La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. L’épisode 17 commence maintenant.
Penelope Antena – Eau Claire
La chanson vous semble familière ? C’est tout a fait normal, Eau Claire de Penelope Antena était déjà apparu dans une précédente session des clips de la semaine. Mais on a envie de dire qu’on abuse jamais des bonnes choses et comme Eau Claire est probablement une des plus belles chansons de l’année, on ne pouvait pas s’empêcher d’en parler de nouveau. Et puis il faut le dire, cette session pour We Kick For Friends réinvente la chanson, l’épurant de toutes notes électroniques pour ne garder qu’un piano et une voix, tous les deux splendides et qui fendent le cœur. Il est toujours plaisant de redécouvrir une chanson qu’on a tellement écoutée qu’il nous semble la connaitre par cœur. Ici Penelope Antena lui donne un éclairage tout autre, plus intime, plus puissant, plus humain, nous permettant de nous approcher encore plus de la prière et du sacré. D’éclairage, il est aussi question dans la réalisation d’ Eliott Sebbag. Tourné dans notre cher Pop-Up du Label, il joue ainsi sur l’obscurité transformant une salle qu’on a tant explorée en lieu sans âge ni définition. Un flou parfait qui s’attarde plus sur les détails (les mains, les notes du piano, une lumière unique) pour offrir un moment de contemplation et de beauté. Une perfection qui touche l’âme.
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La Battue – Xmas
Jouer avec les codes de Noël acte 1 : Eux aussi sont des habitués de notre sélection de la semaine. La Battue revient cette semaine avec un titre sobrement intitulé Xmas. Si le titre démarre comme une chanson classique de Noël avec ses grelots et sa douceur, c’est pour rapidement prendre la tangente vers une virée plus épique, tout en gardant une certaine ironie et un soupçon de mélancolie. Jolie recette à laquelle le trio vient accrocher ses choeurs parfaits et son sens de la mélodie qui nous enchantent à chaque chanson. Visuellement, le groupe passe aussi derrière la caméra, offrant une vidéo à l’aspect DIY qui ne se refuse jamais : humour et tendresse. Le genre de titre parfait pour passer le week-end au coin du feu en dansant tranquillement les pieds bien au chaud dans des pantoufles Rudolf. On en demande pas plus.
Vladimir Congo – Le Père Noël
Jouer avec les codes de Noël acte 2 : Loin des envolées poétiques de La Battue, Vladimir Congo a lui aussi dévoilé sa chanson spéciale fête avec Le Père Noël. Le gang de Biarritz a définitivement les pieds sur terre et explore ici des terres musicales plus proches de la pop, voire du rap, avec cette diction trainante et distanciée. Forcément rempli d’une ironie mordante et d’un humour noir qui nous donne un sourire malsain d’une oreille à l’autre, le titre nous présente la face sombre du père noël. Sexe, drogue, rock’n’roll, armes et fin de soirée dans une benne à ordures, on peut dire que Le Père Noël de Vladimir Congo traine un bon paquet de casseroles derrière son traineau. Une version plus proche de celle de Gérard Jugnot que de la version Coca Cola pour résumer la situation et personnellement, on a toujours préféré la première, alors on se repasse une nouvelle fois le titre, un verre de bière à la main et notre fausse barbe blanche accrochée au front.
Al-Qasar – Ahlan Wa Sahlan (اهلا وسهلا)
Al-Qasar, c’est un mélange détonnant, celui du rock psychédélique occidental et de la musique traditionnelle arabe. C’est une porte ouverte au vivre ensemble et à l’unité entre les cultures à travers le monde. Une ode au respect qu’on aimerait voir plus souvent. Ahlan Wa Sahlan leur nouveau titre (qui peut se traduire par « bonjour et bienvenue« ) est un titre au rythme effréné ou la pédale fuzz cotoie avec bonheur un groove oriental bien senti et tout simplement imparable. La vidéo de Neftali Loria nous emmène en voyage dans des paysages qui, comme la musique, côtoient l’ancien et le nouveau dans une unité superbe. Un titre qui annonce un premier EP, et une tournée à venir pour 2020. On guettera ça avec curiosité et impatience, tant ce titre nous a fait un gros effet.
