Les clips de la semaine #136 – partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la sélection numéro 136 des clips de la semaine.

Mou – Hypnotique

Hypnotique, la musique de Mou l’est assurément. Le bonhomme, tout en nonchalance, a la saine habitude de transformer la moiteur de sa musique en transe qui nous transporte dans des ailleurs bienvenus. Sans forcer, tranquillement, le grand nantais aux cheveux colorés nous charme dans un BPM qui sent bon le rêve et le pot d’échappement.

Car après avoir filé les métaphores culinaires et nous avoir parlé de sa passion canine, deux idées qui ne sont jamais très loin d’ailleurs, Mou nous parle d’amour et de mécanique, deux éléments qui semblent a priori très éloignés mais qui, sous sa plume onirique, font d’un coup très sens ensemble. C’est doux, c’est drôle, c’est fin et c’est entraînant. Bref, c’est une nouvelle belle réussite en attendant son deuxième album, toujours chez FVTVR Records.

Visuellement, c’est accompagné de ses camarades Raphaël D’Hervez et Grégoire Canut que Mou nous présente sa belle mécanique sur un parking désert. Bâche aux couleurs du ciel, voiture rétro, petites lunettes et salopette de mécano, Mou a le package complet pour nous raconter une histoire d’amour et de grosses jantes. Toujours aussi délirant et attachant, on fond comme des caramels face à ce grand dandy au flow acéré.

Party Foul – Party Foul

La musique se vit parfois au rythme d’une canaette de bière qui s’ouvre, d’une cigarette qui se consumme, d’un ciel qui se remplit d’étoiles ou d’un ciel qui défile alors qu’on est enfermé dans sa chambre en regardant l’hiver passer.

La musique de Party Foul, elle, se vit aussi les larmes aux yeux, coulant doucement alors que nos cœurs un peu cassés trouvent un écho étrange et réconfortant dans la musique de ces deux garçons séparés par l’océan.

Du DIY comme on l’aime, brut, parfois bancal, mais toujours terriblement attachant. Tout, ici, résonne une nouvelle fois la sincérité et la pureté, encore plus lorsque les deux voix se mélangent pour nous emporter.

Avec ce titre éponyme, le duo continue de nous enchanter et de nous bouleverser. Faute de fête, on se repasse se titre encore et encore, comme si on écoutait deux copains nous raconter des histoires tristes qu’on aurait vécues avec eux. C’est beau, c’est tendre, c’est humain … Que demander de plus ?

Aloïse Sauvage – Crop Top

L’artiste Aloïse Sauvage s’impose avec son dernier clip Crop Top. Un titre comme un hymne contre l’oppression et pour la libération des femmes. Aloïse Sauvage y évoque des luttes ancestrales, en invoquant sa part de “sorcière” autant que des luttes contemporaines, en rappelant certains mouvements et collectifs comme les colleuses (“Pourquoi tu penses qu’on colle des affiches ?”).

Le climax de Crop Top est l’espoir et la foi vers le changement, la déconstruction d’une identité masculine violente et oppressante : “Insoumises, pour quoi faire ? Pour être libres, pour faire taire la violence du système, je l’espère que s’ouvrira la nouvelle ère. / On s’transformera boy tu verras ce sera fascinant, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de cris ni moindre bain de sang” La chanteuse nous offre un titre emblème du féminisme, de l’égalité entre les êtres : “L’égalité avec toi mon ami, mon amant.. /L’égalité avec toi mon ami, mon amant..

Cette déconstruction passe par la révolte et le goût de l’interdit que l’on entrevoit dans un clip réalisé par Zenzel. On y aperçoit Sauvage et sa bande reprendre possession d’un stade de foot, tout un symbole dans un “lieu qui ne serait pas pour les filles”, avant de se faire stopper par l’arrivée de Reda Kateb et son chien Polo.

Squidji – Violence

Si la magie de son album Ocytocine avait opéré sur vous, le retour de Squidji avec Violence devrait vous combler. Toujours aussi sensible, il vient exposer une nouvelle fois une facette des relations amoureuses avec douceur, dans un morceau mis en images par Lucas Courtin et Hugo Gatefait. La succession de plans sobres et longs accompagnent à merveille la production de Saszy et Unfazzed. Millimétré, le visuel confirme l’évolution de la direction artistique engagée par Squidji depuis ses premiers projets. Lui qui a un goût particulier pour l’esthétique le prouve à nouveau dans ce clip. 

