La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la seconde partie de notre 193ème sélection.
SAUVANE – As Bizarre as Me
As Bizarre as Me se présente comme un titre saisissant, une célébration musicale de l’individualité et de l’acceptation de soi.
Dès les premières notes de cette mélodie frénétique, nous sommes transportés dans un univers où la bizarrerie n’est pas simplement tolérée, mais vénérée. Les paroles, habilement entrelacées de métaphores envoûtantes, évoquent un désir ardent de trouver un alter ego tout aussi extraordinaire et unique. Les pulsations palpitantes du rythme semblent synchronisées avec les battements du cœur, transmettant l’urgence de l’authenticité dans un monde souvent rigide et conformiste.
Ruby Cicero offre une plongée visuelle fascinante. À travers des images métaphoriques et des séquences visuellement captivantes, la vidéo explore l’essence de l’identité et la quête d’un amour sincère et profond. Chaque cadre semble capturer SAUVANE dans sa forme la plus pure, nous invitant à embrasser notre unicité et à nous libérer des chaînes de la conformité.As Bizarre as Me est une expression émotionnelle brute qui résonne avec celles et ceux qui se sentent souvent en marge. C’est un rappel vibrant que l’authenticité est un joyau rare et précieux qui mérite d’être chéri et honoré.
Eddy La Gooyatsh – On s’adore
Le chanteur Eddy La Gooyatsh nous raconte l’amour avec poésie, entrain, douceur, légèreté et naïveté. Pour preuve, le clip qui l’accompagne. Effectivement, on y un couple déguisé en chat que l’on suit dans son quotidien. Notamment, on lui suit lors d’une balade à vélo ou lorsque le couple regarde des vidéos de leur souvenir.
Le clip est réalisé avec les quatre pattes d’Assane Timbo et Christopher Kristo. La morale du morceau : rendre hommage au couple qui dur et au sentiment amoureux éternel. On s’adore est une chanson rigolote dont l’air rentre facilement dans la tête pour ne plus vous lâcher. Il s’agit d’un extrait du dernier album d’Eddy La Gooyatsh, qui s’intitule La Faim du tigre.
Barbara Rivage – Laisse la maison brûler
Barbara Rivage nous offre un dernier clip pour son morceau Laisse la maison brûler. Le duo co-réalise elle-même ce vidéo clip. Ce qui donne à se dernier un aspect plus personnel et intimiste. Pour un morceau qui évoque un monde pyromane duquel il faudrait tenter de s’extirper. La chanteuse du duo Barbara Rivage chante alors : « Laisse la maison brûler (…) Là-bas je vais crever Dans la maison brûlée, Je me tire tu viens, Pourrait-on se cacher ? ».
La musique quant à elle s’insère dans un classique pop-rock électronique. Avec parfois l’utilisation d’un vocodeur, comme pour faire un clin d’œil aux débuts de la French Touch. Comme pour symboliser la naissance après le chaos, le clip est extrêmement minimaliste. On aperçoit le duo sur un moto, le tout éclairé d’un clair-obscur changeant.
Green Day – The American Dream Is Killing Me
On ne présente plus le trio Green Day, qui avec l’album Dookie en 1994, a été de ces groupes qui ont façonné une génération de musiciens et musiciennes. Les trois états-unien ont, jusqu’à la fin des années 2000 et 21st Century Breakdown en 2009, été un mastodonte, une gigantesque épopée.
Mais, malheureusement, les temps changent, et les goûts aussi. Le trio n’a pas su se réinventer, changer d’univers. Ce qui n’est pas un mal en soi, ils continuent à faire de très bons sons, mais dans un monde qui n’a plus le goût de leur style.
God’s favorite band (c’est leur dire) est vraiment une pierre angulaire de ce rock très étatsunien, mélangeant grosse guitares et sons catchy. On est sur du garage très très pop, très bien léché et très carré. Ils sont, pour la faire courte, un peu la version un poil plus édulcoré, un poil moins hard rock, de Blink-182, autre groupe mastodonte de l’époque.
Même si Green Day n’est plus le géant de ses grandes heures, les trois vivent de leurs succès passés, et continuent de produire des sons. Dans la même vague, voilà The American Dream Is Killing Me, single de leur prochain album Saviors. Pas de révolution en vue, loin de là, on est sur du classico, mais la recette est toujours là, et fonctionne bien
On voit à quel point le groupe est léché à son clip, à l’américaine, qui tangue parfois sur du cheap, mais c’est la recette. Et, encore une fois, elle fonctionne plutôt bien.
