Les clips de la semaine #193 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la première partie de notre 193ème sélection.

Samba de la Muerte – We fade away

La connexion à la nature est un élément central d’Ornament, la dernière merveille de Samba de La Muerte.

Dans We Fade Away, derrière les éléments instrumentaux, on peut entendre ici et là, le bruit des oiseaux, les craquements du réels qui viennent prendre place dans le morceau, comme des éléments harmoniques nécessaires et logiques.

Ils font écho à la douceur tranquille du morceau, aux sons de flutes qui leur répondent et à la voix d’Adrien, plus présente que jamais et qui nous entraine dans ses souvenirs et dans sa célébration de l’existence et de la vie qui nous nourrit et qui nous fait avancer.

Logique donc que Mathieu Hubert & Johann Van Harden mettent en images cette connexion à travers cette superbe animation. Ainsi, on se laisse bercer par ces boules colorés en suspensions qui à travers leurs mouvements perpétuels se transforment et reforment au cours du clip une nature infinie qui trouve toujours le moyen de se reformer.

Samba de la Muerte est actuellement en tournée pour présenter son nouvel album et il se peut qu’on aie une petite surprise à vous présenter avec eux dans les semaines à venir.

Calling Marian – Cryptodance

Si vous vous demandez pourquoi on parle encore de clips toutes les semaines, celui proposé cette semaine par Calling Marian pour sa Cryptodance devrait vous apporter une réponse.

Réalisée par Maude Fourgeot & Mathis Queraux, la vidéo embrasse parfaitement les émotions et les mouvements du morceaux de Calling Marian tout en transformer l’exercice du clip en petit court métrage qui se permet de vivre par lui même.

Des vases communiquants où la transe évolutive, dansante et un brin brutale de l’une nourrit la vision symbolique et humaine des autres.

Ainsi, on suit un personnage dans un quotidien qui ne lui convient pas, dans une histoire qui touche à sa fin et qui décide de prendre la route pour s’enfuir. À mesure que la musique s’insère dans nos esprits, on suit son parcourt, cette fuite en avant qui se transforme peu à peu en reconnexion avec soi.

Dans une forêt au potentiel onirique fort, elle tombe dans cette cryptodance, ce moment où elle rencontre ses émotions, aussi positives que négatives avant de tomber face à la prêtresse incarnée par Calling Marian, qui l’intime à prendre les armes et à ne pas perdre le combat de son existence.

Beau intense et poétique, la vidéo, et le morceau, sont une porte d’entrée parfaite dans Hyper Opus, le premier album de Calling Marian paru la semaine passée.

Alex Nicol – Simple Fires

L’automne est là et entraine avec lui son besoin de réconfort et de se plonger dans des œuvres qui nous réchauffent et nous font du bien.

Dans cette optique, on ne peut que vous conseiller de vous baigner dans les vagues de la musique du canadien Alex Nicol. Comme une mer aux remous légers, sa musique nous berce et nous console, et c’est une nouvelle fois le cas avec son superbe Simple Fires.

Mais qui dit calme apparent, n’empêche pas les questionnements. Derrière sa poésie et ses mots, Alex Nicol s’interroge sur notre rôle sur terre, sur notre façon de construire un monde qui nous convient tout en détruisant la nature au passage.

Est-il possible de vivre indéfiniment dans cet état ou devons nous définir un rejet du passé pour réfléchir et réparer ce qui peut encore l’être, c’est le constat et les pensées d’Alex Nicol à travers ce Simple Fires.

Pour prolonger le symbolise et la beauté qui entoure sa musique, Alex Nicol confie à Quentin Delobel le soin de réaliser une vidéo animée. On suit donc la course du soleil sur le monde, voyant ici et là l’impact de l’humain sur la nature et sur le monde jusqu’à sa destruction et sa disparation. Un moyen parfait d’utiliser une certaine naïveté pour renforcer le propos et son effet sur nos esprits.

ADA ODA – MAI MAI MAI

Ce qu’on adore avec ADA ODA, c’est qu’on ne sait jamais vraiment où va nous emmener leur prochain clip.

Si la musique des plus italiens des belges a cette énergie et ce petit côté sérieux qui colle bien à leur style, ce n’est jamais vraiment le cas de leurs vidéos.

