La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Sans attendre, voici la première partie de la 174ème sélection des clips de la semaine.
Chilly Gonzales – French Kiss
Chilly Gonzales est de retour ! Jusqu’ici rien d’anormal, le musicien canadien ne nous ayant jamais réellement quitté. Là où la donne change, c’est que le musicienne fait un retour remarqué au rap, et que ça n’était plus arrivé depuis 2011 et le merveilleux The Unspeakable Chilly Gonzales.
Notre musical genius favori s’attaque désormais au français et après un Wonderfoule en guise d’amuse-bouche, le voilà de retour avec un titre qui donnera aussi son nom à son futur album : French Kiss.
Et quel plaisir de retrouver la voix de Gonzo, de retrouver son humour et sa manière si décalée de mêler les notes de son pianos à son flow presque inquiétant par moment. Le morceau est une sorte de passage de l’ombre à la lumière, une percée dans les nuages et une déclaration d’amour totale à notre langue si difficile à appréhender.
Mission totalement accomplie pour Chilly Gonzales qui nous offre un monument de poésie et de tendresse, une bulle où l’on croise autant Despentes que les pommes de terre, Hitler et les éclairs au chocolat.
Pour accompagner le morceau, l’artiste s’accapare la technologie du deepfake et réalise un clip où il met ses yeux sur un nombre certains de personnalité française. Une plongée hilarante que l’on vous invite à découvrir où l’on croise tout, et surtout n’importe quoi.
Gonzo is back et rien ne pourrait nous faire plus plaisir !
Arlo Parks ft Phoebe Bridgers – Pegasus
Il n’était que question de temps avant qu’Arlo Parks et Phoebe Bridgers dévoilent enfin leur première collaboration, Pegasus, fruit d’une amitié de longue date entre les deux artistes. Une rencontre que l’on attendait impatiemment et dont on est loin d’être déçus. Sans grande surprise, la voix angélique de la première se mêle à la nostalgie bouleversante de la seconde pour proposer trois minutes de plaisir auditif intense.
Le morceau est accompagné d’un visuel inspiré de films comme Gerry, My Own Private Idaho, ou encore Paris, Texas, qui ont insufflé à Arlo l’idée d’utiliser le désert de Californie pour représenter l’intimité et de la découverte de soi.
Sa collaboratrice est malheureusement absente du clip – probablement trop occupée à faire la première partie de Taylor Swift devant des dizaines de milliers de personnes, mais Arlo est rejointe au fil de son avancée dans le désert par plusieurs amis, perdus tout comme elle, qui lui redonnent le sourire. Une métaphore d’un amour puissant et inattendu dont la chaleur et la joie en découlant viendraient la sauver d’une solitude profondément ancrée en elle.
Vincent Khouni – La Vallée
Parfois, le besoin se ressent d’explorer des choses plus personnelles, d’aller chercher en soi des choses qu’on ne se voit pas forcément explorer avec son groupe.
À la tête des excellents Double Date With Death, Vincent Khouni s’échappe en solitaire et explore une musique plus pop, bien que toujours aussi onirique, avec son premier single La Vallée.
On y retrouve des effluves d’Italie, du temps qui passe et d’une relation qui s’étiole malgré les sentiments et les moments partagés qui s’oublient peu à peu.
Vincent Khouni nous offre une ballade lancinante et hypnotique par instant, notamment grâce à l’excellente partition de batterie portée par son ami ALIAS.
Pour s’interroger au mieux sur l’idée du rêve et de l’émotion diffuse des souvenirs, le musicien fait toute confiance à Philippe Beauséjour qui lui offre une sublie vidéo dans laquelle, à travers ,les collages et l’animation transporte Vincent dans un univers scintillant, de plus en plus beau, et qui colle parfaitement à ce que La Vallée raconte.
Un premier morceau probant, qui en appelle d’autres qu’on attendra de pied ferme.
SIMONE RINGER – DANCE
Sempiternelle injonction à la bonne façon de faire, au droit chemin… ennui ! Simone Ringer vient fracasser toutes ces paroles sans valeurs avec un clip et un tube explosif. D’un morceau lent, doux, qui démarre sur un plateau plat, l’artiste dépeint un trop-plein, une fatigue, dans un accoutrement féerique, entre l’elfe et la fleur tropicale.
