La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Notre quatorzième rendez-vous, c’est aujourd’hui.
Oh Wonder – I Wish I Never Met You
Oh Wonder, le duo londonien le plus complice de la Terre sortira son tout nouvel album le 7 février prochain No One Else Can Wear Your Crown. Anthony et Josephine ne cessent de nous séduire avec leur pop alternative toute en douceur. Parti de rien, ce duo londonien doit son succès à son humilité et sa candeur, sa recette est simple : des mélodies pop à l’instrumentation soignée associées à des paroles qui nous touchent d’une part par leur simplicité mais d’autre part car elles se révèlent être des histoires de vie qui résonnent en chacun de nous. Cette semaine, c’est dans un clip esthétique et sombre pour I Wish I Never Met You que Josephine se livre et fait ce que chaque personne ayant déjà été trahie lors d’une relation rêve de faire : tourner la page et envoyer balader ce mauvais souvenir. De l’amour aveugle au fait de briser ses chaînes et d’être enfin libéré, chaque concept de la relation toxique est ici représenté dans le clip.
Gabriel Auguste – Tu danses
Parce qu’à la Face B on aime bien les synthétiseurs analogiques et vous faire découvrir les pépites de demain, on vous partage le clip de Tu danses de Gabriel Auguste. L’ancien de Wall of Death a troqué le rock pour une pop solaire et colorée. Il nous le prouve avec ce clip d’un niveau de mignonnerie assez élevé. Mouvements de danse répétitifs, stop-motion et couleurs vives nous replongent dans univers étudiant, lieux des premières amourettes et donc des premières déceptions amoureuses. L’esthétique est léchée et la réalisation de Chloé Claverie rend un bel hommage à la danse à laquelle nous invite Gabriel Auguste. On a hâte d’en entendre plus et de découvrir ce nouveau projet sur scène.
SAÏKALY – I Don’t Want
Dans la foulée de la sortie de son nouvel album Quatre Murs Blancs, Mathieu Saikaly nous propose un nouveau clip pour le morceau I Don’t Want. Il met en scène des enfants qui se rebellent et qui symbolisent les nouvelles générations qui n’acceptent plus les dérives, les écarts et les intolérances de ceux qui les ont précédés. Plein de sensibilité et d’authenticité comme à son habitude, il nous offre une vision à plusieurs niveaux de lectures. De plus, il met en image un titre qui transpire de fraîcheur malgré l’expression d’une colère évidente. Saïkaly réussit ici le pari de d’allier ces deux messages afin de compléter le triptyque lié à son album après Mama Oh I Swear et Je ne me souviens de rien.
Lou-Adriane Cassidy – La pluie ne tombe jamais sur toi
En début d’année, Lou-Adriane Cassidy nous avait enchanté avec un premier album C’est la fin du monde à tous les jours, un album doux-amer, porté par jeune femme qui avait énormément de chose à dire. Il faut croire que l’inspiration ne l’a pas quitté puisque la voilà déjà de retour avec un nouveau titre, La pluie ne tombe jamais sur toi. Coécrite avec la poétesse Élise Jetté parle d’une relation qui tangue, de la peur que cela inspire et des sentiments qu’on finit par taire à l’autre. Musicalement, la jeune femme s’est tournée vers une ambiance plus directe, presque rock par moment, pour un titre aussi énergique que doux et qui par moments fait gronder la tempête pour notre plus grand plaisir. La vidéo de Gabriel Lapointe, joue entre vidéo et roman photo, s’inspirant d’un étrange fait divers qui a vu une jeune femme qu’on pensait portée disparu participer aux recherches de sa propre disparition avant de réaliser que c’était elle qu’on cherchait. Étrange, nocturne et entêtant à l’image de la chanson. La jeune femme devrait revenir au printemps pour une tournée en France, on a hâte de la revoir sur scène.
VIDEOCLUB – Mai
Il existe des groupes qui en trois minutes nous font retrouver l’insouciance et l’innocence qui s’usent avec le temps. Une simplicité et une tendresse qui nous donne juste envie de sourire et d’appuyer sur replay comme on appuyait sur le ventre de notre nounours enfant pour l’entendre dire « je t’aime« . C’est sans doute la plus grande réussite de Videoclub et elle tient sans doute à leur jeunesse : ces deux là ne se posent pas de questions, ils font ce qu’ils aiment, ensemble et ça fait mouche (en tout cas chez celui qui écrit ces lignes). Mai, mois ou le soleil et la douceur reviennent, c’est le titre de la nouvelle chanson du duo. Amours adolescent, naïveté qui agit sur nous comme un aimant, le duo a définitivement trouver la formule pour attendrir nos cœurs. La vidéo d’Hugo Pillard (qui commence a être abonné à cette rubrique) retranscrit bien cette idée du tout possible autant que la douce mélancolie qui porte Videoclub, tout en jouant une nouvelle fois sur cette idée d’un territoire sans temps, sans date prédéfinie et gorgée d’une cinéphilie que l’on partage avec eux. Bref, c’est une nouvelle fois du tout bon pour un groupe qui se dévoilera sur scène en 2020 avec de nombreux passages à la maroquinerie mais aussi au grand mix dans le cadre du Pop Factory.