Bertrand Belin – Lentement feat Barbara Carlotti
Le temps passe, le temps coule. De manière inéluctable, il fait son office, les choses perdent de leur couleur, flétrissent et disparaissent. Si on suivait la doctrine de Gaspar Noé, on pourrait dire que le temps détruit tout. Nous on préfère dit que le temps avance et nous avec lui. Bertrand Belin pense sans doute comme nous et nous conte dans Lentement ces moments qui passent avec cette poésie qui n’appartient qu’à lui, ce sens de la formule à la fois classieuse et énigmatique qu’il partage ici avec Barbara Carlotti dans un titre où ils se parlent et se répondent. Le quotidien élevé au rang de beauté, les mots qui glissent comme le temps. La vidéo de Simon Vanrie partage avec Bertrand Belin ce sens de l’élégance, du non sens parfois aussi, de la beauté simple et directe. Une manière parfaite de célébrer une nouvelle fois l’excellent Persona et une année qui aura vu Bertrand Belin, hyperactif au possible, devenir un être incontournable de la scène française que ce soit dans la musique, la littérature ou le cinéma.
Kids from Atlas – Chemistry
Les Kids From Atlas nous ont proposé cette semaine de prendre des nouvelles de leur vieil ami le capitaine Telata. C’est chronologiquement que les jeunes mais pas naïfs garçons ont décidé d’illustrer leur tout nouvel EP Pioneers sorti le mois dernier. Après Lights qui symbolisait le saut dans le vide, voici donc Chemistry. Le clip, qui est cette fois un véritable petit film d’animation, illustre avec brio la douce mélancolie de ce morceau. Lors des couplets, les paysages défilent derrière le capitaine assoupi, les rêves tous tournés vers l’infini. Mais lors des refrains dont l’énergie est bien différente, c’est l’explosion : la fusée traverse le vide à pleine vitesse vers son destin. Chemistry, ça parle en fait de notre ridicule condition d’être humain, petits êtres inoffensifs dans un univers sans fin. Cela ne vaut plus le coup de regarder en arrière, cher capitaine Telata.
AJAR – La vie en noir
Originaire de Marseille, mais visiblement habitué à la capitale française, le jeune Ajar a décidé de tourner son dernier clip à Paris. Découvert à coups de freestyle et de partages par des gens assez influents aimant sa musique. Il a fait petit à petit son trou avec une musique originale mais qui ne tombe pas dans l’excès, efficace donc. Ce début de notoriété, l’amène donc au pied de la Tour Eiffel, sur les bords de Seine. Habillé d’une marinière, il reste dans la tradition parisienne. Accompagné d’une jeune femme qui nous tourne le dos, le morceau commence. Avec son flow à la fois nonchalant et bien chanté, il déambule tour à tour sur les quais du fleuve parisien, mais on le retrouve aussi sur la bute de Montmartre. Un tour dans Paris, avec une ambiance digne des années 50, amenés par l’instrumentale mais aussi le filtre assombrissant utilisé durant tout le clip. Mais un mystère persiste, celui de cette fille dont le visage n’est pas révélé…
Brodinski – Master Section ft Zelooperz
Evil World est sorti il y a peu, et le producteur Brodinski le défend corps et âme. Après des passages chez Clique, il a décidé de sortir le morceau Master Section accompagné d’un visuel. Proche du mouvement urbain, il a conçu ce projet entre Paris et Atlanta, et n’a pas hésité à collaborer avec des américains. Avec Zelooperz qu’il a rencontré à Detroit, le feeling est bien passé et après avoir échangé par mail le morceau a été conçu à Montréal, un vrai morceau cosmopolite ! Concernant le visuel, le thème de la fête est omniprésent . La lumière noire de la nuit est mise en opposition avec des couleurs flashs. Ce qui apporte un jeu de lumière intéressant et donne l’énergie insufflé par le morceau. Mais la soirée va vite partir en sucette lorsque Zelooperz arrive dans la boite, écouteurs dans les oreilles et décide de tirer une balle qui se logera dans la vitre du bar. Provoquant panique et inquiétude pour les gens venus s’amuser. Et aussi de l’étonnement, car rien ne semble perturber l’artiste qui continue de s’ambiancer sur son propre morceau. Jusqu’au moment où une spectatrice plus téméraire que les autres décident de lui enlever ses écouteurs, provoquant de suite son décès. Une nuit classique à Evil World...