Paul Barreyre – Vision Claire 

Le chanteur et guitariste Paul Barreyre revient avec un nouveau titre, sorti au format d’une live session réalisée par Mathilde Hirsch. Comme pour pouvoir saisir toute la force, la vie, et l’énergie de l’instant. Cette fois-ci, il est question de rupture, ou plutôt de séparation entre deux êtres. On devine une histoire où s’entremêlent la haine, la colère, le rejet, la blessure, l’abandon, la résignation, mais au sein de laquelle apparaît un sourire comme un dernier geste d’amour : “Non tu n’auras rien à dire. Quand tu verras mon sourire. Non je n’aurai rien à dire. Quand je verrai ton sourire.” De cette page qui se tourne, Paul Barreyre parvient à donner corps à différentes émotions et états d’esprit. Il nous suffit de se laisser emporter par l’histoire que nous joue sa guitare pour tous les ressentir ; ce que parvient par ailleurs à représenter Mathilde Hirsch dans un clip épuré, minimaliste, où jouent entre elles l’ombre et la lumière. 

https://www.youtube.com/watch?v=zszg5aOVyos&ab_channel=PaulBarreyre

Rowjay x Jwles – Rowzin

Annoncée depuis un moment, cette collaboration entre le québecois Rowjay et le parisien Jwles a ravi les amateurs du genre. Tête de gondole du mouvement plug, il maîtrise le flow DMV, comme le prouve à nouveau cette sortie, accompagnée d’un clip réalisé par Manivision

Une réalisation qui voit s’enchaîner des moments de vie des deux artistes en plein Paris. 

Tous deux, avec chacun leur champ lexical propre, usent d’un égo-trip subtil montrant à nouveau la richesse de leurs plumes. 

« On mérite pas toujours de ce qu’on écope
Faut marquer l’époque comme le Coq
Parfois faut rien dire et c’est mieux
T’as le droit de le faire mais je le fais mieux »

Rowzin porte donc bien son nom, puisqu’il en ressort la fusion parfaite de Rowjay et Jwles. Sans oublier Blasé à la production, qui montre à nouveau l’étendue de son talent sur ce genre de sonorités.

Cats On Trees – Took Took

L’été rime souvent avec les premiers amours et les derniers baisers avant de se quitter. Alors, quoi de mieux comme timing pour Cats On Trees pour célébrer l’amour, avec la sortie du clip Took Took, en ce début de période estivale ? Le morceau est solaire, pop, lumineux et pétillant ! Il y a un brin d’aventure, que retranscrit  Lou Zidi dans la réalisation du clip. On suit les retrouvailles de deux femmes, amoureuses telles deux âmes sœurs. Pourtant , quelque chose plane sur le couple, comme la nécessité de se séparer, de prendre un chemin différent : « Two two two two kids on the road / Two two two two kids on the road / Two two two two kids on the road / Let’s get crazy one more night / We’re gonna lose it ». En somme, Took Took, extrait de leur dernier album Alie, semble autant un appel à l’amour qu’à la liberté, la prise de risque et l’errance. 

Alela Diane – Paloma

Alela Diane annonce cette semaine l’arrivée d’un nouvel album avec ce nouvel extrait, Paloma.

Comme à son habitude, la chanteuse de The Pirate´s Gospel nous chante une nature libre et sauvage. Écrite lors d’une tempête au Mexique, où elle était bloquée avec sa famille, la chanson décrit les éléments déchaînés et le sentiment d’impuissance des hommes dans ces conditions. 

Reconnue comme une de plus grandes chanteuses folk de notre génération, ses paroles sont toujours aussi puissantes et elle sait parfaitement faire résonner les éléments naturels à des situations humaines. 

Le clip, lui, intègre les codes des vidéos des influenceuses d’aujourd’hui avec ceux d’un ancien temps. La caméra ou le téléphone reste figé durant plus de 3 minutes filmant ainsi Alela Diane et ses deux filles qui la maquillent. Un mélange parfait des époques et des générations, qui correspond parfaitement à la chanteuse et qu’on aime toujours retrouver. 

Cirrial – Transform 

Des inscriptions sur une mallette ouverte : « Cirrial Player » et en fond sonore, les sirènes de pompiers provenant de la rue. À l’intérieur de cet attaché-case, des engrenages, qui, une fois mis en action, libèrent un son grave et lourd tandis qu’au loin les murmurations d’étourneaux nous parviennent. La caméra suit les fils reliés à cette drôle de machine. Au final, collé contre les parois d’une vitre qui tinte, un objet circulaire noir prends le pouls de la ville. Cité grise, industrielle et morne. Depuis cette fenêtre dont nous ne partirons jamais, nous observons les toits et les oiseaux. Les oiseaux. Ils volent à travers les immeubles vides, de plus en plus bas, de plus en plus denses. C’est Les oiseaux d’Hitchcock, un monde post-apocalyptique. C’est la nuée. Des ombres par centaines, par milliers, tandis que la musique s’accélère et nous prend à la gorge. En rythme, elles ondulent et tournoient jusqu’à occuper tout l’espace, dans un nuage orchestré impressionnant. 

