La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 158ème sélection des clips de la semaine.
BOLIVARD NEWS
À l’heure d’une société hyper-connectée, nous sommes en permanence noyés par les news… Un monde d’informations qui a un impact certain sur nos pensées, nos sentiments et notre psyché… Un monde anxiogène et rempli de non-sens, que Bolivard a décidé de tourner en dérision, pour notre plus grand bonheur.
Alors que son nouveau projet, M. BOLIVARD, débarquera ce vendredi, le musicien de chez Cookie Records nous offre donc une pastille d’1 min hilarant,e et pourtant si proche de notre réalité.
Un monde qui se barre en couilles, où tout est poussé à l’extrême qui tire vers le cynisme absolu. Une barrière en soi pour nous inviter à prendre du recul, à respirer un bon coup et à écouter Bolivard, le docteur qui vous veut du bien.
Berling Berlin – In Foreign Land
Ce n’est pas un clip. Il s’agit plus véritablement d’un court-métrage qu’a dirigé Bixente Volet pour les quatre compères de Berling Berlin, qu’on ne verra jamais dans ce clip, par ailleurs. In Foreign Land bénéfice d’un soin particulier par rapport aux autres vidéos du quatuor, se focalisant davantage sur l’histoire et le sens des paroles. C’est une course contre-le-temps pour Lisa, qui reprend contact avec son frère Jonathan après un hiatus de deux ans.
Désireuse de corriger le passé, elle prend la décision irrationnelle de retrouver son frère avant son long départ et emprunte le bateau de son père à la hâte pour le retrouver sur la plage. Le rythme des instruments s’emballe alors, tandis que les touches sonores de la bande restent fidèles à leur esthétique : dark, vibrantes et sobres. La fin vire au tragique, nous laissant en pleine réflexion quant à nos actes et les regrets qui en découlent. In Foreign Land pourrait être un conte moderne à la Dis Quand-Reviendras-tu de Barbara : loin des yeux, loin du cœur.
Berling Berlin va poursuite la tournée de son premier album réussi, First Emotions of The Century, sorti le 8 avril 2022. On les retrouvera exclusivement en tête d’affiche de la soirée de ce vendredi 27 janvier au Supersonic, avec Sheitan & The Pussy Magnets et Jenny’s Dancing en première partie. Ne manquez surtout pas ce plateau XXL.
Ravage Club – C’est l’Enfer
Ils sont l’un de nos coups de cœur rock de l’année 2022. Ravage Club dévoile cette semaine un nouveau clip tiré de leur EP C’est L’Enfer. Et c’est le titre éponyme à ce disque qui bénéficie d’un traitement de faveur, sous la forme d’un clip à la sauce Tarantino où quatre larbins installent leur base dans une décharge.
Sous la houlette de Valentin Soulet, les plans séquence, tantôt d’ensemble, tantôt centrés sur les personnages, sont décalés et dynamiques. Le petit plus est l’apparition de l’acteur Fabrice Adde (The Revenant, Eldorado), qui vient chasser les quatre gangsters. C’est la vie qu’ont décidée de mener les membres de Ravage Club : la liberté anarchique au prix du danger constant.
C’est L’Enfer est aussi un morceau d’une puissance assumée qui marie des couplets au ton rap avec un refrain à la hargne punk. En soi, un morceau du turfu, qui sait transcender les genres. Continuez ainsi…
Aune – JOGGER
Le dimanche, c’est aussi l’occasion de prendre soin de soi, de s’entretenir… ou de faire tout l’inverse. De notre côté, plutôt que le jogging, on préfère écouter JOGGER de Aune.
Une voix à la Belin sur une techno minimaliste, beaucoup de distance, de l’ironie, et un beat qui nous claque la tête pour ne plus la quitter ; Aune nous offre une formule réjouissante, sur laquelle on danse le sourire aux lèvres, sans jamais oublier que la vie n’a que le sens qu’on lui donne.
