Les clips de la semaine #131 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la sélection numéro 131 des clips de la semaine.

DEHD – Window

Le groupe américain d’indie rock DEHD venu de Chicago a fait son grand retour avec plusieurs singles, et vendredi un nouvel album, Blue Skies. Window est vaporeux comparé aux autres morceaux sortis, beaucoup plus rythmés et dansants. Ici, c’est comme une bande originale d’un rêve dont Emily Kempf serait la protagoniste. La vidéo qui accompagne le titre est dans la même tendance rêveuse. Un panorama de plans plus brillants et éclatants les uns que les autres.

La chanteuse est accompagnée d’autres femmes, qui à elles quatre ressemblent à un groupe de fées en plein rituel dansant. Tout au long de la vidéo, elles enchaînent les mouvements, qui deviennent progressivement de plus en plus méditatifs. Le clip est une invitation à la contemplation, à se laisser aller et prendre du temps. DEHD nous offre une petite bulle de bien être visuelle et musicale.

Carly Blackman – Lolita’s death

Carly Blackman, artiste complète, multi casquette, nous partage cette semaine un court extrait de son nouveau projet film – album Journey to the End of the Waves qui sortira le 10 Juin prochain. Après No good girl, nous découvrons Lolita’s death, un second titre qui confirme les intentions folk et psychédéliques de l’artiste.  

Carly nous berce dans son monde où baigne une certaine insouciance mêlée de délicatesse.  Les rêves sont par nature fuyants et incontrôlables, portent en eux une poésie légère, mais aussi une forme dramatique dormante. Lolita’s death, comme son nom l’indique, est un analogie  au personnage de Nabokov.

Dans ce clip, on plonge dans l’adolescence des années 80-90 : des bidules en tous genres sur des étagères en pin ciré sont filmés avec un caméscope Sony, reprenant les défauts et les couleurs d’un appareil jetable. Une chambre où les premiers émois et premiers choix de lycéens se confrontent entre pudeur, désir et danger. Cette intimité touchante s’exhibe tout en retenue, tout comme la mélodie de cette balade qui nous donne envie d’en écouter plus.

Demon V – FVCK

Tout un programme. Lorsqu’un artiste sort un titre qui s’appelle FVCK, on a déjà une petite idée de ce qui lui passe derrière la tête. Lorsque cet artiste s’appelle Demon V, alors un petit sourire malicieux et goguenard vient d’un coup se coller sur notre visage.

Et on peut vous dire que notre cher démon ne s’est pas foutu de notre gueule : FVCK est une déflagration électronique brutale et addictive, une sortie de virus sonore qui vient s’accrocher à nos oreilles pour nous obséder et nous inciter encore et encore à appuyer le bouton repeat avant de repartir brûler nos chaussures sur le dancefloor.

Et pour accompagner ce petit moment de sauvagerie, Demon V laisse aux bons soins de Rodrigue Huart, le devoir de le transformer encore plus en héros punk. Un clip à double tranchant, dans lequel Demon V démarre en punk des internets, foutant le bordel dans les commentaires de tout un tas de vidéos aux sujets plus ou moins absurdes, pour ensuite utiliser les outils de notre époque pour infiltrer le système de l’intérieur et mieux le détruire et le pervertir.

Un démon comme on les aime, quoi.

Di-Meh Ft Caballero – Veuve Clicquot

L’amitié belge-suisse n’est plus à prouver. Après de multiples collaborations, l’alchimie entre Di-Meh et Caballero ne semble pas s’amoindrir, comme le prouve le clip de Veuve Clicquot.

Amateur de dolce vita, c’est sous le soleil de l’Espagne qu’a été tourné ce clip par O.U.T Studio. Sûrement réalisé pendant le tournage de la saison 4 de High & Fines Herbes (show cannabinoïdale hosté par le duo Caballero & Jeanjass, ndlr) comme en témoigne la multitude de guests, le clip sent bon les vacances. Une belle villa, des douceurs à profusion et un mode de vie farniente qui transpire dans la production aux influences west-coast de Sperrow.

Seka Ft 63og – Pharell

Quand le collectif de vidéastes parisiens OD.Bussy décide de faire sa compilation, il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Plus qu’une simple compilation où se retrouve la crème de la scène rap underground francophone, le collectif y a directement inséminé son amour de la vidéo, en accompagnant chacun des tracks d’un visuel. Le premier a être paru est Pharell, une connexion franco-belge entre Seka et 63og, qui jouit d’un clip faisant directement penser à la connexion Américo-british entre A$AP Rocky et Skepta : Praise The Lord. A l’instar du visuel de ce titre, le spectateur se retrouve conjointement à Bruxelles et Paris, pour faire ressortir l’ambiance urbaine de ces deux capitales telles qu’elles sont perçues par les artistes invités, le tout guidé par un montage inventif accompagnant à merveille l’envoutante instrumentale plug signée Tay20k.

Vickie Chérie – Construire un feu

Ancienne partie du duo The Pirouettes, Vickie Chérie revient avec un premier titre en solo, extrait d’un EP à venir. Comme gage de renouveau, un nouveau morceau avec un titre puissant : Construire un feu, comme l’on modèle avec de la terre, l’argile et la glaise, un nouvel homme. Elle y évoque avec fragilité ses doutes, ses émotions. L’air est lourd, semblant sentir le souffre. La musique est alors douce, sombre, bien qu’également portée par la lumière de rythmes entraînants, comme si le mouvement, l’impulsion de renaître y était aussi présente. Cette atmosphère se retranscrit dans un clip réalisé par Sidi Omar et Vickie Chérie, dans lequel on aperçoit la chanteuse maîtriser le feu qui l’entoure. 

