Les clips de la semaine #148

On avait à peine quitté La Course Folle que Tim Dup nous surprend avec un retour et un nouvel album. Moins sprinteur que marathonien, le musicien continue sur la durée et tisse la toile d’une carrière dense et surprenante.

Car si cet Amor nous rappelle à notre bon souvenir, à travers sa thématique amoureuse, son piano et la voix reconnaissable entre mille de Tim, le jeune homme continue d’explorer l’univers de la chanson française et va chercher des nouvelles influences, des nouvelles couleurs.

Plus puissant et sombre, le monde de Tim Dup gagne en radicalité, offrant à sa musique une dimension toujours aussi humaine mais plus adulte, comme si l’artiste avait basculé non pas dans le sérieux, mais dans le vrai.

Cela se ressent aussi avec le clip en clair-obscur de Zacharie Ellia. Ici, on explore le désir, l’attraction et les rapports humains à travers la danse et les ombres. Tim Dup évolue dans un univers contemporain et rêveur, nous ouvrant les portes de sa prochaine aventure, Les Immortelles, attendue pour février 2023.

Quand on suit un artiste depuis ses tout premiers pas publics, on prend un vrai plaisir à le voir évoluer, grandir et changer, pour toucher du doigt ce qu’il était appelé à être.

Fils Cara est un habitué de ces pages, on l’aime beaucoup et on ne le cache pas. T’es Belle, son nouveau titre, est une suite logique et attendue de ce qu’il nous avait offert jusqu’ici, une déclaration de maturité pour nous offrir ce dont il rêve : une musique à la fois populaire et exigeante, où les mots donnent autant le rythme qu’une composition cinématographique qui ne se gêne pas pour s’offrir des envolées lyriques. Un tout complet, dense et humain qui nous frappe chaque fois un peu plus le cœur.

Il y a dans ce nouveau titre ses racines et sa vie, la simplicité des mots directs qui parent les émotions d’un écrin lumineux. Une batterie discrète mais qui donne tout le tempo au morceau et puis cette voix, toujours plus assurée, vibrante et belle.

Avec 8.125 studio, ils offrent au morceau une touche légère d’onirisme, un flou artistique qui nappe Fils Cara dans cet univers dont il est le héros, où il habite chaque plan, chaque état.

Un titre qui lance l’aventure d’un premier album qu’on n’en peut plus d’attendre.

Cette semaine, au détour d’une intense partie de baseball, Vendôme nous emmène au Pays des grands avec leur tout nouveau clip, réalisé par Anthony Coveney. Le super-groupe québécois composé de Cedrik St-Onge, Tom Chicoine, Marc-Antoine Beaudoin et Bruno St-Laurent annoncent avec ce titre un premier album prometteur portant le nom de La fable de la grenouille dorée, qui verra le jour au prochain printemps.

Propulsés dans un monde psychédélique qui n’est pas à leur taille mais où ils parviennent toutefois à trouver leur place, les quatre membres proposent un morceau évoquant à la fois le brouillard du temps qui passe et la volonté de prendre sa vie en main.

Le tout est porté par de superbes mélodies et un indie-rock vaporeux rappelant Jimmy Hunt, mais restant tout de même bien à eux. C’est donc avec le plus grand des plaisirs qu’on se laisse embarquer dans leur voyage farfelu, et on y croise même Émile Bilodeau !

On reste encore un peu du côté du Québec cette semaine pour découvrir la magnifique Toune 9, tirée du troisième album du chanteur Anatole, l’éponyme Alexandre Martel, qui vient de sortir. Lui aussi réalisé par Anthony Coveney, le clip (où l’on peut retrouver Lou-Adriane Cassidy, également présente sur le titre) retrace lentement le chemin vers la légèreté.

Avec simplicité, et mené par les guitares, le morceau parvient à mettre des mots sur un lien fort, sur une étonnante harmonie entre deux individus qui semblent parfois se situer à l’opposé de certaines choses, mais qui parviennent malgré tout « ensemble à tenir debout » pour reprendre les mots énoncés par l’artiste au détour d’un couplet.

Contemplative, émouvante et délicate, cette Toune 9 (qui se passe aisément d’un titre plus élaboré tant elle est parlante) ne nous offre cette semaine que du doux que l’on l’accueille à bras ouverts.

