La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 173ème sélection des clips de la semaine.
Marius and The Needs – Ça Brûle
Si on connaissait Nick Cave and the Bad Seeds, il y a désormais Marius and The Needs. Les deux groupes possèdent ce trait commun de savoir faire du rock une musique lancinante avec certaines spécificités pour Marius and The Needs. Le projet entre autres guidé par Marius du Collectif Medz Bazar entend moderniser, voire démocratiser, la musique country.
Leur dernière sortie : Ça Brûle s’accompagne d’un clip réalisé par Léa Troulard. Le morceau parle d’amour brûlant, tandis que le clip illustre un incendie sur une route goudronnée, comme la symbolique de sentiments enflammés que nous ne pouvons pas écarter de notre chemin, de notre destinée.
Météo Mirage – Pas de prix
Le clip du morceau Pas de prix, auto-réalisé par le groupe Météo Mirage les montre profité de la plage et des coquillages. Il s’agait d’un hymen au lâcher-prise amoureux, à cette sensation de voler que l’on peut ressentir. Un peu comme cette mouette que l’on aperçoit à la toute fin du clip. L’atmosphère est propre à l’identité musicale du groupe, c’est-à-dire autant groove qu’organique par ses percussions. Il y a de la rondeur et de la chaleur, un cocktail parfait pour parler d’amour. Pas de prix évoque ces instants de bonheur, passer à aimer. Des moments qu’il faut vivre et chérir sans songer à l’incertitude.
Arthur H – La route
Avec le titre La route le chanteur Arthur H nous parle de son rapport au temps, en particulier face à au sentiment d’attente, au fait d’espérer au risque de passer à côté d’opportunités, voire de sa vie. En bref, c’est une invitation à suivre sa route, destinée à avancer et ne plus s’y mobiliser : « ce que tu dois vivre, vis le », à vivre par l’activation de ses sens : « ressens le courant puissant, qui te porte”.
Quant à la musique, Arthur H soigne l’orchestration avec des flûtes qui portent des airs un peu bossa. Il y l’idée d’une musique évoquant un ailleurs qu’il faudrait suivre. Un aspect reflété par le clip animé par Marion Castéra. On se retrouve plongé dans les toiles exposées d’un musée imaginaire. Un choix artistique intéressant qui renvoie à la tension entre l’immobilisme, la contemplation et l’action voire l’évasion.
triinu – WASPS
Triinu sort cette semaine Wasps, un morceau hypnotique sur le retour aux sources avec des paroles en anglais : “I imagine wasps in my wine, I hear them buzzing, I hear them cry”, puis “bad feelings buried underground/ Keep them down / Keep them down’ et d’autres en estonien – son pays d’origine – pour un retour sur la terre qui l’a vu grandir.
La musicienne basée à Paris écrit : « Wasps est une chanson pour ma grand-mère et sur le retour chez soi après des années passées à l’étranger. Il s’agit de faire face à des sentiments de culpabilité et d’anxiété, mais aussi de trouver une issue et une sérénité lors du retour aux sources.” Le violon entêtant monte en puissance avant de s’éteindre à la fin du morceau et les images du clip réalisé par Julie Treboutte, tout en découpage, partagent des photos de famille et nous emmène dans les bois.
Artiste à suivre !
Aliocha Schneider – Avant elle
On le connait surtout comme le petit frère des acteurs Niels et Vassili Schneider. Acteur lui-même – il faut dire qu’avec une famille pareil ! – avec une présence remarqué dans la récente série de Cédric Klapish, salade Grecque, Aliocha Schneider brille autant sur nos écrans que le doux son de sa voix caresse nos oreilles.
Et pour cause, on est artiste ou on ne l’est pas. Dans son single Avant Elle, sur quelques notes un peu folk, le jeune prodige raconte combien une seule personne peut nous faire changer d’avis sur l’amour, sur la vie en général et par conséquent, nous faire perdre la tête. « J’ai jamais eu peur de personne, avant elle. Jamais eu peur qu’on m’abandonne, avant elle. »
Enfin le grand écran n’est jamais très loin de lui puisqu’il fait jouer dans son clip une consœur actrice, la charmante Lou de Lâage dont on ne compte plus les films, dans le rôle de l’âme soeur dangereuse pour son coeur…
Arthur Ely – funambule (version alternative) – live
Live me if you can, le média digital, a entraîné Arthur Ely dans une séquence live au milieu des cerisiers japonais en fleurs du parc du Domaine de Sceaux. Avec seulement une guitare et ses deux micros – un premier clair pour sa voix, un second transformé pour rêver – Arthur Ely se lance dans une version encore plus délicate et épurée que celle qui figure sur son dernier EP.
Un dénuement, éphémère et splendide, comme l’est la fleur du cerisier. Et qui permet de retrouver la pureté et la sincérité de ses sentiments. Tel un Funambule, Arthur Ely avance en prenant appui sur ses fragilités, profitant de chaque pas pour aller un peu plus loin. Et peu importe où la vie le mène, il sera toujours temps de s’en préoccuper plus tard.
