La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la première partie de la sélection numéro 137 des clips de la semaine.
Zimmer – Dani (ft. The Undercover Dream Lovers)
Cette semaine, Zimmer a dévoilé le troisième titre qui composera son nouvel album avec Dani. La collaboration avec The Undercover Dream Lovers produit une composition assez complexe, avec de multiples phases et rythmes.
C’est la question de l’identité qui est posée à travers ces quatre minutes de sonorités électroniques. La première phrase du morceau, « Is it a crime, to change who I am » est accompagnée d’une ligne de basse assez lourde, qui apporte une certaine obscurité. Des mains ensanglantées lancent le clip, dont l’évolution de couleurs suit celle de la musique.
La deuxième partie du titre est plus lumineuse, plus légère. La voix assez singulière de The Undercover Dream Lovers apporte une certaine touche de douceur à ce sujet si délicat.
Viagra Boys Ft. Jason Williamson – Big Boy
C’est avec un certain régal longtemps attendu que l’on découvre aujourd’hui l’un des duo punk les plus dérangés de notre époque : le chanteur de Sleaford Mods vient conforter la folie de Sebastian Murphy.
Le clip de Big Boy sort alors que le troisième album des suédois, Cave World, vient à peine de sortir. Dans une réalisation vidéoludique 3D à faire bondir le joueur du Grenier, les artistes se moquent de la vie d’un normie qui se complait dans son petit confort bien dérisoire et emmerdant, avec ses pensées viriles dépassées. Jason vient appuyer les propos de son camarade sur une rythmique purement Madchester. C’est ainsi que l’on retrouve avec plaisir l’humour décalé du groupe, ainsi que le bide à bière du chanteur de Viagra Boys.
Sierra Ferrell – Years (John Anderson Cover)
Si vous rêvez de passer quelques jours dans un bed&breakfast à Nashville, santiags et chapeau de cow-boy compris, le visionnage du nouveau clip de Sierra Ferrell est fortement déconseillé, sous peine d’achat compulsif d’un billet direct sans retour chez l’Oncle Sam.
La talentueuse chanteuse folk et country sort cette semaine Years, un titre qui vient se glisser dans un album de reprises en hommage au grand chanteur country John Anderson, à l’occasion des 30 ans de sa mort.
Les nouveaux arrangements ne défigurent pas du tout la chanson originale et la voix sincère de celle qui chante les plaines de Virginie depuis toujours rajeunit ce grand classique.
Le clip, lui, mélange bien le style moderne de Sierra Ferrell, toujours bien ancrée dans sa génération grâce à une esthétique très millenial, avec l’univers des cowboys et de l’Amérique profonde.
L’album regroupera d’autres grands chanteurs country et sera disponible le 5 août.
Crack Cloud – Tough Baby
Retour à l’état primitif pour notre collectif adoré de Crack Cloud et leur nouveau single Tough Baby. Alors qu’en mai dernier, l’excellent Please Yourself nous avait totalement séduits, les voilà de retour avec ce morceau qui ne cesse de confirmer un second album des plus délicieux et dont il nous tarde de vous parler à la rentrée.
Morceau éponyme de ce nouveau disque à la sortie imminente, Tough Baby met en lumière le concept d’évolution au fil du temps et de l’Histoire, à travers les prismes de la magie, l’imagination et du mystère, le tout porté par un regard adolescent d’antan.
Crack Cloud sera par ailleurs de passage à Paris le 27 octobre prochain au Trabendo et il nous tarde terriblement de les retrouver sur scène.
easy life, BENEE – OTT
Alors que les vacances d’été viennent tout fraîchement de pointer le bout de leur nez, voilà que l’on a déjà trouvé le morceau qui vous accompagnera pendant ces presque deux mois de chaleur intense, spritz à volonté et balades à vélo nocturnes.
Car en effet, easy life vient de dévoiler le single OTT, featuring estival incontournable en compagnie de la pop star BENEE que l’on ne présente plus, de toute évidence. Ce morceau, dont une seule écoute suffira à vous rendre complètement accro, est une sorte d’ode à la bienveillance et prône l’importance de porter de l’attention à celui ou celle qui serait en train d’emprunter le terrible chemin de l’autodestruction.
Dans le clip façon vhs des années 90 et teinté de nostalgie, on voit le groupe britannique et l’artiste néo-zélandaise, sur fond d’univers et paysages en tous genres, chanter cet hymne à la modération. Une véritable réussite, en somme.
Koudlam – My Church
Koudlam, avec My Church, dévoile le premier titre de son futur album, Precipice Fantasy, à paraître l’automne prochain chez Pan European Recording. Et n’en doutons pas, il va nous emmener loin dans son univers, qu’il prend un certain plaisir à tisser. Il existe, dans ses compositions et dans les thèmes qu’il aborde, un quelque chose qui nous attire et nous révulse. Une fascination que l’on ressent à être témoin de choses qui nous dépassent ou que l’on ne comprend pas. Toute l’ambivalence de notre société moderne tient en cela.
On retrouve ce sentiment dans la vidéo réalisée Jamie Harley. Effluves mystiques, excitation de la découverte, crainte de l’inconnu. Un lieu de culte métamorphosé en un vaisseau spatial se dirige vers un trou noir pour un dernier voyage, ou un nouveau départ. Que se passera-t-il ensuite ? « We’ll say good night here and good morning up there » semble suggérer le prédicateur John R. Rice, dont l’exergue figure à la fin de la vidéo. Mais rien n’est moins sûr, car évidemment on n’en sait rien. Il s’agit bien d’une ultime expérience, aussi attirante qu’illusoire, parce qu’on ne pourra rien en tirer. Alors, autant ne rien risquer et l’imaginer confortablement installé en écoutant My Church, le dernier morceau de Koudlam, aux accents post-new-wave.