D’une manière ou d’une autre, on est tous nourris par notre enfance. La mère de Ruban Nielson avait tendance, dans sa jeunesse, à lui raconter souvent l’histoire du Capitaine James Cook et de sa mort, tué par des personnes qui luttaient contre la colonisation de la Polynésie.

Désormais tête pensante de Unknown Mortal Orchestra, le musicien utilise les souvenirs de son enfance pour tisser ce nouveau morceau, une balade guitare voix pleine de douceur et dans laquelle il embrasse le rôle du héros qui a tué James cook.

Pour compléter cette histoire familiale intime, il filme sa mère en pleine danse traditionnelle, dans une vidéo au grain DIY qui semble sortie d’une boîte d’un autre temps.

Une histoire qui mêle amour, transmission et histoire, en attendant l’arrivée du prochain album du groupe.

Un fond bleu ciel, quelques balafres ; c’est tout ce dont The Doug a besoin pour nous présenter son nouveau clip, HLM en papier. Un clip en toute simplicité, pour un morceau touchant empli de storytelling touchant et honnête. L’artiste s’y montre sans artifices, points de suture et cernes compris.

Des paroles introspectives décrivant les nombreuses années de sa vie passées en HLM : entre foot, violences, et anecdotes sur le voisinage, The Doug se livre sur chaque recoin de son quotidien. Sur un air plus rappé que d’habitude, il nous berce avec douceur et nous transmet sa nostalgie – on croirait presque avoir vécu à sa place ce qu’il nous dépeint. Un titre convaincant, qui confirme la polyvalence de l’artiste tant en termes d’écriture que dans les sonorités employées.

Si vous n’êtes pas encore tombés dans la marmite remplie de LSD de marcel, alors ça ne saurait tarder. Évidemment, le groupe est belge, et plus précisément d’Arlon. Post-punk, indie, noise, ils font résonner la langue française comme jamais, dans des clips plus barrés les uns que les autres.

Après un premier extrait dévoilé en juin dernier, bbl, ils remettent le couvert avec intimité, accompagné par BLANK\\, qu’ils rencontrent lors d’une date en France. Car les musiciens, qui officient le plus souvent sous la forme du quintet, ont déjà une belle tournée à leur actif : plus de 20 dates via Julia Camino Agency, et supports notamment de Yard Act, It It Anita et Tramhaus. Rien que ça, oui.

Avec intimité, ils dézinguent tout : les mots et leur sens, le rythme et nos tympans. Habités par une nonchalance qui rappelle un certain Jacques Dutronc, marcel sautille avec aisance dans ce décor fantasmagorique et halluciné. Chat noir aux yeux perçants, danses joyeuses et macabres, décor en carton-pâte, tout est là. Sans oublier leur acolyte BLANK\\, amazone portant fièrement une couronne en têtes d’Action Man et au phrasé désabusé. On vous avait prévenus, ici rien n’a de sens et pourtant tout en a. Et finalement, on a juste envie de chanter « gouzis gouzis » avec eux.

Le clip se conclut avec les têtes coupées de marcel chantant dans un couffin charivari, le nom de leur premier album, qui paraîtra début 2023 chez Luik Music. Mixé par Ben Hampson (DITZ, Blood Red Shoes), il s’annonce déjà comme un futur trip extatique et jouissif.

Le ton est sérieux et le sujet oppressant. Dans la vidéo qui met en image Angel Shot, nous suivons Nina Versyp, troublée, à la sortie d’une soirée. Seule dans les rues désertes de la capitale, elle se sent devenir une proie. Une panique froide la gagne. L’estomac se noue. La réalité se mélange à l’angoisse et la propulse dans un ailleurs rattrapé par les ténèbres.

C’est dans ces lieux faits d’entre-deux aux frontières floues que le chant de Nina Versyp gagne en profondeur, fragile, chancelant ou au contraire aérien, mais toujours chargé en émotions. Si elle ne choisit pas le chemin musical le plus simple, c’est pour mieux coller à sa sensibilité. Une folk-pop intemporelle qui prend bien garde de ne pas se conformer aux standards actuels. 

Avec Se dire aurevoir, Coline Rio et sa voix au timbre incarné entre douceur et aspérités revient avec un clip en noir et blanc signé Quentin Latéral, avec, à la chorégraphie , GR infini / Gaël Rougegrez. Le grain de l’image renvoie à celui, unique, de la chanteuse nantaise qui continue à sérieusement faire ses preuves sur la scène de la chanson à textes francophone. Sur fond de mer agitée et de tourbillons, elle pose avec grâce les mots sur ces maux inéluctables – de ceux faisant écho à l’une de ces fins annoncées, qui résonnera chez tous les amoureux déchus de leurs cieux sans nuages… Les influences jazz et le piano rythmé se marient parfaitement à la danse déchaînée, illustrant les carcans intimes qui se défont. Libératoire et mélancolique.

