Les clips de la semaine #169 – partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la seconde partie de la 169ème sélection des clips de la semaine.

Tomasi – Jaloux

Jaloux, Tomasi ? Lorsqu’on connait le garçon, sa bienveillance et son sens du collectif, on a vraiment du mal à y croire.

Pourtant, il est vrai que la jalousie est le sentiment le plus humain qui soit avec l’amour. Dès notre plus jeune âge, on désire les différences de notre voisin, alors que lui fait sans doute la même chose avec quelqu’un d’autre.

Plus qu’une expression de la réalité, Jaloux est sans doute un totem pour Tomasi, une manière de se dire qu’il est parfois ok de regarder les autres avec une certaine pointe d’envie, une façon de convoquer ce sentiment universel pour mieux vivre avec.

Un moyen aussi de vivre au mieux son expérience individuelle lorsqu’on vit dans un groupe et qu’on a tendance à beaucoup mettre en avant le collectif au point parfois de s’oublier soi même.

Cette vision passe aussi par la musique et l’interprétation, Jaloux navigant entre calme et colère, une sorte de pensée intérieure et une soupape utile pour ne pas exploser.

Visuellement, c’est une nouvelle fois Nicolas Garrier-Giraudeau qui passe à la réalisation pour un clip presque naturaliste qui suit Tomasi au plus près. Une promenade urbaine en mode caméra embarquée qui met le chanteur face à ses émotions et une certaine forme de solitude.

Le tout se terminant une nouvelle fois par la mise à mort de sa guitare, petit clin d’œil qui semble revenir comme un running gag dans toutes les vidéos de Tomasi.

Avec ce morceau, le musicien explore une face plus sensible de son projet et continue à tracer le sillon d’une musique intime et personnelle.

TRENTE ∞ DÉFAUTS / comme Paris

Dans la vie de tous les jours, Tomasi n’est jamais très loin de TRENTE et inversement. Il était donc normal que ces deux là soient aussi proches dans notre sélection des clips de la semaine.

Car TRENTE est lui aussi de retour cette semaine avec un double morceau intitulé DÉFAUTS / comme Paris, une pièce à deux faces, un dialogue entre deux amis. Un morceau sensible et triste dans lequel TRENTE explore les sentiments à travers deux prismes différents : celui d’une personne qui ne voit pas ses qualités et son ami qui cherche à le faire réagir et à lui montrer comme il est spécial.

Une nouvelle pépite sensible qui met en avant non seulement le talent de parolier d’Hugo mais aussi sa manière de jouer avec les émotions et les textures. DÉFAUTS / comme Paris a l’étrange particularité d’exprimer en même temps ce que l’on ressent et ce qu’on aimerait entendre et se termine par des mots réconfortants de ceux qui comptent le plus : nos ami.es.

Comme toujours, TRENTE passe aussi derrière la caméra et s’offre un nouveau visuel DIY du plus bel effet dans lequel il se fond comme une ombre, au milieu de textes, de dessins et de couleurs. Une nouvelle flèche en plein coeur en attendant l’arrivée de son premier album.

Thérèse – No Rules

Après une épreuve de la vie qui l’avait éloignée du devant de la scène pendant quelques temps, Thérèse revient enfin et plus forte que jamais cette semaine : après les sorties de Jealous et Mala Diva il y a quelques mois, elle nous dévoile maintenant le jubilatoire No Rules et son clip fantastique réalisé par les bien-nommés Genial (Charlie Montagut et Thomas Daeffler).

Il est ici question de s’affranchir des normes, d’embrasser la complexité de nos contradictions et plus largement d’apprécier nos différences et celles des autres. Ce titre brillamment désinvolte vient mettre un grand coup de pied dans les cases dans lesquelles on s’enferme parfois et nous invite à prendre les choses un peu moins au sérieux sur fond de jersey-club, pop et hip-hop.

No Rules marque ainsi le grand retour de Thérèse et la suite des évènements s’annonce tout aussi glorieuse.

KALIKA ft. Youv Dee – Personne 

KALIKA et Youv Dee s’associent dans une chasse aux monstres sur leur single Personne dont le clip a été dévoilé cette semaine. 

A la croisée de leurs univers colorés et, disons-le, parfois déjantés, les deux artistes se dressent face à leurs démons enfouis, tantôt chasseur de Pokemons, tantôt Pokemons tout court. 

Dans ce titre où les deux protagonistes refusent de redevenir « personne », ils sont eux-mêmes les Pokemons rares à qui il faut faire place dans le paysage de la création musicale. Si leurs styles musicaux semblent innovants et affirmés, c’est bien parce que KALIKA et Youv Dee se sont battus contre leurs propres démons pour trouver une paix intérieure qui leur permette de s’épanouir dans leur vie et dans leur musique. 

