Les Clips de la Semaine #2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. L’acte 2, c’est maintenant.

Tomasi – Menteur Menteur

Mentir c’est mal. Parfois, on ne peut pourtant pas s’en empêcher. Un peu comme la provocation, se créer une vie, une légende, une histoire fantastique est souvent une manière de cacher sa sensibilité, ses failles et une mélancolie que l’on n’ose pas toujours assumé. Après avoir joué la carte de la provoc’ avec Du Sperme Sur Le Peignoir, Tomasi tombe le masque avec Menteur Menteur (sans doute une référence au génial film avec Jim Carrey là ou son nom est une référence au Péril Jeune ?).

Ici plus question de faux semblant, c’est dans la douceur d’un titre entre rap et chanson que Tomasi se raconte et nous raconte un peu aussi avec tous ces petits moments d’enfance et d’adolescence où l’on a voulu jouer à celui qu’on n’était pas, pour être accepté, apprécié et inclus. Mais les mensonges finissent toujours par être révélés et vient toujours le moment des excuses. Nicolas Garrier offre au morceau un plan séquence superbe sur pellicule, d’un adulte plongé à nouveau dans un monde d’enfant, jouant sur cette dualité, sur cette frontière floue entre rêve et réalité, entre mensonge et vérité.

Tomasi nous offrira une seconde soirée Kimono le 26 septembre avant de dévoiler son second EP le 03 octobre.

ELSE – BACK TO 8

Il y a un peu plus de deux mois, Else dévoilait Night Thoughts, premier extrait de leur nouvel EP Sequence Part 1 prévu pour le 18 septembre. Ils reviennent cette semaine avec Back To 8, nouveau titre qui prolonge avec bonheur la puissance d’une instrumentale guidée par les émotions et à la force cinématographique énorme. Cela tombe bien, puisque le projet semble absolument vouloir associer le son et l’image. Avec une vidéo une nouvelle fois réalisée par Adrien Lagier et Oussmane Ly, l’on troque le sable et le soleil de la Californie pour le béton et les tours d’une cité parisienne.

Ainsi, face à la vidéo nous nous faisons spectateurs d’un quotidien, d’un ordinaire où se côtoient douceur et brutalité, solitude et regroupement, famille et amitié, le clip plongeant au cœur de la ville pour en dévoiler une image qui peut sembler aussi fantasmée pour certains qu’elle représente une réalité pour d’autres. Une dualité qui fait toute la force de la musique et de la vidéo, et qui développe un projet qui n’a pas fini de nous surprendre.

https://www.youtube.com/watch?v=lcSeSmDuWvY&feature=youtu.be

Oh Wonder – Hallelujah

Les londoniens de Oh Wonder, à la pop et à la gaieté si communicatives, reviennent avec Hallelujah. Un clin d »œil à leur passé et à leurs débuts durant lesquels personne ne croyait réellement en eux, les catégorisant de musique teenager.

Hallelujah se révèle être un véritable hymne à la confiance en soi, un rappel de ne jamais se soucier du regard des autres, d’être soi-même et de se donner à fond dans ses projets. Les deux complices illustrent ici ce titre avec un clip feel-good tout en couleur et filmé en one-shot (ce qui relève de l’exploit lorsqu’on voit la chorégraphie groupée du clip). Belle revanche pour les pop-stars !

Izïa – Trop Vite

Il y a comme le bruit du vent qui se lève avant de se laisser submerger par une vague electro rock. Une sonorité à la fois puissante et élégante empreinte du style de Bastien Burger, réalisateur de Trop Vite.

C’est sur cet éclat musical qu’Izïa fait résonner le fracas des émois. Elle y évoque ces “sentiments classés sans suites”, ceux qui partent dans une manière de fuite. À travers sa caméra, Joy Lacombe Aït-Saïd donne des couleurs à cette hypersensibilité. La réalisatrice filme Izïa dans l’intimité d’un vestiaire-douche, confier “ses émotions qui montent trop vite, Les sensations (qui) retombent trop vite” ou encore « passer du rire aux larmes si vite« .

Cet aspect passionnel du morceau trouve une résonance dans les reflets de la couleur rouge du perfecto de l’artiste, cette même couleur caressant le visage de la chanteuse. En attendant de savoir si ce torrent d’émotions s’apaise, Izïa nous donne rendez-vous le 04 octobre pour la sortie de son album Citadelle.

