La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la première partie de la sélection numéro 135 des clips de la semaine.
Poppy Fusée – Océan
On avait laissé Poppy Fusée à bord du Titanic, quoi de plus logique que de la retrouver cette fois-ci au coeur de l’Océan.
Pendant à la fois mélancolique et légèrement sombre de son précédent titre, Océan est donc un jeu de miroir total. Car, dans les dangers sombres du fond de l’océan, c’est finalement au fond d’elle même que Poppy Fusée regarde. Une acceptation de soi, regarder ses zones d’ombres, les caresser et déshabiller les parures qui l’habillent pour mieux vivre avec ce qu’elle est réellement. Alors, comme un changement soudain et salvateur, le morceau s’élève, s’envole et délaisse doucement la noirceur pour retourner vers une lumière qui s’emballe et qui vit à nouveau.
Forcément, le clip de Tamina Manganas joue aussi de cette dualité, nous ramenant dans ce jeu du chat et de la souris entre Poppy et sa part d’ombre. On les suit dans ce jeu, qui s’affrontent, se fuient, s’observent, qui se perdent aussi parfois dans les miroirs qui jonchent leur chemin…
Avant, finalement, de fusionner et de réparer le coeur qu’elles partagent pour revenir vers le réel, les yeux vers la lune et le sourire sur les lèvres.
Définitivement, Poppy Fusée sait nous soigner. Et on vous conseille de rester connectés, notre interview avec l’artiste arrive très, très, vite.
PS : Et encore bon anniversaire Poppy 🙂
Tess Parks – I See Angels
Cette semaine And Those Who Were Seen Dancing, le deuxième album solo de Tess Parks (après deux opus réalisés en collaboration avec Anton Newcombe du Brian Jonestown Massacre) sort en vinyle. Et la musicienne canadienne basée à Londres accompagne cette sortie avec le clip de I See Angels, un morceau psychédélique et lumineux, le neuvième morceau de l’opus.
Les images réalisées par Joe Bressler y montrent des danseu.r.se.s improviser des mouvements dans des décors urbains, dans la ville et dans le métro de New York, avant de se retrouver en pleine nature. Tess Parks y explore un peu plus le thème de la danse comme moyen d’expression et de guérison, que l’on retrouve dans le titre de l’album et qui parcoure celui-ci. Une chanson planante qui fait du bien, d’un album qui l’est tout autant et dont on vous conseille grandement l’écoute !
Agar Agar – Trouble
En perpétuel changement d’univers, Agar Agar nous revient avec une nouvelle composition, Trouble, qui nous propulse dans un monde alternatif tissé à partir des contre-cultures dont ils s’inspirent. Dans ce titre, Agar Agar organise les premiers pixels d’un projet qui accompagnera la sortie, au début de l’an prochain, de leur troisième album. Un projet qui voyage également au-delà de la musique, avec notamment la création d’un jeu vidéo, dont ils vont se servir comme terrain d’expression et dont nous avons aujourd’hui une première vision.
Celle d’un monde semblant ouvert mais dont les frontières – car elles existent toujours- nous emprisonnent. Notyet, personnage fictif, non-player character, se trouve isolé sur une île sans qu’aucun joueur puisse interagir avec lui. Dans cet enfermement digital, on peut voir comme une allégorie ou une manière d’exorciser la période du confinement, où la journée se passait identique à celle de la veille. Une sorte de jour de la marmotte où on essayait de se réinventer et de garder espoir. Il existe quelque chose de réconfortant dans la répétition. Peut-être le fait de se dire que nous avons le droit à l’erreur, et que même si les échecs sont fréquents, ils forgent la base d’une solution. Et même si cela doit se faire avec un certain Trouble, c’est en expérimentant que l’on apprend.
L’expérimentation, c’est aussi le creuset musical d’Agar-Agar, où se mêlent rythmique et envolées électroniques, sonorités 8 bits et la voix de Clara, aux modulations changeantes. Celle qui confère au duo toute son inventivité, et qui nous le rend si délicieusement addictif.
Grandma’s ashes – Spring Harvest
Elles sont trois : Eva, Myriam et Edith, et cette semaine on découvre le clip de leur nouveau single, le sulfureux Spring Harvest. Un clip très printanier, rempli de fleurs, où se mélangent des couleurs de peintures romantiques et les contre-jours artificiels que l’on trouve sur scène ou dans les clubs. Le printemps à toujours été la saison love par excellence, on sort de l’hibernation, les couples se font, et on ne sait jamais s’ils vont durer. En tout cas, c’est une version langoureuse, sensuelle, même très charnelle, que Grandma’s ashes nous propose, mise en image par Julien Metternich. En quelques mots, le moissonnage des cœurs à prendre et des corps à étendre.