Pour ajouter à ce spectacle, Aune s’associe à Charlie Mars pour nous livrer un clip animé, coloré et délirant, qui n’est pas sans nous rappeler certaines productions DIY qu’on adore. Comme si le lapin de la RATP avait décidé de quitter le métro pour se mettre à la course.
Le reste ? C’est vendredi que ça se dévoile, avec la sortie de Face à Aune sur Another Record.
LUMIÈRE – Rock Band
LUMIÈRE est de retour cette semaine, et le personnage créé par Étienne Côté prend une autre dimension, moins lisse et plus désabusée par moments.
Cette transition nous est expliquée dans Rock Band, le nouveau morceau de LUMIÈRE. Quitter la campagne, se confronter à la ville et, plus que tout, brûler la scène et toucher les spotlights du bout des doigts, tel est l’objectif affiché, dans ce qu’il a de meilleur et de pire. Cette transition urbaine s’effectue aussi dans le son, bien plus ample et délirant, porté par des solos de batterie et de guitare, des chœurs explosifs, et une interprétation bien plus physique et proche par moments de la comédie musicale.
Cette transformation se vit aussi à travers la caméra d’Alexandre Pelletier, qui nous transporte dans un univers 70’s bien différent de celui exploré par A.M.I.E.S.A.M.O.U.R. Des couleurs, du maquillage, du cuir et du glam, voilà la nouvelle image de LUMIÈRE.
Et si vous désirez en savoir plus sur cette métamorphose, on vous invite à découvrir notre interview avec l’artiste par ici .
NINA – Les garçons
Au cœur du premier EP de NINA, Les garçons joue un rôle charnière. Il est le morceau du basculement, celui de la prise de conscience, du changement à venir. Un morceau qui gagne en puissance dans une lente montée explosive.
Dans ce morceau, NINA se dévoile, se transforme et observe l’amour et les relations entre les femmes et les hommes, des histoires d’amour, d’amitié, qui durent dans le temps ou qui se brûlent le temps d’une nuit.
Mais pour NINA, les garçons vivent aussi sur scène. La preuve avec cette vidéo qui accompagne le titre et qui nous entraîne dans les coulisses de la première tournée de la musicienne. Une tournée partagée avec des garçons, et dans laquelle semble vivre une vraie camaraderie et un esprit bon enfant.
Une lancée qui ne devrait pas s’arrêter de sitôt, puisque NINA est au cœur de la sélection du Chantier des Francos cette année et que vous la retrouverez prochainement en interview sur le site.
BAD PELICANS – DANCE MUSIC
Qu’est ce que la Dance Music ? Un terme devenu galvaudé avec le temps, qui accueille en son sein tout un temps de titre de la bande FM ? Ou est-ce une musique qui vient faire vibrer nos corps, qui nous assène des BPMs bien sentis et une énergie communicative et ce, peu importe le genre ?
À l’écoute du nouveau titre de Bad Pelicans, on a choisi notre camp. Car Dance Music est bien un titre de dance music, une pièce primaire, sauvage et dingue qui nous secoue et nous donne envie de sauter partout. Une basse déglinguée, une batterie fracassante, une guitare comme un éclair et un chant plein de distance et à peine audible. Que demande le peuple ? Pas grand chose de plus.
Pour accompagner le morceau, Diane Sagnier & Lucas Lecacheur mettent en scène Walter Shnorkell dans un rôle iconique, puant la classe et la sueur. Un héros dans le club, une figure presque christique, dans des lumières qui le mettent parfaitement en valeur. La nuit n’a jamais paru aussi belle.
ETERNAL LIFE NOW est attendu pour le 24 février chez Géographie Records.
Hervé – D’où je viens
À l’approche de son album INTERIEUR, prévu pour le 24 mars, Hervé revient sur son passé et nous fait l’honneur d’un retour en force, dans un clip empreint de gratitude envers la vie et son fatalisme, de reconnaissance envers le simple fait d’être né un jour et d’avoir été tiré au sort pour remporter le droit de vivre. Une victoire à la genèse de tout, qui établit un semblant d’égalité entre les espèces de ce monde :
« Etre en vie c’est déjà ça », selon Hervé.
