Les clips de la semaine #19 – partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Cette semaine ayant été particulièrement impressionnante en terme de clips, on a décidé de manière exceptionnelle de faire une double sélection cette semaine. Voici donc la seconde partie.

GLAUQUE – ID8

Il ne leur aura fallu que deux titres pour nous mettre à genoux. Avec Robot et Plane, Glauque nous avait retourné, fasciné et impressionné. Une interview bordélique et réjouissante (qu’on a clairement du mal à retranscrire) et un set monumental au MaMa Festival (cette introduction de set, on ne s’en remet toujours pas) ont finit par définitivement conquérir nos cœurs. Autant le dire ID8 ne changera pas la donne. Si la filiation avec les bordelais d’Odezenne semble assez évidente, les belges continuent de nous enchanter en ralentissant le rythme. Ici la rage est rentrée, elle est intime et sombre mais finit fatalement par exploser. Titre personnel au possible, c’est donc aussi derrière la caméra que Glauque se dévoile, filmant la nuit et le temps qui passe, les oiseaux en groupe dans le ciel contrastant avec la solitude intense qui ressort de ce titre. Une nouvelle claque sonore et esthétique qui annonce un premier EP au printemps avec en vue, une première date en tête d’affiche au point éphémère le 7 mai.

PLDG – Choup Choup 

Duo d’origine Congolaise, les Lillois de PLDG (Pour l’amour du Groove) sont de retour avec un nouvel EP dont ils nous dévoilent le premier clip. On les connaissait déjà pour leurs performances live qui nous ont mis une paire de claques ces dernières années, on les découvre maintenant dans un univers plus produit, plus sombre également alors qu’ils commencent à se faire un nom à l’étranger. Choup Choup se dévoile ici en noir et blanc et se déploie peu à peu au rythme d’un flow affûté comme un rasoir et soutenu par des chœurs subtils et une cinématographie léchée qui les met en scène dans des tableaux magnifiques, entre paysages urbains et intérieurs feutrés. À la sortie, un morceau imparable qui oblige à secouer la tête et à s’impatienter de découvrir leurs futures aventure

Thylacine – Alda 

Cette semaine, La Face B te propose d’embarquer à bord du nouveau voyage de Thylacine Airlines. Après l’Amérique du Sud pour Roads – Vol. 1, c’est cette fois-ci dans les îles Féroé que nous amène William Rezé pour son volume 2 et son nouvel EP. Si notre esprit vagabonde déjà à la simple écoute des mélodies de l’artiste, toutes plus oniriques les unes que les autres, on embarque définitivement lorsque l’on est face à ses clips. Exit le van aménagé dans Alda, Thylacine nous emmène avec lui à bord d’un bateau et au travers de vagues déchaînées. Un voyage saisissant au cœur de vallées au vert étincelant, en plein océan où les vagues viennent s’écraser contre les récifs et y laissent leur écume. Mais on le sait, William Rezé est passé maître dans l’art de dégoter des lieux calmes à l’acoustique incroyable tout en étant au milieu de paysages hostiles. Ici, c’est au cœur d’une grotte cachée au beau milieu de l’océan qu’il a choisi de capturer les sonorités les plus pures à travers les cuivres de son saxophone. Un clip magnifique de 7 minutes où l’on oublie la routine du quotidien et qui nous invite à rêver et nous laisse des projets plein la tête. 

Oh Wonder – Happy 

Après plusieurs jours de fake news à propos de leur séparation, Oh Wonder rétablit l’ordre en sortant le clip de Happy, titre de leur prochain album No One Else Can Wear Your Crown. Le duo complice nous offre un coup d’œil au sein d’une réalité alternative dans laquelle le couple se sépare. On y aperçoit un Anthony en plein burn out et crise existentielle et une Josephine rejoignant une communauté proche de la secte. Bref, rien ne va plus. Tout ceci pour illustrer le fait que lorsqu’une relation prend fin, on finit toujours par passer à autre chose et être capable de souhaiter le bonheur de l’autre. Comme à son habitude, Oh Wonder écrit à propos de ses expériences personnelles. Happy illustre une fois de plus une scène de vie, finalement banale, sauf pour celui ou celle qui la vit et mise en valeur par la musicalité pop et joviale du groupe. 