Peut-être croiserez-vous son chemin lors d’un de ses prochains concerts (Caen, le 11 mai, Lille le 12 mai, Paris le 13 mai, Toulouse le 26 mai ou Bordeaux le 1er juin). Ne le ratez pas.
H-Burns feat. Dominique A – Dark Eyes
Il émane incontestablement une atmosphère lynchienne de la vidéo qui illustre la chanson d’H-Burns. Réalisé par Agathe Watremez aka Savanah, le clip joue sur les jeux de regards – Dark Eyes – pour mettre en scène un autre jeu, celui de la dualité. Une réalité double où se croisent les deux composantes d’une même personnalité incarnée de façon impressionnante par l’actrice, Lou Gala.
Dark Eyes « Et moi qui pensais te connaître, je te vois soudain m’échapper », clip et chanson se répondent à la perfection. La voix de Dominique A – invité sur ce titre – si fragile et sensible se mêle à celle d’H-Burns plus profonde. Les paroles en français s’allient à celles en anglais pour ne former qu’une seule et même phrase. Les mots et les images se superposent et se confondent entre ombre et lumière, dans la noirceur de la nuit ou la clarté d’un nouveau jour. « Demain il fera mauvais jour, si le jour passe par tes yeux » Dark Eyes.
GRAND BLANC – ORANGE
Après Pilule Bleue et Loon, Orange est le dernier volet de la trilogie réalisée par Jules Cassignol aka Jazzlambeaux. Les naufragés volontaires de Loon se retrouvent échoués sur une plage à côté de leur radeau de fortune disloqué. Le noir de la nuit, qui les a engloutis, accentue l’intensité du halo Orange émanant d’une source mystérieuse. « Ici rien ne bouge, on ne veut toujours pas devenir Dieu »
L’énergie et la chaleur irradiés par cette couleur sont propices à réinventer, avec les bribes du passé, le monde dans lequel on souhaite désormais vivre. Une quête d’un nouvel horizon et de nouvelles sensations, dans l’optimisme et la bienveillance, en suivant la route du Haut-Safran. « Couleurs vives, un peu plus longtemps ». Les notes égrenées à la harpe, la ligne de guitare se confondent dans les nappes de synthétiseur. Orange possède sa propre force intrinsèque, douce et intense, qui force à aller de l’avant.
Grand Blanc entame sa tournée vendredi prochain (12 mai) dans la salle des Trinitaires à Metz si particulière pour eux. Et si vous les accompagnez dans leur odyssée ?
Tramhaus – Minus Twenty
En mars dernier, au détour d’un concert, mon ami et moi découvrions en live ce nouveau titre, Minus Twenty. Quelle claque. Julia, la bassiste, ne cessait de hurler, un cri profond et régulier. Tandis que guitares et batterie se déchaînaient. A la fin, nous avions discuté avec eux, longuement, et nous avions demandé avec une vive impatience le titre de ce morceau. Minus Twenty.
Dernier single de la trilogie débutée il y a trois mois et sorti il y a tout juste trois jours, il se pare d’un clip totalement halluciné, réalisé par Peter Marcus.
Ici, trois hommes à lunettes, vêtus de noir et aux crânes dégarnis s’affairent devant un jeu de société dont les règles nous échappent. De toute évidence, l’un d’eux perd et se retrouve donc sur le billard, entre les mains habiles de ses deux autres collègues. Sous anesthésie locale, il se fait ouvrir violemment l’abdomen.
Tramhaus dessine ici la fragilité et la tragédie des plus grandes histoires de la vie. La flegme de Lukas se mêle au chant messianique de Julia tandis que les chirurgiens improvisés déposent au creux de leur patient un nouveau cœur, qui n’est autre qu’un disque dur interne. Alors, les images défilent. Celles des savants, chercheurs, explorateurs mais aussi celles des inconnus. A travers le monde et les époques, le morceau cherche à questionner les notions de systèmes de croyances dogmatiques.
Et c’est finalement sous des airs hypnotisants et fiévreux que le nouveau transplanté, aidé par ses collègues, se met à léviter, pour finalement s’élever au-delà des nuages, au-delà de l’histoire religieuse.
Avec Minus Twenty, Tramhaus resserre l’étau. C’est une danse qui ne se finit plus, une transe qui prend à la gorge. Un titre à vivre en live.
Hexagone – Ocean
Alors que la sortie de leur nouvel EP approche à grand pas, les Nordistes de Hexagone nous propose un premier clip pour le morceau Ocean. Toujours à la croisée de l’électro et du Rock, ce morceau un plus lent qu’à l’habitude prend des airs qui ne sont pas sans rappeler le travail de The George Kaplan Conspiracy, surtout sur sa première partie avant l’arrivée des guitares saturées. Le thème du morceau est de comparer l’océan à la solution à tous les maux, par son immensité (voire son infinité). Côté image, on découvre une animation magnifique signée HAGA et qui prend des tournures oniriques entre abstrait et concret. Ça plane, on est bien, vivement la suite !