Puis en une fraction de secondes, le ton change, l’image aussi, l’excentricité bat son plein ! Une ode à la liberté, à la dance évidemment, mais surtout à l’insouciance. Cette vertu manquante à mesure que l’on grandit, et que Simone Ringer nous assomme de retrouver, injonction bonne à prendre.
TERRIER – Coup de foudre
Le come back du kid vendéen !
La typo de la dictée magique des années 1980 lance le générique du clip. Dans une ambiance bien rétro, on retrouve le comparse Terrier dans sa chambre d’ado guettant ses sms d’une amoureuse sur un téléphone d’un autre âge (spoil : c’est même pas un Nokia 3310, les vrais savent !).
Le reste du clip oscille entre projection d’un karaoké à même le visage du chanteur dans une chambre au papier peint barbouillé de graffitis au marqueur et déambulation dans la rue du garçon le bob toujours vissé sur la tête ou affairé derrière ses machines, à la gratte ou encore derrière un grillage.
Coup de foudre c’est l’histoire d’une romance naissante particulièrement enivrante. Sans fard, Terrier évoque l’addiction progressive à l’autre, l’envie terrible de se voir chaque jour, les échanges en continu et s’interroge sur la nature même de ce sentiment qui ronge les protagonistes, sur la nécessité de se voir pour poser les bons mots dessus.
Terrier livre ici un titre fidèle à ce qu’on lui connait : sans quelconque prétention, sur fond pop bien rythmé teinté de sentiments mélancoliques avec sa voix nonchalante.
Komodrag and the Mounodor – Brown Sugar
Ce nom vous dit vaguement quelque chose, c’est normal. Komodrag and The Mounodor est une fusion. Une fusion de talents, une fusion totale deux groupes qui sont allés jusqu’à mélanger leur noms Komodor et Moundrag.
Ce sont sept rockeurs assez déjantés qui ont en commun cette passion d’un rock psyché des seventies à la Deep Purple et de heavy métal, le tout saupoudré d’une bonne razzia de bonne humeur d’une bande de copains aux styles géniaux. Le clip de leur premier single Brown Sugar met en image cette camaraderie fantoche, sur la route des festivals.
Kaléidoscope, cheveux aux vent, ray ban, des allures de woodstock, à les suivre en backstage, on a déjà envie de devenir leur pote. Ce titre signe le début de cette aventure musicale qui nous met une banane d’enfer. Reste plus qu’à attendre la suite qui se concrétisera par un album Green Fields of Armorica, ça promet. Leur tournée estivale est déjà programmée et elle est à retrouver sur Instagram, allez jeter un œil, ça vaut le coup.
yeule – sulky baby
L’énigmatique yeule ouvre une nouvelle porte de son riche univers avec le single sulky baby qui s’accompagne d’un clip qu’iel co-réalise avec Jaxon Whittington. Après nous avoir emmené dans un monde où la rêverie est complétée par les modulations de voix sur Glitch Princess, iel s’éloigne un peu de cette atmosphère où le numérique prenait beaucoup de place pour revenir à une sorte de balade moderne. L’occasion d’ancrer ça dans un visuel où la verdure prédomine.
Le morceau oscille entre mélancolie et espoir, entre passé et présent, laissant de temps à autre les couleurs utilisées dans le clip se ternir. Au final, elles finissent toujours pas s’adoucir laissant se traduire un certain optimisme.
Avec ce nouveau visuel, yeule offre une nouvelle portée d’entrée à son monde onirique où rêve et cauchemar ne peuvent faire qu’un. Ici, c’est en s’inspirant du passé, qu’elle dessine son présent, il ne reste plus qu’à voir ce que le futur lui réserve.
Jul – La faille
C’est presque devenu une routine, chaque année, on sait que l’on aura droit à (minimum) deux albums de Jul. Cette année n’échappe pas à cette règle. Puisqu’après la sortie sur YouTube de son septième album gratuit, le rappeur marseillais est en pleine période de lancement d’un nouvel opus intitulé C‘est quand qu’il s’éteint ?. Il en a sorti un extrait cette semaine avec le clip de La faille.
