La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, la seconde partie de la 150ème sélection des clips de la semaine.
H-Burns – Morning Flight
Après un superbe hommage à Cohen, H-Burns est déjà de retour avec un nouvel album, personnel cette fois-ci, Sunset Park, prévu pour le mois de février 2023.
Il lance cette aventure avec Morning Flight, un morceau à la douceur apparente mais qui grandit en tension et finit par exploser et nous surprendre. Des souvenirs, des couchers de soleil, du calme et de la paix, mais cette pulsion toujours, de tout détruire, des amours brisés et des adieux pas forcément définitifs.
Portée par la voix caractéristique de H-Burns, le morceau jouit de cuivres géniaux et d’une batterie à contretemps qui place le titre en pendant francophone de The National, ce qui n’est absolument pas pour nous déplaire.
Pour accompagner ce morceau, Adam Neustadter nous offre une vidéo au dépaysement garanti. Tournée à Los Angeles, on se retrouve dans une promenade solitaire en compagnie du musicien. Au programme, des paysages gigantesques, des couchers de soleil et la mer qui frôle les pieds avec douceur.
Dog Park – Sunny Decadence
Partenaire précieux de nos oreilles depuis de nombreuses années, Howlin Banana Records fait partie des labels dont on scrute toutes les sorties avec une attention particulière, tant on sait que les artistes qui y signent ont toujours ce petit plus qui nous enchante.
Dog Park ne fait pas exception à la règle, et débarque avec ce Sunny Decadence de toute beauté. Doux, tendre et addictif, le morceau se vit comme un petit bonbon qu’on laisserait fondre sur notre langue et qui dévoilerait au fur et à mesure toutes ses saveurs. Une pop aérienne du plus bel effet qui charmera tout ceux qui y poseront les oreilles.
Pour accompagner le morceau, le groupe s’occupe lui-même de la vidéo et nous livre un clip DIY à base de gâteau sucré, de playback un brin foireux et d’une bonne humeur absolument communicative.
Un après-midi ensoleillé comme on les aime à vivre avec Dog Park.
Vald – Laisse tomber
Au début de l’année 2022, le Rap Français a été notamment marqué par la parution du très attendu quatrième album du rappeur d’Aulnay Sous Bois, VALD. Couronné de succès, que ce soit commercial ou d’estime, le Parisien s’est ensuite lancé dans la production de clips et dans une tournée à travers toute la France.
Au début de ce week-end, l’artiste a rendu public le clip de la quatorzième piste de l’album : Laisse Tomber. Ce dernier prend le parti-pris fidèle à l’identité de VALD, qui est de miser sur le côté burlesque, de ne pas chercher le sérieux. C’est dans cette optique que l’on observe la présence du duo Big Flo & Oli, avec tout particulièrement Big Flo, qui tient le rôle principal de la vidéo.
On l’y voit écouter le morceau concerné dans diverses situations, après une altercation avec son frère. Sans mettre en avant des arguments révolutionnaires, le clip reste très simple mais demeure efficace dans sa structure. On ne voit au final VALD qu’à la fin, lorsque le métrage se termine, moment où on le découvre derrière la caméra, célébrant la fin de tournage.
Cette clôture prend la forme d’une discussion entre les trois artistes, parlant de tourner un autre clip, mais cette fois-ci pour le duo. C’est ainsi que ce dernier annonce une nouvelle vidéo dont la sortie devrait prendre place vendredi prochain.
Lomepal – 50°
Cette deuxième moitié de l’année 2022 est définitivement très chargée pour Lomepal. Après une tournée des Zéniths antiques à travers toute la France, le Parisien a finalement sorti Mauvais Ordre, son troisième album studio. C’est alors dans l’ordre des choses que l’artiste s’attelle à la réalisation de clips pour le matériau présent sur ce nouveau disque.
La victime du jour est le second morceau du projet, 50°. Comme à son habitude, Antoine Valentinelli propose une forme très propre à ce qui l’a fait connaître de son public. Le clip montre l’artiste sur la route, en compagnie de toute son équipe. On y voit des extraits d’activités purement personnelles, mais aussi des passages de moments de live, qui vendent la tournée que le Français s’apprête à entamer.
C’est une vidéo purement faite-maison à laquelle on a à faire ici, comme Lomepal a déjà pu nous le proposer auparavant. Le titre et les paroles du morceau, faisant référence à de très fortes températures, sont ici mis à l’honneur avec notamment l’illustration des tragiques feux ayant pris place en France cet été. On peut aussi ressentir une sorte d’atmosphère pesante, en lien avec cette question de chaleur, avec notamment l’ambiance étouffante des soirées passées sur scène.
L’ère du Mauvais Ordre n’en est qu’à son début. La chronique de l’album est toujours disponible sur La Face B.
Clement Froissart – Aux larmes
Avec Aux Larmes, Clement Froissart, qui nous avait laissés rêveurs et délassés dans sa peupleraie, revient avec un titre énergique, au clip signé Pierre Garnier.
