La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 144ème sélection des clips de la semaine.
MAGENTA – Content (Edit)
On le sait depuis leur premier titre, la musique de MAGENTA a tout de la Catharsis. Une évacuation par la danse et par les mots, une expression des sentiments qui brûlent et qui ne demandent qu’à sortir.
Avec Content, le groupe ne fait pas exception à cette règle mais ralentit légèrement le rythme, comme une pause pour se donner le temps de respirer. Cette baisse de tempo permet surtout d’extérioriser des idées, le morceau pouvant être vu autant comme un dialogue intérieur que comme une lettre ouverte à un ami. Un besoin de camaraderie, de soutien et d’amour qui inonde ce morceau à la douceur contagieuse et à la sincérité qui nous fout les poils.
En cette période de l’année assez compliquée, qui voit le soleil décliner et la tristesse tenter de remonter à la surface, la mise en avant de ce morceau a tout de logique, tant il fait l’effet d’un réconfort aussi inattendu que bienvenu.
Pour l’accompagner, MAGENTA laisse la caméra C14BONE qui nous entraîne dans un road-trip d’enfermement assez étrange. On suit le quotidien presque aliénant d’une personne alors que défile derrière elle les lieux, les villes et les heures. On suit cette aventure entre deux murs et on regarde cela comme un espèce de trip mental, le héros de la vidéo s’enfermant dans une routine presque assassine avant de finalement délaisser son canapé pour repartir vers l’extérieur et vers les autres.
Une histoire qui, comme toujours, colle parfaitement à la musique du groupe parisien.
Bibi Club – Le matin
Paru à la fin du mois d’août, le premier effort de Bibi Club est en rotation presque quotidienne dans nos oreilles. Une obsession qui s’explique par le talent du duo pour les ambiances et les mélodies, nous entraînant à chaque morceau dans un monde différent, rempli de beauté et de douceur.
La preuve avec Le matin, un morceau aussi simple qu’entêtant qui décrit à la perfection le réveil de deux amoureux, bercés par l’amour et les guitares qui sonnent ici comme des carillons poussant à quitter le lit alors qu’on n’a au fond qu’une envie : rester les yeux dans les yeux avec l’être aimé.
Pour la vidéo, le groupe fait une nouvelle fois confiance à Léa Taillefer, qui nous offre un film sur pellicule, sensuel et majoritairement en noir et blanc dans lequel on suit Bibi Club en plein instant de tendresse partagée.
Une nouvelle vidéo qui nous permettra de patienter avant de les retrouver dans 10 jours au MaMa Festival.
Hey Hey My My- High_Life
Au mois de Juin Hey Hey My My présentait Amber Alerts, qui nous avait mis l’eau à la bouche, et c’est en cette arrivée d’automne que le duo français créé par Julien Gaulier et Julien Garnier nous offrent un second single intitulé High_Life. Deux ans après l’album British Hawaii, le groupe, connu pour leur ballades folk mélancoliques inspirées de Neil Young, revient avec un titre rock et flottant comme on les aime. Quelle est votre définition de la High Life, que souhaiteriez- vous trouver dans cette mallette? Peu importe la réponse, la finalité reste bien que tout se paye.
Dans un clip lumineux de Lucas Poisson, HHMM nous propose une nouvelle illustration de ce pacte Faustien dans le superbe décor du motel les Cabanettes à Arles. Hey Hey My My, depuis 2007 et leur premier album éponyme, nous rappelle d’être toujours en alerte, car passer à côté de pépites comme High_Life serait vraiment trop dommageable.
ELEPHANZ – Time For A Change (Can You Feel It) Ft. Liv Del Estal
Cette semaine, Elephanz célèbre les dix ans de leur tube Time for a change (Can you feel it). À l’époque, le titre électro pop avait permis aux deux frères de se faire connaître du grand public. Il est d’ailleurs toujours beaucoup utilisé sur les réseaux sociaux.
Pour cet anniversaire, le groupe nous propose une version revisitée avec en guest Liv Del Estal. La chanteuse, découverte via plusieurs émissions musicales, vient apporter sa touche pop et poser sa voix sur des couplets traduits en français pour l’occasion.
Cette version rafraîchie s’accompagne d’un clip tourné en pleine canicule cet été dans less fameux studio Ferber. On y découvre le groupe, chemise en sueur dans une esthétisme vintage. Tous sourire aux lèvres, ce réarrangement fait du bien et on hâte de découvrir leur prochain album, prévu pour 2023.