Julia Daigle – Le psaltérion 

Un psaltérion est un instrument à corde datant de l’époque antique et médiévale. C’est également le nom qu’attribue Julia Daigle à son dernier morceau. Un titre qui semble faire sens, car la chanteuse nous emmène sur des terres inconnues, des atmosphères mystérieuses où la musique est à la fois très organique et très électronique. Le texte est également assez vaporeux et poétique : “Résiste l’envie, Voyage la lune et crée les marées, L’âge d’or de mes pensées, Garde les images instants refoulés. Toile où se projettent. Désirs virtuels, naturels. Comme une enfant qui croyait bon l’ami croisé dans ses rêves. Ne sera plus la même version, version d’elle-même.” Le clip, réalisé par Kevan Funk, reprend cette idée.

Pale Blue Eyes – Globe

Réalisé par Haoyan of America, le dernier clip du groupe de pop mélodique Pale Blue Eyes nous propose un voyage à travers les yeux… d’une souris. Embarqués dans une journée aux accents psychédéliques, pris dans un tourbillon qui n’est pas sans rapeller l’esthétique lo-fi early 2000, on est subjugués par l’enchaînement de plans qu’on traverse à grande vitesse sous les néons d’une ville où tout semble permis. Globe tire en fait son nom d’une maison partagée par plusieurs membres du groupe lors de leurs jeunes années et agit comme un salutaire retour dans le temps, à l’époque d’une vie rapide, entre bohème et débauche, véritable ode à ces années qui ont filé trop vite. Un diamant brut.

Whim Therapy – Dreams

Whim Therapy frappe fort avec son nouveau clip Dreams, réalisé en collaboration avec l’artiste ukrainienne Katrina Bondarenko. Tout comme le morceau qu’il vient illustrer, le clip a été réalisé main dans la main avec une intelligence artificielle. L’artiste a en effet injecté dans un cerveau digital divers contenus inspirants (images, ambiances, tableaux…) afin de lui permettre de générer à son tour du contenu. Le résultat consiste en une visualisation artificielle des œuvres humaines, vision métaphysique de notre monde perçu par les yeux d’une machine. Bluffant et vertigineux, le projet a de quoi dérouter. 

METRO VERLAINE – LIFE IS A RIOT

Metro Verlaine est de retour cette semaine avec leur nouvel album, Funeral Party. Pour accompagner la sortie, ils offrent un clip à leur morceau Life Is A Riot.

Comme le titre le laisse imaginer, on est ici clairement dans l’appel à la révolte. Un titre lumineux, enlevé, qui nous rappelle qu’il est important de prendre soin de nous, de se battre et de se protéger et de ne jamais oublier que la vie est un gros combat dont on peut ressortir autant gagnant que KO. Il s’agit doncde prendre les armes, bien s’entourer et partir à l’abordage.

Pour mettre en images le titre, Lao Segur nous entraine dans un road trip libérateur, une épopée en bord de mer pour fuir tout ce qui nous dérange et nous fait du mal. On suit le héros dans cette échappée poétique et un brin étrange qui a des airs de quête libératrice … Du moins c’est ce que l’on croit : les dernières secondes de la vidéo nous ramènent avec surprise à une réalité bien plus morne.

Peter Peter – Commun maintenant | SESSION LIVE H2T

Sortie dans une période d’éclaircie entre deux confinements, l’exceptionnel Super Comédie de Peter Peter n’aura pas eu la vie qu’il méritait, ce qui a eu tendance à nous attrister fortement.

En ce sens, il s’apprête à sortir Session Live H2T, une sélection de ses titres joués en acoustique. Le premier extrait qu’il nous dévoile est cette version très épurée de Commun Maintenant, qui permet au superbe texte de ressortir et aux émotions d’affluer de la manière la plus pure possible.

Plutôt que de s’appesantir la dessus, le garçon a décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur, retournant au Québec et signant au passage avec la partie live de Bonsound afin d’amener sur scène les chansons poétiques et humaines dans lesquelles il a brisé un peu plus sa carapace.

La vidéo qui accompagne ce titre se concentre essentiellement sur le visage de Peter, concentré, jouant le morceau les yeux presque fermés, comme pour convoquer les sensations et la puissance des mots.

Ce nouvel EP est attendu pour le 3 juin, et pour les plus chanceux d’entre nous, il sera possible de retrouver Peter Peter aux Francofolies de Montréal.

Superorganism – On & On

Les géniaux membres de Superorganism sont (déjà) de retour ! Alors que leur second album World Wide Pop est prévu pour le 15 juillet prochain, les voilà avec un quatrième single : On & On. Dans un clip une nouvelle fois signé AEVA, avec l’aide cette fois-ci de l’animatrice Diana Gradinaru, on y voit un personnage de demain regarder avec curiosité ? (mépris? fascination?) le monde d’aujourd’hui et celui d’hier. Le quintet semble apparaître aux quatre coins du monde pour ainsi illustrer avec brio ces souvenirs du futur. En effet, Orono y chante ici cette idée de répétition, l’idée que l’Histoire, nos erreurs et les chemins qui se dessinent ne se démarquent jamais totalement d’une décennie à l’autre. Car oui, elle ne fait que se répéter à l’infini, ou presque. Le bon vieux temps n’existe pas, hier n’était pas mieux, aujourd’hui et demain non plus. Alors il ne reste plus qu’une chose à faire : savourer l’instant présent malgré ses imperfections car il n’a d’égal que lui-même. 

Superorganism sera par ailleurs de passage à Paris le 14 septembre au Trabendo. Ne tardez pas à prendre votre place !