Black Bones – Suddenly
Anthonin Ternant est un être aussi fascinant qu’il est multiple. Le garçon a eu 1000 projets qui nous ont tous touché et passionné. Il a décidé de tous les réunir sous l’étendard de Black Bones avec Marianne Mérillon, transformant le projet à la base très rock en une explosion créative diverse. Suddenly explore une part moins dansante que Destiny, moins frontale que Kili Kili. On est ici dans le versant onirique du groupe, dans une certaine mélancolie rêveuse ou les mots se répètent et nous bercent. Un joli moment pour un dimanche sous la couette qui s’en trouvent renforcer par l’autre facette d’Anthonin Ternant : son talent d’illustrateur à qui il fait prendre vie dans ce clip en noir et blanc ou se croisent des fruits géants, des animaux légendaires et Anthonin et sa guitare. Bref une nouvelle fois, Black Bones nous emmène dans son univers fou et foisonnant qui annonce un nouvel album qu’on a hâte de découvrir.
Pépite – Monte-Carlo
Quel sens aurait notre sélection des clips de la semaine sans mentionner la dernière beauté visuelle de Pépite ? Absolument aucun ! Avec Monte-carlo, loin de nous les jours gris, l’amertume et la fadeur de cet automne sans fin. Cette invitation à flirter avec la côté d’azur l’espace de quelques minutes nous est offerte par Edouard et Thomas qui se sont encore une fois bien entourés puisque c’est le nom de Robin Lachenal (Tant de Peine) que l’on retrouve aux commandes de ce bijou vintage. Derrière le côté bling-bling et copieusement étourdissant de Monte-carlo, les sentiments subsistent et l’amour persiste. Thomas incarne ce personnage pour qui le quotidien demeure insignifiant lorsqu’il n’est pas aux côtés de sa moitié et Edouard en modèle et fidèle groom, se présente comme la jonction entre deux cœurs et le sauveur d’un amour pour lequel la distance semble être son pire ennemi. Alors merci Pépite pour ce clip qui égayera sans nuls doutes notre dimanche pluvieux mais aussi pour la musique qui ne cesse de nous transporter dans les ailleurs d’un monde meilleur et où tout semble plus doux. On se donne rendez-vous au Trianon le 24 Janvier 2020 !
Lesneu – Girls Night
S’il y a bien un album que l’on s’impatiente de découvrir pour cette nouvelle décennie imminente, c’est celui de Lesneu. À la tête du groupe, on y trouve l’unique et inégalable Victor Gobbé, l’un des membres du projet à la magnificence innée qu’est The Slow Sliders. Et pour son retour, Lesneu nous a dévoilé cette semaine le premier single de son second opus, Bonheur ou Tristesse, à paraître en mars prochain. Avec Girls Night, les genres sont bousculés, les rôles intervertis et on y trouve ainsi les membres du groupe travestis en femmes, et c’est peut-être là où l’implicite se présente. L’envie de bousculer les codes d’une part, et de comprendre et saisir toute la subtilité d’une soirée au féminin, univers plein de mystère et pourtant pas si différent que son contraire. Le tout sur fond d’une pop mélodieuse et mélancolique à souhait, signature d’une excellence sans pareil. Ce premier single chargé d’émotions dévoile les prémices de cette seconde aventure que l’on s’impatiente de découvrir depuis la sortie de Lovin’ il y a maintenant deux ans… Alors vite 2020, on t’attend de pied ferme !
