra sur son premier album solo depuis Blood Hot sorti en 2013 : And Those Who Are Seen Dancing. On y retrouve sa voix reconnaissable entre toutes sur des guitares psychédéliques. Ce morceau au titre que l’on peut traduire par “Est-ce que vous priez?” est accompagné d’un clip réalisé par Gsus Lopez dans lequel on voit le danseur Mark Wagner tournoyer comme un derviche. Une danse sacrée dérivée d’une ancienne pratique de rituel et de méditation soufis qui provoque la transe et l’euphorie. Une vidéo qui donne le tournis pour un morceau envoûtant… And Those Who Are Seen Dancing sortira le 20 mai. On a hâte de le découvrir !
Choses Sauvages – Château de fantômes
Les fantastiques québécois de Choses Sauvages ont cette semaine dévoilé le clip de leur Château de fantômes, tiré de leur deuxième et dernier disque Choses Sauvages II. Illustré par Hurlevent, animé par Gabriel Favreau et réalisé par Léa Dumoulin, Château de fantômes nous embarque dans une épopée étrange, sereine et lumineuse : mené par son instinct et porté par ses quatre pattes, le héros au regard perçant parcourt un chemin tranquille et sans embûches jusqu’au bout de sa poursuite quasi-solitaire. Ce nouveau projet visuel organisé par la fine équipe montréalaise de Juste du Feu vient sublimer à merveille les douces et vaporeuses rêveries racontées dans le morceau (qui sont bien évidemment accompagnées de riffs groovy à volonté).
Siau – Brûler la maison
Il faut croire que le sud est une terre fertile pour faire émerger des chanteurs français touchants et décalés. Comme Julien Doré ou Maxence, Siau est originaire de l’Hérault et il aime lui aussi chanter dans des costumes aux couleurs vintage. Cette semaine, il revient avec un nouveau single Brûler la maison, confirmant la filiation avec ses pairs.
Dans ce clip bucolique, Siau nous balade dans différents plans en pleine campagne. Des dessins viennent s’intégrer aux paysages pour appuyer le texte du chanteur.Les mots sont bien ficelés entre eux et émouvants pour nous embarquer avec lui dans cette histoire. Brûler la maison est le deuxième titre partagé par Siau cette année qui annonce la sortie imminente de son premier album.
METRO VERLAINE – FUNERAL PARTY
Le rock et la Normandie font bon ménage depuis quelques temps déjà, tant et si bien que la région est devenue la couveuse de beaucoup des groupes les plus excitants de la scène à guitares actuellement.
Quatre ans après la sortie de leur premier effort, le duo Metro Verlaine marque son grand retour cette semaine avec Funeral Party, morceau qui navigue à merveille entre la new wave et le shoegaze et qui prouve une nouvelle fois la capacité du groupe d’Évreux à nous offrir des morceaux aux mélodies parfaites et qui jouent autant sur la mélancolie que sur la modernité.
On se laisse donc embarquer dans cette danse légèrement macabre pour finir par les rejoindre dans une chambre funéraire transformée pour l’occasion en salle de fête, ballons et tenues de gala accompagnant les filtres lumineux dans la vidéo de Lao Segur.
Si on est amateurs de ce genre d’ambiances plus ou moins dark, c’est sur scène qu’on espère bientôt les retrouver. Ce qui ne devrait pas tarder puisque la sortie de Funeral Party est annoncée pour le 27 mai chez Le Cèpe Records et Kids Are Lofi.
Interpol – Something Changed
La semaine passée, on découvrait la première partie du dyptique qui lie Interpol et Van Alpert. Après avoir mis en images Toni, c’est Something Changed qui nous est dévoilée. Dans un ton bien plus crépusculaire et lent, le morceau nous entraine dans des changements qui impactent tout le monde, le temps, le pardon, l’amour étant au choeur du morceau.
Visuellement, si l’histoire reprend là où elle s’était arrêtée, le tout prend rapidement un tournant bien plus onirique, voir cauchemardesque, puisque les deux personnages principaux se retrouvent nus et chassés par l’inquiétant personnage joué par Paul Banks.
Les deux amants se retrouvent « chassés » par cet étrange policier qui prend désormais une part bien plus active à l’histoire, jusqu’à se retrouver face aux deux héros pour une conclusion aussi ouverte qu’énigmatique. Une vidéo pleine de mystères et de sous entendus qui laissent augurer le meilleur pour le nouvel albul d’Interpol.
Miel De Montagne – Laissez-Moi Rêver
Et si l’on partait pour une ride avec Miel de Montagne ? On prend nos vélos et on part dans l’univers doux et rêveur du garçon.
Ca tombe bien Laissez-Moi Rêver est une ode aux grands rêveur, à ceux qui ne veulent pas se plier aux dictacts du monde moderne, à la réalité un peu dégueulasse qui nous tâche souvent . Avec Miel de Montagne, le programme est simple : on ferme les yeux et on se laisse partir dans nos pensées, on s’invente un monde qui n’appartier à personne d’autre qu’à nous et on se laisse bercer par les solos de guitares et la voix enjoleuse de Milan.
Pour accompagner le tout, l’artiste a fait confiance à Martin Carolo qui nous offre une animation à l’image de ce morceau, rétro et solaire. On suit donc Miel De Montagne dans un univers loin de toute réalité, comme si on plongeait avec bonheur dans l’esprit et les rêves du musiciens qui décolle de la terre vers l’espace sur son vélo magique.
Revigorant en ces temps sombres, la musique de Miel De Montagne reste de celles qui mettent du baume au cœur.
Weekend Affair – Tout le temps
Ces dernières années ont profondément bouleversées notre rapport au temps. Alors que l’on vit tous des vit souvent à 100 à l’heure, on s’est retrouvé à orienter notre temps différemment, à le regarder couler, avec les grains de sables qui s’égrainent.
Weekend Affair a décidé de faire autre chose de son temps, le duo le transforme en petit tube, une ritournelle qui se grave dans nos esprits, porté par la basse et la batterie si caractéristiques du duo. Une réflexion sur le temps, celui qu’on gâche, les moments de procrastinations et qu’on finit par regretter jusqu’à ne plus pouvoir rien rattraper.
Pour mettre en images tout le Temps, Quentin Tavernier préfère s’accaparer le morceau et le transformer en quelque chose de totalement différent. Une plongée un peu folle, un peu dérangeante dans un esprit solitaire, des mystères brumeux et la neige et les grands espaces de montagnes pour nous accompagner. On suit alors Cyril dans cette épopée solitaire, cherchant des réponses à des questions qui semblent le hanter et pousser son esprit dans des confins pas forcément très joyeux, alors que Louis apparait ici et là dans un écran de télé qui semble figé dans le temps.
Comme toujours, un soin particulier dans l’histoire et dans l’esthétique est apportée au morceau et à sa vidéo, on se laisse donc embarquer dans cet univers étrange d’où l’on ressort avec autant de questions que de réponses.