Ainsi, si Mai Mai Mai ralentit le rythme et s’offre une vision presque dystopique de leur musique, il est totalement annihilé par la vidéo folle d’Alex de Bueger.

Un fond vert, quatre sardines et une sirène et nous nous retrouvons dans un grand n’importe quoi légèrement psychédélique où tout le monde fait un peu la gueule et se demande ce qu’il fait là … Un grand moment d’humour et de second degré qui nous fait encore plus aimer ADA ODA.

Pour le reste, on vous donne rendez vous le 2 décembre au café de la danse pour la date des belges dans le cadre du festival Les femmes s’en mêlent.

Coline Rio – La mort des amants

Coline Rio est l’une des figures féminines les plus prometteuses de la chanson française. À l’occasion de la sortie de la réédition de son premier album Ce qu’il restera de nous (et plus encore) ce vendredi 3 novembre, la jeune chanteuse, peu avare en surprises, nous sort un clip pour sa chanson écrite dès 2019 La mort des amants.

Elle délaisse le format dessiné exploité pour Homme et opte pour une vidéo plus intime qui n’est pas sans rappeler On m’a dit. C’est dans un magnifique clip en noir et blanc que Coline Rio joue avec les contrastes, les lumières comme lunaires et les larmes qui coulent de ses yeux comme une nouvelle source lumineuse. On se laisse porter par la douceur, la délicatesse des mouvements. 

C’est ça l’univers de Coline qu’on aime tendrement : sa douceur mélancolique, sa sensibilité assumée et toute une finesse dans les textes.

Jolagreen23 – Gangtaka

https://www.youtube.com/watch?v=7SdlznJXyR0)

Après avoir montré une facette explosive sur les productions de Kosei avec leur projet collaboratif : 888823, Jolagreen23 revient avec un morceau plus cloud et reprenant son phrasé cryptique avec Gangtaka.

Au niveau du visuel, la réalisation d’Arthur Keasy et Chems Romdhani s’éloigne également de l’esthétique guerrière dans laquelle s’implantait la collaboration avec Kosei.On y voit ici le rappeur dans une représentation de son quotidien. En découle plusieurs scènes dans Paris, ses rues, son métro mais aussi ses studios et ses salles de concert. 

A travers ce nouveau single et le visuel l’accompagnant, Jolagreen23 appuie son sens de la variété et sa maîtrise de différents styles de rap sans jamais perdre son incisivité et ses références cryptées. 

Rémy – Le fils de la gardienne

Depuis ce fameux freestyle chez Skyrock qui aura mis en pleurs Sadek, le potentiel émotionnel de Rémy n’est plus à démontrer. Avec Le fils de la gardienne, il couple sa maîtrise de l’écriture et son flow hargneux pour dépeindre une nouvelle histoire riche en émotions qui prend encore plus de sens sous la caméra de Kamerameha.

De ses années passées et de la sagesse qu’il a acquis en même temps que son expérience, il tire un récit poignant revenant sur ses propres années d’enfance où il n’était pas l’artiste qu’il est à l’heure actuelle, mais simplement Le fils de la gardienne. De ces choses que l’on ne voit pas enfant et que l’on comprend en grandissant, à cette candeur qui fait romantiser les pires atrocités, Rémy fait osciller sa plume tout en l’accompagnant d’un flow froid, conférant toute la nostalgie qui transperce le titre.

En parlant de son écosystème et de sa dureté, il rend surtout un riche hommage à sa mère qui lui aura permis de devenir le rappeur qu’il est devenu et ce, sans en calculer le prix.

Order 89 – Flèche argentée

La dernière fois qu’on vous parlait des bordelais – ça fait déjà un bail – ils nous parlaient d’une histoire d’amour entre espèces de cyborgs. Nouveau clip de l’album à venir Brûle – la date se rapproche méchamment : le 14 novembre – : Flèche argentée. A priori ce n’est pas celle de Cupidon mais celle que Jordi conserve précieusement, telle la plume du ménestrel, il en a fait son arme qui s’exprime sur le papier : vive et perçante. 

