Les clips de la semaine #164 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la seconde partie de la 164ème sélection des clips de la semaine.

Chahu – Fini

Selon un récent sondage, Angers est la ville la plus agréable de France. Est-ce cela qui aide au développement de sa scène musicale ? Peut-être pas mais en tout cas, on scrute depuis plusieurs années les exploits d’une terre angevine où il se passe de très jolies choses.

C’est de ce terreau fertile que Chahu, jeune pousse sensible et merveilleuse, est sorti. Déjà quelques EPs à son actif et le garçon continue de tracer sa route.

Dans ce minimalisme qui navigue entre vagues électroniques et notes organiques qui nous bouleversent, le voilà de retour cette semaine avec Fini, un nouveau titre en guise de dialogue interne. Des émois intérieurs, une tempête personnelle dans laquelle il plonge, pour mieux s’en sortir. Les mots sont simples et percutants, ils se répètent dans une poésie qui vacille légèrement pour mieux nous atteindre.

Pour accompagner ce morceau Flavien Caron filme la chorégraphe Aïda Ben Hassine. Au plus près du corps , filmé comme un plan séquence qui donne l’idée d’un rêve ou d’un souvenir, il filme cette danse expiatoire, cette reconquête intime et ce besoin d’exprimer ses tourments à travers le corps et le cœur.

Un ensemble parfait qui nous aura mis les larmes aux yeux.

BERMUDI’ll Wait For You

I’ll Wait For You, nouveau clip de BERMUD, se savoure. Comme un bonbon qu’on laisse fondre sous la langue, comme une liqueur brûlante qu’on laisse glisser au fond de sa gorge. Jolie mise en bouche en attendant l’album, Chetter Hummin, dont la sortie est prévue le 31 mars. Il est attendu chez Reverse Tapes (le label de Stuffed Foxes). De ces complices renards, BERMUD retient les envolées perçantes et les fureurs noisy. Mais Elliot Aschard, celui qui se cache donc derrière ce projet solo, y ajoute du grain, et pare les morceaux d’accents shoegaze.

Il réalise le clip d’I’ll Wait For You en compagnie de son ami Chris Telor et décrit le titre comme une « Ode à la contemplation, à l’attente et à l’ennui. (…) Ne rien faire, rester las, à se demander pourquoi en attendant le retour de quelqu’un ou de quelque chose sans ne pouvoir rien faire. »

Un homme se découpe, surimpression de corps et de voix, au sein d’un décor nébuleux et énigmatique. Une forêt, un champ en périphérie de la vi(ll)e et cette figure fantomatique qui apparaît et disparaît au rythme des couplets et des refrains. Les guitares se déchainent tandis que la voix d’Elliot nous apaise. Nul doute que ce titre résonnera encore et encore, au sein de nos esprits émerveillés et de nos corps fatigués.

ShoefitiRust

Cut, Stab, Threat, Wound. A l’écran, Henri d’Armancourt, de profil, qui scandent ces mots et les répètent, de plus en plus fort. Quatre verbes violents criés quatre fois. Au centre de l’image, avec en fond les premiers éléments d’un clip qui s’annonce déjanté. Rust est le premier extrait clippé du nouvel album, CityT error, sorti le 3 février sous les labels Le Cèpe Records, Flippin’ Freaks Records et Influenza Records.

Et quel clip ! Nous voilà tout de suite propulsés au sein de riffs effrénés et de surimpressions. Des corps de femmes se meuvent au rythme des accords ondoyants. Et le quatuor se fond finalement au sein de cette grande danse. Multiplication de bras et de jambes, explosion de guitares, et une image mettant au premier plan les couleurs primaires. Teintée de rouge, de vert et de bleu, la vidéo révèle l’éclat de Shoefiti, la force et l’originalité de ce projet.

Pamplemousse – Vicious Mind

Celles et ceux qui iront voir Fuzz le 14 mars au Trabendo auront la chance de découvrir Pamplemousse (suis-je frustrée ? Oui.) Anciennement trio, le groupe évolue dorénavant en duo, et pas d’inquiétude ils ont de l’énergie à revendre !

Originaire de l’Île de la Réunion, le groupe sortira son nouvel album, Think Of It, le 17 mars prochain chez le label A Tant Rêver du Roi.

Vicious Mind, est leur second extrait clippé. Réalisé par Justus Faceooze, il est tourné à Le Cap, en Afrique du Sud. Et préparez-vous, car ce sont trois minutes et trente secondes sportives ! Sessions ride avec une planche, paysages paradisiaques, plongeons dans des eaux bleu turquoise, etc. La vidéo est à l’image de la chanson : nerveuse, acérée et définitivement punk.

Pearl & The Oysters ❍ Paraiso

Des nouvelles de notre groupe franco-américain préféré. Depuis qu’ils ont quitté la Floride pour la Californie, le bouillonnement de sons, creuset de leurs premières compositions, s’apaise pour laisser place à des lignes sonores plus épurées. Leurs vibes, toujours aussi prenantes, ont les reflets pastels d’accords délicatement jazzy, aux modulations douillettement psychédéliques.