Denzel Curry – X-Wing
L’année 2022 a vu les talents du Rap US valider tout leur potentiel en sortant des projets aboutis. Denzel Curry fait partie de ces artistes ayant confirmé les attentes placées en lui. Avec le clip du morceau X-Wing, présent sur son album Melt My Eyez See Your Future, le floridien continue à étendre l’univers de son disque.
La vidéo accompagnant ce morceau dépeint un univers nocturne inspiré des mondes de science-fiction. On y voit notamment une référence à Star Wars dans le titre de ce dernier et le vaisseau présent dans le clip, ou encore l’esthétique adoptée. Les trois minutes présentent Denzel Curry au visage fermé, s’isolant du reste du monde dans la nuit de ce qui semble être une ville asiatique, prenant la forme d’un justicier.
Voilà donc un nouveau prétexte pour se replonger dans ce qui semble être un des incontournables du Rap américain de cette année !
The Psychotic Monks – Post-Post-
Ça y est ! Enfin ! Après avoir tourné presque non-stop depuis la sortie de Private Meaning First, The Psychotic Monks reviennent avec un nouvel album en février prochain ! Pour nous faire patienter, ils nous offrent un single, Post-Post-, accompagné d’un clip épileptique.
On attendait ça depuis un moment. Quel plaisir que d’entendre à nouveau les guitares déchaînées et le chant délicieusement nihiliste d’un des groupes de Post-Punk les plus brûlants de ces dernières années. Résolument Punk, ce nouveau titre (de huit minutes tout de même) est viscéral, galvanisant, explosif. Plutôt dansant au début, on retombe vite dans le déferlement noise auquel nous avaient habitués le groupe. Toujours aussi révoltés, toujours aussi tranchants et sans concession, on découvre cependant un aspect moins sombre qu’à l’habitude. Le morceau est ici très énervé, très vindicatif.
Le clip l’est aussi. Réalisé par Clara Marguerat, avec la performance de Nixe Amère, le clip est vraiment psychotique. Beaucoup de choses défilent devant nos yeux ébahis. Les images finissent par se déformer, les couleurs deviennent surréelles et sur-saturées. Souvent exaltant, parfois malaisant, on retrouve la hargne et l’urgence qui font la patte des Psychotic Monks.
On éprouve une hâte non-dissimulée à l’idée de découvrir ce que le groupe nous a concocté pour le 03 février. En attendant, il faudra se délecter de cet incroyable déferlement Punk.
The Haunted Youth – Teen Rebel
Les flamands de The Haunted Youth viennent de sortir le clip de leur premier single, Teen Rebel. Le jeune groupe avait répandu sa pop psychédélique nébuleuse avec ce splendide morceau au tout début de l’année 2021, et met enfin des images sur ce titre empreint de nostalgie et teinté de rock alternatif, dans la veine de DIIV.
Avec un texte qui s’attaque directement au cœur (« Adolescent rebelle et adorable, tu marches jusqu’à la porte, adolescent rebelle / Tu t’évanouis sur le sol, adolescent rebelle / Tu as toujours voulu quelque chose de plus ») et une instrumentation brumeuse aux accents shoegaze, The Haunted Youth avaient pas mal fait parler d’eux. Il faut dire que leur son parle à une transversalité de générations, au moins depuis celle qui a été bercée au son des nineties. Une douce mélancolie qui semble renfermer une violence sous-jacente, des guitares noyées de reverb et des mélodies enivrantes, le tout guidé par un charismatique chanteur à la voix vive et fragile à la fois.
Le clip a été tourné au Farrm, à Limburg en Belgique. On y retrouve le groupe interprétant le morceau en concert dans une ambiance indubitablement 90’s. Il y a aussi ces personnes, adolescentes pour la plupart, dansant, buvant, fumant, s’embrassant… Une poésie sombre, la recherche des illusions perdues, la fuite du quotidien. De quoi nous donner envie d’y être, afin de nous mêler à l’effervescence de la vie et de l’innocence. Pour le moment le groupe n’a pas donné de dates, affaire à suivre donc. En tout cas, ce voyage dans le temps fait du bien, et résonne encore si fort avec notre époque.
