La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, la seconde partie de la 149ème sélection des clips de la semaine.
Gwendoline – Start-up Nationale
Le monde se barre en couilles, vous avez comme l’envie d’y mettre le feu et de dégueuler à la face des gens votre colère et votre déception ? Cela tombe bien, Gwendoline est de retour, tels des super héros dépressifs venu dévoiler les saines paroles d’un monde malsain.
Start-up Nationale, c’est tout ce dont on a besoin en ce moment : un texte cru, direct et puissant, une prod dépressive et lancinante et un refrain à gueuler partout et tout le temps pour se faire du bien et évacuer le trop plein de sentiments négatifs qui nous habitent.
Du pur Gwendoline, qui montre que le duo reste cet observateur acéré d’un quotidien qui se délite et qui nous fait du mal.
Pour accompagner le morceau, le clip superpose, dans un noir et blanc sombre à souhait, toutes les images qu’on déteste : des fêtes grandiloquentes, des costumes trois pièces sous la pluie, des monoroues insupportables et des super zéro du quotidien qui filent vers l’open space et les évasions qui l’accompagnent.
Un nouvel uppercut des rennais, en attendant la grande fête au Point Éphémère le 15 décembre.
En Attendant Ana – Principia
Le dimanche, il faut évacuer les excès de la semaine. Cela tombe bien, En Attendant Ana nous invite à un footing ensoleillé pour accompagner la sortie de leur titre Principia.
Honnêtement, l’arrivée de ce morceau lumineux et entêtant arrive a point nommé pour contrer l’automne. À l’inverse des Gwendoline ci dessus, les franciliens nous invitent plutôt à nous enfermer dans nos rêves et la douceur plutôt que de crier notre colère.
Un choix tout aussi payant, tant la musique du quintette nous touche une nouvelle fois en plein cœur dès la première écoute. Pas besoin d’envolées ou de puissance ici, tant la voix de Margaux Bouchaudon nous calme et nous apaise, tandis que la composition collective affirme un monde collectif puissant et attachant.
On se laisse alors emporter par cette douce langueur, ces nappes de guitares aériennes, et on lève les yeux au ciel pour partir ailleurs.
Principa, c’est le manifeste de la nouvelle direction musicale d‘En Attendant Ana. C’est aussi le titre de leur troisième album à paraitre en février. Le compte à rebours est lancé, on a vraiment hâte.
Pearl & The Oysters ❍ Pacific Ave
Cela fait déjà plus de cinq ans que l’on suit avec attention et amour les aventures de Pearl & The Oysters, le plus américain des groupes français.
Désormais installé en Californie, Juliette et Joachim avaient une chose particulièrement excitante à fêter cette semaine : leur signature au sein du label Stone Throw. Pour cela, le duo nous offre Pacific Ave, un nouveau morceau qui continue d’affirmer leur style.
Le morceau, au groove contaminant, raconte le passage de Pearl & The Oysters d’une côte à l’autre et leur arrivée en Californie. C’est doux, tendre, et ça donne envie de danser en pensant au soleil. Bref, tout ce qu’on aime dans leur musique.
Sean McGuirk complète le tout avec une vidéo qui colle parfaitement aux ambiances de la musique, et dans la droite lignée de leur précédentes aventures : un style rétro, des incrustations colorées, des effets forcément très 70’s et un côté science-fiction à l’ancienne, qui prête autant à sourire qu’à tomber une nouvelle fois amoureux de leur univers.
Le futur s’annonce donc beau pour Pearl & The Oysters, et on sera toujours là pour l’observer.
MACKLEMORE – FAITHFUL FT NLE CHOPPA
Après avoir fait danser le monde entier en 2012 avec son album The Heist, en duo avec Ryan Lewis, et conquis le monde du rap avec son album solo, Gemini, en 2017, est-il encore utile de présenter Macklemore? Le natif de Seattle sort de temps en temps des singles de qualité et collabore très souvent avec des jeunes artistes du moment pour les aider dans leurs textes et leurs techniques. Cette semaine, il propose le clip du titre Faithful, en feat avec NLE CHOPPA.
Cette fois, l’artiste se met complètement à nu. Il aborde de manière totalement honnête et sans complexe son combat contre ses addictions. Ce titre évoque les difficultés à rester sobre dans n’importe quelle situation. Il explique via un post Instagram qu’il a écrit Faithful juste après une rechute en 2020. La voix et le style de NLE CHOPPA collent parfaitement au morceau. Il rappe son couplet à travers la vision d’un ami qui essaye tant bien que mal d’aider son pote qui plonge dans la drogue. Le clip est parfaitement réalisé, il propose un visuel étrange et horrifique. On découvre de nombreuses images marquantes, qui, une fois interprétées, expliquent parfaitement les différents combats du rappeur contre ses démons.