Flèche argentée nous emmène sur les routes de Pologne et d’Allemagne où le groupe a eu l’occasion de pouvoir donner des concerts. Le quatuor poursuit ses explorations musicales, toujours plus électroniques mais deux constantes : la froideur et la rage. On ne peut souhaiter à Order89 de continuer à « faire la route en long, en large et de travers ». Order89 n’en finit pas de s’aventurer en parallèle des sentiers battus.

The Kills – Wasterpiece

Ils reviennent ! Oh diable ! Quelle mélodie dans ce riff de guitare de Jamie Hince. Elle rentre efficacement en tête. Impossible d’ échapper en écoutant la première fois ce nouveau titre dont la bande sonore  nous rappelle celle de leur tube Cheap and Cheerful. Bref, tous les ingrédients sont réunis pour que Wasterpiece devienne l’un de leur classique.

Dans le clip, on s’amuse de l’agacement de golfeur aigri et mauvais perdant où tout lui échappe. Jamie Hince et Alisson Mosshard apparaissent dans une chorégraphie de caddie. Le duo sait encore écrire et produire des chansons. Wasterpiece se retrouve sur leur 6e album God Games, beaucoup plus pop et minimaliste. Et surtout à écouter des maintenant !

Cléa Vincent – C’est OK

Après quelques escapades tropicales, balibaristes et fanfaronesques, Cléa Vincent revient avec le titre feel good du moment, réel échappatoire à la grisaille ambiante. « Rien n’est figé finalement » C’est OK, sonne comme l’acceptation du changement (acceptation ne signifie pas pour autant reddition). Cela devient si simple lorsque l’on accompagne les évolutions – d’aujourd’hui et de demain – d’une sérénité consciencieusement insouciante. « Les choses immuables et irremplaçables soudain te semblent légères comme des grains de sable ».

A 105 Bpm, Cléa Vincent accompagnée par son complice Raphaël Léger nous entraînent en douceur, en longeant des lignes musicales aux accents pop, limpides et lumineux, vers une nonchalance séduisante. Et c’est efficace et bigrement addictif. 

Pour illustrer la chanson, Gwennina Moigne a conçu un univers fait couleurs juxtaposées dans lesquelles les paroles se révèlent et s’éclipsent en suivant la voix de Cléa Vincent. « C’est Ok, y a toujours renouvellement ». C’est Ok est la chanson parfaite pour nous faire patienter avant que soient dévoilés les autres titres de son prochain album (même si l’on a un peu hâte de les découvrir).

Dead Chic – Good God 

Le jour d’Halloween sortait le nouveau single de Dead Chic extrait de leur EP The Venus Ballroom. Il se nomme Good God et il nous emporte instantanément vers des tréfonds ténébreux et mouvants. Réalisé par Rowan Bidiscombe et Andy Balcon, le magnifique clip nous dévoile la mise à mort d’un homme, le chanteur de Dead Chic

Andy Balcon se révèle délicatement et simplement à la guitare, tout en murmurant « Good God ». On assiste à son enterrement, à sa rencontre avec le prêtre, joué par le second guitariste, Damien Félix. Puis, les instruments se révèlent, la ballade s’impose et les chœurs apparaissent avant que le musicien exulte. Avec force et fracas. Et tandis que le refrain hante déjà les esprits, que la guitare électrique tournoie, la voix d’Andy déraille et enrage. 

Dead Chic se révèle ainsi un allié parfait en ces temps maussade. 

https://www.youtube.com/watch?v=GJFGOkAkSQYhttps://m.youtube.com/watch?v=Uu5VQuBryuU&pp=ygUSRGVhZCBjaGljIGdvb2QgZ29k

BELLBOY — Opéra

Après nous avoir fait découvrir leurs Créatures de l’univers il y a un mois, Bellboy dévoile un peu plus les éléments constitutifs de leur monde musical fantasmagorique. Délicieusement psychédélique et finement baroque, à mi-chemin entre François de Roubaix et Félix Kubin, le paysage sonore s’ouvre – version grand large – composé par des touches successives faites de nappes de synthé DX7 et d’envolées lyriques savamment autotunées. 