Luke Anger – Effet Mer

Chez Luke Anger, la colère n’existe que dans son nom. En effet le garçon développe un univers plutôt tendre et sensuel bien loin de ce que son nom pourrait laisser imaginer. Avec Effet Mer, il détricote le fil d’un été qui ne devrait jamais s’achever, quittant les terres éphémères pour une intemporalité qui nous irait plutôt bien.

Le titre est donc une ode aux choses qui passent mais qu’on grave dans un coin dans notre tête pour faire revenir le soleil quand le temps vire au gris. Une douce mélancolie qui s’empare de nous et nous promène dans la langueur de la douceur des derniers jours d’été en attendant le premier album du bonhomme prévu pour 2020.

L’Épée – Springfield 61

Ca y est, L’Épée, le super-groupe formé d’Anton Newcombe, Les Limiñanas et Emmanuelle Seigner, a dévoilé son premier album Diabolique. Pour en célébrer la sortie, ils offrent à leur luminieux Springfield 61 un clip animé réalisé par Sylvain Rusques & Simon Moreaux.

En résulte un clip blindé de couleurs vives, portant des ambiances qui naviguent entre le western, le steampunk et les ambiances futuristes. Dans un univers où le psychédélisme n’est jamais loin, la vidéo introduit de manière fantasmée la rencontre entre les membres du groupes pour finalement se réunir et former L’Épée.

Le groupe partira en tournée en décembre avec notamment des passages le 14 à la Cigale et le 15 à l’Aéronef.

Yseult – Noir

L’une des grosses claques de la semaine nous est offerte par Yseult. Alors qu’elle s’apprête à dévoiler son nouvel EP le 18 octobre, la jeune femme nous a offert cette semaine Noir, un titre dense porté par une écriture directe, et qui offre un parallèle évident entre son parcours artistique et son identité. Le titre, s’il est sombre, ne tombe jamais dans le défaitisme et se tourne plutôt vers une certaine idée du combat, de l’acceptation et de la fierté de soi.

La vidéo en clair-obscur de Judith Veenendaal, portée par la sublime Shay Latukolan, joue sur les symboles, des blessures de l’histoire jusqu’à la délivrance, renforçant la puissance du titre à travers des images fortes où l’esthétique ne trahit jamais le message. Le tout n’étant pas sans nous rappeler un certain This Is America de Childish Gambino. Un vrai choc sonore et visuel à découvrir absolument.

Danny Brown – Dirty Laundry

Que ce soit pour sa musique ou le personnage en lui même, on a une vraie affection pour Danny Brown. Il y a chez l’américain, un humour et une folie qui nous attire toujours, le tout couplé à un sens de l’exploration musicale qui nous rend à chaque fois un peu plus dingue.

Trois ans après Atrocity Exhibition, le voilà qu’il nous annonce uknowhatimsayin¿ un album qu’il décrit lui même comme à mi-chemin entre « musique et stand-up ». Rien que ça. Alors qu’on est forcément curieux de découvrir les titres qu’il partagera avec JPEGMAFIA et Run The Jewels, le rappeur de Détroit a dévoilé cette semaine Dirty Laundry comme une mise en bouche exquise de ce qui nous attend. Produit par Q-Tip, le titre nous rappelle le meilleur du bonhomme et annonce un album plus que prometteur.

Ajoutons à cela un clip complètement fou où, sous la caméra de Simon Cahn, il se transforme en chauffeur de taxi bedonnant au style assez particulier pour un résultat hilarant qui nous donne déjà envie d’être le 04 octobre.

Hot Chip – Bath Full of Ecstasy

Continuons notre aventure avec un groupe qu’on adore et qui nous a fait danser comme des fous cet été aux Nuits Secrètes. On parle évidemment de Hot Chip, qui a sorti cette semaine le clip de Bath Full of Ecstasy qui donne son titre à l’album. Si la chanson ralentit le rythme et nous amène du côté le plus sensible du groupe, le clip, lui, nous plonge dans la revue d’un jeu vidéo Nintendo des années 80 où il est possible d’incarner chaque membre du groupe et dont l’objectif est apparemment de faire des courses à vélo et de tuer son patron (autrement dit, le meilleur programme d’un lundi matin, non?).