Stan Bridge – Lion
Après avoir fait des hits pour 4Keus Gang, Doks ou encore Eva, Stan Bridge décide de se lancer en solo. Faiseur de tubes pour les artistes cités précédemment, il connait donc la recette du succès. Entre la trap et un rap bien calibré, il sait ce qu’il fait et cela se ressent. Les sonorités sont très actuelles et donc efficaces. Quant au visuel, lui aussi est efficace et soigné. Plongé dans un milieu exotique, l’artiste se retrouve en plein forêt. Et comme le titre le laissait prétendre, on retrouve un lion dans ce visuel. Le jeu avec les couleurs est parfaitement bien réalisé. Les couleurs rouge et noir prédomine, que cela soit par le lieu de tournage ou par les habits du rappeur. On y retrouve aussi une femme habillé telle une samouraï aussi en rouge et noir. Un clip aux allures asiatiques qui s’offre le luxe d’un magnifique temple. Pour finir par quitter cette nature, pour des ruelles sombres ou la femme samouraï c’est transformé en femme d’affaires trainant dans des affaires assez louche. Un clip bien calibré et intrigant pour un artiste qui est en pleine expansion.
Lonepsi – Je suis partout ou que j’aille
Lonepsi, c’est une étrange confusion, on ne sait pas vraiment dans quel style le cataloguer, rap, slam, poésie ? Impossible de trancher. Et c’est cela aussi qui rend sa musique si unique. Poète du 21ème siécle, inspiré par le rap, son quotidien et ses sentiments, il arrive a regrouper le tout dans des textes d’une finesse rarement égalé. Souvent mélancolique, le titre de son dernier morceau annonce déjà la couleur. La notion de trajectoire émise dans le titre colle avec le début du clip où l’on voit l’artiste courir dans un champ, seul. Des plans de lui jeune et de lui actuellement s’entrelacent, pour au final courir l’un avec l’autre. Essoufflé, Lonepsi décide prendre la voiture pour accompagner son lui du passé, plus loin toujours dans la campagne. Il a du mal à composer avec le jeune Lonepsi qui fait figure du passé le rattrapant mais se rend bien compte qu’il doit composer avec son passé pour avancer. Ils décident donc de se stopper pour se reposer en pleine nature. En se promenant, ils vont découvrir une femme près d’une maison. Cette dernière va lui rappeler des souvenirs d’enfance dans sa chambre. Le décor a donc changé et on se retrouve dans la chambre de Lonepsi. Après une dernière balade nocturne, le clip se termine. Touchant, authentique et poignant autant de caractéristiques qui peuvent à la fois convenir pour ce clip mais aussi pour la musique de Lonepsi.
Nicolas Godin – The Foundation ft. Cola Boyy
Nicolas Godin a toujours la tête tournée vers l’espace. Quelques semaines après nous avoir dévoilé The Border, le voilà déjà de retour avec The Foundation nouvel extrait de Concrete and Glass prévu pour le 24 Janvier. Il partage ce titre avec l’excellent Cola Boyy, le faisant sortir de sa zone de confort groovie pour l’emmener vers une zone musicale plus sensuelle et spatiale, même si le garçon garde toujours cette veine politique dans ses paroles ou il nous explique que nous pouvons toujours faire changer les fondations sur lesquels nous sommes basés et qu’on peut y trouver une issue comme une fin. La vidéo de Greg Barnes évolue elle aussi dans cette ambiance de science-fiction réaliste puisqu’elle nous présente l’entrainement d’une spationaute jusqu’à la découverte d’une nouvelle planète qui pourrait nous sauver. Le futur est toujours en ligne de mire comme une zone de recommencement et de changement. Reste désormais à découvrir le reste de l’album sur lequel on croisera notamment Kirin J Callinan et Alexis Taylor.
Mélodie Lauret – quand j’entends les gens
Au coeur de l’univers visuel que s’est construit Mélodie Lauret, il y a la nuit. Elle est toujours présente dans ce troisième clip réalisé par Guillaume Genetet. La nuit terrain de tous les possibles mais aussi terraint de contemplation. Qui n’a jamais regardé les autres en soirées ? Qui n’a jamais, avec curiosité, écouté les conversations qui ressortent du brouhaha de la nuit ? C’est ça que raconte Mélodie Lauret dans quand j’entends les gens, extrait de son premier EP 23h28. Entre un refrain chanté et des refrains presque parlé ou elle se transforme en conteuse, la jeune femme explore ses pensées, et celles des autres, sur des rythmiques plus électroniques et enlevées que ses précédentes chansons. Une manière de montrer que sa palette musicale évolue et de nous surprendre avec ce titre accrocheur.