Inspiré des courants musicaux électroniques des années 1990 tel Amon TobinCirrial produit une musique obscure, angoissante et dissonante. Un univers intrigant auquel on a envie d’apposer des formes. C’est un souhait que l’on retrouve depuis le début au sein du label Pop Noire (qu’il rejoint en 2017) : sublimer la musique par le biais d’images. 

Ce clip, Transform, réalisé par Antoine Carlier, a nécessité ainsi plus d’un an de création, mélangeant avec finesse analogique et numérique. Le projet devrait par la suite être présenté à des festivals d’arts vidéos, des galeries d’art contemporain et des institutions culturelles. 

La musique de Cirrial s’écoute avec les tripes, elle ne fait pas de bien, elle n’est pas lumineuse, mais elle appuie là où ça fait mal, là où ça pique. C’est un ensemble de textures distendues et craquelées, qu’il faut prendre le temps d’appréhender. Un projet à suivre de près. 

Lewis OfMan – Nails Matching My Fit feat. Shana

L’incroyable Lewis OfMan, s’est associé à Shanae et arrive avec un nouveau banger, Nails Matching My Fit. 

Rythme, mouvements de cam, vibe on point et looks incroyables, on s’éloigne un peu du romantisme et de l’italo disco que Lewis OfMan nous proposait au printemps avec son premier album Sonic Poems. Ici, les basses sont bien lourdes.

C’est dans un décor underground, où l’ambiance parking désaffecté vient contraster avec les ongles en acrylique bien glam, bien strass, que vient évoluer le duo et leurs platines. 

Les plans au fish eye, un peu shaky,  donnent envie d’aller les rejoindre, perchés sur ce toit pour danser sur les basses de ce banger.

Ce clip, un peu extra mais juste assez too much, illustre avec brio cet ode au bling !

Benoît Tranchand – J’essaie tous les taxis

Vous avez déjà vécu la vie à travers les vitres d’un taxi ? Regarder le monde se déplacer, si proche et pourtant ailleurs. On imagine des histoires, des moments, des passages, la nuit sous les néons blafards de la grande ville parisienne.

Cette semaine, Benoît Tranchand nous a dévoilé une chanson en hommage à ces voyageurs du rêve, ceux qui vivent la dérive nocturne entre 30 et 50 km/h, en laissant défiler leurs pensées sans cohérence mais souvent de manière poétique. En résulte une track hypnotique, longue de 7 minutes et qui se colle assez rapidement au rythme de nos cœurs. J’essaie tous les taxis est d’une beauté étrange, qui nous frappe et nous voit nous attacher à sa brutalité autant qu’à sa tendresse, s’accompagnant d’un clip fait de photographies souvent floues, nous entraînant dans le noir et les lieux d’une ville la nuit.

Les Mauves, le nouvel album de Benoît Tranchand, est attendu pour le mois de septembre chez Club Teckel et Gnignignignigni.

PIERRE DE MAERE – Mourir sur scène (Live à la Cigale)

Pierre de Maere, qui a fait sensation en début d’année avec un premier EP six titres entre pop élégante et chanson française, revient avec une reprise flamboyante. Le chanteur belge rend hommage à Dalida, à travers la reprise de sa chanson mythique : Mourir sur scène. Sur les planches de La Cigale,  dans son costume rouge 80’s, Pierre déploie une puissance vocale sans pareille, évoluant avec une assurance mêlée de fragilité sous le feu des projecteurs. L’âme des deux divas semblent ne faire qu’une, tandis qu’on l’observe de dos face au public, conquis, qui assistait à la performance. Réalisé par David Ctiborsky, le clip condense 3’22 minutes d’émotions : assurément, un grand moment de concert.

Faux Real – Full Circle

Les frères Arndt alias Faux Real ont dévoilé cette semaine Full Circle, leur nouveau single. Et comme à chaque fois, ces deux-là ne cessent d’exceller dans leur domaine. Dans ce clip une nouvelle fois réalisé par leurs soins, on les retrouve parés d’un look qui ne déroge pas à leurs règles : punk, décalé et résolument glam, le tout toujours dans cette ambiance rétro-futuriste. Avec Full Circle, Elliott et Virgil chantent la nécessité de se retrouver parmi les ruines et l’importance de célébrer le chaos tout autant que son contraire, faisant ainsi de ce cercle vicieux quelque chose de presque essentiel finalement. Un titre que l’on écoute déjà en boucle depuis sa sortie et qu’il nous tarde de découvrir dans son format live à l’occasion de leur concert dans le cadre du Midi Festival (24 juillet) ou encore Rock En Seine (28 août). On s’y retrouve ?