Le chanteur remercie ses racines, sans lesquelles le début de sa carrière d’humain, son présent, ne seraient ni viables, ni appréciables. Il est le fruit de bases saines inculquées par les siens. Il célèbre le ciment de la vie, forgé, consolidé par le temps, ce long chantier où chaque étape compte, comme le clip donne à le voir.
Ce dernier possède tous les ingrédients d’un avant-propos. Sur son visage, il porte l’expression de ce qui va suivre. Le rappel de la couleur orange, sur les tenues d’ouvrier, le casque, les gants… donne le ton de la future pochette d’album, tout droit extraite du clip, sorte d’arrêt sur image. Enfin, Hervé transperce le nom de son album après l’avoir placardé au mur. Dans « D’où je viens », Hervé disperse les indices et on se prend au jeu.
De ce chemin de vie marqué par des souvenirs indélébiles et heureux, il cumule les exemples : « Ma mère citait souvent ma grand-mère, souvent quand ça tournait mal… », « Mon oncle coupe la parole pour faire une blague ou bien pour me dire qu’un oiseau passe », « Mon grand-père nous chantait en Breton à 4 grammes »… du moins suffisamment consistants pour ne pas les taire.
Rares sont ceux qui, comme lui, acceptent de se tourner vers le passé, à défaut d’entrevoir l’avenir, d’en définir les contours. Celui-ci lui paraît loin et d’abord, à quoi bon le rêver ? Le futur a tout le temps de se montrer. Le refrain le chante sans honte, avec conviction : « Je ne sais encore où je vais, ce que réserve le destin. Mais je sais déjà d’où je viens. Pas d’arrivée sans départ. »
Bakari Ft So La Lune – BakaTsuki
Les fans les plus observateurs des deux artistes ont pu anticiper cette collaboration. Effectivement, c’est sur leurs réseaux sociaux respectifs qu’ont pu être vues photos et vidéos des deux rappeurs. Une alchimie humaine qui se ressent en musique dans BakaTsuki.
La connexion franco-belge fait cohabiter mélodies et mélancolies, deux caractéristiques qui balisent la musique de ces deux artistes qui ne font que de gagner en popularité.
Pour les accompagner, la caméra d’Orus s’est plongée dans un visuel donnant vie au titre, entre animations et prises de vues en plein Paris. Une manière de mettre en lumière les rêves de ces deux artistes qui sont, trop souvent, rattrapés par leurs démons.
Une connexion plus que réussie entre deux artistes qui semblent partager plus d’un point commun.
Wallace Cleaver Ft Django – benelli828
Si vous êtes amateurs d’un rap qui allie technicité et efficacité, Wallace Cleaver devrait vous satisfaire en 2023. Chacun de ses derniers couplets démontrent une maîtrise totale de soi et de son récit, qui s’ancre souvent dans des ambiances glaciales. Un terrain de jeu qui va bien à son collègue Django, qui l’accompagne sur benelli828.
Une atmosphère qui a inspiré BORO et C14BONE, qui se sont occupés de la partie visuelle du morceau. Sous gros imperméable et bruits de motocross, Wallace Cleaver est imperturbable, accélérant sans cesse son flow sans perdre le fil de son récit, la forme au service du fond.
Django poursuit le récit avec une entrée glaciale, faisant montre d’une alchimie étonnante entre les deux rappeurs.
De son phrasé singulier, il maîtrise sans trop de difficultés les sonorités drills s’échappant de la production de 999BIGGIE et PR.
Avec cette collaboration, Wallace Cleaver prouve qu’il n’a rien a envier à des artistes déjà plus installés auprès du grand public. Bref, en 2023, il faudra garder une oreille sur lui.
Cub Sport – Keep Me Safe
Aussi amer que doux, ce dernier titre de Cub Sport sait aussi bien réconforter que réanimer la mélancolie enfouie au fin fond de chacun de nous. Cela est dû au rythme lancinant de sa production et aux voix étouffées et fragiles des interprètes. Toutes ces émotions transpercent Keep Me Safe et prennent vie devant la caméra d’Adam Munnings.