Après Daddy issue et Radish Cure, ce nouveau titre nous permet d’en savoir plus sur les trois parisiennes, qui savent parfaitement combiner tous les codes et les inspirations que le rock peut offrir. Une voix flottante, des riffs de guitare distortionnés et des lignes de basse puissantes, les ingrédients parfaits pour tout amateur de rock stoner, progressif, à voir en concert absolument.
Paprika Kinski – High With Low Expectations
Des nouvelles de Lille, avec High With Low Expectations, deuxième volet du feuilleton Paprikanesque et gouleyant de cet avant-été torride. Dans Lamento, nous avions laissé Paprika Kinski en compagnie de son gang de filles empruntées un brin déprimée après la trajectoire d’un bouchon de Muscador mal appréhendée qui avait abasourdi, au sens premier du terme, son crush tant désiré.
Dans ce nouveau titre, les frites du premier épisode ont disparu de leurs cornets pour réapparaître sous une forme aquatique. Et lorsque le swinging Lille se teinte en swimming Lille, Paprika Kinski et ses copines se métamorphosent en adeptes du Glide Pooling – version mouillée d’une Glitter Party.
Direction toutes bouées devant vers une piscine tournesol désuète, dont le bassin s’avéra malheureusement vide. Et sans eau, même avec la meilleure humeur du monde, les chorés deviennent des chlorés. D’anastrophe en catastrophe, Paprika Kinski chute et rechute. Mais gardons espoir ! L’Olympia n’est pas loin (même s’il s’agit de celui de Lomme). High With Low Expectations !
En attendant le troisième et dernier opus (comme on est un peu fleur bleue, on croise les doigts pour que l’histoire se finisse bien), rendez-vous mercredi prochain (29 juin) à Petit Bain, au pied de la Bibliothèque François Mitterrand de Paris, pour une soirée Hello Music, From Lille. En faisant tournoyer sa bouée à facettes, Paprika Kinski fera inéluctablement chavirer la salle de concert flottante avec sa dream pop pailletée.
Thom Draft – Breathtaking
Si cette semaine a été marquée par le retour de la pluie et de températures plus raisonnables, elle l’a aussi été par la sortie du premier titre de Thom Draft : Breathtaking. Composée uniquement de sonorités électroniques, la mélodie dévoilée par l’artiste joue avec les ambiances. À la fois belle et inquiétante, l’atmosphère qui se dégage de cette production apparaît comme une promesse, celle que Thom Draft saura, au gré de ses morceaux, nous immerger dans un univers complexe et sophistiqué.
Pour cette première sortie, l’artiste a également dévoilé un clip, dirigé par Valentin Guiod. Celui-ci nous place dans un monde futuriste, où les humains vivent dans une usine, branchés à des machines qui leur fait inhaler de l’air artificiel. Face à cette situation, un petit groupe décide subitement de couper leurs chaînes et de s’enfuir pour respirer une dernière fois.
The Limiñanas & Areski Belkacem – La Musique
Les stakhanovistes du rock français sont de retour ! Jamais très loin de nos oreilles, et ce pour notre plus grand bonheur, The Limiñanas reviennent cette semaine avec un nouveau titre pour présenter leur compilation Electrified, monstre de 35 titres à paraitre à la fin du mois d’août.
Et pour célébrer cela comme il se doit, ils nous offrent une lettre d’amour à La Musique en invitant le légendaire Areski Belkacem à poser sa voix sur leur trip psychédélique entêtant. L’association est aussi évidente qu’exaltante, entre la poésie rêveuse d’un côté et la montée en puissance musicale de l’autre. On se retrouve, comme souvent, entrainé.es dans un road trip sous acide où tout se fait flou et sensoriel.
Une échappée sonore et émotionnelle qui se retrouve accompagnée d’un clip lui aussi psychédélique, entre images de lives, archives de clips et incrustations de mots, le tout dans un noir et blanc légèrement éthylique, qui nous amène dans un monde en mouvement permanent ici sublimé. Du pur Limiñanas, comme on l’aime !
Ashe – Angry Woman
Ashe est de retour avec Angry Woman, un titre empouvoirant qui résonne particulièrement avec l’actualité de la semaine pour les droits des femmes.
