La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer se yeux et ses oreilles. Tout de suite, voici la deuxième partie de la 185ème sélection des clips de la semaine.
Gabi Hartmann – Lullaby
C’est la rentrée, l’occasion de faire le point sur les choses que la vie a pu nous apprendre, avant de reprendre le chemin de l’école. En tout cas, Gabi Hartmann fait ce choix-là.
Au travers de Lullaby, la chanteuse nous rappelle des petits bons conseils, comme s’il s’agissait d’une berceuse adressé à un enfant : « Blooming little flower, And let the sun take care of you, Fly high little bird, And let the sky and clouds guide you, And swim fast little fish, And let the ocean dance with you » Mais ce n’est qu’une lecture parmi tant d’autres. Puisque l’on comprend rapidement une interprétation plus sombre, à l’écoute des dernières paroles.
Sous ses airs enchanteurs et naïf, qu’accompagne un clip (réalisé par Antoine Fontaine) et des images sous-marines, sa musique jazz aux airs de Polynésie, Lullaby rappelle l’urgence climatique. Le morceau se conclue sur cette phrase : « Et quand tu détruis tout ce qui t’entoure La nature te pardonnera-t-elle ? »
The Rolling Stones – Angry
Âge de départ légal à la retraite en France ? Récemment repoussé à 64 ans pour les natifs de 1968. Âge de départ légal à la retraite au Royaume-Uni ? Il devrait passer à 67 en 2027.
Les légendaires Rolling Stones eux n’ont pas l’air de trop s’en soucier : 80 ans pour Mick Jagger, 79 pour Keith Richards, 76 pour Ron Wood. A peine la folle tournée SIXTY qui célébrait les six décennies de carrière terminée, les britanniques se sont enfermés en studio pour sortir un nouvel opus (le 24ème) dans les bacs le 20 octobre prochain : Hackney Diamonds. 12 chansons au compteur.
Premier single bien pêchu dévoilé : Angry !
Déambulation dans Los Angeles pour l’actrice Sydney Sweeney (aperçue dans Reality, Euphoria, The White Lotus…) qui se déhanche à l’arrière d’une Mercedes décapotable rouge vintage – rock’n’roll ! – en côtoyant bon nombre de panneaux publicitaires mettant en scène les Stones à travers le temps dans différents concerts. Cheveux au vent, total look cuir, la jeune comédienne est résolument rock ! On l’aura compris, back to the roots, les Stones ne sont pas prêts de s’arrêter.
Courtney Barnett – Get On With It
End of the Da« , c’est une errance contemplative de 40’48 minutes. 17 morceaux instrumentaux, 17 improvisations comme autant de visions intimistes, suggérant la quête et la perte de soi dans les grands espaces.
Dans les pas de la musicienne Courtney Barnett, filmée sans far dans son ascension, on s’enfonce sans direction distinctedans une nature toujours plus sauvage, une vérité semblant se dessiner peu à peu dans cette confrontation organique à nos solitudes impossibles à conjurer.
Bande-son d’Anonymous Club,road-movie forcément indie à paraître en novembre signé par le réalisateur et ami de la musicienne Danny Cohen, le projet formellement libre devrait capter en 16mm trois années de tournée. Le propos cinématographique, doublé sur dictaphone des confessions de l’autrice-compositrice, livrera crûment la constante oscillation entre poésie des instants rares et angoisses métaphysiques qui la traversent.
On y suivra le cheminement d’une artiste et de son équipe, partis défendre un album aux quatre coins du globe, des affres du doute au surgissement des mélodies qui ne connaissent pas d’agenda. De la scène en pleine lumière aux chambres d’hôtel volets tirés, sans cesse l’espoir, l’espoir fou de réussir le lendemain ce qu’on échoue à accomplir la veille. Une bande-son pour nos existences, petites et immenses, aux prises avec ces mêmes questionnements. Peut-être la vocation de la musique indé, qui sait, dont le clip nous livre un aperçu sublime et introspectif.
Gaétan Nonchalant – Champs de Blés (Avec Philippe Katerine)
On ne va pas se mentir, on aime beaucoup Gaétan Nonchalant. L’artiste a le chic, et le talent, pour regarder le monde avec un œil à la fois naïf et tendre, idéal pour nous emmener dans un petit monde qui n’appartient qu’à lui et où la vie et les soucis se transforment en petites pop songs parfaites et réconfortantes.
Alors que son premier album s’apprête à sortir à la fin du mois, il revient cette semaine avec Champs de Blés et un invité de marque : Philippe Katerine.