Comme vu au travers des prismes de lunettes View Master, la vidéo réalisée par La Plage productions reprend les codes graphiques des séries d’anticipation des années 60, tels Voyage au fond des mersAu cœur du temps ou encore Star Trek. Des décors en carton-pâte, mais élaborés avec inventivité et fantaisie, dans lesquels évoluent des personnages gagnés par une profonde torpeur. Un trompe-l’œil prenant l’apparence d’un space opera un brin pompeux où nos langueurs se complairaient. Car, même si le tempo de la boîte à rythmes est entraînant, une mélancolie certaine nous envahit.

Opéra est le second titre du premier EP de Bellboy à paraître début décembre sur le label Microqlima. Une sortie à suivre de très près.

ascendant vierge – Ce Monde Où Tu N’Existes Pas

Alors qu’ascendant vierge arrive sur la fin de sa tournée 2023, ils nous dévoilent cette semaine le clip de Ce Monde Où Tu N’Existes Pas. Ce titre figure sur leur déjà bien connu album Une Nouvelle Chance, sorti en avril dernier. 

Un nouveau clip très attendu mais un choix étonnant de sortir celui qui correspond à la chanson la plus calme du disque. Cela dit, personne n’y perd au change car ascendant vierge nous offre un clip absolument onirique, à l’image du morceau, dans lequel on traverse les paysages déserts et chauds tout droit sortis du chaos de l’amour.

Le duo s’est associé à son metteur en scène et collaborateur David Perreard pour réaliser cette vidéo où Mathilde Fernandez tient le rôle principal et Paul, lui, apparaît et disparaît comme une ombre dans la lumière de la cantatrice blessée.

Envoûtant, donc, tout comme ce morceau mélancolique et percutant. 

Leo Leonard – Bonne étoile

Leo Leonard fait son retour dans notre sélection des clips de la semaine, peu de temps après la sortie de Récif. Cette semaine, on vous parle de son nouveau morceau, Bonne étoile

Le chanteur dévoile cette semaine un titre aux accents électro-pop, dans lequel il nous parle de la renaissance de l’espoir amoureux. “Je crois que j’ai trouvé la bonne. Je crois que j’ai trouvé mon étoile”. Après avoir touché le fond et les coraux (dans Récif), Leo Leonard y voit plus clair et se laisse guider par sa Bonne étoile sur le chemin de l’amour simple. Un titre qui nous fait nous sentir vivant et dans lequel le chanteur semble sortir la tête de l’eau, même si le clip reste tout de bleu teinté. Plongé au cœur d’un mapping bleu où l’on perçoit de nouvelles ondes, Leo Leonard danse et célèbre les nouvelles émotions qui le traversent. Et ça nous donne furieusement envie de nous joindre à lui sous cette danse de la pluie. 

Le chanteur réalise la prouesse de trouver un fil conducteur qui teinte autant ses morceaux que ses clips. Si cette fois-ci c’est autour du ciel qu’il trouve ses métaphores, l’amour reste le sujet de prédilection de ses derniers morceaux. Il est est de même pour cette fameuse couleur bleue qui accompagne chacune de ses vidéos, comme la symbolique d’une vie en apesanteur dans les profondeurs de la vie. 

louie – cafards

Avec les deux volumes d’encore moi, le jeune bruxellois louie se dévoile avec style et ironie. Variant les ambiances aussi bien que les flows, ils incorporent le tout à des thématique qui lui colle à la peau, celle d’un vingtenaire au 21éme siécle. 

Avec cafards, son dernier clip réalisé par Jules Degrave, c’est plutôt du côté des guitares rocks qu’il vient s’inspirer pour conférer à une certaine mélancolie, une puissance qui l’atténuera. Une ambiance qui se fond à merveille dans l’esthétique décalée qu’il propose. 

On le voit ici prendre le rôle d’un showman, attendu pour performer dans un bar à moitié vide pour égayer la soirée de 4/5 mecs en costume-cravatte que la lassitude du métro-boulot-dodo semble avoir vidé de toutes émotions. Sur les grosses basses écrasantes de la production, il se joue de ce public, lui faisant bien comprendre que même si son chemin sera plus dur, il ne finira pas comme eux. Rempli autant d’incertitude que d’impertinence, c’est le juste milieu entre ces deux composantes qui rend sa musique si excitante.