Angel Du$t – Very Aggressive
Mine de rien, Angel Du$t fête ses 10 ans d’existence cette année, cela valait bien un petit coup de nostalgie avec ce “Very Aggressive” qui pioche dans tous les styles explorés par le groupe au fil des ans. Et des styles il y en a eu! Du punk-hardcore pur et dur, au punk-rock jusqu’aux ballades acoustiques plus récentes. Le groupe de Baltimore est toujours allé là où bon lui semblait sous la houlette de son chanteur Justice Tripp.
Constitué en grande majorité de membres de Turnstile qui ont pris leur envol en même temps que leur groupe principal décollait vers le succès planétaire, on pensait le projet enterré. Voilà qu’il renaît de ses cendres, comme il l’a toujours fait avec de nouveau membre. Et contrairement à ce que peut malicieusement évoquer le titre, Angel Du$t n’est pas redevenu un groupe si énervé que ça. Cet avant goût avec la présence du chanteur de Citizen, Mat Kerekes s’apparente à un cri du coeur. “Oui nous sommes toujours en vie”.
Baxter Dury – Celebrate me
Quel plaisir de retrouver Baxter Dury, et quelle joie d’apprendre que son nouvel album I Thought I Was Better Than You sera disponible à partir du 2 Juin prochain. Voici Celebrate me, après Leon et Aylesbury Boy, un troisième titre qui tient toutes ses promesses. On y retrouve tous les ingrédients que l’on adore chez ce dandy britannique aux plus de vingt années de carrière, à savoir un groove chill et planant, un flow rauque et nonchalant, une douceur aiguisée, la caresse d’une griffe toujours bien sentie.
Pour ce titre, Baxter Dury nous invite à le célébrer dans la poursuite de ses rêves diaboliques. Dans la parfaite prolongation de Aylesbury Boy, qui est déjà pour moi un tube, ce nouveau single nous plonge plus profondément encore dans les méandres de son l’incubus, mis en image par l’esthétique picturale du XVIIIème siècle à la Goya et Füssli. Niveau ambiance on est donc bien servi. La tournée est déjà programmée, nous aurons trois occasions d’aller le voir en France, 2 à la Cigale à Paris et une au MeM à Rennes.
Courrier Sud – Fool Moon
Vous n’aimez pas l’été ? Vous allez apprendre à l’aimer avec Courrier Sud ! À l’occasion de la sortie de son premier EP, Garçon Voyage, l’artiste a dévoilé le clip de son morceau Fool Moon. D’un ton enjoué, le titre mélange Danse Music et une voix toute droite influencée par la Cold Wave et le mouvement Post-Punk. La batterie trépidante et la basse galopante et groovy magnifient la mélodie simple mais très entêtante parcourant les 3:34 minutes.
Ultra-référencé, le clip réalisé par Simo Benmansour donne à Fool Moon une mise en image créative et fluide. Articulée autour des figures des prémisses du cinéma et des esthétiques Disco modernes, on retrouve une mise en parallèle de deux univers contraires intéressants. La vidéo se marie bien avec le reste, pour offrir un tout cohérent et qui a le don de nous préparer pour les soirées dansantes de cet été.
Roberto Fonseca – Mani Mambo
Le Jazz est une tradition à Cuba, et beaucoup d’amoureux du genre de l’île s’évertuent à entretenir cette dernière. Parmi ces passionnés se trouve Roberto Fonseca qui a sorti récemment le clip de son nouveau titre, Mani Mambo. Tous les codes de l’identité Jazz locale sont là. Les percussions, les gammes jouées au piano et la présence abondante de cuivres, tout est là. On ressent une vraie énergie dansante propre au style, certes classique, mais parfaitement exécutée. Cet alliage sert la voix de l’artiste rappelant par moments les poussées d’un certain Louis Armstrong.
Le clip lui, même s’il n’est pas forcément très original, est plus que correct et supporte très bien Mani Mambo et sa proposition. Alexander Gonzáles fait un travail simple mais efficace, en mettant proprement en scène les images présentes dans la vidéo, avec un rythme soutenu. Le tout est entraînant, très bien mis en œuvre et nous offre une nouvelle vision du visage du Jazz cubain actuel.
Grian Chatten – Fairlies
Alors que Skinty Fia de Fontaines D.C. s’est révélé être le meilleur album de l’année 2022 pour une bonne majorité d’entre nous, comment se contenir lorsque l’on apprend que le lead singer, Grian Chatten, sort son album solo le 30 juin ? C’est quasi impossible, soyons honnêtes.
Fairlies fait ainsi suite à The Score, sorti il y a une semaine, et met en lumière le talent d’un artiste hors-pair, habité d’une douce sensibilité que l’on retrouve dans chacun de ses morceaux, et dont la beauté nous laisse un peu plus admiratifs et admiratives à chaque fois.
Ici, Grian se met à nu et tend vers une musique de l’âme des plus sincères, la sienne. Il magnifie la solitude et son importance sous fond de cordes dramatiques et intenses. Sublime.