On avait toujours bien visualisé le lien de filiation entre les deux artistes, on n’aurait jamais imaginé que cela se transformerait en histoire d’amour … ou plutôt de désamour. Car Champs de Blés raconte la fin d’une histoire. Tout en langueur et en basse bien ronde, Gaétan nous raconte l’amour qui se termine, les souvenirs et l’acceptation, parfaitement accompagné dans son entreprise onirique par Philippe Katerine.
Sous la caméra de Martin Schrepel, le tout prend corps dans un univers surréaliste, qui rappelle par moment les couleurs et l’imaginaire de Wes Anderson. Une sorte de monde parallèle où tout est plus vif, comme si on se plongeait visuellement dans des souvenirs heureux qui tournent par moment à l’orage.
On observe donc cette romance qui se termine entre nos deux chanteurs qui se promènent main dans la main, se trouvent, se perdent et se retrouvent pour notre plus grand plaisir.
Pour le reste, on se donne rendez vous le 29 septembre pour la sortie de l’album.
Astral Bakers – Shelter (Sidereal Session)
Vous cherchez à vous évader de la chaleur et la canicule pendant 4 minutes . On vous conseille d’aller retrouver le Shelter (abri ndlr) d’Astral Bakers.
Après un One More déjà merveilleux, les 4 musiciens, parmi les plus talentueux de la scène française, soufflent un nouveau vent de fraicheur bienvenue sur la pop-rock française. Un morceau aérien, rêveur et rempli de douceur qui permet de retrouver avec bonheur la voix de Sage. On se laisse donc emporter dans cette rêverie intemporelle, trouvant ce refuge merveilleux qu’est la musique, celle qui protège, qui répare et qui permet de s’évader complètement de la réalité.
Un morceau porté au corps et au cœur par Astral Bakers et qui fait un bien fou à ceux qui l’écoutent.
Pour l’accompagner, ils nous offrent une nouvelle fois une Sidereal Sessions, cette fois ci dans un champ de blés, avec le vent qui soulève les draps blancs. On regarde donc une nouvelle fois avec fascination ces musiciens jouer, avec la caméra qui se trouve au centre et qui nous entraine au milieu de cette aventure musicale. On se sent un peu privilégié, spectateur particulier et invité au centre de l’énergie d’Astral Bakers.
Un moyen de recharger ses batteries qui en appelle d’autres, le groupe ayant récemment signé en tour chez AEG. On risque donc de les retrouver très rapidement sur scène.
Chilly Gonzales – Il Pleut Sur Notre Dame (feat. Bonnie Banane)
Dirigée par Deborah Roth, l’animation sublime de Drake Cappi nous emmène au cœur d’un incendie, hommage au traumatisme patrimonial national de l’incendie de Notre-Dame. Pour cette prouesse stylistique, Chilly Gonzales a su bien s’entourer : accompagné de Bonnie Banane, les paroles douces-amères convoquent Victor Hugo sur fond d’images de synthèse qui nous gardent captifs, subjugués de la beauté de ce qui se joue.
Magnifiée, la destruction par la folie des hommes. Le piano tintinnabulant et les voix au diapason composent une litanie obsédante, berceuse pour adultes qui raconte ce que c’est, que de vivre dans un monde qui brûle, vitraux et cathédrales partant en fumée.
L’immanence de la pluie, dans une opposition nature-culture bienvenue, sauve par sa fraîcheur ce qui échappe des flammes : un morceau léger, teintée de la mélancolie des choses vues, à jamais disparues.
NZCA LINES – Universal Heartbreak
Il y a des perturbations du côté de chez NZCA LINES. Le retour de l’artiste anglais se fait sous le signe de l’amour contrarié.
C’est en tout cas ce que laisse entrevoir ce nouveau single, fatalement intitulé Universal Heartbreak. On retrouve le sens du rythme et du groove propre à Michael Lovett mais une nouvelle fois mis au service d’un sujet assez crépusculaire. Ici l’amour est en pleine tempête et on plonge dans les pensées et les problèmes du musicien. Cependant, le refrain laisse envisager une certaine éclaircie et un refus de la situation ainsi qu’un besoin de réparer ce qui peut encore l’être, le tout sur une rythmique qui frôle par moment le disco.
Pour accompagner le morceau, Alina Rancier met le musicien face à cette solitude qui nous envahit quand le cœur se brise. On suit NZCA LINES , souvent face caméra, dans ses pensées et une certaine recherche de réconfort à travers les autres. Un clip étrange, qui ressemble par certains instants à un rêve et une imagerie du coeur brisé bien senti.
Désormais, on a hâte de découvrir le nouvel EP de NZCA LINES.
Ao – O Vazio
Des gens qui courent sur un pont. Il pleut. Des silhouettes en pleine nature urbaine. Des pas de danse dans la nuit d’une ruelle éclairée au réverbère. Des jeunes en pseudo lutte dans un chemin. Des jeunes gens qui jettent des pierres, se promènent dans une zone à mi-chemin entre la forêt et l’urbanité. La pluie retombera.