Le clip s’inspire d’ailleurs du travail de Yoko Ono dans Cut Pièce. Cette œuvre met en scène l’artiste immobile devant une caméra, accompagnée d’assistants qui viennent découper ses habits pour qu’elle finisse nue. Dans cette nouvelle vidéo d’Ashe, le scénario est le même mais les couleurs et les accessoires de notre temps nous plongent dans une revisite contemporaine de la performance de Yoko Ono.
La californienne nous offre habituellement des titres pop et ensoleillés, mais ce deuxième single fait suite à Another Man’s Jeans sorti en début d’année lui aussi dans une lignée plus engagée. Ashe affirme son style et ses revendications, ce qui ne laisse présager que du bon pour son prochain album à venir.
Warhaus – Open Window
Une belle histoire de liberté que celle qui anime les membres de Balthazar. Quelques albums ensemble, quelques albums chacun de son côté, et ainsi de suite… Après Fever et Sand, c’est Marteen Devoldere ou Warhaus qui dégaine le premier avec Open Window, qui annonce son prochain disque et la tournée qui l’accompagnera. On y retrouve l’ambiance dandy cozy et très chaleureuse du crooner Flamand. Un premier titre qui permet de retrouver ses sensations, comme lorsqu’on change de bassin à la piscine. On se remet en confiance tranquillement avant de passer à la suite.
C’est un peu ce que propose Warhaus, avec l’incorporation d’arrangements plus riches, mais qui n’enlèvent rien au groove de l’ensemble. Côté image, on découvre le chanteur en train de déguster tranquillement un plat de moules, jusqu’à ce qu’on aperçoive des objets dégringoler, sans doute d’une fenêtre (ouverte ?). Le reste du visionnage du clip consiste alors à tenter de deviner quel sera le prochain objet à s’écraser au sol (pas de spoiler, on vous laisse découvrir ça).
Minuit 24 – Jamais Vraiment
Un petit tour du côté de Lille pour aller découvrir le troisième single des jeunes Minuit 24 et retrouver leur rock électro. Toujours une production plus léchée, plus travaillée, des arrangements riches et variés, presque un showroom de ce qu’ils savent faire. Avec une petite surprise cette fois, le mélange du français et de l’anglais dans les paroles, qui se fait très naturellement.
On découvre également un message de sororité, dont la source se trouve dans toutes les crasses qui sont faites aux femmes dans le monde, des populations afghanes privées de toute liberté aux américaines dont la liberté d’avorter est attaquée. Plus que jamais, il nous incombe d’être des alliés de cette lutte, de porter haut et fort ces messages et de jouer notre rôle afin de remporter ces combats.
C’est une facette militante qu’on n’avait pas vraiment décelée chez la bande de Minuit 24 mais qui tombe sous le sens, leur va très bien et est sublimement mise en valeur par leur travail. On espère en découvrir plus très vite !
MNNQNS – Satellite
Nos MNNQNS adorés sont revenus de leur voyage spatio-temporel et en ont profité pour sortir cette semaine le clip de Satellite, titre Space-Rock issu de leur dernier album The Second Principle. Un moyen pour eux de nous emmener un court instant dans leur univers et nous faire balader dans les époques qu’ils visitent. Ça sera cette fois les années 70, à l’occasion d’un clip divinement kitsch dans lequel les plans se mêlent les uns aux autres avec un penchant psychédélique élégant. Le groupe y est vêtu de costumes aluminés qui irradient l’atmosphère autant que leur musique.
Chanson d’amour offerte à un satellite sur fond de spleen planétaire mêlé -à l’image- de paradoxe quantique, les membres de MNNQNS nous offrent cette attitude délirante qu’on leur connaît, mise en exergue par une série de plans mythiques que la plupart des artistes aujourd’hui n’oseraient se permettre, et qui pourtant sied à merveille à ce fantastique groupe. Un rendez-vous avec MNNQNS est définitivement toujours un plaisir.
QUASI QUI — Directorial Debut
Et si on partait courir dans les champs avec QUASI QUI ? Le duo familial continue de dévoiler, pièce par pièce, leur très attendu premier album et nous offrent cette semaine Directorial Debut.
Une pièce pop sublime, très influencée par la musique orchestrale des 60’s. Une écriture subtile et superbe qui nous entraine dans un monde différent, comme dans une sorte de rêve. On ferme les yeux et on se laisse emporter par le son qui dicte nos sens et fait dresser nos poils.
Une nouvelle petite beauté qui fait du bien et qui vibre dans nos oreilles avec le plus grand des bonheurs. Que demander de plus ?