Soko – Being Sad Is Not a Crime

Stéphanie Sokolinski. Évidemment ce nom sonne familier à l’oreille puisque c’est celui de notre couteau suisse français expatrié à Los Angeles et dont on ne cesse de se vanter sans réserve. Après cinq ans d’absence (cinq années qui en paraissaient le triple, si ce n’est plus), Soko est enfin de retour avec Being Sad Is Not a Crime, premier single d’un album prévu pour le printemps. Produit par son partner in crime Patrick Wimberly (ex. Chairlift), ce morceau envoûtant et indie pop langoureux à souhait, teinté de cette touche psychédélique si particulière, clame qu’être triste n’est en rien un drame. Illustré par un clip burlesque dans lequel on y voit Soko entourée de pantins en tous genres et d’un intime petit personnage qui n’est autre que son fils, le morceau prend vie dans une atmosphère apaisante malgré l’univers quelque peu dystopique. Dans ce monde parallèle où le désespoir est prohibé, l’artiste se voit arrêtée par la brigade anti-tristesse, séparée de son être cher pour enfin conclure sur un final où l’on comprend que finalement chacun est épris de ce sentiment peu anodin et surtout humain. Car oui, il n’y a rien de plus honnête et véritable que le sentiment de tristesse. Ainsi, ce morceau signe l’un des retours les plus importants de l’année et de loin. Soko, tu nous avais terriblement manqué. Welcome back !

Mapache – Life On Fire

https://www.youtube.com/watch?v=-wLquILK0XY

Cette semaine, on a aussi enfilé nos plus beaux stentson avec le retour de Mapache. Les deux potes de Los Angeles reviennent donc cajoler nos oreilles avec leur country-folk du plus bel effet. Et le retour est assez lumineux avec cet excellent Life On Fire. Comme toute bonne chanson de country, on y parle avec détachement de cœur brisé, de larmes versées et feu intérieur. Le tout agrémenté de chœur à reprendre à l’envie pour faire passer la peine dans la bière ou la musique. Le titre annonce donc un nouvel album From Liberty Street pour le 20 mars. Il s’accompagne d’une vidéo de Matt Correia, batteur des excellents Allah Las, en mode road trip ensoleillé à l’esthétique DIY très prononcée, le tout ponctué de passage en noir et blanc d’une jeune femme mystérieuse qui aura fatalement foutu le feu dans la vie du duo, pour le meilleur et pour le pire.

CEYLON – Hamlet Roi

Si on sort les clips de la semaine, c’est pour avoir le temps de la découverte. Et autant dire qu’avec CEYLON, le temps s’étend à l’infini. Le duo recherche la transe et l’élévation avec sa musique et le prouve avec son nouveau titre Hamlet Roi, long de plus d’une dizaine de minutes. Le titre évolue donc, grandit, vibre, tourne, jonglant entre l’anglais et le français pour nous amener sur des terres psychédéliques jusqu’à ouvrir nos chakras sur des univers fantasmagoriques et inconnus. La vidéo qui l’accompagne joue aussi sur ces constrates, sur ces avancées, formant une sorte de court métrage ou le personnage principal part à la recherche de son roi, celui qui fera la différence et qui méritera d’être couronné. Le tout porté par des solos de guitares absolument fabuleux. CEYLON et son Hamlet Roi seront à découvrir le 23 janvier en première partie de SÜEÜR à La Boule Noire.

Clou – Rouge

Nouvelle signature du label tôt ou tard, Clou se dévoile un peu plus cette semaine avec Rouge. Ecriture aussi délicate que directe, ou les mots du quotidien servent un propos limpide, la jeune femme guide sa musique de par sa voix entre force et fragilité. Ici c’est la tempête intérieure qu’elle raconte, les élans de colère qui nous habitent par moment, qui nous bousculent et nous fracassent sans que l’on sache les contrôler. Visuellement, Romain Winkler réalise une vidéo qui joue sur les couleurs et les lieux, entre le rouge et le bleu, qui montre la violence et la brutalité des sentiments qui nous habitent, entre jalousie, envie et rejet, le feu n’est jamais loin. Le rouge non plus.