Ce dernier reprend tous les aspects caractéristiques du J : le soleil, une dose bienvenue de mélancolie et une rythmique à faire hocher la tête à tout un chacun. Depuis sa cité phocéenne, il roule sur la corniche tout en exprimant sa vie de célébrité, non pas comme un flambeur, mais plutôt comme celui qui n’était pas destiné à cette trajectoire. Rempli d’humilité, il prouve à nouveau qu’il a encore des choses à livrer à son public et une partie d’elles risquent de se trouver dans le projet à venir.
Lana Del Rey feat. Jon Batiste – Candy Necklace
La reine de la Pop doucement mélodique a fait son retour en 2023 avec son nouvel album Did you know that there’s a tunnel under Ocean Blvd. C’est à cette occasion que Lana Del Rey a sorti cette semaine le clip du morceau Candy Necklace, en collaboration avec le pianiste Jon Batiste. Empli d’une empreinte toujours nostalgique et mélancolique. La voix langoureuse de la new-yorkaise vient poser une couche soyeuse sur la partie de piano de l’invité. Le titre, habité d’une ambiance morose et sombre, dégage une grande classe et une certaine subtilité.
Le clip, lui, met en avant un mélange d’images d’illustration du morceau, entrecoupé de passages capturant les coulisses. On y voit Lana Del Rey discuter avec les équipes techniques, se préparer et tourner. On y retrouve toujours une certaine empreinte de l’influence de l’âge d’or d’Hollywood, celui des années 50s. Tous les codes du genre et de l’époque y sont, le luxe grandiloquent, les belles robes et bijoux, les hommes au cigare… La vidéo colle parfaitement, et finit d’élaborer une identité transformant l’artiste en une personne d’un autre temps. Une muse qui vient d’un autre monde.
Janelle Monáe – Lipstick Lover
Janelle Monáe est de retour, et ce qui est sûr, c’est que l’américaine va enflammer notre été. Sur fond de sonorités et d’influences du reggae, l’artiste nous offre un hymne bouillant et charnel. Pour accompagner l’annonce de son nouvel album, The Age of Pleasure, le clip de Lipstick Lover a été dévoilé. Le single, aux rythmiques et motifs répétitifs, élance des mots sensuels et met en place une éloge des plaisirs corporels. Tout est très explicite, et le sous-texte sexuel est omniprésent et émane clairement de la volonté de la compositrice.
Le clip appuie cette idée avec des visuels très dénudés donnant beaucoup de place au corps et à la sensualité. Le plaisir est au centre de la vidéo, mettant plusieurs fois en avant des situations explicites et de nombreuses embrassades. Évidemment, le sous-texte traite du thème de la liberté, tant bien intellectuelle que sexuelle.
Il ne fait nul doute que Janelle Monáe va animer nos soirées estivales, et qu’elle réchauffera ces dernières.
Daft Punk feat. J. Casablancas & The Voidz – Infinity Repeating
Dix ans, c’est le temps qui est passé depuis la sortie du quatrième et dernier album des Daft Punk, Random Access Memories. À l’occasion de cet anniversaire, de cette décennie, les deux français ont rendu public une version deluxe. Au programme, des titres inédits et des démos. Parmi ces derniers, se trouve Infinity Repeating, en collaboration avec Julian Casablancas et The Voidz.
Cette maquette non-conservée par le groupe pour l’album met en avant une identité semblable à celle de RAM. Un toucher très subtil et une indéniable élégance venant nous caresser les tympans. Le travail des voix touche du doigt le divin, la section rythmique joue exactement comme il le faut. La partie mélodique, elle, oscille entre technique fine et bien amenée et simplicité envoûtante. Le titre transpire l’ADN des Daft à leur plus haut niveau de maîtrise et de créativité.