Houdi – Disparaitre
A l’écoute de Woka, son dernier EP en date, c’est la maîtrise du phrasé de ce jeune rappeur qui frappe. A l’aise sur différentes sonorités, il y pose un flow tantôt percutant, tantot lancinant. C’est dans cette case que vient se ranger Disparaitre, un nouveau single qui fait suite à Calmada et Dans ça. Effectivement, Houdi délivre chaque vendredi, depuis deux semaines, des morceaux clippés, une omnipréscence qui lui permet également de faire ses armes et de peaufiner sa recette.
L’ambiance glaciale du morceau est portée à l’écran par @smithwessprod, qui emmène le rappeur dans une ballade nocturne en voiture depuis la Place Vendôme jusqu’à une sombre forêt. L’occasion pour Houdi de faire le bilan.
« J’étais petit j’voulais la lune
Mon frère maintenant j’veux la paix«
Polycool ~ Unlike You
Après le seigneur citron, place au seigneur ciseau ? Si l’on en croit la vidéo de Unlike You, les Polycool auraient changé d’allégeance, se tournant désormais vers cet objet tranchant du quotidien, qu’ils déclinent sous toutes ses tailles et toutes ses couleurs pour couper la vie en long, en large et en travers. Une manière assez drôle et poétique de visualiser l’envie de couper court au passé et de défaire les liens qui empêchent le futur.
Sous la caméra de Martin Schrepel, et armés de leurs plus beaux pulls, le trio nous offre un nouveau clip délirant et attachant, autant porté sur la nature et les aliments que sur la musique et une douce folie qui prend corps, dans cette vidéo tournée en Super 16.
Musicalement, Unlike You a tout de la petite pépite, au groove incandescent et à la nonchalance de façade où les synthés, les guitares et les chœurs se mêlent pour notre plus grand bonheur.
En attendant l’arrivée du prochain album en 2023, on pourra toujours retrouver Polycool le 8 octobre au Hasard Ludique, et le 19 à La Boule Noire.
Nine8 – Noodle Poodle
Le collectif britannique NiNe8 a encore frappé avec Noodle Poodle, sur lequel on retrouve 4 de ses membres : Lava LaRue, Biig Piig, Mac Wetha, et Bone Slim. Comme à leur habitude, le clip est empli du too-much tout sauf dérangeant qui les caractérise : on y retrouve à la fois de l’animation, des plans réalistes, le tout accompagné d’un réel effort graphique.
À mi-chemin entre rave et brit-pop, on se laisse entraîner par cet hymne à la positivité portée par le refrain “I’m fine, I’ll find another way”. De multiples déboires amoureux ; thème des plus banals, que le groupe arrive pourtant à rendre intéressant puisque chaque membre raconte son expérience, apportant une touche très intime au titre. Le collectif sait nous convaincre à chaque sortie et Noodle Poodle est loin d’y faire exception !
Jackie Hayes – Focus
À l’approche de la sortie de son premier album, Over&Over, dont la sortie est prévue pour le 28 octobre prochain, Jackie Hayes nous dévoile le clip du titre Focus. Un clip psychédélique aux références et inspirations très 2000s, qu’il s’agisse des effets stroboscopiques ou du surplus d’éléments surréalistes.
Un clip à l’image de la rockstar en devenir qu’est Jackie, que l’on aperçoit au fil du clip se déchaîner sur une chanson post-rupture accompagnée de son groupe. Possible clin d’œil à Avril Lavigne, que nous rappellent les sonorités pop-rock et les paroles relatant un teenage love du morceau. Il nous tarde de découvrir le projet de l’artiste, que l’on espère similaire à ce premier single : haut en couleurs et entraînant.
Tristesse Contemporaine – England
Avec England, dernier single d’un album United à venir, produit par Lewis Ofman, Tristesse Contemporaine nous invite à laisser nos chandails de côté, comme une rébellion électrique contre le climat anglais.
Dans un clip kaléidoscopique réalisé par la géniale Laura Passalacqua, le groupe nous laisse 1’33 pour sentir la fièvre monter et radicalement nous enivrer, comme les figures colorées façon stroboscope de ce clip résolument pétillant.
Saccadé et incroyablement haut en couleurs, l’esthétique singulière du titre nous balade dans des terres planantes grâce à un synthé qui nous rappelle un peu les charmeurs de serpents, en bien évidemment.
Jamais lassés des prouesses esthétiques du groupe, le clip de England nous laisse en pâmoison, et pimente inlassablement ce début d’automne gris et froid, très anglais finalement.