Le featuring sera à écouter en boucle sur l’album de KALIKA dont la sortie est prévue le 5 mai prochain, et on espère surtout voir ce duo aussi pop que kawaii sur scène très vite, et pourquoi pas le 16 avril à l’Aéronef de Lille lors du concert de Youv Dee !

This Is the Kit – Inside Outside

C’est toujours un plaisir de découvrir un nouveau titre de This Is the Kit. Comme un rayon de soleil qui vient embellir notre journée d’ondes positives. C’est Inside Outside que nous découvrons cette semaine avec l’annonce d’un nouvel album qui précèdera à Off Off On dont on vous avait parlé dans ces lignes. Careful of Your Keepers est produit par Gruff Rhys (Super Furry Animals…) et sortira début juin. 

Avec Inside Outside on retrouve les arrangements subtiles et élaborés de Kate Stables et de son groupe et sa voix douce et assurée qui questionne les choses qui arrivent : “Was it the outside that made it happen on the inside / Or was it the inside that made it happen on the outside”. La musicienne anglaise basée à Paris écrit des paroles du morceau : « Qu’est-ce qui fait que les choses arrivent ? Quelle est notre marge de manœuvre ? L’électricité et la chimie échappent-elles à notre contrôle ? Mâcher. Choisir. Forces internes ou externes ? Nous comportons-nous simplement comme les gens attendent que nous nous comportions ? Ou anticipent-ils ce qui se passe ? Avant que cela ne se produise ? Parce qu’ils le voient en nous avant que nous le sachions nous-mêmes ? Un grand changement qui se prépare depuis plus longtemps que nous ne le pensons. L’avons-nous simplement ignoré ? Était-il si profondément enfoui ? Ou bien l’avons-nous vu depuis le début mais avons-nous choisi de l’ignorer ? À quel point les choses changent-elles ? Ou est-ce seulement la façon dont nous voyons les choses qui change ? ».

Le clip réalisé par Hannah Owen est une chorégraphie colorée qui nous entraîne dans différents paysages de forêt et de bord de mer. Une vidéo ingénieuse et poétique à l’image du morceau. 

Careful of Your Keepers sortira le 9 juin sur Rough Trade Records et on a hâte de le découvrir ! 

VONFELT – Je ne sais où

Arthur Vonfelt a longtemps œuvré dans l’ombre des nombreuses collaborations auxquelles il a participées (Joko, Freez). L’ami de jeunesse d’Elliot Diener (aka Petit Prince) et de Jacques (avec qui il a dernièrement tourné derrière sa batterie qu’il déconstruisait et reconstruisait selon les morceaux). Il vient de lancer son projet solo. On était curieux d’entendre les sons qui allaient jaillir de l’imaginaire de ce batteur émérite et multiinstrumentiste inventif. Le résultat est aussi saisissant qu’éblouissant.

Je ne sais où, porte l’élégance baroque d’un Homme à la tête de choux de Gainsbourg qui emprunterait Les Chemins de Traverse psychédéliques du titre de Moodoïd. En ce dimanche, si vous souhaitez explorer le monde sans bouger de chez vous, Je ne sais où vous mènera loin, en suivant les sinusoïdes des ondes sonores qui tissent les lignes musicales de ce kaléidoscope musical. Vous éprouverez alors un grand plaisir à le suivre et … vous y perdre !

Philémone – Message Non Lu

Philémone nous touche avec son texte parlé-chanté qui se heurte aux lignes musicales. Les mots percutent les notes de la partition et rebondissent impuissants à entamer l’enveloppe des désillusions de « Celle qu’il ne choisit pas ». Message Non Lu exprime davantage le sentiment de désenchantement qui nous pénètre que celui de mélancolie qu’on devrait ressentir.

On aimerait savoir se résigner sans devoir subir. Louise Chauvet a mis en images, avec délicatesse, les moments d’attente et de solitude de cette « fille de second choix ». Sensible, ce Message Non Lu ne demande qu’à être écouté. Il annonce un EP à paraître à la sortie de l’été, J’aime plus les gens

Nina Lili J – Johnny

D’une rencontre impromptue est née une histoire, celle de Johnny dont parle Nina Lili J dans son titre portant le doux nom de cet enfant des rues dans les yeux duquel elle s’est perdue. 