Dans Paraiso, Pearl & The Oysters explore l’image que l’on se fait d’un paradis tellement idéalisé qu’il en devient artificiel. « Another day in paradise », comme vu par le prisme d’une visionneuse de photo Master View, les paysages se mettent à ressembler aux dessins issus d’albums Disney des années 60. Au cœur d’un été sans fin, l’impression d’utopie carton-pâte qui en ressort nous semble aussi bien réconfortante qu’illusoire. Mais peu importe, et si avec ses accents vintage et délicieusement jazzy, Pearl & The Oyster était en train de construire la Pop du futur. Rendez-vous le 21 avril pour la sortie de leur nouvel album Coast 2 Coast.

Barbara Rivage – Visage triste

Ce qui interpelle tout de suite, lorsque l’on écoute Visage Triste, c’est l’opposition entre les paroles mélancoliques et la mélodie entraînante qui structure le morceau. Bringuebalé entre deux états d’humeur, on se laisse porter par la chanson et les lignes musicales qui se dessinent.

Mouvantes, comme le sont les images de la vidéo réalisée en compagnie de Marine Orgo Vergnes dans les rues de Rennes. « Tu as le visage triste et tu t’aimes si peu. Alors, y a-t-il de l’amour pour deux ?». Le texte est délicat et sensible. La chanson agit comme un catalyseur, pour sortir d’une langueur intérieure et se répandre dans une spirale pleine de vie. C’est beau et rudement addictif. 

Après un dernier EP, Éternité, l’automne dernier, la sortie de leur single Visage triste augure de belles choses à venir et, surtout, d’un premier album prévu au printemps prochain. Le duo rennais, Barbara Rivage, sera à la Boule Noire le 5 avril. L’occasion de les découvrir sur scène ?     

DDWD – Labyrinthe

Les jours passent et nous rapprochent de la sortie de Portraits, le nouvel album de Double Date With Death.

Cette semaine, ils nous présentent Labyrinthe, morceau hommage au film Shining. L’idée était donc de retranscrire ce labyrinthe mental, cette sensation d’être piégé dans son esprit et de ne plus savoir comment faire pour retrouver une part de normalité.

Pari réussit, tant le morceau se joue en deux temps : une première partie oppressante, dans laquelle le héros se questionne, se voit sombrer dans une sorte de noirceur qui se terminera mal et qui explose dans la foisonnante seconde partie instrumentale, comme si la folie se libérait et contaminait le tout. On se laisse alors bercer par une mélodie dont les échos rappellent étrangement certains autres morceaux de DDWD, comme un labyrinthe qui n’en finit jamais.

Pour accompagner ce morceau, les montréalais ont fait appel à Vinyl Williams et Pedro Friedeberg qui nous offre un rendu baroque, étrange et assez fou de l’idée de labyrinthe. On se promène alors dans des tableaux en mouvements, perdus et apeurés dans un monde qui ne semble pas avoir de fin.

Johan Papaconstantino Ft. rad cartier – Beau temps

En ce dimanche particulièrement gris, il fallait aller chercher le Beau temps dans nos oreilles. Cela tombe bien Johan Papaconstantino et rad cartier sont là pour mettre un peu de bonheur dans la grisaille.

Alors on se laisse embarquer par leur langueur et leur non chalance et on chille avec les deux garçons qui nous font monter dans le ciel et trainer avec les amis et la famille. Un plaisir absolu et imparable pour une collaboration de haute volée entre deux artistes qui cartonnent en ce moment.

Un mélange des styles au dosage parfait, on se laisse donc à regarder le ciel comme eux pour regarder le beau temps.

Johan Papaconstantino vient de dévoiler Premier Degré, un excellent premier effort et après deux Trianon complets ce printemps, il sera à l’Olympia cet automne et en tournée dans toute la France entre temps.

My Single Lise – ❤️LES AMIS ❤️

My Single Lise a cette faculté de transformer, avec presque rien, le moment qui passe en une source de félicité. Il suffit de quelques pastilles noires et quelques bandes adhésives rouges pour que la magie de l’instant opère.

L’illusion qui se crée en reliant les points révèle une ode à l’amitié à laquelle on ne peut qu’adhérer et faire sienne. « Ensemble sur cette terre, ensemble amis et sœurs, frères ». Une boucle vidéo évolue de façon semblable mais jamais identique, donne vie à une anamorphose qui enserre une Lise à la fois, sensible, touchante et espiègle. Et si on se remettait la chanson une nouvelle fois ?

FishBaby – CHANGES

FishBaby, le groupe, dont les sonorités évoquent parfois la vibe de The Stepkids, avait déjà su rafler l’attention de la nouvelle scène parisienne en 2022 avec la parution d’un EP au croisement de la pop et du jazz. Le quartet nous soumet cette semaine son premier single… avec du chant – et beaucoup de poissons !