Macklemore montre encore une fois un style unique et une technique très puissante. Il parvient sans difficultés à nous raconter peut-être l’une des plus sombres parties de sa vie. Il possède ce talent particulier à nous faire voyager dans plusieurs émotions (comme avec son titre Glorious). Il a annoncé il y a peu la sortie de son nouvel album Ben, annoncé pour 2023.
Hey Hey My My – Slow
Nous vous avons déjà parlé du retour du groupe français Hey hey My My à l’occasion du single High Life ; aujourd’hui, c’est un nouveau titre, intitulé Slow, que la formation indie folk parisienne nous présente. Ce morceau porte bien son nom, car ici tout est une affaire de rythme. On adore le roulement de batterie sur lequel se baladent des petites notes piquées ainsi que le bercement d’un vibrato. Le tout donne un effet assez planant tout en étant bien rattaché au sol.
Côté vidéo, Marc Cortès réalise un clip s’appuyant naturellement sur un ensemble de ralentis. L’utilisation de gros plans, ainsi que de mouvements flottants, renforce cette sensation récréative, voire franchement stoned. Hey Hey My My sera présent à la Boule Noire le 15 mars 2023, une invitation à retrouver tous ces nouveaux morceaux sur scène, on a hâte de voir et d’entendre ça.
Minuit Machine – Contradictions
Les nuits de Bangkok de Minuit Machine ne ressemblent en rien à celles de Murray Head. L’atmosphère y est beaucoup plus sombre et le jeu auquel on s’adonne est davantage celui du chat et de la souris que celui des échecs. Musicalement, Le flow sonore est épuré, construit autour de larges basses immersives sur lesquelles le rythme de nos pulsations cardiaques va imperceptiblement se caler. Les voix profondes renforcent cette impression de plongeon dans une dystopie qui prend naissance au cœur de notre cortex auditif.
Une errance que met en images, de manière poignante et haletante, Lesly et Julie des studios Space Cowboys.
24, c’est le nom du quatrième album de Minuit Machine qui vient tout juste de paraître. C’est aussi l’heure à laquelle, exactement à 20:24, le morceau Contradictions démarre. Atmosphère nocturne à l’ambiance suintante d’humidité, dans laquelle se tisse une toile d’araignée où vont évoluer les deux protagonistes du récit. Tour à tour proie ou prédatrice, on ne sait qui est l’instigatrice du jeu. Contradictions. Et si ce jeu qui se déroule n’était que celui que l’on se crée – introspectivement – pour combattre nos propres démons, nos propres craintes ?
Minuit Machine sera en concert au Trabendo le 23 novembre 2022 pour la release de leur nouvel album 24. Accordez-vous une soirée cathartique avec eux !
Cosmopaark – Haunted House
Le trio bordelais Cosmopaark nous dévoile cette semaine Haunted House, premier extrait clippé de leur premier album à venir le 20 janvier 2023 et qui se nomme and I can’t breathe enough.
Ils viennent d’ailleurs de signer sur le label Howlin Banana Records et sont aussi représentés par Flippin’ Freaks, Waxbuyersclub et Stellar Frequencies.
Le clip, réalisé par Clément Pelo, nous immerge dans le quotidien d’une adolescente vivant dans les années 80. Lecteur K7 avec Cosmopaark à l’intérieur (évidemment), des Corn Flakes en forme de cosmonaute et une balade en vélo qui la mène jusqu’à cette fameuse maison hantée. La nuit est déjà tombée lorsqu’elle pénètre dans la demeure. Sans doute cherche-t-elle à ressentir le grand frisson, s’extraire de ses jours, qui se ressemblent tous. Tandis que la voix retentit, seule, et révèle I don’t want to be someone else, la vidéo devient floue et les couleurs chaudes, à l’image de cette musique éthérée. Un shoegaze puissant, qui prend au corps, tandis que les monstres occupent tout l’écran.
Cosmopaark seront de passage à l’Olympic Café (Paris) le jeudi 17 novembre avec Midscale. Ne les ratez pas.
MorMor – Here It Goes Again
Le talentueux MorMor est cette semaine de retour avec Here It Goes Again, un nouveau clip qui accompagne splendidement la sortie de son très attendu premier album, portant le nom de Semblance. Avec ce titre, l’artiste canadien nous embarque dans le cycle bien connu et inévitable de l’amour et, par extension, de la vie. Entre nostalgie persistante, le sentiment d’être démuni.e face à l’extinction d’une flamme (ou la conclusion d’un chapitre) et toujours l’envie de ressaisir la magie des débuts, Here It Goes Again nous plonge dans une boucle infinie où la fin nous ramène forcément au commencement.