La chanteuse enchaîne les succès après la sortie de son premier single Décla en 2022. Déjà un an que l’on attend une suite à ce projet de pop française aussi moderne qu’emprunte d’inspirations des grandes années 80 qui ont vu naître de grandes carrières dans cette esthétique. Nina Lili J suit les traces de ses prédécesseurs tout en ajoutant sa touche personnelle à sa musique, une délicatesse et une poésie certaine dans les paroles et la mélodie qui lui est propre. 

C’est cet univers que l’on retrouve dans Johnny, son nouveau single à l’ambiance aussi nostalgique et nébuleuse lorsque Nina Lili J raconte le destin qu’elle imaginait pour ce garçon des rues qui est « comme une météorite » qui vivrait sa vie à 200 à l’heure. 

La chanteuse se met en scène face camera dans un clip tout de bleu filtré, pour interpréter cette chanson en toute sincérité. Une sincérité qui touche et bouleverse, en nous embarquant dans l’univers de Nina Lili J. 

Zed Yun Pavarotti – In amour

Pour accompagner la sortie de son nouvel album Encore le chanteur Zed Yun Pavarotti en dévoile un nouvel extrait visuel avec le clip d’In amour réalisé par ses soins et ceux de Charles Leroy

Thématique universelle mais toujours riche en émotion, l’amour balise ce nouvel opus et se répercute dans ce morceau. 

Sous la bruine des plages du nord de la France, tapis dans un glacier, le chanteur attend son âme sœur le visage tiré et la mine vers le bas. Le climat est tendu, et le silence règne entre les deux amants. Les lèvres tremblent, peignant à sourire ; des larmes commencent à goutter comme la pluie dehors et toujours aucun mot ne s’échange. Si ce n’est ceux qui ne sont pas dits, ceux qui habitent les pensées de ces deux protagonistes et qui sont mis en avant par l’interprétation du chanteur. 

Sous ces airs cinématographiques, ce clip met en lumière la puissance émotionnelle avec laquelle Zed Yun Pavarotti parle d’amour, un parfait préquel pour se plonger dans son dernier album. 

Rose Gone x Lovelynils – Fiction

Dans les sphères les plus confidentielles, les frontières entre les styles se floutent et se mélangent. C’est également le cas des frontières géographiques comme en témoigne cette connexion entre le belge Rose Gone et son voisin français Lovelynils. Des univers qui laissent la place aux mélodies et aux nappes électroniques dans Fiction

La connexion reflète d’une vraie alchimie entre les deux artistes comme en témoigne le clip réalisé par Leano. Sous une lumière orangée, ils évoluent dans un studio mystique ou le temps semble distordu. Ce qui se ressent à la caméra qui paraît constamment au ralenti. Le tout accompagne à merveille la divergence entre le flow mélodieux des deux artistes et la production effrénée de Slimguylo

Une connexion intéressante qui donne vie à un morceau addictif, il n’en faut pas plus pour que la recette prenne. 

Special Friend – Bête

Nous suivons le duo depuis leurs débuts, jusqu’alors iels s’en étaient tenus à l’anglais, aujourd’hui la musicienne et chanteuse d’origine américaine, Erica, s’approprie pour la première fois sa langue d’adoption. Les timbres de voix des deux membres se mêlent ici, créant un langage presque hybride qui se fond avec justesse dans leur musique pop.

Premier single de leur album à venir « Wait Until The Flames Come Rushing In », Bête s’habille d’un clip DIY. Répétitions, moments de complicité en studio, pas de danse enthousiastes, promenade timide sous le soleil, c’est une petite vidéo lumineuse et touchante qui nous immerge dans le quotidien du groupe. Un clip sans artifice pour faire rayonner la nature légère de leur musique. 

Zoomy – un, dos, tres

Zoomy est de retour avec un, dos, tres un nouveau single survitaminé. Après avoir travaillé sur OBLiV!ON en collaboration avec le producteur abel31, il fait confiance à amne, autre producteur façonnant le rap de demain sur ce morceau. 

Les fans du jeune artiste vont se régaler : variations de flows, mélodies ténébreuses et 808 vrombissantes s’allient pour former un morceau d’une précision effrayante. 

Du côté du visuel aussi la recette a été minutieusement exécutée entre VFX et prises de vue réelles Brandon et Adzelio ont su former un duo efficace à la réalisation. Ils ont réussi à poursuivre l’esthétique visuelle qu’est en train de se créer Zoomy. Ce dernier est en parfait adéquation avec sa formule musicale et ne semble souffrir d’aucune barrière si ce n’est celle que se pose le rappeur, à voir où il décidera de s’arrêter…

Laurie Darmon – T’es parti

Quelques années après la sortie de  l’album Femme Studio et de titres tels que Clémentine et Laisse-moi t’aimer, la chanteuse Laurie Darmon signe son retour avec le morceau T’es parti. . L’amour au centre de tout, est ce qui pourrait définir au mieux l’univers musical de l’artiste. Cette fois-ci il est question de séparation, de va-et-vient douloureux et amoureux. Musicalement, Laurie Darmon explore de nouvelles contrées. On y entend une veine pop qui s’entremêlent à des airs électro et surtout country. On pense alors à Adé comme une source d’influence. Un univers qui se retrouve dans le clip réalisé par Laurie Darmon. Il y a des grands espaces, une évocation à prendre la route, vers des plaines américaines. 