En utilisant la métaphore d’un trajet en voiture, le deuil de la route tracée sans se retrourner balise ce récit aux accents introspectifs. Des plans cinématographiques viennent se poser avec douceur par-dessus cette histoire d’amour pleine de pureté.
La rythmique lancinante s’accélère de plus en plus, jusqu’à laisser s’éclater tout l’amour qu’elle pouvait contenir, et avec elle les dictats du passé volent en éclats pour laisser respirer un présent plus libre et sain.
Toh Imago – Asile Sauvage
Après les terrils de Nord Noir, Toh Imago se transporte dans les forêts et les souvenirs avec son nouvel album, Refuge, paru ce vendredi. En découle une musique bien plus lumineuse et dansante, une sorte d’expiation intérieure portée par un rapport à la nature et à sa région toujours aussi présent.
La preuve avec cet Asile Sauvage, single qui représente parfaitement dans le son et dans l’image ce qu’a voulu faire Toh Imago. Un univers apaisé, dans lequel se côtoient musique électronique et bruits de la nature, percussions physiques et apaisement du cours de l’eau.
Les excellents Temple Caché et Chloé Guillemet ont parfaitement compris cette petite danse à deux, et offrent à Asile Sauvage une extension visuelle colorée et surréaliste qui n’est pas sans rappeler le travail du Douanier Rousseau.
On plonge dans cet univers luxuriant de l’esprit, comme si dans une épopée intérieure, on se retrouvait tout d’un coup dans une forêt imaginaire, bercés par nos souvenirs et nos fantasmes.
Et si vous désirez en savoir plus sur Refuge, on vous donne rendez vous demain pour découvrir notre entretien avec Toh Imago.
Sleaford Mods – U.K. Grim
Les Sleaford Mods sont de retour ! En vrai, ils n’étaient pas vraiment partis – on a pu entendre les apparitions de Jason Williamson sur les albums des Viagra Boys, d’Alex Cameron, de Billy Nomates… et on a pu croiser le groupe en festival cet été – mais cette semaine, le duo britannique annonce un nouvel album intitulé UK Grim, qui sortira sur Rough Trade Records le 23 mars, et qui succédera donc au génial Spare Ribs, sorti en 2021.
Les deux Anglais rentrent dans le vif du sujet avec le morceau titre en premier single, dépeignant l’état de leur pays en pleine crise dans toute sa noirceur. Une critique acerbe contre l’austérité ambiante (“This is U.K. Grim, put it in the bin!”), mise en images par l’artiste britannique culte Cold War Steve (@coldwarsteve sur IG), maître en art de collages politiques.
On y croise Nigel Farage (extrême droite anglaise) tout sourire tapant sur une casserole, Vladimir Poutine torse nu dans une caravane, l’ancien premier ministre britannique, Boris Johnson, une ribambelle de drapeaux de l’Union Jack sortant de son derrière, Sting avec une mandoline… et une quantité de détails à l’humour anglais décapant.
Avec U.K. Grim, Sleaford Mods prouvent une nouvelle fois leur pertinence via un morceau et une collab artistique dans le 1000. On a hâte de découvrir la suite.
Météo Mirage – La Nuit
On se branche devant le poste de télévision à l’écran bombé. Une tempête de neige éclate, signe que l’émission La nuit, présentée par Météo Mirage et Camille Lemonnier, va commencer.
Le sourire forcé des protagonistes, en smoking bouffant et cheveux longs, n’est qu’une simple mise en bouche de ce qui se prépare.
Avec La Nuit , Météo Mirage déverse un vent d’humour, une dose enivrante de légèreté sur nos journées grises de janvier.
De kitsch désuet, de chorégraphies approximatives, de cigarettes toutes fumées dans le cendrier et de candeur rassurante, la nouvelle génération en réclame et les précédentes en éprouvent une nostalgie heureuse.
Ces éléments confirment l’univers libre et enivrant du groupe Météo Mirage – et quoi de plus contagieux que la liberté – en concert au Point Éphémère le 22 mars prochain.