Cette question de renaissance est mise à l’honneur à travers un superbe clip réalisé par Adrian Villagomez, dans lequel la répétition de symboles omniprésents renvoyant à la vie et à la mort a le premier rôle. Ainsi, pour le meilleur (le véritable renouveau) comme pour le pire (l’enfermement dans une situation vouée à l’échec), MorMor nous rappelle que, même si tout doit s’achever, le point de départ n’est jamais bien loin.
La Femme – No pasa nada
Cette semaine signe le grand retour de La Femme, avec un quatrième album, Teatro Lucido. Le groupe français, cosmopolite, en perpétuelle évolution depuis 10 ans, s’est lancé le beau défi d’écrire le disque entièrement en espagnol. Une idée qui naît durant leur tournée internationale en Amérique du Sud et en Espagne.
La sortie de ce nouvel opus s’accompagne d’un troisième single, No Pasa Nada, dévoilé ce vendredi avec un clip. Tourné tard (ou très tôt) dans les rues de Grenade, l’atmosphère y est feutrée et surtout, très alcoolisée. Le titre se veut un bel hymne aux lendemains de soirée difficiles. Mais pour contrer les souvenirs honteux de la veille, le groupe, lui, reste dans un déni bien organisé en se jurant « No Pasa Nada ».
Une affaire bien orchestrée sur des rythmes hispaniques et des synthés qui sont la marque de fabrique de La Femme.
Bartleby – Le Progrès
Bartleby revient avec « Le Progrès », réalisé par Baptiste Rouveure, extrait de son premier EP « L’Amour Réaliste », pour nous embarquer avec lui sur les routes. Dans une nature luxuriante et sauvage, cette ode mélancolique à l’anthropocène nous transmet tout de même une bouffée d’oxygène, tandis qu’on se laisse emporter par la mélopée folk. On retient soudain notre souffle lorsqu’il dégaine un masque à gaz, disant notre échec à tendre vers un mieux, et le pire à venir.
La symbolique est forte : entre résignation teintée de révolte, écologie et décroissance, cette chanson, fruit d’une époque où l’éco-anxiété s’est banalisée, prouve que le discours politique et militant peut aussi advenir dans la création – qui pourrait même en être l’un de ses plus puissants vecteurs.
Nikola – Toute la vie
Clip social magnifiquement réalisé par Lewis Buzy, « Toute la vie » embrase l’univers tourmenté de Nikola pour en proposer une toute nouvelle lecture. Dans une pièce insalubre aux murs humides, une salle de bain délabrée et sale sans eau courante, ou dans un salon aux murs décrépis, on y voit le chanteur s’extraire par le geste d’écrire d’un cadre paupérisé à l’extrême. Saisissant stylo et calepin, il s’évade, compose, avec la rage de ceux qui n’ont rien et personne sur qui compter.
Illustration de la thématique bien connue du transfuge de classes, soit le fait de s’extraire de son milieu d’origine et de ses déterminismes pour bénéficier d’une voix confisquée à tant d’autres, cette chanson sur un amour voué à l’échec gagne, par sa mise en images, en profondeur. Déjà très présente dans l’ensemble des titres du jeune chanteur, indissociable d’une révolte inhérente à sa voix puissante, le titre magnifie le désespoir – jusqu’aux frissons.
Ses expressions et son langage corporel traduisent la rage et la violence contenues dans une sensibilité à fleur de peau. Ce titre fort nous consume et nous laisse, épuisés, avec une seule envie : celle de se battre, envers et contre tout, pour avancer.
Phoenix – After Midnight
Grande semaine pour Phoenix ! Leur septième album, Alpha Zulu, est sorti cette semaine, et qu’il est bon de les retrouver !
Alpha Zulu est un album qui, comme son prédécesseur, a su trouver dans l’obscurité une part de lumière, laquelle se retrouve dans les dix morceaux qui le composent, et où les styles se mélangent avec brio.
Et c’est en aval de leur release party virtuelle ce vendredi 4 novembre, que notre quatuor versaillais adoré a dévoilé le single After Midnight et le clip qui l’accompagne.
Le clip, réalisé par Pennacky, dévoile des visuels à la fougue et l’urgence évidentes, ce qui sied parfaitement à l’ambiance de ce nouveau morceau, composé sur la base de sentiments semblables.
Phoenix sera de passage ce mois-ci à l’Olympia, pour deux dates sold out les 28 et 29 novembre. Et on y sera, comptez sur nous.