Les clips de la semaine #145 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 145ème sélection des clips de la semaine.

LE NOISEUR – Je reste cool

Les jours raccourcissent, les températures baissent et le gris barre le ciel. Dans ce genre de moments, on a toujours plaisir à se retourner vers des gens qui, on le sait, nous apporteront la dose de réconfort et de distance sur la vie dont on a besoin.

Eh bien nous, dans ces moments de creux, on laisse LE NOISEUR nous remonter le moral. Il faut dire que le flegme du bonhomme a toujours réussi à nous toucher et que sa musique nous fait sourire et nous émeut tout en même temps. Je reste cool ne fait pas exception à la règle, un grand moment lumineux, rempli de recul, d’humour et de tendresse, qui nous invite à remuer le bassin tout en réalisant que la vie est brève et qu’il faut en profiter du mieux que l’on peut.

Comme toujours, c’est Aurélien Ferré qui s’occupe du clip et qui réalise une nouvelle fois une vidéo dans laquelle on aimerait aller vivre. Un joli moment de temps suspendu, de bonheur simple et de joie. De quoi rester cool tout l’automne, ou au moins en attendant la réédition de l’album du NOISEUR.

Pomme – jardin

Les souvenirs sont un labyrinthe duquel on sort rarement indemne. Un endroit aussi accueillant qu’il peut être effrayant, dans lequel on navigue, où l’on rencontre des êtres étranges, souvent déformés par le poids du temps qui passe et de la mémoire qui les pervertit. Les souvenirs se déforment, deviennent parfois des fantasmes et des contes, des moments dont on pense se rappeler, mais qui sont parfois loin de la réalité.

Dans son jardin, Pomme, elle, se souvient de tout. Elle se plonge dans les rires et dans la peine, elle s’interroge. Que disent les souvenirs de nous ? Qu’est ce qu’on y cherche ? Pourquoi y retournons-nous encore et toujours, autant pour y chercher un bonbon que pour retourner à l’infini un couteau dans sa plaie ? Derrière la douceur de Pomme, derrière la féérie d’apparence, c’est la noirceur qui nous envahit. Du moins, c’est ce qu’on peut croire.

Car avec son camarade Hugo Pillard, c’est une autre histoire que Pomme nous raconte. Autant inspiré de Miyazaki que de la science-fiction, ils nous racontent la réconciliation d’un être, ce croisement entre passé, présent et futur, qui se retrouvent dans un lieu commun pour faire la paix et se réunir.

Il y a quelque chose de profondément troublant dans ce que ces images nous racontent, tant elles sont universelles. Dans sa sincérité et ses pensées, Pomme nous entraîne dans la ronde et , peut être sans le vouloir, parvient à nous réconcilier avec nous-mêmes. Afin que, dans le jardin, nous ne fassions plus qu’un.

EggS – How It Was Before

Le groupe parisien Eggs a sorti cette semaine How It Was Before, un nouveau single qui sent bon les derniers soirs d’été, et annonce par la même la sortie de son premier album le 4 novembre prochain, nommé A Glitter Year.

Le groupe s’est fait discret ces derniers temps. Depuis la sortie de leur dernier EP en date, An Unexpected Christmas Gift, en décembre 2020, le (désormais) septuor s’est efforcé de s’éloigner des radars, s’octroyant seulement quelques concerts restant cependant remarqués. De quoi rendre la nouvelle encore plus excitante.

Iels nous offrent pour l’occasion un clip à la simplicité déconcertante, et pourtant odieusement efficace. Des escapades en ville filmées au smartphone, mettant en exergue les petits détails de l’urbanisme, de ceux qui happent l’attention des gens qui lèvent encore les yeux pour observer le monde qui les entoure, les rêveurs, les enfants et les sensibles. Le tout est agrémenté de collages numériques de fleurs séchées, mais aussi de quelques paroles du morceau en pagaille.

Ce côté innocent et attendrissant souligne l’aspect Indie Pop un peu décousu du titre, et son texte doux-amer qui parle d’une histoire d’amour compliquée, voire terminée, les remords et les regrets, le tout avec un peu de candeur. How It Was Before surprend de par ses petits accès Jazzy, notamment induits par le saxophone qui vient s’imposer ci-et-là dans le morceau.

Il nous tarde alors de pouvoir entendre ce que le groupe nous a concocté sur A Glitter Year, qui sortira sur plusieurs labels, Howlin’ Banana et Safe In The Rain en France, chez Perfect Records outre-Manche et, cerise sur le gâteau, paraîtra en édition limitée à 100 exemplaire chez Rough Trade, rien que ça !

Ariel Tintar – Es Ou Ka Sonjé.

Nous avions omis la semaine dernière de vous parler du nouveau clip d’Ariel Tintar. Erreur que nous nous devions de réparer sur l’heure. Anciennement connu sous le nom d’Ariel Ariel et basé à Bordeaux, le musicien progresse désormais à Paris sous son nom complet. Et c’est avec une histoire d’amour qu’Ariel Tintar annonce la sortie de son nouvel EP, « Seconde Peau » prévu le 9 décembre prochain.