Jamie xx nous régale à nouveau avec un single : Kill Dem. Ce nouveau morceau est son troisième titre solo depuis la sortie de In Colours. Après l’expérimental Idontknow et l’éclatant Let’s Do It Again, Kill Dem s’inspire de la scène breakbeat et dub avec ses samples de voix pitchées, marque de fabrique bien connue du membre de The xx.

Le clip, sorti quelques semaines après le morceau, présente des bribes de joie de sa tournée américaine et européenne : des fans dansant encore et encore, du bonheur à l’état brut. Un album semble se profiler à l’horizon, la diversité des derniers singles ne nous aide pas du tout à deviner la direction que prendra ce nouveau projet, on n’en est que plus impatient de découvrir !

La légende raconte que les sirènes utilisaient leur chant pour charmer les marins et les faire dériver. Dans son nouveau clip, Harry Styles utilise sa voix pour se sauver la vie.

Dans le clip délirant de Aube Perrie, l’anglais se voit ainsi transformer en sirène échouée, sauvé par des propriétaires de restaurant aux intentions plus que troubles le concernant. Comment survivre et échapper à une mort certaine et à une dégustation collective de ses tentacules ? En chantant, bien sûr.

En un clin d’oeil, Harry Styles devient ainsi une attraction, un centre d’attention, évolution qui transforme sa vie … mais cela peut-il durer ? Réponse dans la vidéo.

Avec Music For a Sushi Restaurant, Harry Styles ouvre en grandiloquence son dernier album. Un tube en puissance qui prend une saveur toute différente avec ce clip absolument génial.

Encore un univers intéressant qui nous vient tout droit du plat pays. SBM c’est avant tout de l’énergie en barre. Pétillant.e, cette énergie se répercute dans sa musique et ses visuels, à l’image du dernier en date, Block Baby, réalisé par Ines Bodlovic. Sur ce morceau, c’est plutôt le côté sombre de l’artiste qui va être mis en avant. La rythmique trap, couplée à l’ambiance dark de la réalisation, met en valeur une autre facette de sa musique aux accents plus lancinants, voire envoûtants. Elle n’en perd pas son côté catchy en livrant un refrain qui reste en tête. 

Le clip se joue des codes du digital, en mêlant lignes de codes, hologrammes et glitch, ancrant encore un peu plus cette proposition originale. 

Après avoir fait jouer de ses mélodies estivales cet été, le jeune talent liégeois Bakari arrive avec une fraîcheur hivernale de saison, montrant sa grande capacité d’adaptation sur Silver Haze. 
Côté visuels, le réalisateur, Quentin Tavernier, a également voulu jouer sur cet aspect en installant le récit du rappeur dans la grisaille d’une ville côtière. Entre des plans de coupe du rappeur déclamant ses paroles, un récit s’installe. On peut y suivre Bakari en tant que serveur dans un restaurant. Un travail qu’il semble plus exercer par nécessité que par passion. En parallèle, on suit sa relation avec sa copine (interprétée par Sarah Leseur), une relation simple, faite de hauts et de bas, mais surtout d’amour. Une histoire joliment mise en images, accompagnant à merveille les mélodies de l’artiste. 

Le marseillais n’est plus à présenter. Réelle rapstar, il a déjà démontré qu’aussi bien sur des instrumentales dansantes que froides, il savait livrer de grandes prestations. C’est plutôt dans le second registre que vient s’implanter ce dernier extrait en date, LIF. Un rap millimétré dont lui seul à le secret, qui vient annoncer la sortie d’une nouvelle mixtape – un format qui lui a souvent réussi et qui ne manque pas d’attiser la curiosité de ses fans, en témoigne les presque 2 millions de vues sur le clip réalisé par Kevin Hilem, en faisant le numéro 1 des tendances musique sur YouTube. 

Toujours accompagné de son imagerie de mafieux, le S tout de noir vêtu est accompagné d’une Range Rover noire, pour tendre un guet-apens à un poids lourd, et finir par partir en F1. En somme, c’est à grande vitesse que s’annonce le retour de SCH…