La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la seconde partie de la sélection numéro 143 des clips de la semaine.
Mou – Fleurs
Avec Fleurs, Mou nous prend une nouvelle fois au dépoté. S’il nous a habitués à naviguer en Ford Fiesta ou à tomber en pâmoison devant Sophie Marceau en regardant les Victoires de la Musique, on ne s’attendait pas à le voir glaner les toupillons. C’est le bouquet !
« Comment me passer de ton sourire, je fais de la place pour le garder comme souvenir »
Avec son flow nonchalant bercé par le saxophone de Saintard, Mou effeuille, une à une, les pétales de la corolle de nos sentiments. A l’aube d’une nouvelle floraison, faisons tous ensemble le sarment du jeu du pot de fleur. Car à n’en pas douter, cette fleur est le terreau de l’artiste.
Mélissende – Que les rêves
Dans Que les rêves, Mélissende évoque ces moments nostalgiques où l’on pense aux personnes qui nous étaient chères et qui ne sont plus. Il ne reste alors plus que nos rêves pour revivre et partager des moments avec elles.
« Il y a tous ces souvenirs qui s’accrochent en nous, toutes ces fois où je crois que je te vois »
Une douce mélodie jouée au piano sert d’écrin à la voix aérienne et presque insaisissable de Mélissende. Comme une marée qui monte et qui recouvre nos souvenirs, ceux qui deviennent avec le temps évanescents mais qui reviennent en nos mémoires par bribes. Ils forment l’estran de notre conscience. On aime s’y perdre et s’y retrouver.
C’est la poésie de ces moments suspendus que le collectif de La Piscine Mon Amour ! a pu capter et sublimer. Un jeu de trois couleurs aux teintes mordorées, bleu azur ou rouge carmin, baigne les tableaux dans lesquels s’animent les images. Mélancoliquement, elles nous mènent le temps d’un rêve du Passage du Gois au Mont Saint Odile, entre ciel, mer et terre.
Mélissende sera sur scène à Paris aux Trois Baudets mercredi prochain (28 septembre 2022). N’hésitez pas à aller partager avec elle ces moments.
HIPPO – J’AIME PAS DANSER
A 30 jours du début de son nouveau spectacle l’Odyssée d’Hippo, Hippocampe fou est challengé par sa productrice pour qu’il s’occupe du dernier point encore en souffrance : sa chorégraphie. Il l’avait jusqu’à présent, inconsciemment, occultée car pour lui : Déni de la danse, tel est son nom de code.
Mais comment apprendre à danser ? Regarder YouTube n’est pas une bonne idée. Les vidéos de chiens se trémoussant ou d’apprentis robots se tecktonikant ne lui suffiront pas à progresser
Hippo soit qui mal y danse. Il s’embarque avec les experts des Electro Street pour une mise à niveau intense et accélérée qui le transporte, plus d’une fois, vers le royaume des mille et une gigues.
Reconnu par son flow très caractéristique, si prompt qu’il peut battre à plat de couture Flèche Bleue (le serpenteau le plus rapide du monde), Hippocampe Fou tient une place singulière dans le paysage musical français, en mêlant à son talent de musicien un humour empreint d’une autodérision percutante. On adore, toujours et encore !
Alors, à bon écouteur, salut ! La bande originale de son spectacle L’Odyssée d’Hippo sort dans un mois. J-30 ! Tout juste le temps, pour vous, de réviser vos pas de danse.
Lydsten – GRENAT
Jusqu’ici, Lydsten nous avait dévoilé son univers à travers des sessions lives stylisées. Alors qu’il se produira ce mercredi à La Boule Noire avec son pote ABRAN, pour lancer leur label Reliefs Records, le nordiste nous livre cette semaine son tout premier clip, pour son titre GRENAT.
Une étape importante et parfaitement réussie, grâce au travail de CIEL ROSE, qui perme au son et à l’image de fusionner parfaitement.
Dans une carrière au style hors du temps, on regarde ce personnage creuser, évoluer à la recherche d’un trésor dont lui seul semble avoir le secret. Tout ici est parfaitement chorégraphié, laissant les moments de colère exploser comme si il faisaient partie du morceau jusqu’à la découverte de cette pierre étrange, ce grenat qui semble ouvrir l’aventure vers une autre histoire.
Musicalement, comme toujours, Lydsten nous offre une lente montée en tension, qui se dévoile par strates de couches de synthés analogiques qui nous entraînent dans un univers fort où la puissance laisse toujours respirer la délicatesse et l’émotion.
Une nouvelle pierre à l’édifice du musicien, en attendant l’arrivée de son nouvel EP.
ALTO – 12
On n’est jamais mieux servi que par soi même, ALTO en est la preuve vivante. N’ayant pas les moyens de s’offrir un nouveau clip en prise de vue réelle, le talentueux musiciens s’est donc lancé dans l’aventure de la vidéo animée, qu’il réalise lui-même pour son titre 12.
Grand bien lui en a pris, puisque son morceau au groove lancinant et à la nostalgie rêveuse se trouve un pendant visuel parfait, se permettant toute la douceur nécessaire à ce retour vers l’être aimé, à cette quête insensée des moments perdus.