Dans les fonds marins psychédéliques interprétés à la réal’ par Nicolas Garrier-Giraudeau, se superposent anémones de mer et visages des membres du groupe, dans un effet VHS so 90’s… Après l’intro, où Thomas Despaux nous embarque en douceur avec une guitare minimaliste, les solos de sax aquatique (et ténor !) de Tom Naouri s’illustrent par une image qui bruisse à saturation.

Les images d’archives de surfers en vision thermique façon Dents de la mer se mêlent au synth’ un tantinet kitch de Tom, tandis que Julien Roger impulse un flow d’une rythmique légère comme des petites bulles. Si on adhère modérément au parti-pris visuel, le son, en revanche, nous a conquis : on plonge !

Elliott Armen – Signs

Il y a de ça un an, l’élégant Elliott Armen dévoilait un sublime premier album, Helium Ballons. Comme un miroir à celui-ci, le voilà déjà de retour avec Helium, un nouvel album, totalement instrumental à parraitre le 24 mars prochain.

Cette semaine, il nous dévoile Signs, merveille au piano qui nous emmène très très loin dans notre imaginaire, guidé par ces notes riches en émotions pures. On se laisse guider par ses mouvements comme par les vagues d’une mer accueillante qui nous guiderait d’elle même vers des lieux inconnus.

Pour accompagner le morceau, il laisse à Bastien Colin le soin de le filmer dans la superbe Villa Les Roches Brunes. Un noir et blanc classieux et une caméra en mouvement capte la concentration et la sincérité d’Elliott pour notre plus grand bonheur. Un moment hors du temps, à regarder encore et encore.

Jain – The Fool

Après quatre ans d’absence, Jain est de retour cette semaine avec The Fool extrait de son troisième album à venir. 

Cette absence on l’a comprend un peu. Le succès de Makeba l’a transporté aux quatre coins du monde, entre promo et tournée la jeune chanteuse comptait plus de 300 concerts à son actif rien que pour ce premier album. Un raz de marée qui a poussé Jain à prendre le large quelque temps aux abords de Marseille dans un petit village de pêcheur.

C’est la bas qu’elle compose The Fool, un titre aux accents plus rock electro qu’avant mais toujours en anglais. 

Elle puise l’inspiration en se reconnectant à des choses plus vraies dans son quotidien et ce sont les parties de Tarot avec sa mère qui seront la ligne conductrice de ce titre et de tout l’album. 

Le clip emmène la chanteuse sur la lune. On retrouve « la pâte » Jain, un univers très précis et détaillé avec beaucoup de couleurs et de bonne humeur.

Lael Neale – In Verona

Lael Neale sort cette semaine In Verona, un morceau hypnotique de plus de 8 minutes, dont les paroles airent dans la ville italienne et suggèrent (sans jamais les nommer) le couple mythique ancré à son histoire : “How does love die / Did you hold it in a vial of forever / Can they touch you / Can they reach you / Do the bells rings? / In Verona, in Verona, in Verona / Where we live”. Entre histoire et technologie, le clip nous promènent entre les statues d’anges et les tombes d’un cimetière ou bien devant un écran où la musicienne américaine incarne tour à tour une présentatrice TV, une nonne ou encore une prisonnière… 

In Verona est le deuxième single de Star Eaters Delight, le troisième album de Lael Neale, qui vera le jour sur Subpop le 21 avril ! On a hâte de le découvrir ! 

Absolem – Partie 3 : Grand Méchant Loup ft. Caballero

Cela fait maintenant un mois qu’Absolem tease l’arrivée de son futur projet avec différents titres. Après M€dl€y, la partie 1, et Bougie la partie 2 en feat avec Limsa, il sort la troisième partie: Grand Méchant Loup avec Caballero. Le rappeur liégeois confirme son retour par des textes et des clips de grandes qualités, avec une grosse annonce en fin de vidéo.

Alors que M€dl€y se terminait par la chute du rappeur d’un toit, et que Bougie capturait sa descente vers le sol, Grand Méchant Loup enregistre le rappeur après le choc. Le clip, réalisé par Rob Knudsen, débute sur le corps d’Absolem étendu par terre tandis que Caba, accueillis par un loup, entre dans une caravane. Une fois installé, il tire une belle taffe et commence son couplet bien technique. Il semblerait que cette beuh ait un effet spécial, puisque le regard de Caballero se scinde avec celui du loup.

Après un petit passe passe, c’est au tour d’Absolem de lâcher son texte dans une transition incroyable. Toujours étendu et les yeux clos, il débite son texte et prouve qu’il excelle dans l’exercice des kicks aiguisés et des rimes. Le loup, qu’on suppose être contrôlé par le pote de JJ, trouve le corps inerte du rappeur, le sent et s’enfuit. Les yeux du rappeur s’ouvrent d’un coup et de longues dents et poils poussent également. La réincarnation d’Absolem est arrivée.

Grand Méchant Loup égale le niveau des deux premières parties avec un Caballero en feu endossant le rôle du maître des loups. En point culminant, Absolem annonce sa nouvelle mixtape : Balle d’argent, disponible le 03 mars, très attendue à la suite de ses différentes dernières sorties.