LYSISTRATA – HORNS
Un autre trio a sorti un clip cette semaine. On n’est pas sur la même envergure, mais pas non plus sur la même énergie. Lysistrata, malgré son nom en référence à une pièce de théâtre grecque antique, ne fait pas -que- dans le lyrisme. On connaît le groupe plutôt pour ses grandes embardées de guitares furieuses, notamment dans leur premier album The Thread, sorti en 2017 chez Vicious Circles. Le second disque, Breath In/Out suivra le même mouvement, avec un certain brio.
En 2022, le groupe sort un album en collaboration avec François & The Atlas Mountains. La différence est présente. Certaines guitares se dénudent de leurs plus grosses distortions (pas constamment, rassurez-vous), pour accentuer un monde plus poétique, contemplatif, que l’on pouvait entrapercevoir sans certains de leurs sons. Parks, sorti en 2022 toujours chez Vicious Circle, est un tournant dans l’univers du groupe.
Leur nouvel album, dont Horns en est le premier single, semble suivre cette voit. De ce première apercu, où se mêlent sons clairs et saturés, on se perd dans les envolées qui ponctuent chacune des parties du morceau qui prône le laisser-aller. Le côté contemplatif est brillamment exécuté dans un clip simple, mais très justement poétique et esthétique.
Jewel Usain – Turquoise
Après les sorties de Je reste là et Eleanor, c’est au tour du titre Turquoise d’être clipé par Jewel Usain. Issu de son tout dernier projet, Où les garçons grandissent, le morceau est composé en collaboration avec l’artiste Saintdoss.
Le clip réalisé par Kidhao (qui a réalisé les deux clips précédents de Jewel Usain) rend hommage à l’ambiance aérienne et poétique du morceau. Saintdoss intronise la vidéo par ces délicates notes de piano. On retrouve très vite l’artiste de dos, avec Jewel Usain assis au devant la pièce. Petit à petit, l’atmosphère devient humide, jusqu’au moment où le sol de la pièce est inondé. L’imagerie ferait penser à une sorte de thérapie, où la musique est l’exutoire du rappeur. Un moyen de s’évader trouvé également auprès de son enfant, qu’on peut entendre à la fin de la vidéo.
La qualité des clips suit la lignée du projet tout entier. Avec ce dernier album, Jewel Usain avait pour ambition de sortir un projet vrai et entier, qui pourrait humblement lui permettre d’entrer dans la cour des grands. Chose qu’il a réussie avec brio.
Say Yes Dog – 3 (Home)
Il a y 4 ans déjà, la chronique de leur album Voyage était l’une des premières à paraître sur le site naissant de La Face B. Le groupe Germano-Luxembourgeois a donc une place à part dans le cœur de notre média, et la nouvelle de l’arrivée prochaine de leur nouvel album fut forcément une source de joie. Say Yes Dog nous dévoilera donc Dräi en Mars prochain, et d’ici là ils nous proposent un deuxième extrait pour patienter : 3 (Home).
Surprise pour nous : l’ambiance très sombre du morceau, comme sa mise à l’image quasi exclusivement en noir et blanc. Pour autant, on retrouve sur le refrain l’atmosphère électro pop qu’on avait tant aimée chez eux. C’est donc un titre qui tranche fortement avec ce qu’on connaît du groupe, d’autant que le premier single issu de l’album était plutôt dans la continuité de leurs précédents travaux. Tant mieux ! On ne sait pas à quoi s’attendre pour la suite, mais on est impatients de la découvrir !
Isaac Delusion – Premonitions (live session)
En voilà un autre groupe qu’on n’avait pas entendu depuis quelques années. Isaac Delusion, c’est déjà plusieurs très beaux albums et une grosse pause depuis 2020. Voilà donc un troisième titre pour continuer à marquer un retour parmi ceux qu’on attendait le plus. Ici, plutôt qu’un clip on découvre une version live du titre Premonitions qui fera sans doute partie d’un nouvel album même si on en attend encore la confirmation officielle.
