La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 146ème sélection des clips de la semaine.
Bibi Club – Le matin (Session Live)
Et si nous commencions cette sélection de la semaine par une petite dose de douceur ? Pour cela, rien de plus simple, il suffit de se tourner vers Bibi Club.
La semaine passée, le duo nous dévoilait la vidéo accompagnant leur titre Le Matin. Cette semaine, il prolonge le plaisir en nous offrant une version live du titre.
Une poignée d’amis, une caméra, un plan fixe et la vie qui se déroule en chanson. Parce que c’est un peu ça Bibi Club, des instants de vie. Ici, on se maquille, on boit un verre, le parquet grince et la musique nous emporte.
Gus Englehorn apparaît puis disparaît, la musique se fait chorale et le temps semble suspendu. C’est le réveil, le matin, des instants dans le brouillard retranscrits en chanson.
On regarde et on écoute, et le tout hypnotise nos deux sens. On se sent apaisé, remplis d’un doux sentiment de paix et de sérénité. C’est exactement ça, la musique de Bibi Club : figer le temps passé ensemble, faire des chansons qui sont des réceptacles à des souvenirs heureux.
Mission accomplie, une nouvelle fois.
Ariane Roy – Kundah
On reste au Québec et on retrouve Ariane Roy. La jeune femme nous fait plaisir cette semaine, puisqu’elle met en images notre morceau préféré de son medium plaisir : Kundah.
Kundah, c’est un appel à la fête, une chanson up-tempo assez dingue qui nous donne envie de bouger nos popotins comme si rien d’autre n’existait que l’instant présent. Inspiré d’un souvenir de soirée post-Covid, le morceau est une ode, une prière à un dieu qui n’existe pas et que la chanteuse invente : Kundah . C’est drôle, entraînant et parfait pour se déchaîner.
Avec Franie-Éléonore Bernier, elles ont inventé une vidéo assez dingue, inspirée de l’univers de Wes Anderson, où Ariane se transforme en prêtresse de la fête dans une église hors du temps. C’est rempli de symboles, superbement chorégraphié par Fannie Côté, de moments drôles et étranges (l’idée de la poule sur la tête) et d’une vibe joyeuse, communicative as fuck.
Vous aurez beau essayer, il est impossible de résister à Ariane Roy. Et si le doute vous habite, venez nous rejoindre le 10 novembre au PopUp du Label.
yoa – chanson triste
Cela fait un petit moment qu’on attend l’arrivée de ce morceau. À chaque live de yoa, on se prenait chanson triste dans la gueule, comme une claque mélancolique qui finissait, à chaque écoute, par nous foutre les larmes aux yeux.
Désormais, on peut pousser le masochisme lacrymal grâce à la fonction repeat de notre lecteur et se laisser entraîner encore et encore dans la beauté pure et directe de cette chanson triste. Un langage cru mais poétique, une histoire qui défile et qui nous bouleverse, le tout accentué par une production pop et intime qui n’est pas sans nous rappeler le meilleur de la musique actuelle.
yoa nous parle de solitude, d’amour déçu, d’attente, de déception, de pensées qui tournent en boucle et nous dévorent … yoa nous raconte le vrai, ce qu’on a tous ressenti un jour, on se retrouve tous dans cette histoire, dans cette folie douce qui nous envahit quand le cœur se retourne.
Avec Earvin (Un Café Crème), ils offrent au morceau un écrin visuel onirique aux teintes bleues. On regarde yoa mutiplier les personnages, toujours seule, dans cet univers aux multiples influences et références. La vidéo, comme le morceau, est à la fois sensuelle et remplie de douleurs, de ces moments où la vie qui nous entoure ne fait plus écho à rien.
Définitivement le plus beau morceau sorti cette semaine.
King Mala – martyr
Encore une production exceptionnelle pour le nouveau clip de King Mala, sobrement intitulé “martyr”. Un son punk-rock typique de l’artiste, mais une atmosphère plus dark qu’avant : on sent King Mala perdue entre ange et démon, que cela soit par les visuels alternant entre creepy et angélique, ou par les paroles emplies de références bibliques.
À l’image du célèbre “when the party’s over” de Billie Eilish (dont on retrouve des influences assumées dans l’esthétique de King Mala), on retrouve l’artiste baignant dans un mystérieux liquide noir, probablement métaphorique du son au vu de l’atmosphère presque terrifiante qui règne.
