La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la seconde partie de la 170ème sélection des clips de la semaine.
Naya – vaguémo
L’exploration des souffrances émotionnelles d’une personne atteinte de troubles mentaux. Avec ses paroles poignantes et sa voix vibrante, Naya nous plonge dans les émois de cette petite sœur pour une expérience sonore des plus captivante.
Vaguémo signe en grande pompe le retour de l’artiste. Ce titre décrit la mélancolie qui semble coller à la peau de cette personne, ainsi que la façon dont elle est constamment à la merci du spleen et des sanglots. Les mots utilisés pour décrire cette douleur sont intenses et percutants, créant une image claire de la tempête émotionnelle qui fait rage au sein d’elle-même.
Le refrain de la chanson, « petite sœur borderline, telle est ton humeur, ça te dévore de l’intérieur, tout un monde d’états d’âme, comme une tempête qui souffle dans ta tête et tout le flot, tout le flot de cette vaguémo« , est particulièrement puissant, mettant en avant les sensations de vide et d’isolement que cette petite sœur doit ressentir. Il évoque également la vulnérabilité de cet être qui, à fleur de peau, semble avoir du mal à se protéger contre les regards des autres. Naya semble suggérer à travers ce titre que cette petite sœur est constamment en train de lutter pour trouver un sens à sa vie et pour se libérer de cette douleur émotionnelle qui la submerge.
Naya est mise en scène dans ce clip, la montrant seule dans un décor aux couleurs froides, avec néanmoins une touche de couleur plus chaude pour laisser apparaître une lueur d’espoir au sein de cette difficile et délicate situation. Jean-François Sauvé met en image plusieurs variations de cadre, laissant interpréter la complexité des émotions ressenties, avec tantôt un plan fixe, puis un plan serré et en mouvement, et enfin un plan avec un cadre plus serré pour ressentir l’isolement qu’exprime Vaguémo.
C’est un titre fort et intense qui vous attend pour l’écoute de ce morceau et nous attendons vivement les prochaines créations de la musicienne.
April March, Staplin – Les fleurs invisibles
April March aime la France, ce n’est une nouvelle pour personne. La légende américaine est de retour cette semaine avec le duo Staplin, pour nous présenter Les fleurs invisibles, second extrait de leur album commun prévu pour le 5 mai.
L’association musicale est réussie, nous entrainant dans un univers franco-anglais forcément proche des 70’s, décennie chère aux cœurs de tous ces musiciens. On se promènent donc entre guitare rythmique et cordes cinématographiques, guidés par la voix toujours sublime de April March. Le morceau est une petite pastille hors du temps qui nous réchauffe forcément le coeur.
Pour l’accompagner, le trio a laissé carte blanche à Oscar Jamois qui nous offre une petite beauté en animation. Le jeune homme a réalisé un clip en stop motion, permettant de créer un monde onirique et doux et de dévoiler une fable écologique qui s’inscrit dans des références elles aussi ancrées dans les 70’s.
C’est beau, c’est doux et idéal pour flanner un dimanche après-midi.
Fatoumata Diawara feat. -M- – Massa Den
Après l’étourdissant Nsera paru l’automne dernier, Massa Den est le deuxième extrait du futur album de Fatoumata Diawara – London Ko – dont la sortie est prévue pour le 12 mai. Elle retrouve dans cette chanson la complicité qui s’est developpée avec Matthieu Chedid depuis son échappée malienne et son disque Lamomali. Il suffit que les voix – forte et organique – de Fatoumata et – douce et susurrée – de Matthieu se répondent pour que la magie opère.
L’amour et l’amitié sont plus forts que les distances et les différences. Les racines, qu’elles soient maliennes, françaises ou autres, peuvent alors s’entrelacer et faire qu’une symbiose entre humains puisse éclore. « Un seul être vous aime et tout est enchanté ». Un simple regard, un simple moment de tendresse peuvent être porteurs d’une richesse incommensurable. C’est cet élan qu’insufflent Fatoumata Diawara et -M- dans Massa Den. À nous de nous en inspirer et de le faire nôtre.
GRAND BLANC – LOON
Après Pilule Bleue et Immensité, Loon est le troisième extrait publié du nouvel album de Grand Blanc – Halo – dont la sortie est prévue fin avril. Loon ouvrira le disque en nous incitant à prendre part à l’odyssée contemplative proposée par Grand Blanc, en suivant le cheminement esquissé par le titre Ailleurs de leur album Image au Mur.
