Les clips de la semaine #158 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la seconde partie de la 158ème sélection des clips de la semaine.

Fils Cara – OPIUM

Depuis bientôt 4 ans, Fils Cara force la fascination. Une trajectoire comme une étoile, on suit la traînée de sa pop qui ne cesse de nous surprendre et de nous faire vibrer. Alors qu’il vient d’annoncer AMARETTO pour le 19 mars prochain, le Stéphanois vient nous faire danser cette semaine avec l’exceptionnelle Opium.

Des cordes discos, une basse lascive pour un rythme endiablé, guidé comme toujours par la voix de plus en plus assurée de Fils Cara. Comme toujours, l’amour est au rendez vous. Celui qui nous fait briller, qui nous rend addict, mais sur lequel on n’ose pas toujours poser des mots, de peur de le pervertir. Et c’est là qu’intervient Marc : avec sa plume pleine de grâce, il nous entraîne dans un univers de tous les possibles, avec ses mythes, ses légendes et son rythme qui ne faiblit jamais.

Pour suivre le morceau, Celia Arias & Manuel Mollá nous offrent un clip cinématographie, entre le ciel bleu et le noir de la nuit. On suit l’artiste dans des décors en mouvement, où les corps transpirent et les lumières s’étirent. Le monde se fait flou, comme un trip qui alterne entre la réalité et les rêves de l’amour. Des dangers, de la sensualité, de la douceur, pour une addiction aussi fébrile qu’inéluctable.

Finalement, la plus belle des drogues, c’est sans doute la musique de Fils Cara.

8Ruki & So La Lune – OLD

Nous vous en avions déjà parlé il y a quelques semaines, 8Ruki s’affirme aujourd’hui comme étant l’un des rappeurs à surveiller cette année. Après le clip de MANY MANE, on le retrouve cette fois-ci pour mettre en avant OLD. Ce nouveau morceau scelle la collaboration avec So La Lune, lui aussi présenté comme l’un des espoirs du Rap Français.

Dans un clip très contemplatif et nocturne, les deux artistes se montrent sous un visage ouvert. Réalisée par Adzelio et  Whoisbulbii, la vidéo rend justice aux atmosphères douces de la piste, avec notamment un plan surplombé par la lune.

En attendant un album qui arrivera prochainement, nous voilà de quoi patienter encore un peu plus.

Nikola – y’a rien de plus chiant que la joie

Et si, avec Nikola, la France avait trouvé son Franck Ocean ? On pousse peut-être un peu, mais à l’écoute de y’a rien de plus chiant que la joie , on ne peut s’empêcher de pencher au Bad Religion du grand Franck ou à certains morceau de Kanye West.

Ici, on tient un morceau faussement minimaliste, proche par instant du religieux, que ce soit dans l’utilisation du synthé, des chœurs féminins et du traitement de la voix. Quelque chose qui prend aux tripes, qui nous percute le cœur et qui nous assomme autant par sa radicalité que sa sincérité.

y’a rien de plus chiant que la joie, c’est une prière aux lendemains plus joyeux, une façon de se dire que même si l’on douille, même si la vie nous fout des croche-pattes et nous fout la tête dans le caniveau, on trouvera toujours un moyen de s’en sortir.

La vidéo de C14BONE est totalement centrée sur Nikola. Un clip au plus près du musicien, dans une sorte de solitude voulue, de recherche de soi, un peu à la Rocky. Le quotidien d’un garçon qui a décidé de ne jamais renoncer, de se battre et de trouver le moyen d’aller chercher le bonheur et la joie, quitte à se faire chier ensuite.

Un cri du coeur vivifiant et bouleversant, qu’on a hâte de découvrir sur scène, notamment le 3 avril à La Boule Noire.

Flavien Berger – Les yeux, le reste | A COLORS SHOW

Après le clip D’Ici-là paru il y a deux mois, Flavien Berger arrive avec un nouveau titre de son futur troisième album à paraître.

Cette semaine, c’est grâce à une session sur la chaîne COLORS (sa première) que l’artiste français nous fait découvrir Les yeux, le reste.

Devantune toile orange, sur une prod planante, Flavien Berger nous délivre sa prose, un texte doux, peut-être un peu triste mais signé d’une plume toujours aussi sûre.

Sans nuls autres accessoires qu’un souffle froid flottant sur la vidéo et un déhanché du chanteur, nonchalant et accompagné de quelques coups de tête pour ponctuer la variation de l’interlude de fin, cette prestation est aussi sobre que belle.

Dans cent ans, le troisième album de Flavien Berger, sera à retrouver dès le 17 mars prochain.