Nico And The Red Shoes Paper Bag

La musique a souvent le pouvoir de capturer l’essence d’une personne et de transmettre ses émotions les plus profondes. C’est exactement ce que le morceau Paper Bag du groupe Nico And The Red Shoes accomplit avec brio.

Ce titre aux sonorités pop-rock new wave, avec quelques touches d’électro, semble décrire de manière poétique la personnalité de Sheela, une personne fascinante et mystérieuse. La chanson souligne la façon dont Sheela utilise avec délicatesse et tendresse ses mains dans tout ce qu’elle fait, ainsi que sa détermination à saisir chaque opportunité de la vie sans hésitation. Elle est décrite comme une créature curieuse, unique et sans égal, mais qui peut être perturbée par les imprévus, tels que la pluie. Le refrain peut être interprété de différentes manières, mais suggère que Sheela cache quelque chose de précieux ou de secret qu’elle ne souhaite pas révéler aux autres. La voix douce et mélancolique de la chanteuse, ainsi que l’instrumentation simple et minimaliste, renforcent le caractère poétique et touchant de la chanson.

Le clip proposé pour Paper Bag est sobre et efficace. Deux personnages sont mis en avant dans ces images : d’abord la chanteuse Nico, puis une personne au regard caché mais expressif qui semble être cette fameuse Sheela. Ces deux êtres se meuvent et dansent dans un espace nocturne, accompagnés d’une légère lumière laissant apparaître leur présence.

Paper Bag évoque la grâce, la tendresse, l’aventure et la vulnérabilité que peut ressentir une personne. Ce titre est une ode à la beauté et à la complexité de la nature humaine, et réussit à transmettre un message émotionnellement clair et transparent.

Xcusemee – Okay Elvis

L’egotrip peut être une manière cathartique de démontrer ce qui déplait aux rappeurs. Depuis Bruxelles, Xcusemee use de ce procédé stylistique dans Okay Elvis pour mettre en lumière ceux qu’il appelle les Elvis. Comprenez des vantards qui parlent beaucoup mais agissent peu. Une mentalité qu’il ne partage pas et qu’il décide d’ironiser dans un clip réalisé par Caméléon Studio. Il y met en parallèle son mode de vie de charbonneur avec celui de ces frimeurs qu’il dénonce. Entre séances studios et rendez-vous galants, il laisse éclater une énergie communicative qui atteint son paroxysme sur le refrain particulièrement entêtant. 

Sans en faire de trop mais en démontrant une efficacité monstre, Xcusemee peut faire tourner les oreilles vers sa musique faite d’un beau mélange entre énergie et mélodies. 

urde – RADEAU

Urde dévoile Radeau, 1er single sur son propre label Maintenant ou Jamais. Sur une prod Jersey, le rappeur affirme un style singulier avec des placements complètement maîtrisés et un texte marquant par sa sincérité. 

Le travail de Léo-Paul Joseph, réalisateur du clip, appuie l’authenticité du rappeur que l’on suit dans son quotidien, partagé entre son home-studio, ses potes et une fameuse rue Daumesnil. S’il est question de laisser sa trace en tant qu’artiste, on est sûr que son talent le lui permettra. Un nouveau rappeur à suivre de près !  

Caroline Polachek – Smoke

Si vous avez eu l’occasion de voir la chanteuse sur scène récemment, cette dernière sortie devrait pleinement vous parler. En effet, pour le clip de Smoke, Caroline Polachek explore avec minutie les possibilités visuelles de la scénographie de sa tournée en cours. Spirales, effets colorés, ombres et lumières, jeux de fumée – bien évidemment -, cette vidéo vient mêler des enjeux de simplicité et de puissance.

Devant ses trois musicien•nes elle apporte une place nécessaire à la formation qui l’accompagne. Une transcription visuelle efficace qui nous emporte sans mal, laissant comme toujours notre regard tourbillonner et s’émerveiller des capacités de l’artiste. Un moment d’immersion sur scène empli d’une fougue et d’une direction artistique propre à Caroline Polachek