Déjà conquis par l’album et le clip d’Hungry Child sorti il a quelques mois, Hot Chip continue de nous ravir avec le clip de Bath Full of Ecstasy, quelque peu improbable il faut avouer, mais toujours aussi cool ! Les anglais seront de retour en France avec deux dates complètes à l’Élysée Montmartre en décembre.

Oxmo Puccino ft. Orelsan – Ma life

Inutile de présenter les deux monstres du rap français que sont Oxmo Puccino et Orelsan, tous deux connaissent le milieu comme leur poches.
Oxmo a décidé de faire confiance en la jeune vague pour son album : en plus d’Orelsan, il s’est rapproché de Caballero et Jeanjass.

Pour Ma life, Oxmo a décidé d’emmener Orel faire des tours de Paris dans un ambiance très caribéenne : voiture low-rider, cigare et chemises à fleurs sont au menu. Menu 5 étoiles pour deux artistes qui ont bel et bien réussi leur life. 

The George Kaplan Conspiracy – The only star I know

Comme beaucoup, The George Kaplan Conspiracy ont envie de prolonger l’été. Alors pourquoi pas une nouvelle fois prolonger la fête en image ? Associée à leur très groovy The only star I know, le duo dijonnais nous offre une carte postale entre photos et vidéos de vacances, le tout couplé à des instants en studio issus de la création de leur très bon album Recollected Memories. Un clip qui sent bon l’évasion autant que la création et une pastille idéale pour présenter une version retravaillée et plus courte de leur titre.

Après un très bon passage au Pop-up du label ce mercredi, TGKC sera de passage ce vendredi à Roubaix dans le cadre du Crossroads Festival.

SEIN – Dis-moi tout

La jeunesse parisienne ne cesse d’avoir du talent, SEIN en est une preuve de plus. Le jeune duo parisien va arriver début octobre avec un nouvel EP et Dis-moi tout vous mettra (déjà) l’eau à la bouche.

Tourné au Youtube Space, le clip minimaliste colle à la perfection avec l’ambiance électronique de ce morceau aux couplets très rap. Entre jeux de couleurs et jeux de perspectives, le duo a essayé de troubler l’œil de son public tout en régalant son oreille. 

Bombay Bicycle Club – Eat, Sleep, Wake (Nothing But You)

Les artistes à travers leur art aiment parfois redéfinir l’histoire. Demandez donc son avis sur la question à Quentin Tarantino. Alors qu’ils avaient annoncé leur retour il y a une dizaine de jour avec l’excellent Eat, Sleep, Wake (Nothing But You), les anglais de Bombay Bicycle Club ajoutent aujourd’hui l’image au son.

Ici, ils imaginent une Angleterre qui aurait sombré dans le chaos suite à un tremblement de terre et surtout l’annonce d’une pause à durée indéterminée dans la carrière du groupe. Trois ans plus tard, les voici pourtant de retour, le monde est apocalyptique et les membres du groupes séparés dans ces territoires désolés. Pourront ils réparer les dommages et ramener la paix sur la planète ? Réponse le 17 janvier 2020 avec la sortie de Everything Else Has Gone Wrong.

Isaac Delusion – fancy

Isaac Delusion nous emmène dans son décor DIY, qui ne sera pas sans nous rappeler la tant regrettée farniente d’un été déjà terminé et bien trop fugace à notre goût. Aux commandes, on y trouve Zite & Léo, qui nous embarquent dans cet univers à la chaleur ambiante des beaux jours aux côtés de jeunes adultes relaxés sur leurs transats, au bord d’une piscine, sans un soupçon d’inquiétude. Des chorégraphies, des mouvements gracieux mêlant douceur et volupté, le tout sur fond de couleur pop. La danse comme la musique, un art qui rapproche et qui peut éventuellement donner lieu à un amour nouveau, comme le démontre le final de ce clip avec ces deux êtres insoucieux qui semblent s’être amourachés l’un de l’autre. Emporté par la voix suave de Loïc Fleury, fancy se présente comme une plénitude entière et un condensé de vitamines C. Et pour découvrir la suite de l’aventure, rendez-vous le 08 novembre, date de la sortie du troisième album d’Isaac Delusion intitulé uplifters. On compte les jours.