Le clip accompagne la sortie du nouvel EP de l’artiste, honey catching season, son premier long format depuis près de 2 ans, qu’on vous conseille également afin de cerner le personnage.
Iñigo Montoya – Suprématie surf
Comme des petits cailloux blancs laissés ici et là sur le chemin de leur prochain album, on guette les arrivées des Inigmaxis comme des petites surprises excitantes et surprenantes.
Ce Suprématie surf ne fait pas exception à la règle. Basé sur des boucles de batteries et des nappes synthétiques, le morceau se veut à la fois martial et dystopique, tout en gardant une certaine forme de naïveté enfantine. Un mélange qui se veut, comme toujours, explosif, surtout avec ce texte faussement étrange. Parce qu’ici, on parle de la vérité cachée, de l’image que l’on donne aux autres alors qu’elle déçoit celui qu’on était plus jeune et qu’on espérait devenir dans le futur.
La musique de Iñigo Montoya continue de jouer sur ce sur-réalisme, cette folie douce qui nous contamine et qu’on a tous ressenti à un moment ou un autre dans nos existences.
Comme toujours, on retrouve les incontournables ZEUGL à l’image, qui continuent de jouer avec les émojis pour former ce clip qui, comme le morceau, joue sur le flou et le réel, les images cachées et la vérité que l’on retrouve quand on zoome encore et encore pour voir les choses de plus près.
Un travail labyrinthique et toujours aussi passionnant, en attendant de les retrouver en décembre au FGO Barbara.
KACIMI – Monter dans le Ciel
KACIMI, sauveur du rock intergalactique ? C’est en tout cas ce que Laurent Blot tente de nous faire voir à travers le clip de Monter dans le Ciel.
Les extra-terrestres débarquent donc sur Terre. Pour nous envahir ? Nous dévorer ? Non, pour régler le souci de la musique qui ne sonne pas. Ce clip est le premier épisode d’une série à venir qui devrait mettre en images Couronnes d’Ephémères, le nouvel album de KACIMI.
Un style naif et enfantin qui semble parfaitement coller à l’idée de pureté et de simplicité de la pop du musicien. Monter dans le Ciel est une lettre d’amour au français et aux mélanges des genres. Une preuve de plus qu’il est possible de faire de la pop anglophone dans la langue de Molière, sans en avoir honte ni avoir à rougir des autres.
Avec ce titre rempli d’harmonies et de guitares, il nous entraîne dans ses questionnements, et la réponse est plutôt évidente : avec KACIMI, la pop française se porte très bien. Vivement la suite.
Tramble – Your Turn
Pour ensoleiller encore un peu ces jours de pluie qui nous reviennent, Tramble, projet solo du Nantais Fred Lambert, nous offre un petit moment d’Indie Folk dorée par une douce golden hour.
Le besoin de prendre une bouffée d’air frais a peut-être poussé Fred à s’échapper un temps de Rum Rum Tiddles et Moustache Museum, deux groupes dans lesquels il évolue depuis une quinzaine d’années maintenant. Mais c’est surtout l’envie, le besoin de composer, d’écrire encore et toujours plus qui l’a poussé à créer son projet solo, Tramble.
Your Turn est donc sorti ce 10 octobre. Le single est issu de son EP Sur ma Bouche, qui lui est paru le 10 juin dernier. Bien que l’on puisse retrouver quelques similitudes avec les projets qu’il défendait ces dernières années, on retrouve une lumière intimiste qui vient ajouter un peu plus encore de douceur à cette Indie Folk teintée de vibrances Rock, voire bluesy.
C’est l’occasion d’une profonde introspection, quelque peu mélancolique, mais qui scintille en fait d’un joli message rempli d’optimisme : « It’s your time to walk now / But you won’t be only one / You won’t be alone ». Le tout sur une Folk d’abord dénudée, qui peu à peu intègre d’autres instruments qui viennent donner du rythme, voire du groove (on pense à ces petits accords de piano dans le fond qui viennent nous plonger dans un autre temps).
Le titre est accompagné d’un clip solaire. On y voit Fred nous interpréter le morceau sur un ponton baigné de lumière, le tout est réellement apaisant. Il est rejoint par un ami étrange, mais attendrissant ; on ne peut s’empêcher de penser à un ami imaginaire. Ce dernier l’accompagne à la batterie ou bien danse à ses côtés dans un chant qui lui aussi est baigné d’une douce lumière de fin de journée d’été.