Chanson d’un amour passé ayant failli être rejeté et oublié parmi les ébauches, à tort, tant son instrumentation et sa voix, sous l’influence revendiquée de Nina Simone et Benjamin Clementine, nous touchent.

Ariel Tintar va à l’essentiel. Simplicité du décor, simplicité des plans : un clip comme une captation live où, dans un intérieur luxueux, tout en lumière, le pianiste vêtu de blanc se projette dans sa mémoire. Es ou ka sonjé, « est-ce que tu te souviens » en créole martiniquais : Ariel Tintar prend la voix de l’être aimé. Simplicité des mots également, dont la langue créole répète comme une invocation la question, brûlante, du souvenir charnel et amoureux.

De la peau enveloppante comme un madras, des seins grains de café, d’un cœur tambour battant prêt à exploser. Dans cet espace hors du temps, la caméra suit le tournoiement mémoriel et embrasse le jeu de piano, montant en intensité jusqu’à l’éloignement fatidique, ne laissant que cette question résonnant à vide.

Ariel Tintar jouera à l’Ubu en ouverture des Transmusicales de Rennes le 7 décembre prochain, quelques jours avant la sortie de son EP. Nous avons déjà hâte d’entendre la suite et de vous en reparler.

CONTREFAÇON – Drave ft. P3C (un été de skate à Paris)

Les garçons de CONTREFAÇON sont de retour ! La semaine passée, le collectif parisien nous a donné de ses nouvelles avec un EP éponyme qui répond à nos attentes : un peu de brutalité, beaucoup d’amour et de quoi faire la fête toute la nuit.

On y retrouve ce Drave en featuring avec Pogo Car Crash Control. Une bonne petite dose de techno brute qui nous parle bien, qui raconte de manière assez direct une histoire de violence, de rédemption et du fait de garder en ligne de mire ses objectifs.

Comme toujours, la vidéo n’est jamais loin. En collectif total, le groupe nous offre une nouvelle vidéo référencée, bardée de clins d’oeil à leur univers. Cette fois, c’est dans le milieu du skate qu’ils se posent pour une vidéo qui nous rappellera le meilleur des vidéos de skate qu’on regardait dans les années 90.

Perfectionnistes, les garçons se sont associés à Ethan Moriceau pour filmer au plus près un été de skate à Paris. Des belles figures, des crashs et des agents de sécurité un peu cons, tout y est. Alors, laissez-vous entraîner par cette nouvelle pépite de Contrefaçon.

Vulves assassines – Das Kapital

L’instant WTF de la semaine nous est offert par les Vulves Assassines. De retour cette semaine avec Das Kapital, qui donnera aussi son titre à leur prochain album, le groupe nous offre un nouvel uppercut musical de 3 minutes 30. Une petite pépite brutale qui ne nous laisse pas le temps de reprendre notre souffle et nous laisse littéralement K.O et soufflés.

Rien de bien surprenant, les Vulves Assassines ayant pris la saine habitude de nous éclater la tête avec des morceaux barrés, politiques et synthétiques.

C’est dans le clip qui accompagne le morceau que le grand délire prend toute son ampleur. Tenues en lycra rouge façon oompa-loompa chez Tim Burton, coupe au boule et grosses moustaches, le groupe nous entraîne dans un délire bolchévique dans un décor très post-sovétique, sorte de bunker arty façon réunion de crise.

Si on y rajoute un hologramme de martien, clin d’oeil évident à ce cher Jean Luc, danse crypto-débile mais interprétée avec un sérieux qui renforce l’impact et le léger malaise qui nous envahit, on peut dire que les Vulves assassines ont réussi leur coup. Partons avec elle à l’assaut de Das Kapital. Pour ça, on se donne rendez vous la semaine prochaine au MaMA.

Black Honey – Out of My Mind

Le quatuor de Brighton continue d’empiler les tubes pop rock, avec cette fois-ci Ouf of My Mind. Ce titre est du pur Black Honey comme on les aime, avec des inspirations 90’s pop punk et une phase Strokes à mi-parcours de l’écoute. Le single nous invite à nous évader pour s’échapper du quotidien sombre. Le clip présente le groupe jouant pour une fête privée.

Les couleurs et les sourires donnent un esprit de communion simple autour de leur jeu, tandis que la chanteuse Izzy B. Philipps semble encore assez vulnérable dans ses pensées. Out of My Mind remet à jour en somme une bulle d’air énergique et réconfortante.

Liquid BearCloser to an End

Liquid Bear lorgne sur un genre un peu trop vite oublié sur Paris : le rock progressif. Mais la formation a décidé d’aller encore plus loin en flirte cette fois-ci vers le doom-métal. L’atmosphère est une montée féroce qui nous prend aux tripes. La voix grave et hiératique de Kostia Yordanoff nous hypnotise vers les portes de l’Enfer du bad trip.