Le clip lui reprend le fameux schéma de l’évolution, mais en l’amenant bien plus loin. En partant de la genèse de l’espèce humaine, les studios PICNIC, H5 et LIGHT nous transportent dans un futur fictif bien lointain. De nos ancêtres quadrupèdes aux robots élaborés et autonomes, les quatre minutes de vidéo nous offrent un voyage à travers le temps. On peut même y déceler des petits clins d’œil à la carrière des légendes de la French Touch. Dans le second acte se trouve par exemple la marionnette modifiée de Chucky, figure mythique du clip de Robot Rock.
Une dernière danse fidèle à Thomas Bangalter et Guy Manuel de Homem-Christo. L’occasion de dire adieu au plus grand groupe de l’histoire des musiques électroniques françaises.
Gwizdek – Perso non joueur
Dernière ligne droite avant le deuxième EP de Gwizdek, mais pas avant la sortie d’un dernier avant-goût. En effet, après le début des festivités avec l’éponyme et ensoleillé Uzès, le groupe grenoblois nous dévoilait cette semaine Perso non joueur et son clip hors du commun. Pour illustrer leur propos comme il se doit, ils se sont attelés à la création d’un univers animé avec Alexandre Albisser : on est ici propulsé.e.s au cœur d’un jeu vidéo où leurs alter égos virtuels errent à la poursuite de quêtes, seuls ou accompagnés. Innovant et fruit d’un dur labeur à la merci des aléas informatiques qui sont parfois un sacré chantier, la démarche de Perso non joueur résume assez bien ce que l’on peut attendre du futur disque à venir : une œuvre de passionnés qui travaillent avec leur cœur en guise de moteur.
LP – Golden
Golden a tout pour être un tube, et il l’aurait été sans nul doute dans les années 80. Il y a cette énergie folle qui habite L, ce refrain entêtant qu’on s’imagine déjà chanter très fort, et cette voix irrésistible à la Cindy Lauper qui nous emporte dès les premières notes. Le clip de “Golden” est littéralement fait d’or. Dans un plan séquence de plus de 3min, LP vient montrer avec poésie que chacun est doté d’un précieux talent. La chanteuse new-yorkaise est de retour avec “Love Lines”, son 7ème album studio à paraître le 29 septembre prochain.
Polycool ~ ♡
« Filmé en Bretagne, été 2020, par Mc Zozo ». Le préambule au dernier clip de Polycool, réalisé par eux, avec une typo’ maison aux p’tits oignons signé Tino Gelli, sent bon le confinement au grand air. Avec la gouaille incomparable qui les caractérisent au fil de leurs différents projets, les garçons (à la robe) dans le vent nous embarquent dans leurs douces dingueries. Ceux qui, pendant que nous étions occupés à faire du pain raté et à imprimer des attestations de sortie, préparaient l’après-confinement, avec sérénité…
Mais sans s’embarrasser de détails (comme trouver un titre SEO friendly à leur prochain titre, genre : <3). Les nouveaux chouchous de la scène indé’ parisienne (mais pas francophone), à grands coups de riff’ psyché aux consonances funky, sur fond de chiot mignon, nous transportent dans un univers visuel au diapason de leur musique : cool, cool, cool, plutôt trois fois qu’une !
Octave Noire – Les Airs Digitaux
Les airs digitaux empruntent à l’indie folk des années 2000. À la guitare sèche succèdent des nappes d’effets ultra mélodiques façon Syd Matters, déployés sans surcharge pour porter le timbre épuré de Patrick Moriceau. Le côté suranné se retrouve à l’image, sous l’œil de Benjamin Juhel à la réal’. Dans ce clip aux codes esthétiques façon VHS, Alexandre Esnault campe un adulte solitaire et déconfit entre sandwichs triangles et soirées solo sur son canap’, qui s’évade en fantasmant de fusées et d’espace…
En filigrane de ce titre aérien confirmant sa maîtrise parfaite des prod’, Octave Noire pose un regard mélancolique sur les périples qui bringuebalent le cœur; confiné dans un huis clôt à la parisienne. Entre références musicales et clins d’œil à l’Afrique de l’Ouest, ses airs digitaux nous guident dans un voyage introspectif, à l’unisson des bongos d’une vie autre – mais nommés seulement, comme un souvenir éthéré…