Les clips de la semaine #132 – partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la première partie de la sélection numéro 132 des clips de la semaine.

BAD PELICANS – PARIS

« Quand on arrive en ville
Tout l’monde change de trottoir« 

Ainsi chantait Daniel Balavoine dans Starmania. Il ne le savait sans doute pas, mais en 2022, un nouveau gang cool débarque pour tout niquer. Ils sont trois, ils ont des coupes de cheveux gominées, des vestes en cuirs, des santiags et ils se nomment Bad Pelicans.

Pas vraiment sulfureux, mais clairement drôle et plein d’un second degré qui fait du bien, le trio dévoile cette semaine PARIS, premier single de ETERNAL LIFE NOW, nouvel album prévu pour la fin de l’année chez Géographie.

Brûlant, fougueux, brutal et élégant, le titre nous offre une bonne dose de guitare abrasive, de basse foudroyante et de batterie sauvage, saupoudrée d’un texte minimaliste et délirant, censé rendre hommage à la plus belle ville du monde.

Derrière la caméra, l’excellente Diane Sagnier nous entraine dans un trip touristique en noir et blanc où l’on suit nos trois voyous au grand coeur et aux lunettes de soleil stylées. On visite Paris avec eux, alternant entre lieux iconiques et poses mannequins qui n’ont rien à envier au blue steel de Ben Stiller période Zoolander.

Du tout bon en attendant de les retrouver le 30 novembre prochain au Point Ephémère.

Ouai Stéphane – Première Musique

Il y a des gens qui font des clips, il y a des gens qui font des sessions live, et puis il y a Ouai Stéphane.

Alors qu’il vient de dévoiler un tout nouvel EP, le musicien-bidouilleur débarque cette semaine avec un tout nouveau concept un « clip live ».

En réalité on est face à bien plus que ça, à mi-chemin entre la performance arty, le one man show et le grand délire WTF, Stéphane nous offre un grand moment passionnant pour mettre en image sa Première Musique.

Au delà de l’efficacité totale du morceau, qui nous envoie une grosse tarte électronique en pleine tronche, c’est aussi et surtout l’occasion de plonger dans son univers loufoque, porté par des instruments faits maison, de l’absurde et beaucoup de poésie.

Alors on observe le tout avec un grand sourire et un bon head-bang et on se dit qu’il est tout de même merveilleux de vivre à une époque où Ouai Stéphane fait de la musique.

Kazam Feat. Flavia Coelho – Misterio

Coup de soleil sur la Seine ! On retrouve le duo Flavia Coelho et Kazam sur les bords de rives parisiennes. Paris prend des airs de Rio de Janeiro lorsque résonne le chant de la chanteuse d’origine brésilienne. De plus, lorsque l’on entend la musique électronique de Kazam, on se sent bien loin de la capitale.

La collaboration entre Kazam et Flavia Coelho donne un morceau empli de chaleur…. En somme, ce qu’il nous faut pour accueillir l’été ! Quant au clip, il est réalisé par Nils Nicolet. On y aperçoit le bassin de la Villette, illuminé comme il se doit par le duo. Les passants s’arrêtent et dansent avec les deux artistes. 

Beth Orton – Weather Alive

Le 23 Septembre sort Weather Alive, et si Beth Orton nous a habitué à patienter entre ses albums, depuis Kidsticks, il y a six ans quand même, on s’est demandé où avait-elle bien pu passer. Une retraite ? Une ascèse artistique ? Au vert, comme on dit, pour se ressourcer dans des inspirations intérieures ? Un peu de tout ça. Avec ce premier extrait, on découvre la songwriter britannique de stolen car en pleine errance à travers une nature calme, scintillante et aux différents visages.

Ce clip, réalisé par  Eliot lee Hazael et Aaron Alan Mitchell, superpose les images comme Beth superpose les sons. Le parallèle s’opère de la même manière dans les transitions, les mélodies, les instruments, tout comme les vagues ou le soleil, par moments, s’effacent pour mieux revenir. On est bercé par cette ambiance où tout ne fait qu’un. Détail notable, on aperçoit ce qui sera certainement la signature graphique et de fond de l’album, à savoir le reflet de Beth dans une dalle de miroir plantée sur la plage. On vous laisse déduire par vous même.

Tristesse Contemporaine – Rude!