Jacques – Kick Ce Soit
Kick Ce Soit est très certainement le morceau le plus jouissif et déglingué de l’album LIMPORTANCEDUVIDE de Jacques. Sur ce titre complètement exutoire, le rythme nous fait sursauter et sautiller de plus en plus intensément au fur et à mesure que le morceau gagne en densité. Ce Kick Ce Soit agit comme une ritournelle dont la mélodie addictive ne vous lâchera plus.
On retrouve dans le clip, réalisé par Martin Carolo, l’esprit des animation en pâte à modeler des clips de Frank Zappa et des Mother of Inventions. Quand inventivité et extravagance s’entremêlent. Et, c’est certain, après l’avoir vu, on ne regardera plus les mouches, les pâquerettes, les grenouilles, les pigeons, les fauteuils, de la même façon. Kick Ce Soit est une ode à l’inclusion sociale, à l’acceptation de soi et des autres. Car ne l’oublions pas – « Kick ce soit – Kick ce soit – J’aurais pu être kick ce soit » – il se peut que l’on soit entouré par nos propres réincarnations. Voire, aspiré par un vortex, devenir notre propre réincarnation !
NOR BELGRAAD – ALL I KNOW
En ce dimanche après midi, pourquoi ne pas s’offrir une petite ballade en forêt ? C’est en tout cas ce que nous proposent nos chouchous de Nor Belgraad avec le clip de All I Know.
Titre lancinant mais tout en tension, ce nouveau single confirme tout le bien que l’on pense du combo leadé par Clément Arnould. Une certaine nonchalance contagieuse, qui nous entraine dans un univers tout autant électronique qu’organique, nous fait tranquillement secouer la tête au rythme de ce petit bonbon un poil rêveur qui nous colle à la peau.
Autre connaissance de La Face B, c’est le bon Leo Felix qui orchestre visuellement cette promenade boisée, dans laquelle l’amour et la haine se côtoient. On regarde les évènements qui se déroulent mystérieusement sous nos yeux et on se demande si l’on est dans un rêve ou dans un cauchemar, la lentille utilisée pour réaliser cette vidéo renforçant cette sensation un poil ambivalente.
Youv Dee – Rock’n’Roll
Cette semaine, Youv Dee est de retour avec Rock’n’Roll. Et on peut dire que le rappeur/rockeur continue sa mue. Une transformation en douceur vers plus de sincérité, comme une quête perpétuelle de lui-même, une recherche sans fin de sa place dans le monde.
C’est en tout cas ce qu’il nous raconte dans ce nouveau titre, qui passe du contemplatif à une énergie folle et intense. On écoute et on observe ce garçon s’ouvrir, raconter sa vie, ses doutes, et parler de là où il vient autant que là ou il va. Car c’est ça qui est beau dans la musique de Youv Dee, c’est qu’elle évolue avec lui, avec ses envies et ses pulsions. Presque insaisissable, le gaucher fait ce qui lui plait, ce qu’il aime, ce qu’il est. Une belle leçon de musique et de vérité.
Le clip raconte tout ça aussi, la solitude puis l’entourage, se retrouver et vivre enfin avec ceux qui nous comprennent et qui nous écoutent. Il y a une forme de tendresse et de mélancolie douce dans tout ça, quelque chose de beau et d’humain qui nous touche en plein cœur.
S+C+A+R+R – Come To Me
Maintenant que la brume de mystère entourant S+C+A+R+R s’est levée, Dan Levy et son groupe peuvent se permettre de se dévoiler dans les clips du projet.
La preuve avec ce nouveau titre, Come To Me, qui nous entraine dans une maison de disques un peu en retard sur tout, et qui voit se déchainer une vraie révolte à travers la danse et l’acceptation. Une libération qui n’est finalement qu’un doux rêve et qui nous ramène à une réalité bien plus amère, sous la caméra de David Fontao.
Musicalement, la touche si unique de S+C+A+R+R est toujours aussi présente. Des notes synthétiques, du vocoder, mais surtout un flot constant d’émotions et de douceur. Come To Me parle d’amour, de tracer son chemin et de vivre la vie comme on l’entend, envers et contre tout. C’est poétique et dansant, ça frappe au corps et au coeur et cela nous fait bien plaisir de retrouver S+C+A+R+R en grande forme en attendant la suite de l’aventure !
The 1975 – Part Of The Band
Le retour le plus surprenant de la semaine est à mettre au crédit de The 1975. Si le groupe de Matthew Healy nous partage toujours certaines angoisses et une vison parfois sombre de l’existence, Part Of The Band est une véritable surprise.
Épuré, calme et doux, le groupe ne regarde pas en arrière mais fonce vers l’avant, vers une musique qui les représente et qui les fait vibrer (et nous avec). Le morceau prend des accents pop-folk, bien aidé par des cordes et des cuivres bouleversants. Le genre de morceau qui nous étonne à la première écoute et qui ensuite revient encore et encore vers nos oreilles, tant pour la qualité de sa composition que pour s’amuser à y détecter tous les petits détails qui nous font vibrer.
Pour l’accompagner, Samuel Bradley nous offre un petit bonbon en noir et blanc, en bord de mer et dans la campagne, avec le vent qui accompagne le tout. Un premier titre merveilleux en attendant l’arrivée de Being Funny In A Foreign Language en octobre.