Lauren Auder – June 14th

On avait laissé Lauren Auder et son univers spirituel en 2018 avec son premier EP Who Carry’s you, on le retrouve aujourd’hui avec un nouveau morceau, June 14th accompagné d’un clip magnifique. Dans cette vidéo le jeune artiste londonien se met en scène, mimant une conversation entre deux personnes différentes en proie aux questionnements physiques de l’amour qu’ils éprouvent l’un pour l’autre, avant de se concentrer sur le monologue d’une seule, qui se laisse aller frénétiquement au travers de ses pensées à une danse incontrôlée et émancipatrice au rythme des flash de lumières. Le clip réalisé par Will Reid est une petite pépite de mise en scène. Lauren Auder sera en concert le 16 Mars prochain à la Boule Noire pour nous plonger un peu plus dans son univers mystique et sacré.

Petit Prince – Chien Chinois

Il faut croire que le label Pain Surprise a une curieuse fascination pour les chiens, après la déclaration d’amour de Miel de Montagne  à son chien sur Slow pour mon Chien, c’est aujourd’hui Petit Prince qui nous dévoile un morceau et un clip Chien Chinois plein d’amour et d’aboiements. On retrouve Petit Prince et son chien, un Shar Pei dans leur appartement, le chien est occupé à à épier le passage dans la rue de chacun des autres chiens de la gente féminine avec leurs maîtresses, toutes à l’image de leur canidé, c’est un vrai défilé qui s’opère. Mais seulement voilà, ce chien tombe amoureux d’une autre en particulier, et c’est par la même occasion la possibilité de réunir son maître avec l’autre maîtresse au cour d’une balade et d’une rencontre inopinée, on ne vous en dit pas plus mais on peut dire que cette idée a du chien et on assume fièrement cette blague. En définitive, un chien c’est mieux que Tinder, et la musique de Petit Prince vous permettra de vous en rendre compte avec une ballade au riff de guitare entêtant et si doux pour nos oreilles, un pur plaisir !

Rone – Human 

On connaissait les incroyables captations live de La Blogothèque, mais celle ci à une saveur toute particulière puisqu’elle signe le retour de Rone, qu’on avait pas revu avec un gros projet (sans parler de Motion) depuis 2017 et son album Mirapolis. Le début du clip laisse perplexe, une ambiance presque morbide règne à la découverte d’un lieu pourtant magnifique, le Château de Châteaudun, ses murs froids et austères sont le décor d’une prestation unique. On retrouve sur un plan cadré par dessus,  Rone et ses machines, seul avec ses boutons et systèmes qui met en place une musique déstructurée, presque dérangeante, mais qui progressivement tend vers une musicalité profonde, celle de la lumière dans le noir, et c’est d’ailleurs lorsque la caméra passe derrière l’artiste qu’on se rend compte qu’il est loin d’être seul, toute une chorale se tient là, prête à fredonner l’air si inspirant de ce morceau Human. Cette chorale est en fait composée de fans de l’artiste qui ont répondu à un appel pour être présent sur le tournage, on assiste ainsi à une vraie connexion entre Rone et le public qui ne font plus qu’un au service de la musique, et peut être qu’au final c’est simplement ça l’humain, s’unir pour créer et inspirer.  C’est le premier extrait de l’album, A room with a view qui verra le jour plus tard dans l’année et on a franchement pris une belle claque, aussi bien visuellement que auditivement. Merci Rone d’exister et de créer à chaque nouveau projet le théâtre de nos rêves.