O Vazio est un double clip. La première partie « O » tient sur un peu moins d’une minute, le reste sera dédié à « Vazio » soit un peu plus de 5 minutes. Ão nous offre un single aux sonorités d’un ailleurs paisible, suspendu dans le temps. Un univers mêlant électro-ambiant et saudade sur lequel la voix douce de Brenda Corijn se pose avec beaucoup de délicatesse et de douceur.
Chanson déjà interprétée depuis quelque temps dans leurs concerts, la poser sur des images était un moment particulièrement attendu par le collectif belge. Il en résulte une compilation d’images pleine de poésie énigmatique.
Sampha – Only
Parmi les albums qu’on attend le plus cet automne, le nouveau Sampha se place tout en haut de la liste. 6 ans tout de même qu’on attend le successeur de Process.
Et autant dire que les premiers singles ont eu la merveilleuse idée de faire bondir nos cœurs et nous rappeler à quel point on aime l’anglais. Un sens du rythme incomparable, une production folle, une écriture profonde et sincère et une voix qui nous bouleverse toujours aussi facilement, Sampha est bel et bien de retour.
Only en est la preuve, 3 minutes de bonheur menées tambour battant pour un nouveau tube imparable qu’on écoute en boucle depuis quelques jours.
Pour l’accompagner, Dexter Navy réalise un clip qui met en avant la poésie de Sampha et nous entrain dans une histoire pleine de symbolismes, un brin mystique et étrange comme on l’aime. Un être dans un monde qui ne semble pas comprendre et qu’il traverse de part en part de manière magique avant de disparaitre tragiquement. Un rêve ?De la sorcellerie ? On ne sait pas vraiment.
Ce que l’on sait, c’est que le magicien Sampha sera en concert le 7 décembre prochain à Paris. Et on a très très hâte.
Timsters – Jusqu’ici
Le monde brûle. Tous les voyants sont au rouge et les signaux d’alarme nous frappent de plus en plus souvent et de plus en plus fort.
Pourtant, nous continuons de vivre comme si de rien était, préférant la fuite dans les plaisirs fugaces plutôt que de réaliser que nos comportements entrainent une fuite en avant vers la destruction, pour nous, comme pour les autres.
Cette idée est au cœur du morceau de Timsters, Jusqu’ici. Parce que jusqu’ici tout va bien, ou du moins c’est ce dont on essaie de se convaincre. Sur des rythmiques froides et distanciées, il chante cette idée, ces dépendances à certains plaisirs qui foutent tout en l’air et que pourtant nous continuons de vivre alors que le monde se délite.
Assez ironiquement, Timsters visualise sa pop apocalyptique de manière décalée pour appuyer encore plus son propos. On le retrouve donc à profiter de la vie, tournant dans un manège sans fin, une glace à la main, profitant de l’instant alors que sa musique nous rappelle que demain risque d’être de plus en plus dur à vivre.
Zoo Baby – Chacun chez soi
Zoo Baby présente le clip de Chacun chez soi, qu’on retrouve sur son album Volume 2 paru en février dernier. Filmé en 4/3, avec une colorimétrie qui te ressemble vaguement à celle des photos de jeunesse de tes parents (ou des tiennes puisque tu es bobo), le texte de la chanson est mise en valeur par la simplicité même du clip.
C’est finalement une histoire qui ressemble à celle de beaucoup de gens. Une banlieue, des filles, des gars, une gang d’amies qui erre dans les rues surplombées de fils électriques, et ce sentiment d’attente à plein temps qui se fait moins lourd quand on est plus seul. Finalement, Zoo Baby nous montre qu’en étant chacun chez soi, on nourrit mieux le désir, et c’est pas plus mal.
Clay and Friends – Loonie (Moneyman X F*ck all the money)
La Musica popular de Verdun est de retour plus en forme que jamais. Ce clip fabuleux réalisé pour la sortie de l’EP Loonie reprend deux de ses titres qui parlent de cash $$$.
Ici, on est happé par la dimensions cinématographique qui est donnée aux chansons. C’est un peu comme si tu étais en train de regarder ta meilleure série policière, avec de la musique incroyable en plus. Mike et Adel jouent les rôles de policiers corrompus, dans une atmosphère des plus mafieuses qui soient. Roulant vers la richesse, en jetant l’argent par les fenêtres sur l’extrait de la chanson Moneyman, on les retrouve ensuite enseveli sous une montagne de billets, la même qui les as achevé. Même si l’affaire reste à suivre, le fin mot de l’histoire c’est Fuck all the money, et on est plutôt d’accord.