Juniore – Ah bah d’accord
On en parlait la semaine dernière avec Baxter Dury, il existe des groupes qu’on reconnait en une note et qui nous mettent en joie. C’est le cas de Juniore et ses ambiances yé-yé intemporelle, ses rythmes endiablés et son style qui fait basculer le compteur de la coolitude dans le rouge. On avait déjà découvert l’excellente Ah bah d’accord plus tôt dans l’année, la voilà qui se pare d’un clip et qui annonce un nouvel album avec elle ainsi qu’une maroquinerie pour 2020. Le clip de Julia Grandperret qui semble être une suite direct de En Solitaire, joue avec délice de des influences rétro du groupe, mixant avec bonheur un karaoké visuel accolé à une sublimation du roller-disco. On se retrouve ainsi dans une bulle enchantée, souvenirs fantasmés d’une époque que personne n’a vécu mais dont on rêve tous.
Mokado – Afe
Musique électronique et danse, on toujours fait bon ménage. L’expression du corps à travers la musique étant un élément important pour ce type de musique, expression qui peut être à la fois politique, poétique mais qui reste toujours un moyen de diffuser des sentiments, des sensations, des émotions. C’est ainsi que vit Afe, le titre de Mokado sous la caméra de Will & Joan. Clémence Juglet nous embarque ainsi dans un univers chorégraphié et intense qui nous bouleverse, bien aidé en cela par la musique de Mokado, aussi atmosphérique qu’elle est efficace. Le jeu de miroir des émotions jouent ici à plein entre les images et le son, la musique de l’artiste ayant été inspiré par des carnets de voyage de son arrière-grand-père. Une manière de rendre hommage à l’histoire familiale tout en transformant le papier et l’encre en son. Le tout donne Ghost, nouvel EP prévu pour pour le 31 janvier 2020 qu’on pourra découvrir au Pop-Up en live en février.
PEROKE – MINAUTOR
Le personnage principal de ce clip est une femme, telle une amazone à dos de cheval, elle cavale dans les prés, entourée de taureaux; sûre d’elle, elle ne se laisse pas intimider par les approches douteuses de certains types.
C’est accompagnée de son mec qu’on se lance dans une folle aventure, on assiste à un braquage digne de Bonnie and Clyde et on se laisse entraîner dans une corrida des temps modernes ou le taureau se transforme en scooter et la torera n’étant autre que notre personnage en robe de mariée, on se place en témoins de la transe amoureuse des deux protagonistes, vivant leur amour à 100%, plus rien n’existe autour d’eux, seule leur complicité inébranlable apparaît à l’écran et est bercée par la musique enivrante de Peroke. Dirigé par Jonathan Schupak, le clip est un véritable plaisir visuel et auditif à consommer sans modération, parce que putain qu’est ce que c’est beau et intense de s’aimer !
Alex Van Pelt – Computer Screens
Avouez-le, on a tous eu un semblant de relation virtuelle, partager une danse dans le monde des sims avec quelqu’un cela n’a finalement rien d’atypique.
C’est ces relations qu’on idéalise, la distance laissant une part de doute sur la personne et ce flou possède le don de plaire et d’instaurer un charme indescriptible à la relation qui se construit. Seulement voilà, un écran nous sépare, et on ne peut malheureusement pas rentrer dans l’ordinateur, la relation en reste donc à des paroles et la rencontre reste un épreuve difficile à envisager.
C’est une ballade de nerds emplie de douceur et de tendresse dont nous gratifie Alex Van Pelt.
Dans cette vidéo, c’est pour les beaux yeux d’Anitra Lourie que le petit coeur de l’artiste fond et se laisse emporter dans un spleen virtuelA l’heure des relations par écrans interposés, c’est dans le mile qu’Alex Van Pelt vient tirer, sous la direction de Norma on se remémore très facilement les longues discussions nocturnes avec cette personne qu’on ne rencontrera certainement jamais, et c’est peut être là tout le charme de ces relations…
Barry Moore – The Tide
Ce qu’on aime dans les clips, et la raison principale de l’existence de ce rendez-vous, c’est lorsqu’ils transfigurent leur propre utilité pour devenir autre-chose, pour trouver une vie qui leur est propre et se transformer en court métrage (tout en restant un moyen génial de mettre en avant la chanson qu’ils accompagnent). Le clip de Aube Perrie pour The Tide de Barry Moore fait parti de ceux-là. Entre jeux d’enfants et violence adulte, univers froid et cynique, humour noir et un côté absurde assumé, la vidéo nous ramène dans un monde qui nous est familier, se rapprochant méchamment des premiers films de Guy Ritchie, ceux qu’on a adorait avant qu’il ne se perde avec Madonna. Bref on en redemande surtout que le titre de Barry Moore colle parfaitement, une pop efficace à l’anglo-saxonne, habitée et puissante qui nous fait tranquillement bouger la tête et entre facilement dans nos oreilles. De bonne augure avant un premier EP prévu pour le début d’année 2020.