Rock-star pailletée de pied en cap, juchée sur le toit d’un van néo vintage, le chanteur fait le show dans une fin de festival, au milieu des dunes et les oyats… L’ambiance douce et estivale, entre Hossegor et West Coast, change radicalement, lorsqu’on réalise que le public est essentiellement constitué… de zombies ! Métaphore du freak inquiétant que peut incarner la figure du fan dans ce qu’elle a de pressante ou d’oppressante, ou mise en image de l’apocalypse en cours par le recours à ce grand classique de la pop-culture, la trame narrative oscille entre tragique et film de genre. Le concert s’achève comme il se doit : la figure tutélaire, résignée, se laisse rattraper par son destin.
Zombifiée, comme les autres, par les autres, le chanteur semble déposer les armes, et nous propose un constat doux-amer : isolé face à l’adversité et à l’hostilité du monde, l’individu, seul, ne peut en réchapper, à moins de s’allier au groupe – quoi qu’il lui en coûte…
Ô Lake – Innocence
Il y a des titres qui portent définitivement bien leur nom. Avec Innocence, Ô Lake tape dans le mille. Dans le cas de musique instrumentale, le titre offre généralement une clé de lecture au morceau. Ici, le musicien nous entraîne dans cette idée de pureté, de tendresse absolue, et nous amène dans un univers différent, où l’on se laisse emporter par ces notes chaleureuses, porteuses d’espoir et de beauté.
Pour rester dans cette idée d’immaculé et de sentiments forts, la vidéo qui accompagne le titre d’Ô Lake suit le vol d’un oiseau au loin, comme si il nous invitait à lever les yeux pour porter un regard éloigné du quotidien, le tout dans un noir et blanc parfait et rempli de symbolique.
De bonne augure, en attendant l’arrivée de STILL, prévue pour mars 2023.
UTO – Row Paddle
Après Heavy Metal et A la Nage, Row Paddle clôt avec toute sa hargne la saga poétique d’UTO, filmée et réalisée par le collectif Cestainsi. Exutoire, flanqué d’un beat à l’inspiration Black Skinhead de Kanye West, le morceau et le clip nous embarquent dans une trame sonore tempétueuse et des images cycloniques, dans l’antre d’une sirène attirant à soi sa proie.
Saccades, spasmes, éclairs, giboulées, attendez-vous à ce que tous vos sens soient mis à rude épreuve. Raw Paddle est un titre aussi fou que le reste de leur album Touch The Lock. Afin de reprendre notre respiration, la vidéo se termine sur les notes apaisantes de Full Presence, avec les photos souvenirs (pour ne pas dire le making-off) de la collaboration avec Cestainsi. UTO sera sur scène à la Maroquinerie le 28 novembre, ne les loupez pas !
ROMAIN MULLER – CHAMBRE 8 – live aux Trinitaires Metz
Le 20 octobre dernier, Romain Muller fêtait la sortie de son dernier EP, Accroche Cœur, aux Trinitaires à Metz. Dans l’ancienne chapelle néogothique désacralisée devenue temple des musiques actuelles, Romain Muller joue avec nos émotions. Dans cette Chambre 8, les sensations s’égarent et se répondent en écho.
Chaleur, odeur, couleurs se mélangent et finissent par former un souvenir confus au sein duquel psychotrope rime avec kaléidoscope. Épuré et efficace, le style de Romain Muller se rapproche parfois de celui de Malik Djoudi : une pop élégante qui peut subrepticement évoluer en des boucles électroniques conduisant à un lâcher prise sensuel, pour notre seul plaisir.
Maybe Margate – Glorious Morning
Des nuits agitées laissent place à des matins radieux. La folk distillée par Maybe Margate se teinte de reflets psychédéliques, issus des effets wah wah de la guitare qui rythme le morceau. Les voix d’Ivan Breton et d’Olivia Asseman se mêlent harmonieusement et on se met à penser à JJ Cale, tant dans le phrasé contenu que dans la narration faussement paisible. Au fil du morceau, l’anxiété de la nuit va laisser imperceptiblement place à une sérénité que l’on sent baignée des premiers rayons du soleil.
Découpages et stop motion illustrent Glorious Morning, dans un clip DIY inventif et poétique, qui s’harmonise à merveille avec le flow musical – simple en apparence, foisonnant dans l’essence.
The Blaze – DREAMER
Après les retrouvailles de EYES, The Blaze revient avec des ambiances bien plus cinématographiques pour DREAMER. À nouveau derrière la caméra, les cousins nous offrent un spectacle total, avec en son coeur toutes les thématiques propres au duo : la jeunesse, le voyage, la sensualité et la musique.
Une nouvelle déclaration d’amour à la vie, à l’humanité qui vibre partout dans le monde et des rêves communs qui existent, peu importe le pays ou les personnes.