Très plaisant, dansant, suave mais ensoleillé, le titre vibre aussi bien comme une après-midi fatiguée que comme un rendez-vous romantique, et bénéficie d’une mise à l’image toute en couleurs pastels qui conviennent mieux que jamais à Isaac Delusion et sa voix de tête reconnaissable parmi mille. Bon retour parmi nous, et surtout vite vite, la suite !
Velours Velours – Toujours
Après son premier EP Fauve paru l’an passé et le single L’énorme chien très gentil dévoilé en début d’année, on retrouve cette semaine Velours Velours avec Toujours, un super nouveau titre qui vient tout juste de sortir chez Bonbonbon Records. Dans un clip fantasque tourné sur pellicule et réalisé par Adrian Villagomez, l’artiste québécois chante avec justesse l’anxiété sociale au milieu d’une troupe de drôles d’animaux moqueurs et extravertis.
Avec ce morceau sensible et groovy à souhait, Velours Velours nous a définitivement dans sa poche et nous rend impatient.e.s pour la suite de ses aventures qui s’annoncent tout aussi brillantes.
Ronis Goliath x BRÖ – Save Me
Cela ne vous aura pas échappé, ces derniers temps BRÖ s’associe à de nombreux artistes et prête sa voix à des titres plus variés les uns que les autres. L’artiste, qui ne s’enferme pas dans une case, nous montre l’étendue de son talent, notamment aux côtés de Martin Luminet ou encore, cette semaine, de Ronis Goliath.
Sur Save Me, le duo franco-germanique se lie d’une histoire douce et pourtant pleine de tourments. Chantées en anglais et en français, les paroles nous racontent l’histoire d’un couple faisant face aux difficultés de la vie, mais prêt à sauver l’autre coûte que coûte. Comme quoi, l’amour est parfois plus fort que tout. Les deux chanteurs se mettent tous deux en scène dans ce nouveau clip, formant le couple dépeint dans la chanson. En proie aux difficultés financières, on découvre pourtant la passion et la tendresse qui les lient et qui font toute la beauté de leur histoire d’amour et d’amitié, dans le rire comme dans la détresse.
Rest Up – Ties And Pocket Squares
Ce 3 novembre, le trio angevin Rest Up nous offrait une petite pépite. En effet, Ties And Pocket Squares est le premier single extrait de leur prochain EP, It Was Summer. Et si on a déjà hâte de vous en parler, tant la claque est grande, c’est aujourd’hui de ce premier titre dont il est question.
Réalisée par Marc Duchange et Chris Télor (Prototype Prod, à l’origine de nombreux clips de la scène angevine) la vidéo, en noir et blanc, met en scène le groupe au sein d’un restaurant.
En guise d’ouverture, on assiste à l’arrivée d’un employé, avant que le service commence. Serrage de mains, bonne humeur, l’ambiance s’installe. C’est ensuite le casque vissé sur les oreilles, qu’il s’attèlera à sa tâche, la plonge, tout en écoutant à fond, on suppose, Ties And Pocket Squares. Le jeune homme, comme l’atteste la scène de fermeture, sera donc loin de se douter ce qu’il se passe en salle durant tout ce temps. Et heureusement ! Si le début du service se déroule dans un calme olympien et dans une certaine classe, un changement radical s’opère lorsque les commandes affluent.
Le trio, porté par des riffs à la fois ravageurs et joyeux, chante son mal-être, d’une voix traînante et hypnotisante. Et lorsque le restaurant est tout à coup en proie à une folie communicative, Rest Up hurle « I won’t go for another fucking day / I should be feeling proud ». On en redemande évidemment, encore et encore.
AUDREY NUNA – Cellulite
AUDREY NUNA ne plaisante jamais avec ses visuels. Après avoir sorti celui de Locket dirigé par notre regretté Valentin Petit qui lui aura valu quatre nominations et une victoire aux UK Music Video Awards, l’artiste américaine ne cesse de nous surprendre en nous donnant un nouvel aperçu de son prochain projet avec le clip encore plus spectaculaire de Cellulite.
Au programme : écran vert, effets spéciaux en 3D et plans renversants. Un clip qu’il faut absolument regarder en 4K, où elle se lance d’un gratte-ciel tête la première, telle une super-héroïne, pour atterrir sur le pare-brise d’une Toyota sans la moindre égratignure (la concernant en tout cas, on ne peut en dire autant de la voiture).