On était curieux d’entendre comment Tristesse Contemporaine, produit par Lewis Ofman, allait sonner. Sur le papier, le mariage entre la cold-wave du trio parisien et le groove de Lewis Ofman, c’est un peu comme la fusion de la glace et du feu. Mais force est de constater que Rude ! nous livre un son hypnotique dont les vibrations deviennent stroboscopiques. On se laisse embarquer dans une ronde rythmée par une musique de club sans concession. La vidéo illustre ce laisser aller en mettant en scène un danseur au regard évanescent dans un décor déliquescent. Réalisée par la compagnie I COULD NEVER BE A DANCER, elle semble nous amener dans une urbex qui explore aussi bien les lieux que les âmes.

Une introspection où tout se confond, tout comme sur le drapeau dont se pare le danseur, et où figurent les couleurs des racines multiples des musiciens de Tristesse Contemporaine (quelque part entre le Japon, la Jamaïque, la Suède, et bien d’autres…). Quant à notre interrogation du début, on peut désormais y répondre en faisant la remarque que, lorsque les conditions font que l’eau passe directement de l’état de glace à celui de vapeur, on parle de point de sublimation. Après Rude !, nous avons hâte de découvrir les autres morceaux de leur futur quatrième album, dont l’atterrissage est prévu en octobre prochain.

ROSE TIGER – Abby’s Song (feat. Halo Maud)

Avec un deuxième extrait de leur EP – Act I : The Shallows– sorti en mars dernier, Rose Tiger, le projet de Cyprien « Wendy » Jacquet, nous fait de nouveau voyager dans un temps où le glam-rock abreuvait l’imaginaire musical. Tout en strass et paillettes, l’ancien batteur de BB Brunes, de Papooz, ou plus récemment de Serpent, entouré de ses deux musiciennes, Domi Hawken et Irene Gonzalez, ont invité le temps d’une chanson Halo Maud. Le résultat de cette rencontre nous transporte pendant trois minutes dans l’ambiance lyrique des années soixante-dix. Avec ses effets de surimpressions et superpositions tournoyantes, les images de Thibault Della Gaspera font scintiller les costumes des musiciens. La voix claire et aérienne d’Halo Maud répond à celle de Cyprien, ou plutôt de son double Wendy Killman dans cette scène – Abby’s Song – de l’opéra rock qu’il construit en trois actes et trois EP. Vous aurez compris qu’il y a comme une sorte de grandiloquence assumée dans son projet, qui va puiser dans l’esprit emphatique mais aussi tellement jubilatoire d’un Tommy des Who. En tout cas, après s’être délecté de The Shallows, rendez-vous est pris pour suivre le deuxième acte (et le troisième) de l’épopée qu’il souhaite nous partager.

Yeah Yeah Yeahs – Spitting off the Edge of the World 

Pour leur premier single depuis près de 10 ans les Yeah Yeah Yeahs mélangent puissance rock et effets spectaculaires dans une power ballade rock n’ roll où apparaît Perfume Genius en featuring. Avec des paroles de fin du monde : “Nous crachons au bord du monde / Dehors dans la nuit / Jamais eu une chance / Nulle part où se cacher” et des riffs de guitare abrasifs, qui se dissipent en un moment calme avant de repartir de plus belle, Spitting Off the Edge of the World est aussi catchy que dramatique. 

La vidéo qui accompagne le morceau, dirigée par Cody Critcheloe (qui est aussi à l’origine de l’artwork de Fever to Tell (2003) le premier album du groupe) montre une limousine qui tombe en panne avant de se transformer en engin monstre clouté ambiance Mad Max, qui explose ensuite à une station service (tenue par Nick Zimmer, le guitariste du groupe). Le message est clair et sans équivoque, et le clip spectaculaire. Les YYYs le décrivent affectueusement comme leur “November Rain”. 

On adore particulièrement le fait que Karen O adopte le style capillaire d’Agnès Varda après avoir reçu un crachat sur la tête… 

Le groupe new yorkais s’apprête à sortir leur cinquième album, Cool It Down, fin septembre, et on a très hâte !!! 

Primevère – Sémiophore I

C’est l’heure du retour de l’ami Primevère. Après un premier album éponyme, celui qu’on connaît à la ville sous le nom de Romain Bénart prépare doucement la suite de ses aventures. Namdose étant en pause, Ropoporose se terminant également, Romain va poursuivre une carrière solo tout en participant au projet Paradoxant, à l’initiative d’un ancien de BRNS. On retrouve donc fort logiquement sa pop un peu folk qui sent bon les fleurs du printemps et les premiers coups de soleil de la saison. Une bonne façon d’annoncer la venue de son deuxième album pour l’automne prochain. On a déjà hâte que sa musique lumineuse vienne faire passer notre début de dépression saisonnière. Côté image, mention spéciale pour les papillons tout mignons qui nous font dire « woaw » à chaque plan en lisant les paroles du morceau.