Ojos – Tes mains sales

Ojos règlent leurs comptes en beauté cette semaine avec Tes mains sales, leur percutant nouveau titre. Si les superbes voitures vintage qui les entourent dans ce clip réalisé par Valentin Marguery (Valerian7000) semblent toutes droit sorties d’une autre époque, le thème du morceau l’est quelque part aussi : dans ce nouveau banger aux paroles tranchantes, le duo se remémore les petits tyrans qui ont tourmenté leur passé. Dédiée à l’un de leurs bourreaux, Tes mains sales constate avec le plaisir non dissimulé du fait le temps fait bien les choses et que la revanche n’est jamais bien loin. Après la sortie de Peligrosa il y a quelques mois, l’énergie mordante et cathartique d’Ojos s’avère être une fois de plus contagieuse, et donne un grand coup de boost à notre début d’année. 

BEAR’S TOWERS – Old Ghosts

Avec le doux Old Ghosts, tiré de leur dernier album Self-PortraitBEAR’S TOWERS nous invite à ralentir un peu et à faire le point sur le temps passé et les souvenirs associés (bons comme mauvais) qui prennent souvent la forme de fantômes, finissant par nous hanter d’une manière ou d’une autre. Plutôt que de les enfouir ou de passer au travers, il est ici plutôt question de les accueillir à bras ouverts, de faire la paix avec eux, et avec soi-même, par la même occasion. Ces fantômes sont humanisés avec beaucoup de tendresse via un magnifique clip contemplatif réalisé par Alix Papoutsos de Blue Hats : malgré les températures glaciales de l’hiver, Old Ghosts parvient ici à nous réchauffer le cœur. 

Ouai Stéphane – Tous Ensemble

« Tous ensemble, tous ensemble, Ouai, Ouai » Ça y est enfin ! Ouai Stéphane vient enfin de sortir le titre quasiment emblématique que tout le monde reprend en chœur à la fin de ses concerts. Et en ces temps de revendications sociales, son potentiel est énorme pour devenir un incontournable de nos manifestations. Et même plus généralement, parce que l’on ne fait pas que revendiquer, de nos aspirations.  

Comme toujours, les clips de Ouai Stéphane sont aussi ingénieux que sa musique et ses mille et une façons de la générer. L’art de la contrepèterie visuelle ou acoustique. Dans des lieux qui n’ont de sens que fréquentés et tumultueux, et ici au contraire présentés comme déserts, résonnent en écho des « Ouai » traficotés, se calant sur le rythme du Music for pieces of wood de Steve Reich (c’est quand même une référence belle et inattendue). Puis, dans une montée en puissance inexorable, on se sent envahi par un insatiable appétit de bouger et de se mêler les uns aux autres. Une mise en abîme dans une communion électronique, où « Tous ensemble, tous ensemble, Ouai, Ouai » nous ne ferions plus qu’un.

Guillaume Léglise Ft Cléa Vincent – Les Dunes

Guillaume Léglise, dont on connaissait auparavant un projet du nom de Fictions, sortira son premier album Auto-Fictions mi-mars. En attendant, nous pouvons patienter en découvrant le titre Les Dunes, dans lequel il mêle sa voix à celle de Cléa VincentLes Dunes en métaphore des relations amoureuses qui peuvent s’avérer hautes, mais faites de pentes abruptes et instables.

 Une mélodie simple et efficace, solaire comme la capitale espagnole, dans laquelle est tournée la vidéo. Une scène se déroulant en boucle nous prend à contretemps, noyés par la lumière et les couleurs andalouses. On vous laisse imaginer la suite, avant que peut-être la publication des prochains morceaux nous dévoilent la fin de l’intrigue. 

Laure Briard – The Smell of your Hair

Un doux parfum seventies se dégage du Smell of your Hair de Laure Briard. Nouvel extrait de son prochain album, Ne pas trop rester bleue, à paraître mi-février, dont elle distille depuis quelques mois les morceaux. La vidéo joue sur l’usage d’objectifs (très) grand-angle pour distordre les images et donner la sensation de suivre les musiciens sous psychotropes.

Voyage aux confins d’un passé fantasmé et psychédélique, mais ancré dans la modernité des compositions de Laure Briard. Accompagnée dans la vidéo par Sarah Maison aux claviers, Victor Peynichou à la basse et Pierre-Louis Vizioz à la batterie, on n’est pas loin de la dream team musicale. Avec The Smell of your Hair, Laure Briard nous montre qu’elle occupe toujours une place singulière dans le paysage sonore de la scène française. Et c’est tant mieux, parce qu’on adore. 

Palatine – I Waltz Unseen

Le dernier clip de Palatine, réalisé par Victor Blondel et produit par Yotanka Records et Garde Fou avec le soutien de la SPPF & La SACEM, pousse l’esthétisme à l’extrême. 

Pour illustrer le si beau titre « I Waltz Unseen« , une silhouette sans visage, incarnée par Louise Rocard, déambule et s’acharne dans un huis clos autour des membres du groupe, aveugles à son langage… La danse a la grâce du désespoir, ses élans se heurtant à l’indifférence – jamais conjurée par la beauté. 

Le morceau, qui mélange les styles et se joue de nos références, entre folk anglo-saxonne et spoken word en français, est porté par une puissante mélancolie. Cette dernière trouve peut-être un début de résolution dans la valse finale des corps, dont la légèreté éclaire d’une lueur d’espoir le mouvement retrouvé. Une prouesse de sensibilité.