Musicalement, c’est toujours le grand jeu que nous offre The Blaze, avec ce morceau dansant, porté par une voix et une poésie qui leur est propre. Un hommage à tous les rêveurs, et qui nous entraîne sur le dancefloor les yeux fermés, notre esprit guidé par nos rêves.
Suzane – Génération Désenchantée
Suzane nous parle de la rage et de la colère face à laquelle la litanie “ça va aller, ça va aller” tente de se faire une place et de s’imposer. Face à la guerre, aux tensions, à la misère et aux multiples crises écologiques, économiques, énergétiques, comment agir ? C’est la question au cœur de cette chanson. Si on aurait tendance à dire que la nouvelle génération tarde à venir, Suzane affirme que cette Génération Désenchantée est bien là, prête à se battre, à grand coup de solidarité.
Pour incarner cette Génération Désenchantée, Edie Blanchard réalise un clip dans un décor post-apocalyptique mais rempli d’espoir. On y aperçoit un ciel bleu infini de promesses, d’amour, de tendresse et de fraternité qui se rejoinnent dans des scènes de manifestations.
Gabi Hartmann – Buzzing Bee
Ça déménage avec Gabi Hartmann ! L’artiste amène un concert en pleine rue de Ménilmontant. D’un mouvement intuitif, presque évident, on la retrouve guitare entre ses mains, en train de chanter avec des musiciens. Ce concert improvisé est capté par Celia Marie Cheri, accompagnée d’Adrianna Lankford. A l’instar des précédents clips de l’artiste il y a quelque chose d’un autre temps dans Buzzing Bee. On est tout de suite plongé dans un temps révolu, mais que Gabi Hartmann continue par ses chansons jazz.
Saints Martyrs – Minotaure (avec Lou-Adriane Cassidy)
Le quatuor québécois Saint Martyrs vient de sortir Mythologies de dernier recours, un deuxième album riche en collaborations. Parmi ces dernières, on retrouve le titre Minotaure (moitié d’un diptyque avec la chanson Ceci n’est pas) avec la chanteuse Lou-Adriane Cassidy. Comme le laisse entendre le nom du disque, ce morceau brutal et brûlant reprend brillamment des codes mythologiques et nous maintient en haleine avec son intensité ascendante.
Minotaure nous propulse ainsi en plein cœur du tourment émotionnel et du douloureux lien qui nous ramène à nos démons. Ce cheminement sans fin dans le labyrinthe des sentiments perturbés est accompagné d’un clip marquant sorti cette semaine, réalisé par Piètre Pigeon et le groupe lui-même : sous leur caméra, Lou-Adriane Cassidy retombe dans les travers du dédale avant de se libérer de l’emprise du fil qui ne mène nul part.
Channel Tres – 6am
Merci à Channel Tres de nous offrir une parenthèse ensoleillée en ce terne mois de novembre, avec le morceau 6am, extrait de son prochain (et premier) album. Un parfait mélange entre funk et house des années 90, le tout accompagné d’un clip dont la simplicité est presque rafraîchissante. Se déroulant en pleine rue, Channel Tres est accompagné de danseurs aux tenues excentriques, accentuant l’atmosphère good vibes de la réalisation.
Un hymne motivationnel que l’artiste décrit lui-même comme étant “inspiré de ses voyages et des épreuves qu’il a traversées”, à jouer pour se remonter le moral et rester concentré sur l’essentiel. On salue l’esthétique de la vidéo, en symbiose parfaite avec les sonorités présentes, qui ajoute à l’ambiance dansante déjà omniprésente.
On adore cet avant-goût de l’album à venir, qui, on l’espère, sera empli de jolies prises de risques comme celle-ci !
DJ Pone – Paradis
Quelques semaines à peine après Remède, DJ Pone est déjà de retour avec le fracassant Paradis. Après Georgio et Gringe c’est avec Disiz qu’il s’associe pour ce nouveau titre.
La prod froide et techno de Pone trouve un pendant sentimental et tout aussi puissant à travers les mots de Disiz. Un Paradis vraiment ? On n’en est pas si sûr. Ce qu’ils nous dépeignent ici, c’est le monde de la nuit, celui dans lequel on s’échappe, celui par lequel on cherche à fuir un quotidien pas toujours brillant. Un besoin d’ailleurs qui devient vite une dépendance tant on cherche à retrouver encore et encore des instants fugaces qui ne reviennent pas toujours.
Pour accompagner le morceau, DJ Pone fait confiance à neb qui nous livre ici un clip onirique créé grâce à l’intelligence artificielle. Une vidéo qui limite la colorimétrie pour devenir la plus percutante possible. On suit notre héros dans cette descente nocturne qui nous rappelle autant certains films de science fiction que des rêves dans lesquels les formes et les êtres se transforment. Un trip presque insomniaque qui renforce totalement la puissance du morceau.
La suite risque d’arriver très vite et pour la scène, on retrouvera DJ Pone à La Maroquinerie en mars 2023.