Jungle – Good Times / Problemz

Cette semaine, Jungle réinvente les promotions. C’est du un acheté / un gratuit pour eux et le double clip de Good Times et Problemz (un peu comme ils l’avaient fait pour leur dernier album et le combo Dry Your Tears / Keep Moving). Une belle production pour revenir sur le devant de la scène et commencer à annoncer la suite via sept minutes de contenu. Pas de surprise, ça groove, ça envoie de bonnes vibrations, toujours avec autant de qualité à la production et à la réalisation. Côté image, on retrouve un magnifique plan séquence, mais vous le saviez déjà. Quelques subtilités cette fois : la vidéo prend place dans un studio sans décoration, là où les clips précédents nous emmenaient plutôt dans des endroits richement agrémentés. Et l’on rajoute quelques moments « behind the scenes » à la fin de chaque partie, qui permet d’apercevoir des moments inédits d’interaction entre les danseurs et le groupe. Bref, encore une réussite pour Jungle.

Later. – Highway 10

Les semaines passent et les clips s’enchaînent pour les Parisiens de Later. A peine trois semaines après Back to Heaven, la bande nous propose une mise à l’image de Highway 10, sous la forme d’un road movie mettant en scène deux protagonistes dont la relation semble ambigüe au début de la vidéo. Après avoir dit il y a quelques semaines que l’univers du groupe nous rappelle celui de Chet Faker, leur clip opère un nouveau clin d’œil dans cette direction avec un plan de route de nuit faiblement éclairée qui n’est pas sans nous rappeler l’iconique Gold, présenté par le roi des hipsters il y a déjà 8 ans. En tout cas, on embarque avec Later. sans se poser de question, comme avec un vieil ami qui viendrait nous proposer un plan un peu fou, mais avec lequel on a envie de se laisser embarquer en toute confiance, prêts à faire des kilomètres et des kilomètres de route en dodelinant de la tête sur une programmation musicale de qualité, sur le siège passager d’une vieille voiture qui sent la poussière et les souvenirs.

SIMONY – VORTEX

Après la sortie de son projet Vortex le 11 mars, un EP composé de 7 titres, Simony sort cette semaine le clip du morceau éponyme. Sous des airs de Matrix, le rappeur voyage dans une sorte d’univers parallèle, et nous offre un clip aux visuels futuristes et aux paroles introspectives.

Le rappeur propose un clip réalisé uniquement à la première personne, ce qui rajoute un côté réaliste à la vidéo. On découvre le Parisien dans une voiture, qui arrive devant un manoir possédé par une sorte d’organisation secrète futuriste. On va ensuite suivre Simony à l’intérieur de cette étrange demeure, où tantôt figurent des références à son passé (notamment avec des visuels du clip de RSA GRIS NARDOS) et où le rappeur rencontre des personnes étranges qui analysent son identité. Accompagné d’un rythme puissant, l’artiste montre encore une fois son talent pour les textes, ainsi qu’une très grande originalité visuelle.

L’année 2022 est déjà bien animée pour le rappeur parisien, avec déjà 3 clips diffusés et un EP sorti à son actif. Avec une telle cadence et une évolution de qualité, Simony a tout pour devenir l’un des futurs grands du rap français.

Julien Granel – Vers Le Soleil

Encore une fois plus lumineux et joyeux, Julien Granel nous embarque pour déambuler dans son monde merveilleux avec le clip de Vers le Soleil.

Homme orchestre, chemise à sequins, couleurs pop, sunset sur champs de blé et danse de la joie avec ses copains (qui d’ailleurs ont enregistré les chœurs) : la DA est parfaite ! Vous pourrez aussi retrouvez Kyan Khojandi en épicier zinzin.

Qui pourra résister à la mignonerie d’un Julien Granel qui sautille dans Paris, ses lunettes roses sur le nez ? Pas nous.

Cooleur, son tout premier album, dont ce titre est extrait, sera disponible le 17 juin prochain, une invitation à venir explorer l’univers de Julien Granel dans la joie, la bonne humeur et la couleur surtout.