A mesure que son esthétique évolue, son univers musical aussi. Dans un mumble rap autotuné, AUDREY NUNA emprunte un flow qui peut sembler familier, mais parvient à y apporter sa touche personnelle. Un son à propos de se libérer des entraves qui nous retiennent, symbolisées par ce qu’elle décrit comme une « graisse spirituelle » qui pourrait nous alourdir, une énergie négative qui s’amassait autour de son cœur à laquelle elle devait couper net.
Joanna – MÉTA DEUIL
Nous retrouvions Joanna à l’aube de sa nouvelle ère début septembre, atterrissant sur Terre à la recherche de la lumière au cœur d’une mystérieuse forêt. Faisant écho à son dernier visuel, la voici de retour dans ce même lieu, mais cette fois-ci, la forêt est balayée par une tempête. Dans une atmosphère bien plus obscure, Joanna continue d’explorer l’univers de son prochain album WHERE’S THE LIGHT, prenant un chemin différent des sonorités auxquelles elle nous avait habitué jusque-là, influencée par une génération d’artistes inclassables qui redéfinissent les genres, flirtant avec une pop expérimentale.
Avec le titre MÉTA DEUIL, une composition en trois parties, elle dresse le constat d’un nombre de vérités à propos de soi-même qu’on se refuse à voir, avant de proposer une partie plus rythmée où elle s’adresse à une personne qui lui est chère, expliquant que malgré le vide, la vie continue, tant bien que mal.
Ce morceau reflète le tumulte et le combat intérieur, avec les petits démons qui résident en nous symbolisés par des danseur.euses vétu.e.s de noir qui la suivent à mesure qu’elle avance vers la clarté. Même s’ils l’accompagnent, elle semble déterminée à ne pas les laisser prendre le contrôle, gardant la tête haute. Joanna se lance ainsi dans un voyage musical captivant, plongeant au plus profond de son être pour exprimer les tourments auxquels elle a pu faire face, s’apparentant à une renaissance pour l’artiste qui souhaite se reconnecter avec elle-même après une période personnelle difficile.
Bandit Voyage – Ventre Vide
Réalisatrice de rêve – Carmen Jaquier pour un nouveau clip de Bandit Voyage. Toujours extrait de leur troisième album Was Ist Das (publié le mois dernier sur l’incontournable label suisse Cheptel Record), Ventre Vide apparaît – ainsi illustré – telle la ballade fantasmagorique qu’elle est.
Comme issue des années 80, la vidéo prend l’apparence d’une vieille bande VHS qui aurait subi les affres du temps. Pleurage et scintillement procurent à la musique et aux images un côté irréel qui s’accorde à merveille avec le récit aux multiples références horrifiques. Zombies, vampires et autres créatures fantastiques (y compris La Chose de La Famille Addams) prennent vie sous le regard d’une goule incarnée par Anissa. Non Halloween n’est pas terminée !
« Toi tu aimes la réalité, j’ai tant besoin de rêver » entre rêve et réalité, dans Ventre Vide, Anissa et Robin – nos deux bandits voyageurs – jouent avec l’altération des perceptions pour nous propulser dans l’imaginaire chimérique et foisonnant qu’ils bâtissent ensemble. Et se faire ainsi embarquer, on adore !
Zaho de Sagazan – La symphonie des éclairs
Zaho de Sagazan nous emmène tout droit dans les airs en nous livrant un clip pour sa chanson La symphonie des éclairs.Pour celles et ceux qui ne la connaitrait pas déjà, cette chanson est une ode à la musique, ou à toutes ces choses qui nous tiennent en vie. C’est le récit d’une petite fille trop pleine d’émotions, à ne plus savoir quoi en faire, qui finit finalement par se laisser porter par les baïnes et qui en fait sa plus grande force.
Réalisé par Bobby Léon, on retrouve Zaho en Peter Pan, qui peine à rester au sol en essayant de résister à la tempête, puis qui finir par se laisser emporter et se lancer à corps perdu dedans. Tout est incroyable, le décor, les effets spéciaux et tout cet univers dans lequel on est plongé pendant 3 minutes.
Un clip merveilleusement bien réalisé, et qui vient donner encore plus de force à cette chanson.