La voix aérienne de Camille se fond dans la composition minimaliste aux nappes électroniques diffuses d’où seules émergent les notes d’une guitare acoustique et d’une harpe. Avec ses lignes mélodiques épurées, Loon nous convie à prendre part à un voyage initiatique, presque mystique, dans les paysages marécageux d’un estuaire où se confondent le ciel et l’eau.
Naufragés volontaires à la dérive, les instants se vivent différemment. Le temps se dilate et les sensations se dévoilent, imperceptiblement. On peut alors s’abandonner en toute confiance.
Richard Allen – A Broken Star
Nous avions adoré le dernier album de Richard Allen, Locust Tree Lane (2020), et nous réjouissons à l’annonce cette semaine de son successeur, Just Songs. Le musicien originaire du Warwickshire et installé à Amiens nous présente à cette occasion A Broken Star, le premier single tiré de celui-ci.
Quelques notes de piano commence ce titre rêveur et mélancolique aux paroles désenchantées :“I’ll have the same again / A ticket to a broken star / There are no wishes upon a bar/…” avant de finir dans une multitude d’instruments aux sonorités féeriques.
La vidéo qui accompagne le morceau, réalisée par le musicien en collaboration avec Bertrand Hazard, montre des personnages créés de cire et de carton, évoluant dans un décor homemade de plantes et de paillettes. Un monde personnel et magique qui illustre parfaitement le morceau qui l’est tout autant.
Just Songs sortira le 12 mai, et nous avons hâte de le découvrir.
King Krule – Seaforth
King Krule is back ! Et son nouveau single Seaforth dénote. Il y a quelque chose de chaleureux, d’optimiste même, bien loin de la tristesse qui a marqué son album The OOZ. Seaforth évoque son expérience de la paternité, et on sent vraiment que ce changement dans sa vie lui a apporté énormément de positivité. Sans aucun doute le clip le plus mignon que vous verrez cette semaine, King Krule met en scène deux chiens dans différentes situations du quotidien, de son quotidien, afin de représenter l’énergie positive que cela apporte et comment sa fille lui permet de vivre l’instant présent. Son quatrième album Space Heavy est attendu pour juin !
Tedax Max- Intro (Hors-D’œuvre)
Avec Intro, sorti sur son side-project Hors-D’œuvre, Tedax Max atteint un des sommets de sa carrière. Le clip est brillant et s’appréhende comme un véritable court-métrage : chaque plan révèle une esthétique implacapble, téinté par une lumière bleue, froide et vengeresse.
On retrouve Tedax Max salement amoché, pris dans des galères pour lesquelles il semble déterminé à se défaire.
L’arme contenue d’en cette fameuse boîte n’est qu’un prétexte, le rappeur est serein et confiant en sa technique : “J’ai qu’une façon de faire ils ont dix styles”. En effet, Tedax Max nous dévoile dès l’Intro, le nectar de son rap.
Peter Deaves – The Song Never Written
Avec des influences country-rock des années 60 et une poésie sobre à la Léonard Cohen; le singer-songwriter britannique Peter Deaves propose une folk épurée et profonde, nous chantant au travers de textes souvent mélancoliques des souvenirs, comme celui de cette chanson au titre énigmatique: The Song Never Written.
Écrite à la suite d’une rupture amoureuse, Deaves explique: “ Je savais que cette personne ne m’aimait pas vraiment et qu’un jour nous cesserions d’être ‘nous’; Je n’ai jamais vraiment espéré que ce soit différent. C’était ce que c’était et ce fut, pendant un temps, beau, vraiment beau. Quelque chose que j’espérais, c’était que j’obtiendrais une chanson, aussi hypnotisante que celle écrite pour son ex, écrite juste pour moi. Autant que je sache, cela ne s’est jamais produit. Alors je l’ai écrit à la place.”
Avec cette chanson soutenue par une instrumentation riche en pianos et guitares lap steel, Deaves nous rappelle que la nostalgie est une bonne chose et devrait même être ce qui nous fait garder la tête haute.
Le clip à la douce patine rétro accompagnant le morceau, filmé en partie à Liverpool d’où est originaire Peter Deaves, a été réalisé par son complice le vidéaste Lucas Hauchard.