De quoi redonner du baume au cœur en ces temps maussades, le temps que le charme de l’automne ait pu éclore. En attendant, vous pouvez aller écouter le reste de l’EP pour prolonger un peu cette balade aux côtés de Tramble.
Lil Yachty – Poland
Cole Bennett et sa structure, Lyrical Lemonade, se cachent derrière beaucoup de grosses réalisations visuelles sorties de l’autre côté de l’Atlantique. La dernière sensation en date, Poland, de Lil Yachty, n’échappe pas à la règle.
Court mais intense, le morceau a pour gimmick récurrent « I Took the woooock to Poland », comprenez « J’ai ramené la lean en Pologne ». Certes, encore un énième morceau qui fait l’apologie de la drogue, mais pour le coup il est tout aussi addictif que la substance violette, dû en partie à la production frénétique de F1LTHY et ses glitches hypnotisants.
Côté visuel, c’est pourtant bien du côté de New York et son iconique Subway que l’intrigue se place. Accrochée au train d’un métro, une bouteille de codéine se dirige vers ce que l’on imagine être la Pologne.
Ironie du sort, suite au carton du titre, le Président du Conseil des Ministres Polonais, Mateusz Morawiecki, a invité le rappeur à venir découvrir un peu plus son pays…
Broken Bells – One night
Enfin l’album Into The Blue est disponible, et pour fêter cette sortie tant attendue, le duo nous offre un nouveau clip sur le titre One Night. Les trois premiers singles nous avaient mis l’eau à la bouche et c’est peu de le dire, on n’est pas déçus. Chaque nouveau titre est une merveille, et One Night ne fait exception : on y poursuit notre voyage spatio-temporel et musical à travers les étoiles, les souvenirs et certaines sonorités piochées dans eighties, un peu à la manière de Foreigner .
Côté visuel, la méthode de réalisation par collage d’archives et de superpositions graphiques des musiciens reste dans la lignée de ce qu’on a découvert avec Saturday et Live on the Run. La différence de ce titre est qu’étant plus mélancolique que les autres, on n’y retrouve pas d’explosions lumineuses et colorées, ni de noir et blanc, mais plutôt des teintes noires et rouges suggérant le filtre des choses perdues. Toutes les mélodies de ce Into the Blue de Broken Bell sont des aventures qui nous soufflent avec un plaisir sans fin qu’on ne se lasse pas d’écouter. Faîtes-en vite autant, tout y est génial.
eugene – humide
Avec son collectif, le XXL Mob, eugene dynamite la scène rap francophone avec une musique décomplexée, largement inspirée par des sonorités aussi bien électroniques que rock. Un mélange puissant, qu’il complète en les chargeant d’émotion, ce qui se retrouve d’ailleurs dans son dernier clip, humide, réalisé par New Memories et qui est extrait de son premier projet, Paradise Kiss.
Scénarisé et réalisé à la manière d’un film, le clip accompagne un homme et une femme dans une sorte de road-trip sur les routes belges. La femme paraît constamment évasive, fermée, proche à tout moment de la crise de larmes. Dans sa tête se ressassent des moments plus heureux ou accompagnés de son copain, où elle profite de la vie. Sensible et onirique, ce dernier visuel représente toutes les émotions que peut transmettre la musique d’eugene.
Asi Kemera – Over the Moon
La jeune chanteuse et productrice originaire d’Atlanta a fait son retour mardi dernier avec le clip de “Over the Moon”, véritable ode à l’amour qu’il est difficile de qualifier par un autre terme qu’angélique. Un filtre VHS, quelques fleurs, et nous voici embarqués dans l’univers d’Asi Kemera.
Une ballade romantique aux sous-tons indie-pop, qui met en scène Asi et son supposé copain, en date dans un parc, le tout sous une flopée de ballons de baudruche blancs. Elle explique le sens assez abstrait de leur présence : ils représentent en réalité la lune, symbole selon elle de l’attente insoutenable d’être proche d’une personne que l’on aime.
Un clip tout compte fait assez mystique porté, par une mélodie presque enfantine ; on se croirait presque dans un rêve grâce à Asi Kemera.
Marek Zerba – Branleur Forever
Marek et sa chienne sur un canap’.