Hamza- God Bless ft Damso
Il y a peu, Hamza laissait le doute planer concernant le suite de sa mixtape hivernale Santa Sauce. Maintenant c’est chose faite, le tome deux est sorti depuis 2 jours et avec lui le clip 100% bruxellois en collaboration avec le géant Damso. Une combinaison de haut standing, qui est accompagnée par Panamaera à la réalisation du clip. Sur une instrumentale saturée et ultra technique, les deux belges chacun dans leur styles ont étalé toutes leurs capacités. Hamza se la joue kidnappeur d’hommes d’affaires et zone dans un van rouge, éclairé par des guirlandes. Une ambiance de Noël assez particulière à l’image de la mère Noël présente dans le clip. Un des otages se retrouve libre en plein milieu d’une forêt. Mais sera vite rattrapé par les équipes d’Hamza, lui ayant décidé de rester sur le capot de sa Mercedes pour ne pas salir sa propre paire de Nike, designés avec le géant américain. À la place du mort, dans le véhicule, on retrouve Damso, qui ne se fait pas prier pour commencer son couplet. Une chasse à l’homme s’en suit dans la forêt. Le clip se finit dans un club où Hamza a visiblement réussi à rallier des hommes d’affaires sous ses ordres. Un clip capillotracté, mais exécuté à la perfection. Et, on va pas se mentir, voir Hamza assis à l’arrière d’une voiture canon sciée à la main, relève presque du surréalisme.
Fictions · Coma Carole Anne
Cinq mois après un Riviera déjà bien barré, Fictions revient cette semaine avec un nouveau clip étrange pour son titre Coma Carole Anne. Le clip de Pierre Marc deSANT nous fait découvrir Twinder, une application de rencontre pour jumeaux. Le clip navigue ainsi entre sensualité et un côté un poil dérangeant qui finit par fasciner. Musicalement, Fictions joue toujours sur la corde comme un équilibriste entre le bon et le mauvais goût pour une production très inspirée par les musiques de films érotiques des 70’s, le tout guidé par les paroles cryptiques d’un Kim Giani qui joue ici avec bonheur sur les assonances pour faire sonner les mots aussi fort que la musique. Et pour pousser la chose encore plus loin, La Tebwa a créé un faux site pour le fameux Twinder à découvrir ici : https://twindermatch.wixsite.com/tinderpourjumeaux/temoignages .
Ricky Hollywood – Dispo
Comme la semaine dernière, le prix Société Ricard Live Music continue de présenter le top 10 de ses artistes à travers des sessions lives filmées par Rod Maurice. Cette semaine, c’est celle de Ricky Hollywood qui nous a tapé dans l’oeil. Non seulement parce qu’elle représente complétement cet artiste unique, entre décallage et tendresse, mais aussi car elle colle parfaitement à la chanson qu’elle met en avant. Filmé dans une maison où il tue le temps avec ses musiciens, ce bon vieux Ricky a donc décidé de se mettre en avant avec Dispo, titre qui raconte l’attente et les rendez-vous manqués d’une personne qui tourne en rond chez elle, à la recherche d’une chose à faire et de personne à voir. Une bien jolie session en attendant un nouvel album prévu pour 2020.
Roseland – Those Fairytales
Echappée de chez Génial au Japon et Pyramid Kiwi, Emeline Marceau présentera en mars 2020 To Save What Is Left, le premier album de son projet Roseland. Elle l’a dévoilé un peu plus cette semaine avec Those Fairytales, un titre qui joue comme une lente montée en puissance avant une explosion d’émotions qui emporte tout sur son passage. Si elle nous emmène au pays des comtes de fées, c’est pour montrer toute l’étendue de celui-ci et pas seulement le côté bienveillant et solaire qu’on a souvent en tête. Un titre qui joue sur les variations, portée par une ligne de guitare qui se fait à la fois douce et puissante et des envolées électroniques qui ne sont pas sans rappeler le meilleur de la scène indé et des chœurs de toute beauté. La vidéo qui accompagne le titre joue sur des montages visuels, entre le temps qui passe, les pages d’un livre qui se tournent et un enfant qui vit dans ses rêves, entre super héros et envie d’évasion.
Lil Brain – Watching you
Tout commence par un petit piano bien larmoyant, dès les premiers instants on ne sait pas dans quoi on s’embarque, la première réaction oscille entre le je déteste/j’adore, ce clip intrigue et laisse perplexe, et c’est exactement cette caractéristique qui nous fait pencher vers le J’ADORE.
Le décor est sombre, un mur de verre sépare les deux protagonistes, Lil brain se tient là, debout, le regard perdu dans le vide, une main collée au mur de verre, de l’autre côté une femme assoupie.
Telle une muse, elle est l’inspiration de tous les fantasmes de l’artiste. Il le répète, “I’m watching you”, d’un regard phosphorescent et pénétrant, la scène tourne en boucle et nous offre une vision à 360 degrés avec une omniscience pesante pour le spectateur.