Hoshi – Mauvais rêve
Dans ce clip doux amer, la chanteuse de 26 ans replonge dans sa vie passée et évoque notamment les difficultés éprouvées à certains âges charnières dont elle conserve les plaies à demi refermées : un âge, une cicatrice. Il s’agit là d’une redoutable entrée en matière, d’un avant propos immersif dans les thématiques de son prochain album, qui, peut-on l’imaginer, prévoit de toucher à l’intime, d’explorer les tréfonds de son âme de jeune femme et ce en acceptant les coups et blessures d’autrefois pour mieux en faire le deuil.
On voit d’abord Hoshi revêtir sa capuche comme pour mieux se protéger de ce qui va suivre, des démons qui menacent et s’apprêtent à remonter à la surface. Dès lors commence son « mauvais rêve » qui n’est autre que la triste réalité de certains souvenirs acerbes.
À coté d’un landau, elle témoigne du premier stade de sa vie, encore épargné par les problèmes sociaux, mais, dit-elle : « je suis née prématurée c’était ma seule fois en avance. J’sais pas à quoi m’attendre je sais pas si la vie va être tendre. » et quatre ans plus tard – elle appuie sur l’étage quatre d’un ascenseur, symbole évident de l’évolution, étage par étage gravir les paliers de la vie – les difficultés commencent. Trop vite dans sa vie la « différence » la rattrape, elle subit une norme, un écart considérable entre elle et les autres : incomprise, mise à l’écart, harcelée dans la cour de récréation.
L’entrée dans l’âge adulte atteinte en rampant effacera-t-elle ce mauvais rêve ? On ne peut en être sur, mais du reste certaines choses s’avèrent plus faciles à exprimer pour elle aujourd’hui.
Illa – Encore
Une voiture, deux personnes à l’avant qui ne se regardent pas, un paysage mélancolique entrecoupé de scènes de confidence, de solitude, sur fond rouge couleur des ténèbres.
Tous les ingrédients de la nostalgie sont réunis dans ce clip esthétique, floral : fleurs sur le tableau de bord, fleurs enfermées dans une valise, fleurs tombant du plafond comme un nouveau printemps qui se profile dans l’avenir, d’espoirs nouveaux qui se préparent dans le chagrin d’un rêve évanoui, le mouvement des vagues en transition.
Car la mer se renouvelle, n’est jamais la même comme les va et vient de nos cœurs d’humains. Entre deux plans, s’invite un paysage automnal, une nature verte et feu, comme un cœur brûlé, ce dernier à l’image du cycle éternel des saisons.
Dans ce clip la poésie s’impose discrète, délicate, mais non moins puissante pour celui qui la saisit.
Maud Lübeck et Clotilde Hesme – Etait-ce toi
Précédemment entendue chanter auprès d’Alex Beaupain, l’actrice Clotilde Hesme revient en duo avec la chanteuse Maud Lübeck. Cette chanson aborde avec originalité le souvenir de quelqu’un et l’incertitude de revoir cette personne dans ses signes, des petits rien. Le flux de questionnements en découle : “Le vent séchant mes larmes. Le soleil sur mes drames. Etait-ce toi, Etait-ce moi, Etait-ce toi ?“ et roule sur une ballade jouée au piano.
Ce tourbillon de questions met en avant l’ambiguïté des sentiments, la perte de repères liés à l”état amoureux. Des sujets nobles et poétiques que met en image la réalisatrice Marlène Génissel . On y aperçoit les deux femmes se croise, se retrouver, s’entrevoir dans un décor tout autant minimaliste qu’onirique.
YAÅSTER – La Balade
Rattrapage – avec « La balade » sorti il y a neuf jours, Yaåster frappe fort et confirme sa maîtrise d’un univers d’art total, où l’image prime autant que la musique. Produit par KAOTIK Agency et réalisé par Laura Naval & Jc Joam, le clip met en scène un couple intemporel et parfaitement assorti, où l’incandescente Gaïa Zimmerman donne la réplique à notre dandy devenu prince charmant.
Dans un château façon « Bal des vampires » niché dans les montagnes, l’énergie vénéneuse du duo se déploie dans une symbiose onirique. Derrière les vitraux teintant de rouge visages et silhouettes, la valse des corps nous entraîne sur le terrain d’un romantisme d’un nouveau genre : la prédation s’y fait jeu, et, sous-tendu de tendresse, les rôles s’y inversent tour à tour.