ALTO animé part donc à l’aventure, dans la quête étrange d’une chimère ombragée, traversant des univers désertiques se transformant petit à petit en forêt luxuriante, comme si la visite de ses pensées permettait de faire refleurir ses émotions.
L’image est naïve et pure, intense et onirique comme il faut et on se plait à explorer cet univers où le son et l’image se mêlent si bien, guidés chacun par la force de conviction et les skills sans limites d’ALTO.
Françoiz Breut – La fissure
Si lors de notre dernière chronique sur Françoiz Breut, nous évoquions un voyage en forêt avec le titre La fissure, le clip accompagnant ce morceau a finalement plutôt des airs de jungle urbaine. L’artiste s’accompagne une nouvelle fois de Simon Vanrie à la réalisation, ayant déjà réalisé toute la foule urbaine illustrant le morceau Dérives urbaines dans la ville cannibale. On y aperçoit des plaines d’acier, des arbres métalliques, des cheminées ainsi que des décors d’usines. Comme au sein du morceau, Françoiz Breut est accompagné de Jawhar, dont la manière de chanter nous rappelle Bertrand Belin.
Tocny – Addiction
Passant par divers styles, Tocny est un peu un touche-à-tout de la musique. Avec Addiction, titre provenant de son dernier EP Eleutheria, le jeune artiste montre à merveille qu’il réussit à manier autant la plume que le choix des images.
Sur des sonorités entraînantes, le clip met en scène le rappeur enchaîné à une femme qui détient la clé de sa liberté. Cependant, il parviendra à se libérer de ses chaînes pendant la deuxième partie du clip, où une course-poursuite éclate. Il est finalement rattrapé, et le spectateur comprend qu’ils ne font qu’un. Il s’agit d’une belle métaphore sur les addictions, qui font partie intégrante de Tocny et des créations de celui-ci, pour développer son univers musical.
Avec un univers original et des musicalités variées passant de sons entraînants à des ballades introspectives et mélancoliques, Tocny est une pépite à suivre pour cette année.
Jeune Austin – Raison&Feelings
Cela fait un petit moment que Jeune Austin commence à affirmer sa patte et rien n’est plus agréable que de faire face à un artiste qui s’éclate tout en sachant où il va. S’il garde toujours une grande part pour l’introspection, il arrive maintenant à la porter sur des productions plus ambitieuses, et Raison&Feelings en est un parfait exemple. Commençant avec un piano-voix porté par les mélodies glaciales du jeune artiste, le morceau prend un tout autre tournant quand il va titiller des sonorités plus électroniques, ouvrant un univers bien plus onirique, que porte sa voix à merveille.
Il accompagne le tout d’un clip réalisé par CEOSAB, qui porte le morceau par sa qualité et sa minutie : de la lumière au décor, en passant par le montage, tout se confond à merveille avec l’ambiance du morceau, une réussite totale.
blond – Pour la vie entière
blond, ex moitié du groupe indie Bel Plaine, revient sous les projecteurs avec le rythmé et enthousiasmant Pour la vie entière. Sur un groove inchangé aux accents psyché délicieusement rétro, la réal impeccable signée Jade De Brito nous offre un rab d’été bienvenu.
La palette chromatique tressaute, soubresauts orangés façon captation Super 8 qui nous égarent, rêveurs, dans un Paris sur-colorisé. Dans une alternance de plans resserrés sur des visages abandonnés à l’instant, ou saisis de rires fous et la caméra à l’épaule, captant des scènes solaires, l’image illustre parfaitement l’élan des sentiments dépeints par les paroles.
Au gré de moments volés à l’enfance et à l’adolescence qu’on voudrait prolonger encore, de la Foire du Trône aux friperies regorgeant de trésors, les protagonistes déchaînent leur envie de vivre plus fort, envoyant valser les conventions. Pris dans un tourbillon de désirs, de danses, de mode qu’on chine et de musique, ces moments suspendus entre ciel et Terre nous rappellent que finalement, tout n’est que performance… Et qu’il ne tient qu’à nous d’en faire autant.
Luke Anger – Extase
Luke Anger nous partage son extase amoureuse, avec sa dernière sortie, intitulée Extase. On retrouve là l’identité électronique du musicien, pourtant, via des airs qui tendent plus vers le rock, la punk semble se dessiner. Luke Anger évoque l’état d’extase dans lequel il se trouve : amoureux d’une certaine Alicia. Un amour que l’on devine à l’image du clip, c’est-à-dire rempli de nostalgie, de tendresse, de liberté, d’insouciance, voire même de naïveté. Car le clip nous montre un amour naissant entre deux enfants, devenus adolescents.
Ko Shin Moon feat. Mélina Vlachos – Dari Dari
Le groupe Ko Shin Moon a l’habitude de nous faire voyager. Cette fois-ci, on se retrouve à Marseille, pour recréer une Grèce antique mystifiée. L’artiste d’origine grecque Mélina Vlachos réinterprète le titre Dari Dari, une chanson traditionnelle grecque. La version est pétillante et dansante… voire enivrante ! Si la traduction de la chanson peut être complexe, elle semble évoquer l’histoire d’un passant, et d’une histoire d’amour qui aurait pu se faire. Ce qui est repris avec amusement dans le clip. On y aperçoit Mélina Vlachos traverser les âges et les temps à la recherche de retrouvailles avec son âme sœur.