Premier son et premier clip que dévoile le jeune artiste, l’impatience nous gagne quand il s’agit de penser à son futur…
Mxmtoon – unspoken words
C’est peut être le clip le plus mignon depuis un bon moment, on assiste à la gamification de la vie de la jeune artiste qui au détour de choix se retrouve à devoir définir son identité. Comme elle l’explique, elle a pu se servir de son expérience en grandissant avec son identité de Chinoise américaine, c’est une partie d’elle qu’elle a voulu exprimer au détour de ce clip.
Avec des décors colorés et simplistes, on suit Mxmtoon, dans un titre où elle exprime tout ce qu’elle n’avait pas osé dire, ces mots que l’on ne dit pas, les traditionnels “I love you” qui sont sublimés par les choix de l’artiste dans la vidéo. Car au final, le choix le plus simple, le plus libérateur, c’est de le dire.
DTF – Dans la ville
PNL nous avait habitué aux clips dignes du grand écran, voilà maintenant NOS qui offre une passe décisive à ses protégés, l’excellent duo DTF, avec une vidéo rendant hommage à la cité Gagarinne. C’est là qu’ont grandi les artistes, dans ce célèbre bâtiment C qui va être détruit dans l’année, laissant les anciens habitants en proie à la nostalgie et à la déroute, le nom de l’album de DTF est d’ailleurs teinté de cet égarement On ira où ?
Dans le clip on accompagne les trois rapeurs dans le bâtiment vide, déjà en partie détruit de l’intérieur, NOS se saisit des briques de ce dernier et s’en va. On les retrouve à Bali en Indonésie, plan et maquette à la main, c’est là que leur Bat C trouvera sa nouvelle place.
Cette balade pleine de nostalgie nous prend au coeur, on saisit de l’importance d’un lieu de vie, d’une communauté et de souvenir impérissables qui lient les habitants entre eux.
Véritable court métrage, la vidéo est un plaisir sans nom pour nos yeux et nos oreilles.
Chapelier fou – Le triangle des Bermudes
C’est en lançant le clip que l’on se retrouve à décrypter un message d’au secours au travers d’une vidéo. On retrouve ainsi un bonhomme, esseulé, dérivant sur le net.
Personnification de l’artiste, il s’égare dans un flot de pages internet, c’est après l’avoir secouru qu’on l’accompagne à la poursuite de ce fameux triangle des bermudes car après tout, qu’est ce que c’est que le triangle des bermudes, on ne sait toujours pas où c’est ni comment y accéder, pourtant il nous passionne et nous fait rêver.
Et au final on ne saura pas si notre artiste le trouve, mais la recherche continue, à la barre d’un voilier, le mythe reste un objectif.
Véritable conte onirique réalisé par Grégory Wagenheim, on pourra dire que surfer sur le net n’aura jamais été aussi vrai, on se laisse une nouvelle fois absorber par les cordes sensibles de Chapelier Fou.
Lana Del Rey – Norman F***ing Rockwell
Cette semaine, Lana Del Rey nous offre le premier clip de son dernier album décliné en un triptyque comprenant les morceaux Bartender et Hapiness is a Butterfly. On retrouve la chanteuse dans son univers de prédilection, une ambiance rétro et mélancolique, qui illustre en toute simplicité la vie américaine. Dans un premier tableau Lana Del Rey déambule dans une maison puis au bord d’une piscine d’où s’échappent des notes de musiques. Mêlant références populaires et rush de vieux films, le second tableau s’ouvre sur une virée en voiture remplie d’insouciance et capturée par un téléphone portable. Pour la dernière scène, ce sont les instants du quotidien, les paysages californiens et l’amitié qui sont filmés, un voyage réaliste et poétique auquel il est facile de s’identifier.
ascendant vierge – Faire Et Refaire
Bon d’accord, ce n’est pas vraiment un clip, mais on avait vraiment envie de parler du nouveau titre d’ascendant vierge. Association aussi improbable qu’explosive, le duo a inventé un nouveau genre : le gabberz baroque. Ça envoie du gros kick qui tabasse les oreilles, le tout associé à la voix lyrique et troublante de Mathilde Fernandez. Le résultat est unique, entêtant, sombre et dansant. On danse dans les ténèbres, guidé par des paroles répétitives et obsédantes qui s’incrustent dans notre cerveau pour ne plus nous quitter. Faire Et Refaire est l’exemple même du titre qu’on aurait jamais pensé attendre et qui sonne comme une évidence dès la première écoute. Bref une petite perfection qui, à l’image de son époque, explose les genres et les barrières pour nous offrir un gros vent de liberté. Le tout accompagné par un superbe logo animé de Monbaus. Le genre de projet qu’on suivra avec beaucoup d’attention en 2020.