Cette relecture d’un conte de fée nous a donné envie d’aller faire un tour du côté des Châteaux de la Loire, le rock énergique et psyché de Yaåster dans le magnéto. Vintage – évidemment.
Balm – Strange Flower
Balm, c’est un peu le chouette groupe qui donne sérieusement envie de les voir en live après 4 secondes d’écoute. Des riffs bien ficelés auxquels succèdent des silences là où il faut, juste le temps qu’il faut – de quoi prendre l’élan nécessaire pour un drop salutaire et efficace. Clairement, les changements de perspectives, ça les connaît, forts de revisiter un répertoire ultra classique (le rock psyché) avec des tympans tout neufs, pour réussir à nous surprendre.
Et ça semble aussi connaitre Théo Thuillier à la réal : la caméra tourne et tourbillonne, les plans se succèdent – on regarde le ciel, des serres façon ruinporn XIXe, des moustaches sur des tapis, et déjà la furieuse envie de danser cheveux aux vents – tout pareil qu’eux. Sur fond de petit synth’ comme autant de touches lumineuses, le parfum de ces « Strange flowers » nous chatouille les narines… On retient un éternuement : au cas où on ait loupé l’info, ils nous la confirment. C’est le printemps !
Lukas Ionesco – Just Two Clowns
Dans Just Two Clowns, le déchaînement cathartique d’un gamin grandi trop vite contraste avec la douceur de la mélodie folk, mélancolique à souhait. Sur la pellicule de Zack Spige, habillant l’univers du chanteur francophone d’une ambiance rétro collant au propos, un Lukas Ionesco magnifié est en proie à une lutte avec lui-même. Déjà, on remonte le temps, et nous voilà dans un salon déserté du martèlement des pas qui l’animaient autrefois, au gré des danses et des fêtes de famille…
Le protagoniste y est seul désormais, abandonné à lui même et aux forces qui l’agitent. Sans concessions, il pousse la subversion domestique toujours plus loin… Quelques plans plus tard, la tension a encore augmenté (on vous garde la surprise du plan à rendre vegan un pêcheur de daurades…). La beauté de la lumière que rien n’altère oppose une tranquille irrévérence aux années qui filent. On rembobine, et on recommence.
Paledusk – I’m ready to die for my friends
Êtes vous prêts à mourir pour vos amis ? C’est la leçon d’amitié de la semaine signée Paledusk. Comme à leur habitude, les japonais nous ont sorti une petite pépite qui part dans tous les sens mais dont le refrain vous restera en tête très longtemps.
On y retrouve pêle-mêle une secte étrange, un couplet de Vigorman, un solo de guitare d’anthologie et un breakdown énervé parfaitement illustré en vidéo. Sans spoiler davantage, on vous laisse vous plonger dans ce clip à l’issue duquel vous ne serez plus la même personne.
Millenium Parade et Sheena Ringo – WORK
Après plusieurs mois de silence, revoilà les enfants terribles de la pop japonaise, en collaboration avec la chanteuse Sheena Ringo. Et quel retour! Comme souvent avec Millenium Parade quand il y a du visuel, il est fort réussi.
On nous promène d’un discret hommage à Kurosawa à une fanfare de fin du monde au pied de la tour de Tokyo avec, comme d’habitude Daiki Tsuneta en chef d’orchestre.
Niveau musique la parade ne déçoit toujours pas et nous replonge dans son univers bigarré entre j-rock, hip-hop et funk (avec toujours une bonne dose de trompette).
OKALA – City’s lights
Des fin fonds de sa boite à souvenirs, OKALA nous a sorti cette semaine un petit trésor qu’on n’attendait pas.
Le musicien amiénois qui prépare actuellement la suite de ses aventures avec un nouvel EP prévu pour l’automne a profité de la réapparition de City’s Lights sur les plateformes pour nous dévoiler la session live du morceau, enregistrée au centre culturel Léo Lagrange.
C’est donc derrière son iconique wurlitzer que l’on retrouve OKALA pour cette version alternative. Ici, on prend le temps de respirer, on laisse les silences résonner et on plonge au cœur du morceau, dans la beauté de sa composition et on délaisse le rythme pour une version beaucoup plus douce et organique.
Les lumières de la vie sont toujours aussi belle dans cette interprétation dénudée qui permet aussi de retrouver toutes les nuances de la superbe voix de Baptiste.
Ce genre de petite objet perdu, on en voudrait bien toutes les semaines !