En Attendant Ana – In / Out

Déjà le troisième et dernier morceau dévoilé sur le prochain album Juillet des cinq parisiens d’En Attendant Ana qui sort le 24 Janvier prochain. Équipés d’une caméra super 8, on retrouve le groupe qui déambule dans les rues de Bruxelles, la petite troupe s’apprête à retrouver Ana, la serveuse du bar Le cheval de fer qui a inspiré le nom du groupe. On les suit ainsi, tout sourire, prêts à redécouvrir leur muse pour finalement lui donner rendez vous autour d’une bonne bière. Le clip réalisé par Eric Frechou nous permet de nous immiscer dans l’intimité du groupe et découvrir plus précisément les fondements de l’équipe et de leur musique.  Alors, plus qu’une petite semaine avant de découvrir l’excellent travail du groupe sur l’album, et promis, ça vaut le coup d’attendre, on vous en parlera avec beaucoup d’amour. Ils seront également en concert à la Boule Noire le 1er Février prochain pour les acclamer comme il se doit.

Sphaèros – Lucifero

Lucifero nous emmène dans un monde mystique hallucinogène d’images superposées de statues, cartes de tarot, un aigle, une prêtresse tenant un bol de flammes, une messe noire… Le tout convoque figures bibliques et dieux romains. On y entent des voix qui nous parlent dans une langue mystérieuse, puis en anglais, des cris loups, intriqués dans une musique psychédélique, surimpression de notes vibratoires, mélange de sitar et d’orgues aux notes inversées (Tampura) et on se laisse porter par ce rituel païen comme par un trip sous LSD. Le message de fin : « The key of Joy is Disobedience » (= La clé de la Joie est la Désobéissance). À méditer…
Lucifero est le premier extrait de Possession, le premier album de Sphaèros, le projet solo de David d’Aqua Nebula Oscillator qui sortira le 6 mars chez Pan European.

Calibro 35 – Fail it till you make it

Les papas du rock cinématographique Italien sont de retours ! Après Decade paru il y a deux ans, Calibro 35 revient avec un nouvel album: Momentum, à paraître le 24 Janvier prochain. En termes de recette, on reprend les mêmes ingrédients qu’auparavant: du groove bien chaloupé, des synthés qui grattent, un peu de cuivres, le tout donne une production instrumentale imparable, entre rock et hip-hop. Fail it Till you Make it est donc le premier single issu de ce nouvel album qu’on attend déjà avec impatience, au moins autant que les dates de la tournée qui devrait suivre. Ne vous y trompez pas: si Calibro 35 s’apprécie déjà largement en studio, c’est en concert que le groupe déploie toute sa classe et son charisme.

Real Estate – Paper Cup

Grandeur et décadance d’un écureuil-robot musicien. Derrière cette idée délirante, Real Estate et le réalisateur Nick Roney dévoile une histoire assez mélancolique et un parallèle assez évident de ce qui peut advenir de la carrière d’un musicien. On suit donc ce personnage mécanique, qui a semble t’il eu son heure de gloire dans les années 80 et qui se voit désormais réduit à la scène d’une salle d’arcade rétro et lumineuse. Si le clip est assez drôle par moment, se permettant au travers du personnage quelques extravagances visuelles qui ne passeraient pas avec un être humain, le ton est clairement à la tristesse. Pourtant le titre qui l’accompagne, Paper Cup, a tout de la ballade pop indie par excellence, Real Estate offrant ainsi un premier titre plus que convaincant en attendant la sortie de The Main Thing prévu pour le 28 février chez Domino.

GENTS – Own Little World

Dualité, confrontation et mélancolie, pour finir la semaine on prend la route avec GENTS et leur clip pour Own Little World. Issu de leur dernier album Human Connection paru chez cracki records, le titre est une promenade en douceur, porté par une voix bouleversante qui nous compte des histoires de doutes, de monde qui se déconnecte et se dissocie, d’une réalité qu’on arrive pas forcément à accepter et qu’on préfère tasser dans un monde que l’on se crée même si celà ne dure qu’un temps. Pour accompagner le titre, GENTS divise l’écran en deux, utilisant des petits shoots filmés sur leur téléphone et mis en scène par Niklas Adrian pour poétiser ces sentiments de ruptures, de dissociation, montrant deux personnes pas toujours connectées au même moment, pas toujours ensemble mais qui continuent à se chercher.