Solal Roubine – Perdu

Solal Roubine nous livre une déambulation internationale, avec toujours la patte de sa dilettante assurance – réelle ou fantasmée ! 

Dans ce clip, tourné avec un smartphone durant sa tournée en Corée du Sud, le chanteur à la voix douce et aux harmonies neo-funk se confie sur ses incertitudes et son sentiment de solitude… Sur les images de Theo Chapira, montées par Eli Chicheportiche, nous voilà embarqués au gré des paysages, entre envie d’évasion et conscientisation intimiste de ce que le départ permet souvent : l’observation de ses failles à la loupe, dans la distanciation du quotidien… Un bien joli carnet de voyage.

Pierō – 5h17

Au sommet, Pierō nous offre un nouveau morceau, sur la ligne de crête. 5h17 se situe dans un entre-deux, entre deux forces contraires qui ne s’opposent pas mais s’entremêlent, à l’instar de l’amour fusionnel entre le couple décrit par l’artiste. De ces évocations, on ressent des airs de William Sheller soufflés dans l’oreille du chanteur, comme soufflerait le vent. Car Pierō parvient à saisir toute la sensibilité et l’éternité de l’instant. Si le titre invoque l’heure 5h17, le morceau, lui, semble hors du temps, hors frontières. La guerre et le silence s’entremêlent, comme l’amour et la mort. En ligne directrice, il y a les éléments, la nature comme seul témoin. C’est ce que retranscrit avec minimalisme Martin Schrepel dans la réalisation du clip. Pierō danse cycliquement et évolue dans une white cube, que la neige vient tantôt percer de ses blancs flocons.

Johan Papaconstantino – Bricolo

Hamman, aman, aman… ! Johan Papaconstantino nous ponge dans la piscine d’un hammam et dans l’univers de son prochain album, avec la sortie d’un nouvel extrait. Après les titres Glass et Tata, l’empreinte méditerranéenne de l’artiste se retrouve dans des rythmes de rébétiko. Ce qui frappe à l’écoute de Bricolo est une mélodie semblant être jouée par un zurna (un hautbois très aigu joué dans les Balkans et au Moyen-Orient). Des sonorités qui apportent une tension au morceau, comme pour ouvrir le chapitre d’une tragédie grecque. Car c’est ce que le réalisateur, Jehane Mahmoud, retranscrit à travers le clip de Bricolo, dont le travail de photographie évoque des peintures orientalistes. Le tableau se situe entre la chaleur et la vapeur d’un hammam. Nous sommes témoins d’une scène de danse autant sensuelle que mortifère, digne de cette ambiguïté orientale, cette capacité à faire jouer l’ombre et la lumière.

The Psychotic Monks – Crash

Si vous n’avez encore jamais vu en concert The Psychotic Monks, alors il serait bon d’y songer. Le quatuor s’empare de nos corps, les écartèle, les écrabouille. Si petits face à ces virtuoses, les mots tombent et s’oublient.

Le groupe sortait il y a quelques jours un nouveau clip, Crash, pour notre plus grand plaisir. Un homme d’affaires monte à l’arrière d’un taxi. Il semble attendre. Tout de suite, on pense accident, crash. Il n’en est rien. Le voilà qui ressort de la voiture. A l’envers. Voilà la boucle. On suit des gens et des actions, qui se font et se défont. Des hommes et femmes en train de courir, un Times Square bondé où les écrans imprègnent l’image. Une vidéo dans une vidéo. Tout se boucle, sans cesse, dans un amas noisy et techno parfaitement orchestré. Enchevêtrements de téléphones, voix inquiétante et culte du corps, svelte et jeune. The Psychotic Monks crash nos cerveaux et bordel, ça fait du bien.

Leur nouvel album, Pink Colour Surgery, sortira le 3 février et on a hâte de vous en parler.

Caroline Rose – Miami

Quelques mois après la sortie du dramatique Love/Lover/Friend, Caroline Rose est de retour avec Miami, son nouveau single.

Ici, l’artiste semble se libérer d’un trop plein émotionnel trop longtemps contenu en elle et chante la fin évidente d’une relation qui semble plus dévastatrice qu’autre chose.

Une relation arrivée à son terme, mais dont elle a su se relever, ce qu’elle clame avec conviction à mesure que le morceau se clôt.

Le clip, quant à lui, a été réalisé par Sam Bennett, lequel filme à la manière d’un plan séquence rembobiné un couple incarné par Caroline Rose elle-même et l’actrice Massima Bell.
Une marche arrière dans le temps, qui dévoile la connexion qui semblait lier les deux protagonistes, mais qu’il faut désormais oublier – ou du moins essayer d’oublier.

Pour la suite, rendez-vous le 24 mars prochain avec la sortie de The Art of Forgetting, le quatrième album de Caroline Rose.