Les couleurs du clip varient dans les calices du psychédélisme et renforcent ce mal profond qui rogne l’esprit. Retenez bien le nom du réalisateur au passage : Simon Dagallier.

Il réussit avec brio une mise en scène dynamique et non linéaire, tout en mettant en valeur les multiples expressions faciales de ces quatre titres. Closer to an End se révèle être un puissant test expérimental tellement jouissif, et Liquid Bear a tout d’un grand.

UTO – À La Nage

Après le clip d’Heavy Metal, A la Nage est le deuxième volet d’une collaboration visuelle avec Léo Lotz et Maeva Berol. Cette nouvelle vidéo nous replonge dans le monde utopique et fantasmé d’UTO. Un lieu rêvé sur fond de retour à la nature, qui ferait une belle place à nos aspirations les plus profondes et aux sentiments vrais. Un monde aux reflets greenpunks, dans lequel on s’engouffre et que l’on traverse d’un seul trait, le long d’un unique plan séquence, comme dans un songe.      

A la Nage prend appuiesur un passage étrange du roman Un homme qui dort de Georges Pérec, qu’UTO va faire renaître en dehors de la torpeur qui baigne le livre. « S’il y a un lac au milieu de ta tête … »  A partir des bribes de ce moment empreint d’une poésie péréquienne délicieusement absurde, Neysa et Emile vont édifier les bases d’une joyeuse fulgurance musicale « … mais tu peux traverser à la nage » et se poser ainsi en tant qu’alchimistes de nos sentiments.

Laissez-vous embarquer par A la Nage et prenez note de leur prochain concert parisien, le 28 novembre à la Maroquinerie. Ce sera l’occasion de partager avec eux une soirée qui s’annonce – c’est certain – pleine de surprises.   

EVERGREEN – AT LEAST I TRIED

C’est toujours avec un large sourire que l’on découvre un nouveau titre d’Evergreen, qui bercent nos oreilles depuis qu’ils s’appelaient We Were Evergreen. Avec une nouvelle sortie en ligne de mire, le duo dévoile un premier extrait convaincant. Avec son électro-pop solaire et inventive, à mi-chemin entre Paradis et Metronomy, Evergreen nous embarque dans une boucle temporelle faite d’en-avant, d’à-reculons et d’anamorphoses mélodiques. Raphaël Neal à la caméra donne vie à ces souvenirs évanescents. Il joue sur la profondeur de champ pour faire apparaître et disparaître les sujets des images captées dans la station balnéaire anglaise – hors du temps elle aussi – de Brighton.

En tout cas, aucune distorsion temporelle nous fera manquer le rendez-vous pris en janvier 2023 pour découvrir, dans son intégralité, le nouvel EP, Sign Out, d’Evergreen.  

Prinzly Ft Hamza – ZOUM!

Après avoir travaillé notamment pour Damso, ou plus récemment Disiz, le producteur belge Prinzly passe de l’autre côté, en prenant le micro et en se lançant dans un projet en plusieurs actes. Le premier, intitulé Propulsion, est déjà disponible et contient trois morceaux. Pour se lancer au mieux dans cette nouvelle aventure, il a décidé d’ouvrir les hostilités avec un autre bruxellois avec qui il a l’habitude de travailler : Hamza. 

ZOUM! signe donc l’arrivée fracassante de Prinzly en tant que rappeur, et pour que cette entrée se fasse encore plus impactante, l’artiste a décidé de l’accompagner d’un clip réalisé par Théo Asciak. L’instrumentale vrombissante démarre le morceau et avec elle la voix grave de Prinzly, le décor est sombre, à l’image de ce qui se produit dans le clip. Prenant place durant la nuit, on peut vite comprendre qu’il s’agit ici d’une chasse à l’homme, et ce que cherchent les lampes-torche qui illuminent la forêt n’est autre que le bruxellois. Comme pour toute mission à haut risque, il faut savoir bien s’entourer, le producteur/rappeur peut compter sur Hamza qui s’imbrique à merveille sur ces ambiances trap sombres. 

Désireux de montrer un étalage de ce qu’il peut livrer, Prinzly bénéficie d’un changement d’instrumentale pour pouvoir laisser plus de place à la mélodie, un terrain qu’affectionne tout autant son collègue, capable de s’adapter à toutes sortes d’ambiances. Côté visuels, l’énergie reste la même, avec cette atmosphère pouvant rappeler les films noirs américains. 

Cette double ambiance musicale annonce la couleur de la suite, rendez-vous à l’acte II donc…

LujeWithoutYou

Ce n’est pas sur un terrain de football, mais plutôt sur la scène que les Lyonnais semblent s’exprimer le mieux actuellement. La formation indie rock Luje délivre cette semaine sa patte indie rock dans un clip amusant où les cinq compères partent à la recherche d’une âme disparue (on vous laisse le suspens.). Le groupe suit les traces des groupes tels Phoenix et Wild Nothing avec des passages lancinants et un rythme et mélodies accrocheuses et réconfortantes.